UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET
SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
DEPARTEMENT DE PYCHOLOGIE
ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION
(DPSE)
OPTION : PSYCHOLOGIE DE LA VIE SOCIALE ET
PROFESSIONNELLE
SYSTEMES DES VALEURS ET DE L'ETHIQUE DANS LA FONCTION
PUBLIQUE BENINOISE
SUJET
SOUS LA DIRECTION DE :
REALISE PAR :
Dr. Florentin NANGBE
(Enseignant à l'Université
d'Abomey-Calavi)
Jean S. AGUEGUE
Année Académique
2012-2013
DEDICACE
A Dieu, Le Tout Puissant,
Ta grâce me suffit.
A Ma Mère, Micheline DOSSA,
En vous, je trouve une Maman parfaite.
A Ma Chère Epouse, Lucrèce-Staël T.
ADJALALA
Ton amour et ta sollicitude resteront pour moi, sources de
réconfort.
REMERCIEMENTS
Je voudrais témoigner ici ma gratitude à tous mes
Professeurs, qui ont consenti d'énormes sacrifices pour ma formation.
Je voudrais particulièrement être reconnaissant
au Dr. Florentin NANGBE, qui a bien voulu m'encadrer dans le cadre de la
réalisation de ce travail avec un suivi constant et rigoureux.
Aux parents et amis qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce mémoire de
recherche, retrouvez ici l`expression de mes sincères gratitudes.
SOMMAIRE
Dédicaces 2
Remerciements 3
Sommaire 4
INTRODUCTION 5
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
8
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
23
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS 32
I. PAUPERISATION DES FONCTIONNAIRES ET PERSISTANCE
DES COMPORTEMENTS NON ETHIQUES
DANS L'ADMINISTRATION PUBLUQUE
32
II. INEFFICACITE DES DISPOSITIFS DE SANCTION
VERSUS COMPORTEMENTS NON ETHIQUES 42
CHAPITRE IV : COMMENTAIRE ET DISCUSSION
49
CONCLUSION 60
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 62
TEXTES ET LOIS 65
REFERENCES WEBOGRAPHIQUES 65
ANNEXES 66
TABLE DES MATIERES 71
INTRODUCTION
Après la vague triomphale des indépendances,
inaugurée en 1957 par l'ancienne Gold Coast, devenue Ghana qui ouvrait
ainsi la troisième phase de la décolonisation, après
l'Asie et l'Afrique du Nord, l'euphorie des peuples en quête
d'émancipation va très tôt faire place à la
désillusion face aux dures réalités de la gestion du
pouvoir politique par les autochtones. L'éthique ayant
déserté les habitudes, les gouvernants tombent dans la mauvaise
gestion de la chose publique, provoquant ainsi la colère des
gouvernés qui n'hésitent pas à monter au créneau
pour décrier les nombreuses tares qui nuisent gravement à
l'évolution de l'administration publique.
Mais de plus en plus, il y a désormais une prise de
conscience par les gouvernements des divers pays du monde de la
nécessité pour les fonctions publiques aujourd'hui d'avoir un
comportement éthique et de faire preuve de responsabilité et de
transparence dans leur gestion. Cette prise de conscience a été
étayée par l'émergence d'un consensus sur le fait qu'une
bonne gouvernance et une administration publique saine, sont le fondement d'un
développement durable performant.
Les incidences de pratiques contraires à
l'éthique et les agissements non éthiques dans le secteur public
sont insupportables pour l'édification des nations, se traduisant par
une perte de confiance dans les institutions publiques et une érosion de
l'Etat de droit lui-même (Nations Unies, 2001).
C'est dire qu'un Etat démocratique doit, pour bien
assumer sa mission d'intérêt public et les responsabilités
qui en découlent, compter sur le soutien d'une fonction publique moderne
et compétente, dont les membres partagent certaines valeurs
fondamentales et respectent les règles d'éthique propres au
secteur public. Ceci interpelle au premier plan le fonctionnaire dans la mesure
où il joue un rôle très important dans l'animation de
l'administration publique. Responsable de l'application des lois, gardien des
décisions démocratiques, serviteur de la population, ces hautes
responsabilités lui commandent une conduite empreinte d'une
éthique élevée (Le Gouvernement du Québec, 2003).
