Tableau I : Centre de
documentation et bibliothèque
Centre de documentation et bibliographique
|
Nature des documents
|
Types d'informations
|
Centre de documentation de la FLASH
|
Mémoire de maîtrise
|
Informations d'ordre général et
spécifique
|
Bibliothèque centrale de l'UAC
|
Ouvrages sociologiques et anthropologiques
|
Informations relatives au crime, à la déviance
|
Institut Français du Bénin
|
Ouvrages généraux de Sociologie et
d'Anthropologie
|
Informations relatives au crime
|
Internet
|
Rapports, articles, revues, colloques, séminaires
|
Information d'ordre général et spécifique
|
Source :
données de terrain, 2011-2012
Le tableau que nous venons de présenter nous renseigne
sur les sources des informations recueillies lors de la recherche documentaire.
Ces données nous ont éclairé par rapport au comportement
des acteurs sociaux autour de la sécurité privée et nous
ont guidé pour la recherche.
2.5Enquête
préliminaire
Elle a lieu dans le but de vérifier les
hypothèses formulées et de tester les outils
de recherche élaborés (guide d'entretien et questionnaires).
Elle nous a aussi permis d'avoir des informations sur la sécurité
privée et les actions des entrepreneurs de la sécurité
dans les prestations de service de sécurité rapprochée
dans la ville de Cotonou. Pour ce faire, nous nous sommes
entretenus avec des responsables de la DSP, des agences de
sécurité privée ainsi que des personnes ressources sur
l'histoire de la sécurité privée, sa pratique actuelle et
les raisons qui sous-tendent les motivations des promoteurs d'organismes de
sécurité privée. A cette étape, nous avons fait un
stagede deux (02) mois dans la société CITYPOOL SECURITY,
une agence de sécurité privée de la ville de
Cotonou. Cela a fait suite à la décision des responsables du
Département de la Sociologie-Anthropologie pour une immersion
professionnelle des étudiants. Nous nous sommes exercés lors de
notre stage à réaliser le diagnostic organisationnel de la
structure qui a servi de cadre à notre immersion professionnelle. En
nous appuyant sur des connaissances théoriques, nous avons
appliqué l'outil de diagnostic organisationnel qu'est le Modèle
Intégré d'Organisation (MIO) à l'entreprise
« CITYPOOL SECURITY ». Cet exercice nous a permis
d'appréhender le phénomène de la sécurité
privée et de cerner les contours du marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou. Il a
été d'un grand intérêt pour comprendre
l'évolution de l'offre et de la demande en matière de
sécurité rapprochée. Il nous a révélé
les systèmes de prix pratiquée d'une société
à une autre, les turbulences sur le marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou et l'attitude des
clients qui vont d'agence en agence à la recherche de service de
qualité et ce, à moindre coût. Nous présentons
ci-dessous le tableau des orientations stratégiques issu des facteurs
internes et externes de ladite société et quelques
stratégies énumérées.
Tableau II :Facteurs internes et externes
deCitypool Security
N°
|
Forces
|
Faiblesses
|
1
|
1-Conseil d'Administration fonctionnel
|
1- Insuffisances dans la structuration de CITYPOOL (absence de
comptable et de personnes compétentes au sein du CA)
|
2
|
2-Existence des agents de prospection très dynamiques
|
2- Insuffisante des Vigiles pour répondre aux demandes
de sécurité rapprochée
|
3
|
3-Existence de contrôleurs et d'assistants
contrôleurs opérant des contrôles réguliers et
inopinés sur les sites
|
3- Rigidité des relations contrôleurs /Vigiles
occasionnant des défections dans le rang des vigiles
|
4
|
4- Fonctionnalité du système de motivation, de
formation et de recyclage des vigiles, des assistants contrôleurs et
des contrôleurs
|
4-Le système de motivation pour juguler le manque
d'effectif par les reconductions n'est pas opérationnel
|
5
|
5- Le Well-being physique des vigiles, toujours frais et
disponible
|
5-Les Vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance
et leur moralité la crédibilité de CITYPOOL
|
6
|
6- CITYPOOL dispose d'un système d'information et de
communication efficace
|
6-Insuffisance et vétusté des matériels
roulant pour effectuer les patrouilles et les déploiements de gardes
|
|
Opportunités
|
Menaces
|
1
|
1-La croissance vertigineuse de la demande en
sécurité rapprochée
|
1-Les modalités de tarification des autres entreprises de
sécurité privée
|
|
3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant
des services de sécurité de qualité, à moindre
coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles
|
4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs,
des délinquants et des déviants sociaux.
|
2
|
2- Disponibilité des clients bon payeurs exigeant le
Well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles
|
2-Les clients débiteurs qui vont d'agence en agence
|
3
|
3-L'inefficacité, le défaut d'écoute et la
lenteur des autres agences de sécurité à l'égard
des plaintes et doléances du client
|
3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant
des services de sécurité de qualité, à moindre
coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles
|
4
|
4-Existence de zone potentielle d'extension pour les
activités de CITYPOOL (les zones péri-urbaines et les autres
villes du Bénin)
|
4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs,
des délinquants et des déviants sociaux
|
Source: Enquête de terrain, 2011
Quelques orientations
stratégiques
OS1 : Saisir l'O1 et utiliser la F4 pour éliminer
les f3 et f4
OS1 : Saisir la croissance vertigineuse de la demande en
sécurité rapprochée et utiliser la fonctionnalité
du système de motivation, de formation et de recyclage des vigiles, des
assistants contrôleurs et des contrôleurs pour réduire la
rigidité des relations contrôleurs / vigiles occasionnant des
défections dans le rang des vigiles et la non
opérationnalité du système de motivation pour juguler le
manque d'effectif par les reconductions.
Stratégie 1 : Assainir les
moeurs de CITYPOOL SECURITY notamment en matière de gestion des
ressources humaines (revitaliser les rapports interpersonnels en donnant une
place centrale à la communication et au style démocratique) et
financière (allouer un budget pour les reconductions et payer
automatiquement les vigiles).
OS2 : Saisir l'O2, utiliser les F2 et F3 pour
éliminer les f2, f4 et f5
OS2 : Saisir la disponibilité des clients bon
payeurs exigeant le well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles
et utiliser l'existence des agents de prospection très dynamiques, ainsi
que l'existence de contrôleurs et d'assistants contrôleurs
opérant des contrôles réguliers et inopinés sur les
sites pour éliminer l'insuffisance des vigiles pour répondre aux
demandes de sécurité rapprochés, et déceler les
vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance et leur
moralité la crédibilité de CITYPOOL SECURITY.
Stratégie 2 : Redynamiser
les procédures de prospection de vigiles (proposé à
travers des spots publicitaires des conditions sociales adéquates de
travail aux vigiles) et améliorer la qualité des matériels
roulants (acquisition nouvelle et durabilité de la maintenance) et celle
des ressources humaines (recrutement et renforcement des capacités).
2.6 L'enquête de terrain proprement
dite
Cette étape nous a permis d'investiguer dans les
arrondissements de Cotonou afin de recueillir des données empiriques.
Elle a durée dix (10) mois, de mai à juillet, de septembre
à décembre 2012. Puis de Février à Juillet 2013.
Cette période a pris en compte la disponibilité de nos
enquêtés à nous fournir les informations
nécessaires.
2.7 Technique, outils de collecte et analyse de
données
A la suite de la pré-enquête, trois techniques
ont été utilisées. Il s'agit de l'observation, de
l'entretien et du questionnaire qui ont pour outils respectifs la grille
d'observation, le guide d'entretien et le questionnaire.
