I. DE LA BIOLOGIE À LA CULTURE AFRICAINE
Aujourd'hui, on divise le continent africain en « Afrique
blanche » et « Afrique noire ». Cette division est plus
politique que scientifique. Il reste que la plupart des ethnologues la
maintiennent, bien qu'affaiblie. On distingue, généralement, les
« Arabo-Berbères », les Chamites et les Noirs. La
vérité est qu'en cette fin du XXe siècle, tous
les continents, toutes les nations, voire toutes les races, à quelques
exceptions près, sont métissés. Il n'est que de consulter
leurs tableaux numériques des groupes sanguins. S'agissant de l'Afrique,
nous pouvons y voir un peu plus clair en remontant, brièvement, de la
Préhistoire à l'Histoire.
Remontons jusqu'au Néolithique, avant le
dessèchement du Sahara. On y trouvait deux races. Au Nord, vivait une
grande race, depuis la Méditerranée jusqu'à la forêt
tropicale dense. Plus on descendait vers le Sud, plus l'homme était
grand et noir. Au Sud donc, vivait, dans la forêt, un petit homme jaune
à la tête ronde. Ses descendants, plus ou moins
métissés, sont les Pygmées, Bochimans et autres
Hottentots, qui portent le nom général de
Khoïsans.
Cette situation a duré jusqu'à la
désertification du Sahara, qui a poussé les populations qui
habitaient cette région à émigrer, les unes vers le nord
du continent, les autres dans ns la forêt tropicale et sur les plateaux
de l'Afrique orientale, jusqu'en Afrique australe. C'est cette dernière
migration qui a favorisé le métissage entre Grands Nègres
et Khoïsans. La situation d'aujourd'hui résulte donc de la
Géographie et de la Préhistoire, mais aussi de l'Histoire,
c'est-à-dire des migrations asiatiques et européennes,
très exactement, sémitiques et indo-européennes.
Si l'on veut simplifier, les peuples d'Afrique se divisent,
aujourd'hui, en deux groupes : en Arabo-Berbères et en
Négro-Africains. Les premiers, qui habitent l'Afrique du Nord,
sont des métis de Noirs d'Afrique et de Blancs, Sémites et
IndoEuropéens ; les seconds le sont de Noirs, Africains, voire
Asiatiques, et de Khoïsans. En vérité, la
réalité, comme le prouvent les tableaux numériques des
groupes sanguins, est bien plus complexe. Ces tableaux des différents
peuples de notre continent, pour ne pas encore parler de « nations »,
prouvent l'unité biologique de l'Afrique, bien plus affirmée que
celle de l'Europe. En effet, dans tous les tableaux que j'ai eus sous les yeux,
le groupe O vient en tête, et de loin, comme en Europe, sauf quelques
exceptions, le groupe A. Mais, en Afrique du Nord, il y a un « mais
», représenté par l'Égypte. Son tableau est bien plus
semblable à ceux des pays soudano-sahéliens qu'à ceux du
Maghreb. Voici, par exemple, les tableaux comparés de la Tunisie, de
l'Égypte et du Sénégal.
506
Groupes
|
Tunisie Égypte Sénégal
|
|
O.
|
49,8
|
43,97
|
46,8
|
A
|
22,9
|
33,01
|
23
|
B .
|
23,4
|
18,17
|
24
|
AB
|
3,9
|
4,85
|
6,2
|
À la réflexion, la différence entre le
Maghreb, d'une part, l'Égypte et l'Afrique noire, d'autre part,
s'explique par les faits que voici. Au Maghreb les invasions
indoeuropéennes, singulièrement celle des Vandales et autres
Germains blonds, ont été plus fortes que celles des
Sémites.
De la Biologie, nous passerons à la Culture, dont la
langue est, très souvent mais pas toujours, le meilleur
témoignage, en tout cas, l'expression la plus fidèle. Si l'on
exclut les langues importées par les invasions que voilà et par
la colonisation ainsi que les « langues à clics » des
khoïsans, toutes les langues parlées en Afrique étaient ou
sont encore des langues agglutinantes, y compris l'ancien égyptien et le
berbère. Déjà, Lilias Homburger, qui, dans les
années 1930, enseignait les langues négroafricaines à
l'École pratique des Hautes Études, soutenait cette thèse.
Depuis lors, le professeur congolais Théophile Obenga a
démontré la parenté de l'égyptien ancien et de
certaines langues négro-africaines dans deux articles intitulés,
respectivement, Origines linguistiques de l'Afrique noire
(1441) et Égyptien ancien et Négro-Africain
(1442).
|
|