Ceci explique que certains pays sont particulièrement désireux
d'atténuer les effets nuisibles que les pratiques contraires à
l'éthique ont sur leur développement.
Le Bénin, par exemple, s'est lancé dans cette
dynamique depuis 1994 où il a eu lieu à Cotonou, les Etats
généraux de la fonction publique et de la Modernisation de
l'Administration du 12 au 16 Décembre pour corriger les multiples
problèmes éthiques qui gangrènent son administration
publique et qui vont de la simple hostilité à la corruption, en
passant par le favoritisme, le népotisme, etc. dans la délivrance
des services publics. Ces états généraux ont
généré plusieurs autres actes dont l'un des plus
récents reste l'adoption en 2008, du Code des Valeurs et d'Ethique de la
Fonction Publique qui énonce les valeurs fondamentales qui constituent
l'essence de la fonction publique professionnelle. Ce code qui a fait l'objet
de vulgarisation à grande échelle dans les ministères et
autres services de l'administration publique, édite en effet, des
règles de conduite qui font la promotion de l'éthique dans la
gestion des affaires publiques.
Toutefois, les essais de solution apportés au
problème ne semblent pas porter leurs fruits dans la mesure où
les résultats escomptés des actions entreprises ne satisfont pas
les attentes. S'inspirant de cet état de chose, la présente
recherche se propose de faire une description du rapport des fonctionnaires de
l'administration publique béninoise à l'éthique afin de
voir de quoi il retourne. Pour cela, elle prend pour cadre d'étude, le
Ministère du travail, de la Fonction publique, de la Réforme
Administrative et Institutionnelle Chargé du Dialogue Social. Elle est
structurée en trois principales parties composées du cadre
théorique, du cadre méthodologique et de la présentation
des résultats.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
Dans ce premier chapitre, il sera question de faire un bilan
scientifique des connaissances sur le sujet et de déboucher sur le cadre
théorique propre à la recherche. Il s'agira à cet effet,
dans un premier temps, de construire la problématique en s'approchant
progressivement de l'objet de recherche et dans un second temps, de clarifier
les concepts propres au sujet. Ce travail se terminera par une revue des
connaissances sur le sujet de recherche afin de le situer dans le prolongement
de travaux précédents.
1.1. Problématique
L'éthique dans l'administration publique a, depuis bien
des décennies, engagé l'attention des institutions et agences
donatrices, celle des Etats, des fonctionnaires et des chercheurs dans divers
pays du monde. L'enjeu est la quête permanente d'une gestion performante
et transparente des affaires publiques dans une perspective d'optimisation du
développement, l'aspiration fondamentale de toute société.
En réalité, elle est devenue une préoccupation de taille,
tant pour les pays développés que pour ceux en voie de
développement. Les raisons d'un tel attachement sont multiples.
Tout d'abord, la réputation d'un gouvernement, son
succès, de même que la concrétisation de ses orientations
de développement dépendent de la conduite des fonctionnaires des
services publics dans l'accomplissement des différentes tâches et
responsabilités qui leur sont assignées. Ceci a plusieurs
implications pour le fonctionnaire qui, en dehors d'être intègre
lorsqu'il accepte un emploi public, doit comprendre et exécuter ses
tâches avec abnégation, justice et intégrité,
notamment dans ses relations avec le public. C'est dire que
l'intérêt personnel des fonctionnaires doit, en toutes
circonstances, être subordonné à l'intérêt
public et leurs activités et aspirations personnelles, assujetties aux
principes éthiques telles qu'elles ne doivent pas entacher leurs postes,
discréditer le gouvernement (Chapman 1993, Rohr, 1978, Kernaghan, 1980)
ou encore mettre l'usager en difficulté.
Ensuite, et plus important encore, un service public conforme
à l'éthique est une composante importante d'une bonne
gouvernance, une notion qui, depuis peu, est exigée par les institutions
de Bretton Woods et autres donateurs, comme condition nécessaire pour
bénéficier des prêts étrangers et de l'aide au
développement dont semble dépendre le développement des
pays du Sud. Ceci pose dès lors la probité comme une
denrée cruciale et une condition sine qua non pour disposer
d'une fonction publique performante.