L'observation a été essentielle dans le cadre de
cette étude car c'est grâce à elle que nous avons pu
constater les indicateurs d'une marchandisation de la
sécurité : des vigiles en uniforme à travers la
ville, des guérites de sécurité devant les maisons des
particuliers et des patrouilles motorisés dans la ville de Cotonou. Le
questionnaire a permis d'adresser des questions très précises
auxquelles nous espérons des réponses concises. L'entretien
semi-structuré quant à lui, a favorisé une ouverture de
nos enquêtes qui ont donné leur point de vue puisant ainsi de
leurs expériences. Ce qui nous a aidé à découvrir
les aspects du sujet que nous n'aurions pas prévu. Le choix de ces
techniques s'explique par le fait qu'il s'agit d'une enquête aussi
bienqualitative que quantitative.
2.8 Groupes cibles et
échantillonnage
Pour constituer l'échantillon, deux techniques ont
été adoptées. Il s'agit de l'échantillonnage
à choix raisonné et l'échantillonnage aléatoire
(par groupe). Au niveau des entreprises prestataires de service de
sécurité, ainsi que de leurs vigiles, l'échantillonnage
aléatoire a été utilisé. Des 75 entreprises de
sécurité privée, 17 ont été choisi de
façon aléatoire.Il s'agitde CITYPOOL SECURITY, MSA, INTER-CON,
SUNTREV SECURITY, DA-SECURITE, IBSB SECURITE, RANGERS, BODYUARD, SECURITE
ASSOUKA, LEADERS SECURITY, SOFT SECURITY, TYGER SECURITY, MEN'S PROTECTION,
TIGER SECURITY, ANFANI SECURITY, CREDO SECURITY, PROTECTION SECURITY.De
façon aléatoire 65 vigiles appartenant aux 17 entreprises ont
été choisi. Nous avons procédé à un choix
raisonné au niveau des responsables étatiques chargés de
la régulation du secteur. Pour ce qui concerneles clients, nous avons
fait un choix aléatoire de 52 clients pour qui les 17 entreprises
donnent des services rapprochés de sécurité. Des 13
arrondissements que compte la commune de Cotonou, 05 ont été
choisis de façon raisonnée. Il s'agit du 1er, du
2ème, du 4ème, du 5ème et
du 12ème arrondissement de Cotonou. Au niveau des
enquêtés, nous avons tenu compte du rôle ou de la place de
chaque acteur dans le secteur. Pour ce qui est du côté de l'Etat,
les chargés politiques de la régulation de la
sécurité dans la ville de Cotonou ont été pris en
compte.Du côté des entreprises, les producteurs des services
rapprochés à savoir : les entrepreneurs, les commerciaux,
les vigiles prestataires de service de sécurité, ainsi que les
demandeurs de sécurité rapprochée ont été
ciblés. Nos investigations ont été réalisées
en premier lieu et successivement dans le 1er,
2ème et le 4èmearrondissement de Cotonou.
Ces arrondissements regroupent certains quartiers d'Akpakpa où
l'onretrouve le siège social de plusieurs entreprises de
sécurité privée de notre échantillonnage. Nos
enquêtes ont lieu par la suite dans le 6ème
arrondissement où nous avons rencontré nombre de clients des
entreprises de notre échantillonnage. Le 5ème
arrondissement a été en amont et en aval de notre recherche en ce
qui concerne les enquêtes menées compte tenu de la présence
de la DGPN, de la DCSP et de la DSP ; les structures étatiques de
la régulation de la sécurité publique, qui sont aussi
chargées de la régulation des activités des entreprises de
sécurité privée.
Nos investigations ont portés en dernier lieu sur le
12ème arrondissement de Cotonou dans lequel l'on retrouve
quelque siège social d'entreprise de sécurité
privée et beaucoup de clients particuliers. Au total, 148 acteurs ont
été enquêtés dans les 5 arrondissements
2.9 Taille de l'échantillon
Tableau III : Présentation de
l'échantillon par arrondissement
Groupe cible
|
Arrondissements
|
Nombre
|
Etat (responsables de la DGPN, DCSP et DSP)
|
5ème Arrondissement
|
06
|
Entrepreneurs de la sécurité privée
|
1er Arrondissement
|
07
|
2ème Arrondissement
|
02
|
4ème Arrondissement
|
05
|
12ème Arrondissement
|
03
|
Les Commerciaux
|
1er Arrondissement
|
02
|
2ème Arrondissement
|
01
|
4ème Arrondissement
|
02
|
12èmeArrondissement
|
01
|
Clients
|
1er Arrondissement
|
15
|
2ème Arrondissement
|
15
|
4ème Arrondissement
|
12
|
12ème Arrondissement
|
12
|
Vigiles
|
1er Arrondissement
|
25
|
2ème Arrondissement
|
18
|
4ème Arrondissement
|
12
|
12ème Arrondissement
|
10
|
Total
|
5 Arrondissements
|
148
|
Source : terrain 2012
2.10 Traitement et analyse des
données
Quatre étapes principales concourent au traitement des
données sont. Il s'agit de la transcription des données, du
dépouillement, de l'analyse et de la vérification.
2.11 Transcription des
données
Elle a été faite par fiche individuelle pour
toutes les enquêtes. L'usage des signes et codes particuliers dans la
prise de notes a été abondant au cours des entretiens. La mise au
propre quotidienne fut alors nécessaire pour rendre les textes
conventionnels.
2.12 Dépouillement
Il a été fait manuellement. Les informations ont
été synthétisées selon trois axes : les points
communs, les points divergents et les points spécifiques.
2.13 Type d'analyse
L'utilisation des modèles structuraliste et
stratégique que nous avons déjà présentés
dans la partie « cadre méthodologique et théorie du
travail » a été nécessaire à ce niveau
pour l'analyse.
2.14Chronogramme de tâches
Le calendrier du déroulement de la recherche se
présente dans le tableau IV ci-dessous:
Tableau IV : Calendrier de la
recherche
Période
|
Activités
|
Lieu
|
Personnes impliquées
|
Juin 2011 à Octobre 2011
|
Cadre théorique, stage, entretiens exploratoires
|
Centre de documentation de la FLASH(UAC)
Bibliothèque centrale de l'UAC, Bibliothèque de
l'ENAM, siège social de CITYPOOL, Cyber café, DGPN
|
Personnes ressources, responsables de l'agences de
sécurité, autorités administratives de la DGPN, de la
DCSP, de la DSP et autres acteurs
|
Mai 2012
|
Travaux préliminaires avec le maitre
|
F1 ENAM (UAC)
|
Directeur de mémoire et Etudiantsmémorants
|
Juillet 2012
|
Révisions des outils de collecte des données
|
F1 ENAM (UAC)
|
Moniteurs et Etudiants mémorants
|
Novembre 2012
|
Enquêtes proprement dites
|
Ville de Cotonou
|
Entrepreneurs de la sécurité privée, les
clients, les vigiles, les commerciaux, les administrations
|
Janvier 2013
|
Dépouillement, analyse des données,
rédaction et dépôt de la première version du
mémoire
|
Abomey-Calavi
|
Personnes ressources
|
Février 2013
|
Prise en compte et intégration des observations des
lecteurs, dépôt de la deuxième version
|
Abomey-Calavi
|
Directeur de mémoire, personnes ressources
|
Source : Terrain 2011-2013
2.15 Difficultés
rencontrées
Les difficultés rencontrées sur le terrain
résident essentiellement dans l'absence d'un cadre conceptuel accessible
autour de la sécurité privée en tant que
phénomène émergent de ces dernières
années.Par ailleurs, la période de notre recherche a
coïncidée avec un temps de turbulence dans le secteur. En effet, la
prise d'un nouveau arrêté, le 183/MISPC/DC/SGM/DGPN/DCPN/SA du 22
novembre 2011 par le ministre Benoit C. Assouan DEGLA a suscité la vive
réaction des promoteurs du secteur à cause des dispositions que
ces derniers qualifiaient de délétères pour les
entreprises. Cette situation a eu une influence considérable sur les
rendez-vous d'entretiens avec les responsables de la DSP en charge de la
régulation de la sécurité privée. Ce qui a
retardé notre accès aux informations officielles.L'idée de
faire part de nos difficultés d'accès aux informations
officielles au Directeur de la DCSP, a porté ses fruits. La demande
d'audience laissée avec notre numéro téléphonique
au secrétariat de la DCSP, a suscité la volonté manifeste
du Directeur de la DCSP, organe de tutelle de la DSP, qui nous a appelés
pour s'enquérir de nos difficultés le lendemain même de la
demande. Il nous a aussitôt confié au nouveau commissaire
responsable de la DSP pour nous fournir les informations nécessaires.
