Conclusion de la
deuxième partie
Le processus de démocratisation qui s'est engagé
surtout depuis le début des années quatre-vingt-dix, a permis
à un certain nombre de citoyens de pays africains de gagner une plus
grande libéralisation de la vie politique. Même si un nombre
encore important de pays résistent aux changements politiques, le
mouvement de démocratisation semble irréversible.
Il ressort de l'analyse que malgré les réformes
de la fonction publique, des progrès dans le système
éducatif et des programmes de renforcement institutionnel mis en place
dans beaucoup de pays, les capacités institutionnelles et humaines
actuelles des pays africains et l'efficacité de l'administration
publique demeurent encore faibles.
Les autres acteurs de la gouvernance qui doivent servir de
contre poids au pouvoir exécutif ne sont pas en mesure dans bien des cas
à jouer efficacement leur rôle.
Dans ces conditions, les politiques partisanes des leaders,
sans contre pouvoir, peuvent limiter les chances d'une croissance durable qui
exigent pour se faire la pratique de la bonne gouvernance.
Le renforcement des capacités institutionnelles et
humaines des différents acteurs de la gouvernance constitue une
priorité pour garantir la consolidation de la pratique de la bonne
gouvernance dans les pays africains.
Si la communauté internationale a aidé par le
passé, les autocrates à accéder et à consolider
leur pouvoir, il serait souhaitable qu'elle contribue également au
renforcement des capacités des administrations, de la
société civile dans les pays africains.
Mais, comment prouver qu'en réunissant toutes les
conditions que nous venons d'envisager, nous obtiendrons la ligne droite, le
plus court chemin vers le succès de la démocratie ? Rien ne
peut le prouver dans la mesure où c'est l'avenir qui est en jeu !
On doit toujours admettre que l'avenir est un pays sans preuves. Il reste
pourtant que rien ne nous libère de la responsabilité de
travailler pour un avenir démocratique plus humain.
Conclusion
générale
Après quatre cents ans d'esclavage, quatre-vingts ans
de colonisation et trente-deux ans de dictature, il eut un 24 avril 1990, le
jour où le peuple congolais avait acquis un peu d'espace de
liberté.
Cette détente tactique fut naïvement
appelée : démocratie qu'il y a eu par moment des
manifestations des rues, des opinions osées dans la presse
écrite.
Il faut reconnaître que le mérite du discours du
24 avril 1990 n'était qu'un jalon de la démocratie, laquelle
restait un projet encore intact dans une perspective très lointaine.
Au moment où notre pays poursuit inexorablement ce
processus de démocratisation de notre société, nous nous
rappelons les martyrs de la démocratie pour que le changement tant
revendiqué à l'époque soit mis en route.
Le 16 février 1992 reste et restera un jour
mémorable pour tous les croyants de la République
Démocratique du Congo. Ce jour là, des milliers de fidèles
de différentes confessions religieuses, des citoyens de tout âge
et de différents horizons se sont levés et se sont engagés
pour revendiquer la réouverture de la Conférence Nationale
Souveraine, symbole de la volonté de changement du peuple à
l'époque.
Aujourd'hui en effet, comme en 1992, notre vie reste
caractérisée par l'insécurité, le
délabrement des infrastructures de base (routes, eau,
électricité, etc.), le chômage, la mauvaise
rémunération des travailleurs, la délinquance
juvénile, la corruption, l'impunité et les nombreuses
déficiences des services publics. Cette situation ne peut perdurer.
Levons-nous et engageons-nous pour un changement réel dans notre pays.
Prenons des initiatives constructives pour une
société de liberté, de responsabilité, de justice,
de tolérance, de solidarité et de sens du bien commun. Le moment
favorable est arrivé. Organisons-nous et mobilisons-nous dans nos
paroisses, dans nos communes, secteurs et villages pour contribuer à la
reconstruction de notre pays.
Mettons en place des mécanismes très efficaces
en vue de nous approprier l'organisation des prochaines élections
locales. Ainsi, nous manifesterons notre engagement à prendre en main
notre destin, à changer le cours de notre histoire comme ceux qui sont
descendus dans les rues des différentes villes du pays le 16
février 1992.
Certes, nous avons déjà accompli du chemin avec
la mise en place des institutions issues des élections au niveau
national et provincial. Mais il nous reste à élire des
conseillers municipaux, des bourgmestres, des maires, des chefs de secteurs,
des conseillers urbains et des conseillers de secteurs ou chefferies, sans
lesquels les fruits du changement démocratique resteront difficilement
visibles dans notre vécu quotidien.
Malgré ces importantes avancées politiques, la
démocratisation en RDC demeure confrontée à de nombreux
défis à court et à long terme.
A long terme, en plus de la nécessité d'avoir un
gouvernement légitime issu de l'alternance démocratique, il
faudra aussi mettre en place des institutions efficaces, promouvoir
l'état de droit, encourager la croissance économique et
créer une armée républicaine et professionnelle.
A court terme, il faudra encourager le dialogue, rechercher le
compromis politique et la cohésion nationale.
Pour conjurer le danger incontestablement réel, la
solution consiste à consolider le régime démocratique par
un changement radical de mentalités, qui ne peut s'opérer que
dans un état de droit à réhabiliter par : la
nécessité des partis politiques représentatifs, des
élections libres transparentes et crédibles, de
l'éducation à la démocratie et à la
citoyenneté, de la société civile forte et
mobilisée, du respect des droits humains, de la nécessité
de l'armée républicaine, de l'administration publique
responsable, de la discipline librement consentie de privilégier en
toute circonstance l'intérêt général en lieu et
place de l'intérêt partisan ; la sécurité
juridique et judiciaire pour tous en vertu du principe de
l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
C'est le moment où jamais pour les congolais où
chacun doit faire l'interrogation de John F. Kennedy « que
dois-je faire pour mon pays et non pas que doit faire le pays pour
moi ?».
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