Enfin, un pays dont les fonctionnaires érigent les
contre valeurs en mode de vie verra toujours son développement reporter
aux calendes grecques puisque les générations successives seront
perpétuellement exposées à la tentation d'emboiter le pas
à celles qui les ont précédées.
Or, dans les faits, qu'il s'agisse des pays
développés ou ceux en voie de développement,
l'administration publique, dans son fonctionnement au quotidien, semble
dresser le lit à une kyrielle de pratiques paradoxales aux valeurs
éthiques comme la corruption, la lourdeur administrative, d'arrogance
vis-à-vis des usagers, de gaspillage de temps et de ressources humaines
et matérielles, de services peu compétitifs, etc. Toutes ces
pratiques souvent observées à large échelle,
discréditent l'administration publique qui perd progressivement la
confiance de ses usagers/clients. Cet état de chose n'épargne
pas le Bénin dont l'administration publique est
caractérisée par les mêmes maux qui, malheureusement,
compromettent dangereusement sa performance.
En réaction à cette préoccupation
générale quant à la conduite non éthique, les
gouvernements ont conçu des mécanismes visant à promouvoir
et préserver une conduite morale de la part des fonctionnaires (Dwivedi,
1987, Caiden, 1981).
Au Bénin, la réponse se traduit par un certain
nombre de réformes que le pays a entreprises depuis les Etats
Généraux de la Fonction publique et de la Modernisation de
l'Administration de décembre 1994. De façon concrète,
d'importantes actions ont été menées et concernent entre
autre la création de la Cellule de Moralisation de la Vie Publique par
décret N° 96-579 du 19 décembre 1996, la mise en vigueur
d'un Code d'éthique et de moralisation des marchés publics par le
décret N° 99-311 du 22 Juin 1999 et, la réorganisation des
organes de contrôle et d'inspection de l'Administration publique en
République du Bénin adopté par le décret N°
2006-627 du 04 décembre 2006. C'est sans compter avec l'adoption du Plan
de Réforme et de Modernisation de l'Administration publique en Juin
1995, visant le développement d'une culture administrative
centrée sur le mérite, le service public, le travail en
équipe et le contrôle de gestion ou des résultats et, la
politique de promotion de la fonction publique professionnelle par l'outil de
la Gestion Axée sur les Résultats. Il faut également et
surtout mentionner l'élaboration depuis 2007 du Code des Valeurs et
d'Ethique de la Fonction Publique adopté par le décret
N°2008-813 du 31 décembre 2008, visant à soutenir les agents
publics dans toutes leurs activités professionnelles et à
restaurer l'image de marque de la Fonction publique béninoise. Ce code,
lancé depuis janvier 2010 a fait l'objet de vulgarisation dans plusieurs
ministères, les Institutions de l'Etat ainsi que les Chefs-lieux de
Département. On pourrait ajouter à cette liste non exhaustive, la
signature le jeudi 23 février 2012 par l'ensemble des acteurs de la vie
socio politique du Bénin à commencer par le Président de
la République, de la Charte Nationale pour la Gouvernance du
Développement du Bénin dont la convention d'adoption s'est
ténue les 03 et 04 Novembre 2011 à Cotonou. Cette charte fait la
promotion de quinze valeurs dont l'intégrité, la dignité,
le sens élevé de responsabilité, le travail,
l'excellence,...etc.
Malgré tous ces efforts et, contrairement à
toutes les attentes, le problème de l'éthique dans la fonction
publique demeure et semble même prendre de l'ampleur au fil du temps.
C'est justement cet état de chose qui justifie, entre autre,
l'intérêt porté à l'étude de cette
problématique dans l'administration publique béninoise et qui
prend pour espace empirique d'investigation, le Ministère du Travail, de
la Fonction Publique, de la Réforme Administrative et Institutionnelle
Chargé du Dialogue Social. Se fondant sur ces constats, il a paru
pertinent de poser l'interrogation suivante : Comment expliquer la
persistance des comportements non éthiques dans l'administration
publique malgré les efforts faits pour y remédier ?