Par ailleurs, la réticence de nos enquêtés à se
prêter à nos questions, a montré le caractère
sensible de l'étude entreprise. Certains ont pensé qu'il s'agit
d'une enquête au profit de la CNSS ou de la Chambre de Commerce, et sur
ce, ne dévoilent que quelques informations parcellaires. Pourtant ces
difficultés, loin de nous entraîner aux biais, ont
constitué pour la phase d'analyse, une donnée essentielle.
DEUXIEME PARTIE : Présentation des
résultats de la
recherche
CHAPITRE III: L'émergence de formes
privées de
Surveillance et de protection
3.1 Le contexte d'apparition
Le renouveau démocratique intervenu à partir de
1990 à nos jours s'est donné pour objectif la relance de
l'économie à travers la promotion du secteur privé. Il
fait valoir une ère nouvelle où l'individu occupe une place
prépondérante dans le système économique qu'est le
libéralisme économique.L'Etat alors se constitue sur une nouvelle
base idéologique. Ainsi, face au défi de la mondialisation, le
Bénin s'intègre dans le concert des Nations par la
réorganisation politique et la gestion des ressources humaines.
Désormais, le libéralisme concède la gestion des
entreprises aux privés surtout avec les exigences de l'ajustement
structurel. Le champ de la gestion libérale des entreprises fait
désormais figure de favori dans les politiques économiques
parce-que perçu comme le mieux adapté pour une réussite
économique et sociale.Le secteur de la sécurité fortement
rattaché dans les esprits aux prérogatives exclusives de l'Etat
n'est pas resté en marge de cette réalité.
Les nombreux problèmes de moyens techniques que connais
la police sur le plan d'équipement combiné avec le faible ratio
populations / policier à l'échelle nationale avec le cas de
Cotonou où l'on dénombre un policier pour 500 habitants est
frappant. Par ailleurs l'avènement récent de la police municipale
ne résout pas de façon significative l'épineux
problème d'effectif
des forces de l'ordre dans la ville de Cotonou. Ces derniers
sans armes de dissuasions se concentrent essentiellement sur le maintien
d'ordre dans le marché Dantokpaet son quelque fois positionnés au
côté de la police nationale pour la régulation de la
circulation au niveau des grands carrefours de la ville. La
nécessité de libéraliser certaines taches de la police
publique afin de permettre à des entrepreneurs d'exercer des taches de
sécurité rapprochée pour répondre
aux besoins accrus de sécurité exprimer par la population s'est
imposée depuis le renouveau démocratique. Ainsi selon l'article
1er, des dispositions générales sur la
sécurité privée, les activités de surveillance de
gardiennage et de protection des personnes et des biens peuvent
êtreexercées par des entreprises privées. L'externalisation
de ces services a permit un très fort essor de la
« sécurité contractuelle »
c'est-à-dire des services offerts par des individus et des groupes qui
s'organisent désormais sous la forme d'entreprises indépendantes.
Ces corps spécialisés dans la production de
sécurité deviendront les éléments d'une
véritable industrie de la sécurité, qui entretient
désormais des rapports marchands avec des consommateurs ainsi devenus
leurs clients.
3.2 L'essor de la
sécurité contractuelle
Pour saisir la trajectoire de l'industrie de la
sécurité, on a utilisé la base de données sur les
entreprises de sécurité privée au niveau de la DSP.Cette
source nous fournit la date de fondation des 75 entreprises privéesde
sécurité agrééesdont l'activité principale
est la surveillance humaine. Cette liste prend en compte les
sociétés ayant reçu leur agrément
délivré par le Ministère de l'Intérieur, de la
Sécurité Publique et des Cultes. Les sociétés
informelles n'étant pas prises en compte, l'évolution du secteur
peut êtrereprésenté à l'aide du graphe
ci-dessous.
Graphe 1 :Nombre d'entreprises de
sécurité privée crées par an au Bénin
(1990-2012)
Source : Enquête de terrain, 2013
Ce graphique montre que la plupart des entreprises qui offrent
aujourd'hui des services de sécurité privée ont
été créées dans les dix dernières
années, mais aussi qu'il y a un noyau qui est restés depuis le
début de la libéralisation. Ce mouvement de création
d'entreprises exprime immédiatement l'action d'individus qui envisagent
une activité commerciale dans le domaine de la surveillance et de la
protection, devenant ainsi des entrepreneurs de la sécurité qui
vendent leurs services sur le marché, entant qu'artisans de la
protection des personnes et des biens.
Le rythme de création d'entreprises varie faiblement
entre 1992 et 2002. Une montée en flèche se produit en 2009 et
la courbe devient alors décroissante jusqu'en 2012.
Entre 1991 et1993 les entreprises opérant dans le
secteur étaient au nombre de quatre à savoir :
SUNTREV,PAO SECURIY, MSA, IBSB SECURITE. La société SUNTREV est
la première société de sécurité
privée créée par un civil :Monsieur Privat FELIHO.
Elle a bénéficié de l'apport technique des agents partis
volontaires de la Police et de l'armée. Ils ont fortement
contribué à la formation des agents de sécurité
privée. Par le biais de son oncle Monsieur Florentin FELIHO, ex-ministre
de l'intérieur du président Nicéphore Dieudonné
SOGLO, le responsable de SUNTREV a gagné plusieurs contrats publics de
sécurité(Port Autonome de Cotonou, la Poste des
Télécommunications et biens d'autres) au profit de sa
société offrant ainsi des services de sécurité
selon les exigences du terrain. La visibilité des agents de SUNTREV et
leurs actions sur le terrain au début de la libéralisation fait
qu'aujourd'hui les agents de sécurité dans leur ensemble sont
désignés par SUNTREV dans le langage populaire. A la suite de
SUNTREV, les trois autres entreprises ont été
créées par des civils rendant aussi par le biais de leurs agents
des services rapprochés de sécurité aux populations.
Le 15 avril 1993, le ministre de l'intérieur, Florentin
FELIHO a pris un arrêté, en l'occurrence l'arrêté
n° 69/MISAT/DC/CTS/SA portant règlementation des activités
de surveillance de gardiennage et de protection des personnes et des biens par
des entreprises privées en République du Bénin. Il
comporte les dispositions générales, les conditions pour
l'obtention de l'agrément, les règles sur ports d'uniforme des
agents sur les armes d'auto- défense et sur la formation professionnelle
des agents de sécurité. A cemoment là, les entreprises
privées de sécurité étaient au nombre de quatre.
