Conclusion de la partie
La démarche auréolaire engagée dans cette
étude sur les migrations a l'avantage d'être novatrice. Son pari
est de ressortir les spécificités des espaces qui composent la
ville à travers la redistribution des ménages qui peut
révéler une ségrégation sociale latente. Cette
dernière qui n'est pas perceptible, car non ethnique, est surtout le
fait des circonstances de migrations qui amènent les chefs de
ménage à forger leur parcours migratoire en fonction d'un certain
nombre d'attributs. Aussi, l'analyse rend-elle compte que les quartiers riches
sont ceux dont les chefs de ménage ont le plus long et le plus
diversifié parcours migratoire. Le nombre de migrations et la
diversité des destinations semblent être favorisés par le
niveau d'instruction, le lieu de naissance et la profession. Ainsi, parmi les
chefs de ménage de Niamey, ce sont les originaires des localités
de l'intérieur du pays ayant un niveau d'instruction supérieur et
une fonction de cadre supérieur qui présentent l'histoire
migratoire la plus intéressante ; ils vivent dans les quartiers
résidentiels de la zone d'habitat péricentrale (strate 2) puis
dans la strate 4 ou zone d'habitat périphérique. Les
ménages de ces deux strates sont aussi les plus dynamiques en
matière de mobilité résidentielle intra-urbaine avec une
nette prédominance de la strate 4.
A l'inverse, la strate 3 ou zone intermédiaire est la
moins dynamique aussi bien pour le parcours migratoires des chefs de
ménage que pour leur mobilité résidentielle intra-urbaine.
Cela révèle une concordance entre les deux types de
mobilité. Le lien entre migrations et mobilité
résidentielle intra-urbaine a aussi été mise en
évidence par le fait que toutes les strates les migrations constituent
une des principales causes des déménagements. Il y a lieu de voir
si le faible dynamisme de mobilité de la part des chefs de ménage
de la strate 3 ne traduit pas également une faible attractivité
de cet espace résidentiel par rapport aux autres. Pour ce faire, il faut
étudier la mobilité résidentielle intra-urbaine des chefs
de ménage de la ville de Niamey.
Deuxième partie
Mobilité
résidentielle intra-urbaine centrifuge des ménages de Niamey
Introduction
Dans leur dictionnaire de l'urbanisme et de
l'aménagement, Merlin et Choay (1988) définissent la
mobilité résidentielle comme une redistribution des populations
caractérisée par le changement de logements. Ils précisent
que ce dernier (le changement de logements) a pour objet de modifier la
localisation (quartier, ville), le statut (localisation, accession à la
propriété), le type (appartement, maison individuelle) ou la
taille du logement, ou souvent plusieurs caractéristiques du
ménage à la fois. En ce qui concerne la mobilité
résidentielle intra-urbaine, elle s'opère au sein de la ville
entre les différents segments ou quartiers. De ce fait, elle peut
être définie comme la redistribution permanente des populations
(ménages) à l'intérieur d'une même ville. Elle se
révèle par une plus ou moins grande instabilité du
logement permettant de comprendre la trajectoire résidentielle de
l'individu qui, selon C. Bonvalet et J. Brun (2002), décrit la
succession des logements qu'un individu, un ménage a occupés au
cours de sa vie et dégage un certain type d'itinéraires. Chaque
étape de la trajectoire résidentielle renvoie à une
position résidentielle saisie au travers du statut d'occupation, du
statut du quartier, de la localisation du quartier et du type de logements des
individus. Rappelons que la présente analyse vise à comprendre la
mobilité résidentielle intra-urbaine et ses conséquences
sur le développement de la ville. Pour ce faire, cette partie tente de
montrer comment les ménages contribuent à alimenter
l'étalement urbain de la ville de Niamey en procédant à
une analyse du processus d'intégration socio-urbaine (mobilité
résidentielle, mobilité sociale) des citadins et des
néo-citadins depuis leur premier quartier d'accueil jusqu'au quartier
d'habitation actuel. Car, les besoins en logements et en parcelles
dépendent de la mobilité résidentielle intra-urbaine des
ménages. En effet, en même temps qu'il se transforme, le
ménage change de logements en traçant une trajectoire
résidentielle dont chaque étape peut renvoyer à la fois
à une mobilité sociale et/ou résidentielle descendante ou
ascensionnelle. Pour mieux décortiquer cette mobilité, l'analyse
se fait à trois niveaux à savoir : à l'échelle
globale de la ville de Niamey, à l'échelle des strates et enfin
à l'échelle des quartiers. Une telle démarche a aussi
l'avantage de favoriser la caractérisation des paysages qui composent
l'espace urbain niaméen afin d'y cerner la situation
résidentielle spécifique des ménages qui doivent faire
face aux effets de l'étalement de la ville. Par ailleurs, l'analyse
s'appuie sur les différentes théories développées
sur la mobilité résidentielle afin de placer Niamey dans un cadre
théorique en la matière.
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