En réponse à ce questionnement, deux
hypothèses auxquelles sont associées deux objectifs
spécifiques ont été formulées après mention
de l'objectif général de la recherche.
1.1.1. Hypothèses
· Les conduites non éthiques observées dans
l'administration publique sont fonction de la paupérisation des
fonctionnaires ;
· L'inefficacité des dispositifs de
sanction dans l'administration publique explique les comportements non
éthiques développés par les fonctionnaires.
1.1.2. Objectifs
1.1.2.1. Objectif général
L'objectif général de cette étude est de
comprendre la persistance des comportements non éthiques des
fonctionnaires dans l'administration publique.
1.1.2.2. Objectif spécifiques
· Montrer l'influence de la paupérisation des
fonctionnaires sur la tenue de comportements non éthiques dans
l'administration publique.
· Lier l'inefficacité des dispositifs de
sanction dans l'administration publique aux comportements non
éthiques développés par les fonctionnaires.
1.2. Clarification conceptuelle
1.2.1. Système de valeur et éthique
La notion de valeur a une histoire. Le thème est
ancien, mais à l'origine, c'est-à-dire dans le français
médiéval, dérivé du verbe latin valere, il
renvoie habituellement à l'évaluation, au prix. Il est
traditionnellement décliné dans différents registres de la
vie humaine. Les valeurs représentent des principes auxquels doivent se
conformer les manières d'être et d'agir. Ces principes sont ceux
qu'une personne ou qu'une collectivité reconnait comme des
idéaux et qui rendent désirables et estimables les
êtres ou les conduites auxquelles elles sont attribuées. Elles
sont appelées à orienter l'action des individus dans
une société, en fixant des buts. Elles constituent
une morale qui donne aux individus les moyens de juger
leurs actes et de se construire une éthique personnelle,
celle-ci étant définie comme un ensemble rationnellement
structuré de valeurs explicites qui définissent le bien, le juste
et le beau, par lequel quelqu'un rend compte de lui-même, de ce qui le
fait exister et agir (Droz et al., 2006). Elle est la manière de dire
comment l'individu se doit de vivre et à partir de quoi il doit juger et
décider. Il s'agit en conséquence, d'un système explicite
et argumenté de valeurs qui induisent des comportements ou des pratiques
sociales. Il y a donc des éthiques universelles ou des éthiques
propres à une culture, une entreprise ou une administration.
De ce fait, l'organisation des valeurs entre elles, sous forme
de système, correspond à une éthique; celle-ci donne sens
et cohérence aux valeurs qui s'y rattachent (Sauvé, Villemagne,
2006). D'une façon générale, « une valeur »
renvoie à « ce qui est vrai, beau, bien, selon un jugement
personnel plus ou moins en accord avec celui de la société de
l'époque » ; on parle alors des « valeurs d'une
société », de « système de valeurs »
(Malraux, 2011). Les valeurs peuvent être morales, esthétiques, ou
autres. Elles changent d'un individu à l'autre, d'une
société à l'autre. C'est ce qu'on appelle les
systèmes de valeurs.
1.2.2. Représentations
Le terme représentation, emprunté du latin
repraesentatio, dérivé de
repraesentare, « rendre présent »,
est défini par Le Robert, Dictionnaire Alphabétique et Analogique
de la Langue Française (1980, Vol5: 825) comme « le
processus par lequel une image est présentée au sens »,
ou encore « une image ou une combinaison d'images ».
Le Dictionnaire Hachette (1997 : 1565) quant à
lui, nous dira que la représentation est « une image, un
signe, un symbole qui rend présent à l'esprit un objet
donné ».
Fisher (1996 : 125) définira globalement la
représentation comme « une activité mentale à
travers laquelle on rend présent à l'esprit une image, un objet
ou un évènement absent ».