Quatre ans après, le nombre d'entreprise est passé de 04 à
20 entreprises. Au cours de cette année, le 05 Août 1997, le
ministre de l'intérieur Théophile N'DA prend un nouvel
arrêté actualise qui actualise le précédent. Ce
nouvel le n°101/MISAT/DC/DGPN/DSP/SA porte toujours règlementation
des activités de surveillance,de gardiennage et de protection des
personnes et des biens par des entreprises privées.C'est au cours de
cette même année que l'Union Professionnelle des Entreprises et
société de Gardiennage, de Surveillance et de protection (UPEGS)
a vu le jour précisément le 06 Novembre 1997. Entre 1997 et 2009
le mouvement de création évoluant progressivement et atteint son
maximum en 2009 avec 32 entreprises privées de sécurité
créées au cours de cette année. On note ainsi une
floraison des entreprises sous le ministre de l'intérieur Armand
ZINZINDOHOUE, qui regroupa les entreprises privées de
sécurité dans le dernier trimestre de 2009 pour mobiliser les
entrepreneurs du secteur à se constituer dans un ensemble afin
d'élaborer un code de déontologie pour assainir le secteur. Cet
appel a permis la relance des activités et la sortie de
léthargie de l'UPEGS qui a tenu un congrès de refondation le 15
Avril 2010 dont les grandes décisions sont :
· Le changement de dénomination (l'UPEGS est
devenue l'USSP)
· L'adoption de nouveaux statuts et règlements
intérieurs de même qu'un code de déontologie.
Le mouvement de création d'entreprise qui a atteint son
maximum en 2009 a commencé par chuter progressivement jusqu'en 2011,
année de la prise d'un nouvel arrêté.
Le 22 novembre 2011, le ministre de l'intérieur Benoit
C. Assouan DEGLA a pris un nouvel arrêté qui selon les
entrepreneurs du secteur comporte des dispositions
délétères pour les entreprises. Cet arrêté
n'a duré que quelques mois et fut abrogé par le ministre à
cause de la vive réaction des promoteurs du secteur. Le ministre sort un
nouvel arrêté, le n° 183 le 16 août 2012 qui s'impose
aux entreprises.Toutefois, les griefs des entrepreneurs demeurent surtout au
sujet de l'article n°17 du nouvel arrêté.
Le mouvement de création qui a considérablement
chuté en 2012 s'est presque annulé en 2012 ; car
désormais pour être entrepreneur du secteur, il faut payer
1.000.000 de francs CFA non remboursable pour les frais d'agrément au
lieu de 150.000 francs CFA. Il faut également payer 250.000 francs CFA
pour les frais d'étude de dossiers au lieu de 50.000 francs CFA. De plus
il faut prévoir un montant de 5.000.000 de francs CFA pour un
dépôt à terme irrévocable pour trois ans.
Par ailleurs, malgré que le nombre d'entreprises reste
stable et le rythme de création de nouvelles entreprises diminue, le
nombre de salariés s'élargit de façon considérable
(démarrée avec 04 gardes CITYPOOL security compte plus de 500
gardes aujourd'hui). Selon une estimation de l'USPP, les 75 entreprises
utilisent quelques 15.000 personnes. Cela témoigne d'une augmentation
générale du volume des services produits par les entreprises
privées de sécurité et consommées par la
population. De fait, l'évolution du nombre de salariés dans le
secteur de la sécurité privée est d'autant plus
extraordinaire qu'elle a lieu dans un contexte de stagnation voire de
décroissance qui touche presque tous les autres secteurs.
Ces éléments peuvent servir de point de
départ à une interrogation portant sur les conditions
particulières qui régissent ce domaine restreint de la vie
sociale et politique (qui revêt certes une forme économique). Il y
a en effet eu des entreprises qui ont réussi à vendre leurs
services dans un contexte où d'autres faisaient systématiquement
faillite. On note également qu'un ensemble d'individus au chômage
a trouvé dans cette industrie un emploi rémunéré
par des travailleurs intermittents ou systématiquement rejetés
par les autres branches de l'économie. Il s'agit d'un secteur
économique qui dispose de conditions sociopolitiques très
favorables à son développement : d'abord parce qu'il offre
une réponse spécifique (et apparaissant comme de plus en plus
légitime) à des problèmes inhérents aux conditions
d'existence de la société contemporaine, ensuite parce qu'il se
développe sous l'aile protectrice de l'Etat, enfin parce qu'il se
développe sous l'impulsion des catégories sociales dominantes.
3.3 Rapport de la police publique à la
sécurité privée
Les demandeurs des services de sécurité
rapprochée ont mentionné que la police publique est devenue de
plus en plus sourde aux multiples demandes de sécurité
rapprochée qu'ils formulent à son endroit. Elle s'est ainsi
progressivement désengagée du champ de la petite et moyenne
délinquance et « ne réagit que de façon ponctuelle
» selon les propos d'un chef de sécurité de la SUNTREV. Un
commissaire de la DSP nous a révélé que certaines
fonctions de sécurité ne pouvaient plus être accomplies par
la police, notamment celle de la protection de la propriété
privée particulière. Ce dernier nous fait comprendre que le
manque cruel d'effectif que connait la police n'autorise pas qu'on accorde les
services rapprochés de la police à la population. Ce sont
uniquement les autorités étatiques qui bénéficient
d'un tel service. Par conséquent, les tâches de
sécurité rapprochée sont ouvertes aux entrepreneurs qui
veulent bien exercer dans ce secteur pourvu qu'ils remplissent les conditions
d'admissions.
Au Bénin, l'industrie de la sécurité
privée est aujourd'hui constituée par 75 entreprises qui
emploient environ 15000 salariés avec une visibilité très
frappante dans la ville de Cotonou. Ces sociétés offrent leurs
produits à des clients divers, dont les administrations, des firmes et
des groupes domestiques. Nettement remarquables, les services de «
sécurité privée » venaient ainsi remplir les trous
laissés par la « police publique », qui ne pouvait pas (ou ne
pouvait plus) accomplir certaines fonctions.
Pour mieux appréhender la relation qui existe entre la
police et la sécurité privée nous avons observé
leur rapport dans une institution bancaire qui emploie simultanément un
policier et un vigile pour des tâches de sécurité, les
fonctions remplies par chacun de ces acteurs, sont bien
différenciées.
Ici, nous sommes dansd'une institution financière
où l'on remarque la présence d'un agent de sécurité
et d'un policier armé. Notre observation portant sur le rôle de
chacun de ces acteurs a permis de notifier que l'agent de
sécurité cumule un ensemble de tâches : ouvrir la
porte aux clients de la banque, surveiller les engins garés devant la
banque, ouvrir le portail aux véhicules de convoyages de fonds, aider
les clients non lettrés à remplir les fiches de retrait ou de
versement, empêcher les clients d'effectuer des appels à
l'intérieur de la banque, surveiller parfois les agents de la
maintenance logistique pour empêcher le vol de matériels etc.
Tandis que le policier joue un rôle de dissuasion avec l'ensemble
d'équipements paramilitaires qu'il porte surtout l'arme à feu. Ce
dernier n'agit éventuellement que lors de l'intrusion d'un fraudeur ou
lors d'éventuels braquages.On note clairement une division du travail
entre le travail du policier et celui de l'agent de sécurité
privée.Par la force des choses, il s'est développé une
division du travail de facto entre la répression publique et la
sécurité privée. La première se réserve les
délits commis sur la voie publique, la criminalité de violence,
les vols graves, le crime organisé et les affaires de drogues ; la
seconde prend en charge les incivilités et la délinquance mineure
ou modérément grave commise sur les sites ou à l'encontre
des entreprises et autres organisations.
Troisième partie : La constitution des
rapports marchandsautour des services de protection des personnes et des biens
dans la ville de Cotonou.
