Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).( Télécharger le fichier original )par Abdoulaye ADAMOU Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012 |
IntroductionD. Courgeau cité par Traoré et al (1998) définit la migration comme étant un déplacement d'une zone de référence à une autre qui entraîne un changement de résidence. Il convient de rappeler que la présente analyse se base sur la définition donnée dans le cadre de l'Enquête Nigérienne sur les Migrations et l'Urbanisation de 199316(*) qui considère la migration comme un changement de résidence d'une durée d'au moins six mois. Selon cette étude, les migrations internes concernent les changements de résidences à l'intérieur d'un même pays (exode rural, rurbanisation, migrations intra ou interdépartementales, etc.) tandis que les migrations internationales portent sur les échanges entre pays ou continents (immigrations/émigrations). Quant au migrant, il se dit de quelqu'un qui effectue une migration (immigration ou émigration). Ce chapitre est une analyse synthétique des données des quatre strates de la ville de Niamey. Il vise à déterminer un profil migratoire générique des chefs de ménage à l'échelle de l'espace urbain dans sa globalité. Pour ce faire, l'analyse tente de répondre à trois questions fondamentales : Qui migrent ? Pour quelle raison migrent-ils ? Quelles sont les principales destinations des migrations ? Il sera impossible de répondre à de telles questions sans pour autant élaborer un profil migratoire des personnes enquêtées. Cela revient à décrire l'histoire migratoire des chefs de ménage de Niamey. Pour ce faire, son analyse doit permettre de montrer le nombre moyen de migrations effectuées, leur durée moyenne, les causes évoquées ainsi que les destinations privilégiées des migrations des chefs de ménage. Cette analyse se base sur des critères qui sont le groupe d'âges, le statut d'occupation du logement, le statut matrimonial, le niveau d'instruction, la profession et le lieu de naissance. Il faut noter que cette démarche comporte un certain nombre de limites dont la principale réside dans le fait que le profil décrit à la fois, les histoires migratoires de chefs de ménage âgés, qui ne bougeront sans doute plus et celles de chefs de ménage qui ne sont encore pas au terme de leur cursus biographique. Cela constitue une limite pour cette étude d'autant plus que l'effet de l'âge ou de génération des chefs de ménage sur les contextes territoriaux décrits ne sont pas contrôlables. En outre, l'observation des migrations se fait au niveau des résidents de la ville de Niamey ; elle ne concerne pas les ménages vivant dans les autres localités du Niger encore moins les ménages nigériens résidents à l'étranger. 2.1. Le nombre de migrations effectuéesLes chefs de ménage de Niamey présentent un parcours migratoire court constitué seulement de 3 migrations en moyenne. Notons que 15 % des chefs de ménage n'ont jamais migré et ceux qui n'ont migré qu'une fois en constituent 28 %. La figure n°2.1 montre que seuls 31 % ont migré plus de trois. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette faible migration de la part des chefs de ménage de Niamey. On peut citer entre autres le statut d'occupation du logement, la profession, le niveau d'instruction et le lieu d'origine des chefs de ménage. Figure n°2.1:Nombre de migrations des chefs de ménage de Niamey Ainsi, selon que l'on soit propriétaire, locataire, ayant droit, logé gratuitement ou squatter de son logement, la propension à avoir migré change. Les propriétaires ont migré en moyenne 3,7 fois, soit au-dessus de la moyenne observée auprès de l'ensemble des chefs de ménage de la ville (tableau n°2.1).
Tableau n° 2.1 : Nombre de migrations du chef de ménage selon son statut d'occupation du logement Les autres statuts d'occupation ont migré moins de trois fois. L'importance des migrations des chefs de ménage propriétaires de leur logement s'explique par le fait que la plupart d'entre eux sont à la fin de leur cursus migratoire du fait leur âge avancé. En effet, l'âge moyen pour être propriétaire de son logement à Niamey est de 40 ans. Tout comme le statut d'occupation, l'influence du lieu d'origine sur le nombre de migrations est évidente. A cet effet, il y a lieu de préciser que la plupart des chefs de ménage de Niamey sont originaires des localités de l'intérieur du pays. En effet, 63 % d'entre eux le sont contre 28 % de natifs de Niamey. Cela montre le poids important de l'exode rural et des migrations internes dans la croissance démo-spatiale de la ville contrairement aux apports étrangers qui ne concernent que 9 % des chefs de ménage de la ville. Il s'agit surtout des ressortissants de l'Africains de l'Ouest, qui constituent plus de 9/10 des chefs de ménage d'origine étrangère. Cela témoigne de la faible emprise de Niamey sur l'espace régional. S'agissant du nombre de migrations, l'enquête relève que les chefs de ménage natifs de la ville de Niamey et les étrangers ont migré en moyenne moins de 2 fois alors que Les natifs des localités de l'intérieur du pays se sont déplacés en moyenne 3,5 fois. Le tableau n°2.2 montre que le parcours migratoires des chefs de ménage natifs de Niamey varie selon le quartier d'habitation actuel ; on relève que ceux identifiés dans les quartiers résidentiels de Kouara Kano et de Cité Façal sont ceux dont le parcours migratoire est plus développé.
Tableau n° 2.2 : Nombre moyen de migrations des natifs de Niamey Quant au nombre élevé de migrations de la part des nigériens de l'intérieur du pays, il est dû au fait qu'ils font plusieurs va-et-vient entre Niamey et les autres localités.
Tableau n°2.3 : Nombre moyen de migrations des chefs de ménage issus de l'intérieur du pays Les Zindérois présentent le plus long parcours migratoire parce qu'ils sont concentrés dans les quartiers résidentiels de la ville ; en effet, un Zindérois 17(*) sur deux réside dans ce type d'habitat dont la plupart des chefs de ménage sont des fonctionnaires cadres moyens ou cadres supérieurs. Ce sont aussi des gens qui ont le plus souvent un niveau d'instruction élevé. Les Zindérois migrent rarement vers Niamey pour faire du commerce ou pour exercer une activité artisanale. On remarque que les ressortissants de Tahoua, pourtant réputés être grands migrants, ne viennent qu'en quatrième position derrière ceux de Zinder, Dosso et Maradi. En effet, les migrants de Tahoua qui viennent à Niamey s'intègrent aisément à la faveur des réseaux de solidarité et de commerce entretenus par les ressortissants de la région. Ainsi, le nouveau venu n'est pas entièrement pris en charge, son hôte lui assure le logement et le repas du soir ; il l'aide à exercer d'abord une activité manuelle connexe à la sienne. Par exemple, si son hôte vend des produits de quincaillerie, le nouveau venu doit apprendre à monter le robinet pour le client, savoir peindre ou jouer le rôle de docker. * 16 Réseau Migrations et Urbanisation en Afrique de l'Ouest. Enquête nigérienne sur les migrations et l'urbanisation (ENMU) 1992-1993. Rapport National descriptif, CERPOD, Août 1997, 126 p. * 17 Zindérois : habitants de la région de Zinder |
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