La représentation sociale, en nous appuyant sur les
éléments précédents, pourrait donc
désigner : une image, une combinaison d'images, un symbole relevant
de la réalité distincte, des caractères d'un groupe
d'individus, et permettant de rendre présent à l'esprit un objet
donné. Plus précisément, et à la lumière des
nombreux auteurs sur le concept, nous disons que la représentation
sociale est :
- « un processus d'élaboration perceptive et
mentale de la réalité qui transforme les objets sociaux
(personnes, contextes, situations) en catégories symboliques (valeurs,
croyances, idéologies) et leur confère un statut cognitif
permettant d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un
recadrage de nos propres conduites à l'intérieur des interactions
sociales » (Fisher, 1987 : 118) ;
- « un système de valeurs, de notions et de
pratiques relatives des objets, des aspects ou des dimensions de milieu social
qui permet non seulement la stabilisation du cadre de vie des individus et des
groupes, mais qui constitue également un instrument d'orientation de la
perception des situations et d'élaboration des
réponses » (Moscovici, 1961) cité par Fischer
(1996 : 125) ;
- « une forme de connaissance socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d'une réalité commune
à un ensemble social. Egalement désignée comme savoir de
sens commun ou encore savoir naïf, naturel, cette forme de connaissance
est distinguée, entre autres, de la connaissance
scientifique » (Jodelet, 1989 : 36) ;
- « un ensemble de connaissances attestées ou
illusoires, relatives à l'environnement des individus »
(Moliner, 2001 : 8) ;
- « un ensemble organisé de cognitions
relatives à un objet partagées par les membres d'une population
homogène par rapport à cet objet » Flament (1994 :
37-58) cité par Negura (2004 : 4).
En prenant appui sur ces éléments de
définition, les représentations sociales désignent, dans
le cadre de ce travail, la manière dont les fonctionnaires
perçoivent l'objet de la représentation, et ainsi se
l'approprient. Mais, ce qui nous intéresse davantage dans cette
étude reste les discours sociaux les plus partagés des agents du
Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de la Reforme
Administrative et Institutionnelle, Chargé du Dialogue Social sur le
système des valeurs et de l'éthique.
1.2.3. Administration publique
Le mot administration peut revêtir deux sens
différents. Si on s'attache à la fonction de
l'administration (définition fonctionnelle), le mot désigne
l'ensemble des activités dont le but est de répondre aux besoins
d'intérêt général de la population (ordre public,
services publics...), tels qu'ils sont définis à un moment
donné par l'opinion publique et le pouvoir politique. Il s'écrit
alors avec un petit « a ».
Mais, si on s'attache à son organisation
(définition organique), il désigne l'ensemble des personnes
morales (État, collectivités territoriales, établissement
public...) et physiques (fonctionnaires, contractuels...) qui accomplissent ces
activités. Le mot administration s'écrit alors avec un grand
« A ». Il existe là encore deux approches : une
conception large considère que les organismes privés
chargés d'une action administrative font partie de l'Administration et
une conception restreinte qui les exclut1(*).
Dans le cadre de cette recherche, l'administration publique
est conçue comme un ensemble d'unités institutionnelles dont la
fonction principale est de produire des services non marchands ou
d'effectuer des opérations de redistribution du revenu et des richesses
nationales. Elles tirent la majeure partie de leurs ressources de contributions
obligatoires. Le secteur des administrations publiques comprend dans ce sens
les administrations publiques centrales, les administrations publiques locales
et les administrations de sécurité sociale2(*). Pour ce qui est de cette
recherche, c'est la dimension dite administration publique centrale
qui attire l'attention dès lors que le focus sera mis sur le
Ministère du Travail, de la Fonction Publique et de la Réforme
Administrative et Institutionnelle Chargé du dialogue Social.
1.3. Revue de littérature
L'éthique dans la fonction publique, le service public
ou dans les administrations publiques est une question largement
débattue dans la littérature scientifique, même si les
données scientifiques y afférentes sont moins prolifiques en
Afrique de l'Ouest et particulièrement au Bénin, où on
note davantage de rapports de travail que de recherches scientifiques dument
effectuées. Se fondant sur ces écrits, la présente section
a pour but de faire un bref état de la question pour mieux
l'apprécier afin de bien situer la problématique de cette
recherche.