CHAPITRE IV : Les acteurs et leurs logiques sur
la scène marchande
4.1 Les acteurs en présence
4.1.1L'Etat
Acteur principal de la sécurité, il
détient le monopole de la violence physique légitime. Ce
rôle régalien au fil des années a subit des mutations
profondes. Les transformations générales de la
société ont fait apparaître de nouveaux besoin de
sécurité qui ne peuvent être satisfaits par ce dernier, il
a dû libéraliser certaines tâches de sécurité
qui sont pris en compte par des organismes de sécurité
privée.A travers des arrêtés ministériels, l'Etat
assure la régulation des activités des entreprises de
sécurité privée.
De l'arrêté ministériel N°
69/MISAT/DC/CTS/SA du 15 Avril 1993 en passant par l'arrêté
N° 101 du 05 Août 1997 à l'arrêté N° 183
qui n'a duré que trois (03) mois à cause des réactions
énergiques des producteurs du secteur contre les conditions très
rigides qu'il exige avant l'accès au marché, l'Etat semble
réguler le secteur avec le prix comme critère fondamental
d'octroi du marché.
A l'article N° 13 de l'arrêté N° 101 du
05 Août 1997, l'Etat fixe les conditions financières pour
l'obtention de l'agrément du Ministre de l'Intérieur, de
Sécurité Publique et des Cultes. Les frais d'étude de
dossier sont fixés à 50.000 FCFA et les frais d'agrément
à 150.000 FCFA. L'arrêté N° 183 qui a suscité
la vive réaction des promoteurs du secteur en a fixé les frais
d'agrément à 15.000.000 FCFA, soit 100 fois le montant
fixé dans l'arrêté précédent. L'Union des
Sociétés de Sécurité Privée, le seul et
unique regroupement des entreprises de sécurité privée
(USSP) a saisi la haute cours de justice et bien d'autres instances
suprêmes de régulation pour l'annulation de ces conditions
qu'elle qualifie de délétères pour les entreprises de
sécurité. Dans l'intervalle de trois mois, le ministre abroge les
dispositions de cet arrêté et sort un nouvel arrêté,
le N° 145 dont l'article N° 17 fixe désormais les frais
d'étude de dossier à 250.000 FCFA et les frais d'agrément
à 1.000.000 FCFA avec un dépôt à terme
irrévocable pour trois ans fixé à 5.000.000 de francs CFA.
4.1.2 Les entrepreneurs
La libéralisation du secteur de la
sécurité a entraîné la formalisation d'un nouveau
patronat composé d'opérateurs économiques, d'anciens
policiers et d'anciens militaires. Les premiers producteurs du marché
sont des civils qui ont bénéficié de l'apport soutenu des
hommes venus des milieux militaires (les départs volontaires, les
militaires et policiers retraités) qui ont su donné une formation
rigoureuse aux agents de sécurité. La rentabilité des
activités du secteur a suscité l'adhésion de quelque
commissaire retraité de la police et d'ancien militaire à la
tête des entreprises prestataires de service de sécurité
privée.
Les entrepreneurs investissent soit un capital social
ancré dans la parenté et le voisinage, soit un capital social
bâti dans la fonction publique, soit enfin un capital social dont
l'origine se situe dans l'activité commerciale elle-même. Nous
avons observé que les sociétés brandissent par ailleurs
des propriétés qu'elles font fonctionner comme capital symbolique
pour se légitimer auprès des clients : trajectoire,
notoriété, leadership, clientèle, attestation officielle
de qualité. Ces entrepreneurs de la sécurité et leurs
porte-parole dans l'espace public ont affiché la nécessité
de lutter contre l'insécurité en soulignant les bons
résultats qu'ils avaient atteints et la demande croissante
exprimé par les clients. Ce faisant, ils ont mis en scène, des
valeurs qui dépassent la pure et simple justification de
l'échange marchand.
4.1.3Les commerciaux
Véritable machine de prospection de marché et de
vigiles, les agents de prospection constituent un maillon important au sein des
entreprises de sécurité privée. La capture des contrats de
sécurité qui représente un enjeu important
nécessite de la part des agents de prospection, un dynamisme accru et
une capacité très élevée dans l'art de convaincre.
Présenter le produit, convaincre de la qualité du produit,
rassuré de ce que le produit sera à la hauteur des attentes par
l'utilisation des formules stéréotypées comme chez
CITYPOOL Security « une personne de toute confiance pour votre
sécurité » par exemple, est un exercice des gens qui
s'y connaissent en la matière. Ils présentent aux clients leur
société, ses moyens techniques (les équipements
paramilitaires utilisés: tonfa, aérosol de défense,
menottes, sifflet, gilet), les vigiles jouissant d'un embonpoint, les rondiers
qui effectuent des patrouilles motorisées, tout ceci avec un prospectus
bien confectionné.
Par des stratégies d'incitation des responsables
d'entreprises industrielles et commerciales au lancement d'un appel d'offre
pour la capture d'un contrat de sécurité, les agents de
prospection offrent de vastes possibilités de choix aux clients qui
expriment des besoins de sécurité. La croissance vertigineuse de
la demande en sécurité rapprochée du fait de la
recrudescence de la criminalité pose aux entreprises, le problème
d'insuffisance des vigiles pour répondre aux demandes de
sécurité. Les agents de prospection s'élancent dans la
quête de la main d'oeuvre aussi bien à l'intérieur du pays
dans les centres reculés qu'au-delà des frontières
béninoises. « Nous étions ici désoeuvrés
quand les gens sont venus de Cotonou avec des bus pour nous dire qu'il y a du
travail à Cotonou. Arrivés à Cotonou, on nous a
habillé et on nous a déployé sur des sites », a
rapporté un ressortissant togolais, agent de sécurité
d'une agence privée de sécurité. Par ailleurs, la
volonté manifeste de satisfaire la demande lorsqu'elle est en pic,
amène les entreprises à accepter des repris de justice
dissimulés et des gardes d'autres agences renvoyés pour des cas
d'immoralité. Faute d'une formation
adéquate, ils deviennent par la suite source
d'insécurité potentielle pour les clients pour qui ils prestent.
4.1.4Les clients
Très diversifiés, les clients des entreprises de
sécurité privée sont essentiellement des acteurs qui
expriment des besoins spécifiques de sécurité. Les
demandeurs des prestations des entreprises de sécurité
privée sont les firmes commerciales ou industrielles, les organisations
internationales ou des groupes domestiques. Aussi, retrouve-t-on des petits
commerçants, les propriétaires de vente d'objets de valeurs, les
propriétaires de pharmacies ou de bars restaurants. Ces acteurs dont
les actions et les représentations s'inscrivent dans le paradigme de
« l'insécurité » sont orientéspar la
logique de la prévention et la peur du crime.Ils confient leurs biens
à des organismes de sécurité qui veillent aussi bien sur
eux que sur leurs biens. Le choix d'engager un service de protection,
s'organise selon différents critères : la confiance dans la
fiabilité du service, ses avantages économiques et les
différentes possibilités offertes par le marché et
d'autres institutions sociales.
Par ailleurs, les institutions étatiques, sont aussi
consommateursde produit des entreprises de sécurité
privée. Ainsi, dans le Ministère de l'Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique, celui de
l'Intérieur et de la Sécurité Publique, à la mairie
de Cotonou et beaucoup d'autres institutions et sociétés d'Etat,
l'on retrouve des vigiles qui remplissent des tâches de
sécurité.Certains clients responsables des sociétés
d'import-export qui ont juste besoin d'un gardien pour ouvrir et fermer le
portail à l'arrivée des gros porteurs chargés de
marchandises, se soucient peu de la qualité de la prestation. Sur-ce,
ils fondent leurs critères de choix sur le prix, cherchant ainsi les
agences dont la tarification est basse. Les firmes commerciales ou
industrielles qui ont besoin d'un agent de sécurité bien
formé, capable de détecter un intrus, étudier ses
mouvements, prendre des dispositions pour l'empêcher de commettre son
forfait, se calquent sur la qualité du service pour opérer leur
choix au niveau des agences prestataires de sécurité
rapprochée.
