2.9.4. Articulation migrations
et mobilité résidentielle intra-urbaine des chefs de
ménage de Niamey
La mise en rapport des migrations et de la mobilité
résidentielle a permis de découvrir une certaine concordance
entre ces deux composantes de l'histoire de vie des personnes
enquêtées. Aussi, est-il aisé de constater, à
travers le tableau n°2.10, que les chefs de ménage qui ont le plus
court parcours migratoire sont aussi ceux qui présentent la plus courte
trajectoire résidentielle.
strate
|
Nombre de déménagements
|
Nombre de migrations
|
Strate 1
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2,4
|
2,6
|
Strate 2
|
2,6
|
3,1
|
Strate 3
|
2,1
|
2,3
|
Strate 4
|
3
|
2,8
|
Tableau n°2.10 : Mise en relation des
mobilités des chefs de ménage
En effet, les chefs de ménage de la strate 3 qui ont eu
à migrer peu par rapport aux autres sont aussi ceux ayant
séjourné dans très peu de quartiers de la ville. En
revanche, les ménages qui habitent la périphérie ont plus
bougé à l'intérieur de la ville
(déménagements) qu'en dehors (migrations). La concordance
relative entre les deux types de mobilité s'explique par le fait
qu'elles sont toutes déterminées par la profession et le niveau
d'instruction des personnes enquêtées.
Mieux, l'encadré n°1 et la figure n°2.26
illustrent clairement l'articulation qui existe entre les mobilités des
citadins en ce sens qu'ils décrivent le parcours migratoire de Monsieur
Ibrahim en mettant exergue son caractère intermittent dû à
des séjours à Niamey durant lesquels il arrive que
l'intéressé trace une trajectoire résidentielle
intra-urbaine.
Encadré n°2.1 : Parcours
migratoire de Mr Ibrahim
Je suis né en 1957 à Couragé, un
village de Tessaoua, dans la région actuelle de Maradi. J'y ai
vécu jusqu'à l'âge de 14 ans le temps de finir le cycle
d'enseignement primaire. Après l'obtention du CFEPD, je quitte mon
village pour Tessaoua, alors chef-lieu d'arrondissement, pour poursuivre mes
études au collège à partir de 1971 ; j'y suis
hébergé pendant 4 ans chez un parent jusqu'à l'obtention
du BEPC. Ce qui m'a permis de rejoindre directement la capitale où se
trouve la grande soeur pour faire l'ENA.
Arrivé à Niamey en 1975, je loge chez ma
soeur dans le quartier Kalley-Est (sis dans la state 1 ou zone d'habitat
centrale). Mon école se trouve à 2 voire 3 kilomètres
de chez moi, distance que je parcours à pieds. Après un
séjour de 3 ans, je quitte ma famille d'accueil en 1978 pour rejoindre
des amis en colocation dans une maison en banco du quartier 2e
arrondissement voisin, de celui de mon tuteur ; malgré cette
décohabitation, je reste dépendant de ma famille d'accueil pour
la nourriture car je reste célibataire même si ma situation
financière s'est améliorée ; en effet
l'élève devient agent de Finance au ministère de
l'économie et des finances. Cela m'a permis d'acquérir une moto.
Cette dépendance partielle persiste jusqu'en 1981,
c'est-à-dire pendant 3 ans. A partir de cette date je quitte la
colocation pour m'installer seul dans une maison en banco située au
quartier Nouveau Marché qui se trouve dans la strate 2,
c'est-à-dire dans la zone d'habitat péricentrale. De ce fait, je
deviens locataire à part entière et totalement
indépendant. Ici je séjourne 4 ans avant d'être
affecté en 1985 à Konni, ville située à environ 400
km de Niamey à l'Est du pays. En tant que comptable de l'Etat, j'y
bénéficie d'un logement de service (villa). Je me suis
marié et après trois ans de service dans cette ville de la
région de Tahoua, je migre en France pour 2 ans en tant
qu'attaché financier. Là aussi, j'occupe un logement de service
avec ma femme.
De Paris, je suis affecté à tripoli, en
Libye en 1991, toujours comme attaché financier. J'y séjourne
avec ma femme et mes enfants jusqu'au 16 décembre 1996, date à
laquelle je suis rappelé à Niamey pour occuper le poste de
contrôleur adjoint du Trésor. J'accède cette fois- ci
à la propriété dans le quartier Kouara Kano situé
dans la strate 4, c'est-à-dire à la périphérie. J'y
construis une villa et achète une voiture puisque ma famille s'est
agrandie pour atteindre 8 personnes à savoir ma femme et moi, nos 4
enfants, ma nièce et mon beau-frère.
Figure n°2.26: Schéma du parcours migratoire et
de la mobilité résidentielle intra-urbaines de M. Ibrahim
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