Pour Raimbault (2010), la sociologie des organisations et les
théories du management font le constat classique selon lequel tout
changement dans l'organisation ou le fonctionnement d'une institution est
anxiogène et génère de ce fait des résistances qui
peuvent être illustrées par la différence entre le travail
prescrit et le travail réel. Pour lui, en tant qu'institution, la
fonction publique n'échappe pas à cette logique, ce qui justifie
la pertinence de s'interroger sur l'éthique qui fonde l'action du
service public et les valeurs auxquelles se réfèrent les
fonctionnaires qui la servent.
Traitant de la question dans la fonction publique en Afrique,
Ayee (1998) estime que les fonctionnaires sont supposés consacrer leur
attention à la promotion du bien être public et non pas à
leur prestige personnel ; leurs activités officielles sont
supposées « bonnes », « justes » et «
positives ». Ils sont tenus d'éviter l'abus du pouvoir
discrétionnaire administratif et les conduites immorales telles que les
pratiques de corruption, le népotisme ou la conformité dans le
but d'améliorer leurs situations. Pour l'auteur, ils ne doivent pas pour
ce fait, substituer l'éthique de leur profession à des choix de
valeurs personnels, ce qui pourtant orne le quotidien du fonctionnement du
service public en Afrique. Or, les fonctionnaires devraient s'inscrire dans une
dynamique de reddition de compte en ce qui concerne leurs services au public,
voire même, leurs relations personnelles avec les politiciens
élus, leurs rapports avec les groupes de pression, leurs
activités politiques et les suppléments de leurs revenus.
Toutefois, l'auteur invite à nuancer le sens du contenu
de ce qui est correcte, juste, droit, faux, moral et équitable, vu qu'il
est variable en fonction des contextes, voire des pays. Ceci implique de ce
fait plusieurs façons de considérer les questions
administratives. Sur ces notes, il en déduit que l'éthique
individuelle est une condition nécessaire mais pas tellement importante
pour assurer une action digne de confiance dans l'administration du secteur
public. Il préconise plutôt une éthique de l'action
positive, un processus qui oblige les fonctionnaires à
consciencieusement confronter leurs valeurs, prendre connaissance de ce qui est
acceptable et de ce qui ne l'est pas, puisqu'il est improbable comme l'a
indiqué Bailey (1964), qu'une personne puisse remplir une fonction de
manière appropriée sans disposer d'une base d'éthique
appropriée.
Dans cette logique, il a avancé que les codes
d'éthique doivent s'élaborer autour de la vie organisationnelle
des institutions publiques et se concrétiser sous forme de documents
écrits qui doivent être respectés et appliqués.
Cependant, il a noté la nécessité de communiquer sur les
codes élaborés, pour que les fonctionnaires, à tous les
niveaux, en prennent connaissance, en connaissent les limites pour refouler
toutes requêtes contraires à l'éthique. Aussi, l'auteur
souligne-t-il que la simple présence des codes de conduites peut
être trompeuse, si ceux-ci ne sont pas appliqués et ne font pas
partie intégrante de la gestion quotidienne.
Pour le maintien des normes d'éthiques dans la fonction
publique, il insiste sur la nécessité de promouvoir un
système d'intégrité national englobant les tendances
politiques et adapté au citoyen dans la mesure du possible. Ceci
implique un leadership politique engagé qui fait montre de son
engagement en soumettant volontairement un état général de
ses avoirs, revenus, obligations et niveaux de vie, la participation des
syndicats de la fonction publique et d'autres groupes d'employés, la
participation des groupes professionnels, ainsi que les chefs des
communautés et chefs religieux et, la participation du public dans le
processus de réforme agrémenté des changements
proposés
Allant dans la même logique que l'auteur
précédent, le Gouvernement du Québec (2003) estime que les
normes d'éthique régissant la conduite des fonctionnaires doivent
être adaptées aux circonstances et aux nombreuses situations
où des questions d'éthique peuvent être soulevées,
à la lumière de la mission d'intérêt public
poursuivie par l'État et des valeurs partagées par l'ensemble des
fonctionnaires. Plutôt que de vouloir régir de façon
précise les moindres gestes des fonctionnaires, l'éthique vise
donc à définir un cadre général à
l'intérieur duquel chacun des membres de la fonction publique doit se
situer. En définitive, elle fait appel au jugement du fonctionnaire et
à son sens de responsabilité, et implique qu'il puisse aller
au-delà du simple respect à la lettre des règles
applicables, lorsque la situation l'exige.