5.1.5Les vigiles
Venus de plusieurs horizons, hommes et femmes à la
quête d'un emploi rémunéré, les agents de
sécurité représentent un ensemble
hétéroclite au service de la communauté pour la
satisfaction des besoins de sécurité approchée. De
l'ensemble des vigiles enquêtés, plusieurs nationalités
sont présentent :
Tableau V : Les nationalités en
présence
Nationalités
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Béninois
|
42
|
64,61 %
|
Togolais
|
15
|
23,09%
|
Centrafricains
|
08
|
12,30 %
|
Total
|
65
|
100 %
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Il ressort que 64,61 % des vigiles interrogés sont des
béninois dont la moitié sont des jeunes ruraux de niveaux
d''étude compris entre le CE1 et la classe de 4ème
à la quête d'un emploi rémunéré. La seconde
moitié est un mélange de jeunes ayant reçu une formation
professionnelle (mécanique générale, conduite de
véhicule, etc...) et faute de moyen pour ouvrir leur atelier ou pour
passer leurs permis de conduirese sont réfugiés dans le
métier de gardiennage, quelques vieillards acceptés par certaines
entreprises à cause de leur situation très démunies et
enfin quelques étudiants sans allocation universitaire qui s'adonnent
à ce métier pour faire face à leurs études
universitaires. Les 23,09% des vigiles interrogés sont des togolais
(hommes et femmes) réfugiés ou non, de niveau d'étude
primaire ou secondaire. Les 12,30% des vigiles interrogés sont des
centrafricains qui sont en majorité des étudiants dans les
universités privées de Cotonou qui s'adonnent aussi à ce
métier d'agent de sécurité pour compléter leur
budget.
4.2 Les stratégies de maximisation du profit
utilisées par les entrepreneurs de la sécurité
privée
4.2.1 Aspects sociaux
Tableau VI : Les agents
déclarés ou non à la CNSS
Sont déclarés
|
05
|
07,70%
|
Sont non déclarés
|
60
|
92,30%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Des soixante-cinq (65) agents de sécurité
choisis au hasard appartenant aux dix-sept (17) entreprises de
sécurité privée de notre échantillon,soixante(60)
ne sont pas déclarés à la CNSS soit un pourcentage de
92,30% parmi lesquels nous avons certains qui déclarent avoir fait 4 ans
de service et d'autres jusqu'à 14 ans de service dans une même
entreprise. Cette situation dénote d'une part, d'un manque d'information
des agents de sécurité en matière des lois et
règlements sur l'embauche et la sécurité sociale au niveau
de la CNSS ; d'autre part, de la non connaissance de l'existence de la DSP
pouvant lutter pour leur cause.
Tableau VII : Durée de travail et
salaire des agents
Durée de travail
|
12H (7H-19H ou 19H à 7H)
|
Salaire : approximatif au SMIC (30.000 à 32.000
F.CFA)
|
Soit 1.000F CFA/jour
|
53
|
81,53%
|
Légèrement au-dessus du SMIC (32.000 à
40.000 F.CFA)
|
Soit 1161,29F CFA/jour
|
12
|
18,47%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Les 81,53 % des vigiles perçoivent un salaire moyen de
31000 FCFA. Seulement 18,47% des vigiles perçoivent un salaire moyen de
36000 FCFA. Il apparaît que le salaire de ces derniers qui abattent douze
(12) heures de travail d'affilé (7H à 19H ou 19H à 7H) ne
reflète aucunement le métier à risque qu'ils exercent. On
note clairement que l'accumulation qui est faite ne profite qu'à une
minorité. Les responsables des entreprises de sécurité
privée prélèvent ainsi « la
plus-value » des contrats de sécurité et n'accordent
à l'agent qu'un salaire dérisoire qui ne lui permet pas de
subvenir à ses besoins et de prendre en charge sa petite famille. Le
secteur de la sécurité privée fait ainsi image de parent
pauvre ce qui explique quelque peu son rang de délaissé et
l'étiquetage de misérable qui est fait aux agents de
sécurité privée.
4.2.2 Aspect technique
Tableau VIII : La formation des
agents
Formation en bonne et due forme (formé à la
maison de la police nationale)
|
02
|
3,08%
|
Formation basique (formé dans les lieux non
agréés par le Ministère de l'intérieur en quelques
10H)
|
63
|
96,92%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Des 65 agents de sécurité interrogés, 02
seulement ont eu une formation de qualité, soit un pourcentage de3,08%.
Ils déclarent avoir reçu une formation d'environ soixante (30)
jours à l'école nationale de la police. Ces derniers jouent le
rôle de formateur au sein desentreprises.Les quarante-six (63) restants
sont un mélange d'agents ayant reçuune formation basique de
quelques dix(10) heures de cours théoriques et pratiques et d'agents
n'ayant reçu aucune formation selon que la demande est en pic sur le
marché. Or, la négligence de ce facteur important qu'est la
formation des agents finie toujours par jouer contre les entrepreneurs de la
sécurité qui recrutent parfoisdes repris dissimulés de la
justice.
5.2.3 Aspects économiques
Tableau IX : Les raisons de la
création des entreprises
Motivé pour la chose sécuritaire
|
12
|
70,58%
|
Motivé par la rentabilité du secteur
|
5
|
29,42%
|
Total
|
17
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
70,58% des entrepreneurs déclarent être
motivés pour la chose sécuritaire.
29,42% avouent qu'il s'agit d'un secteur porteur, d'où
leur motivation pour cette activité.
Tableau X : Le coût des prestations
à l'endroit des clients
Tarification 60.000 à 100.000f cfa
|
15
|
88,23%
|
Tarification 80.000 à 150.000f cfa
|
2
|
11,77%
|
Total
|
17
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Les 88,23% des entreprises de sécurité
privée enquêté donnent des prestations pour un coût
moyen de 80.000 F.CFA par vigile et par mois ; 11,77% des entreprises de
sécurité privée enquêtées donnent des
prestations pour un coût moyen de 115.000FCFA par vigile et par mois.
CHAPITRE V: Les usages sociaux de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou
5.1 La dimension de l'insécurité et
les pratiques concrètes de protection
5.1.1 Expression statistique de
l'insécurité dans la ville de Cotonou
Les investigations faites au Commissariat central de Cotonou
sur la manifestation de la violence urbaine sous toutes ses formes, a permis
d'avoir les histogrammes et courbes symboliques de l'insécurité
suivants :
Source: Enquête de terrain, DJIDENOU,
2013
Histogramme montrant la proportion des
infractions
L'histogramme ci-dessus traduit la proportion des variables
statistiques de l'insécurité dans la ville de Cotonou au cours
des années 2008, 2011 et 2012. Il renseigne sur les actes qui font
parlés d'une exacerbation de l'insécurité dans la ville de
Cotonou.
Ainsi, au nombre des infractions faisant mention de
l'insécurité sur la fiche statistique des infractions (à
l'annexe) les plus significatives entres autres sont : coups et blessures
volontaires, violences et voie de fait, menaces, agressions, vols simples, vols
qualifiés, cambriolages, escroquerie, abus de confiance, destructions de
biens, recel de choses, tentatives de vols, viols et disparition d'enfants. Les
plus marquantes restent encore : coups et blessures volontaires, violences
et voies de faits, menaces, vols simples, escroquerie, abus de confiance; et
les plus répétitifs sont les coups et blessures volontaires, le
vol simple et les abus de confiance.
Il ressort pour une simple analyseque les coups et blessures
volontaires et le vol simple méritent d'être criés en 2008
et plus encore en 2011 avant de laisser place aux abus de confiance en 2012.
Par ailleurs, la présence très remarquable des vigiles dans les
centres commerciaux, dans les boutiques d'objets de valeurs et autres
institutions commerciales, reste des indicateurs révélateurs
d'une disposition de prévention contre les abus de confiance que
prennent certains commerçants dans la ville de Cotonou.
Graphe 2 : Variation des infractions (moyennes) en
fonction de l'année
Source: Enquête de terrain, 2013
Variation des infractions (moyennes) en fonction de
l'année
Cette courbe est obtenue à partir des données
statistiques d'actes d'incivisme et de menaces à la
sécurité dans la ville de Cotonou. Elle est construite avec les
moyennes des variables statistiques respectives des trois années 2008,
2011 et 2012. Les moyennes étant sensiblement égales à
933.667, 1447.714 et 1310.143 ; on note une variation absolue en hausse
d'environ 514.047 entre 2008 et 2011 et une variation absolue en baisse de
137.571 entre 2011 et 2012 et enfin une variation absolue en hausse d'environ
376.476 entre 2008 et 2012 ; ce qui traduit une augmentation de
l'insécurité par rapport à 2008 et une diminution par
rapport à 2011. Ceci renseigne plus ou moins sur les stratégies
mises en place par les forces de l'ordre pour réduire
l'insécurité dans la ville. Par ailleurs, on note
également, entre 2008 et 2009 (voir graphe 1), une nette augmentation du
nombre des entreprises de sécurité privée.Ceci, correspond
à une volonté du ministre de l'intérieur d'alors, Monsieur
Armand ZINZINDOHOUE de lutter contre l'insécurité dans ses formes
primaires. Les nombreuses infractions notifiées dans la ville de
Cotonou, suscitent des sentiments d'insécurité au sein de la
population.
5.1.1 Les contenus de l'insécurité
subjective
Les investigations faites à l'endroit des demandeurs de
la sécurité privée révèlent que le sentiment
d'insécurité est aux fondements des besoins exprimés. Chez
nos interviewés, « l'insécurité » est
de façon unanime un problème et elle ne cesse d'augmenter depuis
quelques années. Le fait d'avoir été victime d'un vol,
constitue un thème de conversations avec les proches, les amis, les
relations ou les simples inconnus avec lesquels on interagit. Au-delà du
cercle des amis et des proches, les interactions avec les partenaires
commerciaux font circuler le même type d'expérience et de
représentations. Une des caractéristiques fortes de la
représentation sociale de
« l'insécurité » chez les profanes que dans
les discours journalistiques et politiques ; c'est qu'elle n'épargne
personne. Lorsque la victime est un proche, ce sentiment devient plus fort. Un
salarié d'un cabinet de marketing, lors de nos entretiens, nous a
confié qu'on a volé quelque chose à son beau-frère
qui est pourtant un homme grand, quand on le voit. Alors, s'ils ont
été victime de vol à la lumière du jour, et sans
aucun problème, à vrai dire, il n'y a rien qu'on puisse faire
pour l'éviter. Si des personnes à priori peu vulnérables
sont victimes d'agression, un fatalisme s'impose à ceux qui se sentent
une cible plus facile pour les délinquants. Le discours sur la
victimisation de personnes de l'entourage estégalement fréquent
chez les petits commerçants et permet d'élaborer des pronostics
sur la probabilité d'être victime dans l'avenir. Un habitant de
Sènadé, un de nos enquêtés du 1er arrondissement
nous rapporte ceci: « je me sens beaucoup moins en sécurité,
cette zone est terrible. Tous les jours, tu entends qu'on a volé en face
ou dans le coin. Et le véhicule de patrouille de la police ne cesse de
passer, en faisant hurler la sirène. Ce n'est pas simplement pour
surveiller qu'ils sont sortis mais pour attraper quelqu'un pour répondre
à un appel, à une dénonciation. Tu te dis donc «
ça sera quand mon tour ? ». Au final, les gens s'habituent, se
préparent presque pour ce qui pourrait arriver.
5.1.2 Les services de sécurité
privée et leur utilisation ciblée
5.1.2.1 Les services
achetés
Le secteurde la sécurité privée est un
vaste domaine qui regroupe plusieurs activités dont quelques-unes sont
notifiées pour le cas de notre cadre d'étude.
Cliché DJIDENOU 2012
Tableau XI : Types de services des
entreprises et les catégories de clients (en pourcentage)
Types de services
|
Gardiennage
|
Protection rapprochée
|
Convoyage de fonds
|
Escorte de camion
|
La sureté
|
Sécurité événementielle
|
Entreprises prestataires
|
92
|
72
|
08
|
40
|
12
|
48
|
Effectif des clients ayant recours
|
35,21
|
23,94
|
08,45
|
14,08
|
1,4
|
16,9
|
Source : Enquête de terrain 2012
Les 92% des entreprises de sécurité de notre
échantillon donnent des services de gardiennage. La protection
rapprochée se fait ressentir dans le secteur du commerce. On note 72%
des entreprises qui prestent pour une protection rapprochée. Aussi,
arrive-t-il de remarquer que certains expatriés font expressément
recours à ce service des agences de sécurité. Par ailleurs
08% des entreprises donnent des services de convoyage de fonds avec des
véhicules appropriés à ce type de service. Les 40% des
entreprises de sécurité privée font l'escorte de camion de
l'intérieur du Port Autonome de Cotonou vers des zones reculées
ou vers des magasins installés à l'intérieur de la ville
de Cotonou. Le service de sureté est rendu à l'intérieur
de l'aéroport, on note 12% de prestataires dans ce domaine
5.1.2.2 L'utilisation ciblée des
prestations
De l'analyse du tableau XI, il ressort que 35,21% des clients
achètent
des services de gardiennage de bâtiments
résidentiels, de bureaux, d'usines, de chantiers etc... pour dissuader
les voleurs, empêcher les cambriolages organisés par des jeunes
déviants du quartier. De plus, les clients ont recours à ce
service pour régulariser l'accès aussi bien des personnes que des
véhicules. Les 23,94% des clients qui ont recours à la protection
rapprochée, sont essentiellement des commerçants, des
propriétaires de boutiques d'objets de valeurs, des institutions
financières. Ces clients achètent ce service pour leur propre
protection et celle de leurs biens. On note 08,45% des clients qui
bénéficient du service de convoyage de fonds, ce sont
essentiellement des institutions bancaires. Les clients qui formulent des
besoins de sécurité d'escorte de camion, représentent les
14,08% de notre échantillon. Ils utilisent ce service pour
empêcher le vol des marchandises par les camionneurs et de s'assurer du
transfert intégral du contenu des conteneurs. Le service de
sûreté est consommé par 1,4% des clients
enquêtés. Ce service est rendu par les entreprises de
sécurité sur demande des responsables de l'aéroport pour
savoir si les voyageurs ne portent pas des armes à feu avant leur
entrée dans l'avion. Les 16,09% des clients qui ont recours à la
sécurité événementielle, le font pour assurer la
sécurité des lieux lors d'un spectacle d'envergure, d'un mariage,
au cours d'une cérémonie mortuaire ou d'une
cérémonie de délivrance d'attestation de fin
d'apprentissage.
5.2 Les effets pervers des besoins
exprimés
5.2.1 Les stratégies d'arrondissements de
fin du mois
La récurrence des retards dans les paiements de salaire
aux agents de sécurité, est un fait connu de plusieurs. Le
traitement fait par certains entrepreneurs à l'égard de leurs
employés qui remplissent des tâches de sécurité
auprès de la population a plusieurs fois fait l'objet de grognes sur
certaines radios de la ville de Cotonou. Des investigations faites sur le
terrain, il ressort que cette situation dénote d'une part du non-respect
des engagements au niveau de certains clients qui accusent d'énormes
retards dans le paiement des factures à eux leurs adressées par
les entreprises de sécurité privée. D'autre part, la
mauvaise volonté affichée de certains promoteurs qui
privilégient certaines réalisations personnelles dans le but
d'une ascension sociale au détriment du panier de la
ménagère très maigre de leurs gardes. Face à une
situation où l'on doit manger et donner à manger à
d'autres bouches, les gardes cherchent des portes de sortie dans toutes de
sortes de directions. Certains gardes qui ont su développer à
travers les interactions quotidiennes avec les clients des sentiments de
familiarité usent de ceci pour demander une assistance urgente. Par
ailleurs, d'autres gardes cèdent à la tentation, s'adonnant ainsi
à de petits vols au sein des espaces dont ils ont la garde.
5.2.2 Les contrastes des besoins rapprochés
de sécurité
Les jeunes chercheurs d'emplois
rémunérés, trouvent du travail dans les entreprises de
sécurité privée pouvant leurs permettre de gagner
mensuellement de l'argent pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ces
derniers, employés par des entrepreneurs de la sécurité
privée pour des services rapprochés auprès de leurs
clients qui ont formulé des besoins de sécurité,
deviennent des membres à part entière de l'univers privé
de ces clients. Les interactions quotidiennes entre l'agent de
sécurité et le client pour qui il preste, renforcent leur lien
social. Ainsi, se formalise un climat de confiance dont en abusent parfois
certains vigiles perpétrant ainsi à l'encontre du client des
actes d'immoralité graves.
Clichés DJIDENOU 2012
Lors de nos enquêtes, nous nous sommes rendus dans les
locaux d'une entreprise de sécurité privée. Sur le tableau
d'affichage contigu au mur de la salle de formation se trouvant du
côté droit à l'entrée de l'enceinte, nous apercevons
la photo d'un jeune homme avec l'inscription en
dessous : `'Rechercher pour fuite avec une forte somme d'argent''.
Nos entretiens avec les futurs gardes en formation et avec d'autres vigiles de
cette société nous révèlent d'immenses choses. Le
garde dont la photo est affichée, est employé dans une
institution financièrepour des besoins de sécurité. Ses
rapports avec un client de la banque qui venait régulièrement
faire des versements sont passés d'un simple rapport à une
relation de confiance mutuelle. Plusieurs fois, le client en question lui a
confié d'énormes sommes d'argent à verser sous son
patronyme, ce qu'il fit en lui remettant chaque fois le reçu du
versement. Mais il est advenu que le dernier dépôt laissé
auprès de lui par le client de la banque a suscité son envie de
grandir rapidement. Il s'est simplement volatilisé dans la nature avec
l'argent.
Les dix - sept (17) entreprises de sécurité
privée ayant constitué notre unité de recherche ont toutes
reçues un agrément délivré par le ministre
chargé de la sécurité. Il ressort que toutes les
entreprises se sont conformées à l'article 13 de
l'arrêté N°145 portant réglementation des
activités des entreprises de sécurité privée.
Lorsqu'on vient à l'article 24 de l'arrêté N° 145 l'on
se rend compte que ce dernier n'est aucunement appliqué aux agents de
sécurité faute de l'existence d'un dispositif étatique
opérationnel pouvant exiger des entreprises de sécurité
privée l'enquête de moralité effectuée sur le futur
employé. Vu la multiplicité des nationalités des 65 agents
de sécurité considérés (64,61% de
béninois ; 23,09% de togolais, 12,30% de centrafricains) il y a une
forte possibilité pour que certaines entreprises de
sécurité privée deviennent des nids de gangsters. Cette
situation trouve d'une part sa raison dans la valeur qu'accordent les
responsables de ces entreprises de sécurité privée au
volet commercial en période de forte demande de sécurité
par les populations. D'autre part, elle est due à l'absence de
régulation par l'Etat des activités de ses entreprises de
sécurité privée. D'un point de vue structuraliste, les
entreprises de sécurité privée font partir du dispositif
global de sécurité et partant de là, le mauvais
fonctionnement de l'un pourrait porter atteinte à l'ensemble du
système. L'Etat est l'organe par excellence devant assurer la
sécurisation des personnes et des biens et de par son monopole de la
puissance publique doit fait régner l'ordre partout. L'article 35 de
l'arrêté N° 145 remet entièrement à la charge
des entreprises de sécurité privée la formation
professionnelle des personnels de surveillance. Paradoxalement, dans certaines
institutions étatiques l'on rencontre des vigiles qui accomplissent des
tâches habituellement dévolues à la police. Cette situation
prouve nettement le désengagement de l'Etat des services publics de
sécurité dans un environnement où les besoins de
sécurité vont croissant à cause de la recrudescence de
la criminalité.
De notre observation assortie d'analyses sociologiques de
notre cadre d'étude, il apparaît que de nos trois
hypothèses susmentionnées, toutes les trois sont
vérifiées, à savoir :
Le marché de la sécurité privée
est favorisé par le désengagement de l'Etat des services publics
de sécurité.
- Le marché de la sécurité privée
est constitué d'acteurs exerçant une activité avec des
logiques différentes.
- Le besoin croissant des populations en matière de
sécurité rapprochée, explique l'expansion du marché
de la sécurité privée.
CONCLUSION
La marchandisation de la sécurité est un
processus matériel et symbolique qui transforme la protection des
personnes et des biens en marchandise. La sécurité marchandise
entraîne la suppression progressive du lien qui unissait la notion de
sécurité à l'Etat, lien qui s'était à son
tour construit en contre d'une vision de la sécurité comme
responsabilité des groupes sociaux secondaires (familles, tribus,
villes). Ce processus est réalisé par des acteurs qui agissent
pratiquement, en organisant les actions et les choses selon une logique
marchande : les entrepreneurs de la sécurité et leurs
clients. En effet, le marchéde la sécurité existe dans les
liens concrets entre les producteurs et les consommateurs, mais aussi dans les
représentations que s'en font d'autres groupes sociaux et notamment dans
la croyance en la légitimité de cette modalité de prise en
charge de la sécurité.Le secteur de la sécurité
privée en pleine expansion doit effectuer deux changements radicaux s'il
veut assumer ses fonctions vis-à-vis de l'Etat et construire sa
crédibilité vis-à-vis de la population : mettre en place
un véritable code de déontologie pour éliminer les «
moutons noirs » qui sapent, par leur manque de déontologie et de
professionnalisme, le travail des autres entreprise du secteur ;
élaborer un texte de loi afin de mettre à niveau l'ensemble de la
profession et augmenter sa crédibilité au niveau national.L'Etat
doit également assumer son rôle et ne plus jouer sur deux tableaux
: d'une part en attribuant ses marchés avec le prix comme critère
prépondérant. L'Etat demeure le premier garant de la
sécurité des personnes et des biens. C'est à l'Etat d'agir
par lui-même pour maîtriser les espaces dont il a la
responsabilité. Le temps est venu de reconnaître la place du
secteur privée dans la protection des personnes et des biens. C'est le
choix de l'efficacité, c'est la condition d'une action adaptée
aux besoins des populations, c'est le sens de la responsabilité qui doit
être privilégié. Il revient à l'Etat d'assurer la
fonction de contrôle.
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