L'organisation insiste sur le fait qu'adopter un comportement
éthique doit être une préoccupation constante de tout
fonctionnaire. A cette fin, le fonctionnaire devra s'assurer de posséder
une bonne connaissance des règles d'éthique en vigueur, ainsi que
des autres textes qui peuvent préciser la portée de ces
règles d'éthique. Il devra également
réfléchir à la mission d'intérêt public
à laquelle il contribue en tant qu'employé de l'Etat et accepter
de partager les valeurs qui en découlent. Enfin, en cas de doute dans
une situation donnée, il est mentionné qu'il devrait pouvoir
consulter ses supérieurs ou le répondant en éthique de son
ministère ou organisme sur la conduite à adopter.
En ce qui concerne Monier et Golden (2009) sur la même
problématique, ils font le constat d'une place démesurée
accordée à l'argent dans les apports sociaux et d'une
érosion des valeurs éthiques dans le monde du travail, à
considérer la création des valeurs par rapport à l'homme
et son environnement qui ont été en grande partie oubliés.
Pour eux, dans les entreprises, un certain nombre de facteurs ont
contribué au développement de l'éthique : il s'agit de la
réglementation des activités, des initiatives responsables et des
efforts de communication. Toutefois, ils soulignent que ces pratiques ont des
limites qui risquent de faire de l'éthique un simple argument «
marketing » à la mode ne reflétant pas une vraie prise de
conscience. Dans cette logique, il est souligné l'importance de
démontrer la nécessité de repenser les valeurs collectives
et la place de l'éthique professionnelle dans le système actuel,
pour redonner aux hommes le sens des « vraies » valeurs, les inciter
à la solidarité et au développement durable de leurs
activités, et créer collectivement une économie plus
humaine qui mette l'homme et son épanouissement au coeur des
préoccupations, sans remettre en cause la nécessité de la
croissance économique.
Quant à l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques l'OCDE (2000), elle soutient, relativement
à l'éthique dans la fonction publique, que les citoyens
attendent des fonctionnaires, qu'ils servent l'intérêt
général en faisant preuve d'impartialité et en
gérant quotidiennement les ressources publiques de manière
appropriée car, un service public équitable et fiable inspire
confiance au public. C'est dire que l'éthique dans le service public est
nécessaire à la confiance du public et la renforce ; d'ailleurs,
elle constitue la clé de voûte d'une bonne gouvernance. A ce
sujet, l'organisation cite un certain nombre de valeurs prônées
par 29 pays Membres de l'OCDE, comme essentielles au bon fonctionnement du
service public. Il s'agit de la justice, de la responsabilité, de
l'égalité, de l'efficience, de la transparence, de
l'intégrité, de la légalité et de
l'impartialité. Pour renforcer ces valeurs, l'organisation estime qu'il
faut mettre l'accent sur la communication, assurer l'intégrité
dans la gestion quotidienne, contrôler le respect des normes applicables
et, agir contre les comportements contraires à l'éthique.
Faisant la liaison entre l'éthique et la gestion
publique, le PUMA (1997), en ce qui le concerne, se demande comment les pays
s'assurent-ils que les règles sont respectées dans la fonction
publique, surtout quand ils sont confrontés au changement ? Pour y
répondre, il constate qu'en pratique, ils ont recours à toute une
gamme d'instruments et de processus qui réglementent les comportements
indésirables et incitent à une bonne conduite. A cet effet,
l'organisation, afin d'illustrer le fonctionnement et l'interaction de ces
instruments, a défini le concept
d'une « infrastructure de l'éthique ».
En effet, cette notion renferme huit composantes à savoir :
l'engagement politique (1), un cadre juridique efficace (2), des
mécanismes de responsabilisation efficaces (3), des codes de conduite
(4), des mécanismes de socialisation professionnelle (5), de bonnes
conditions d'emploi dans la fonction publique (6), un organisme de coordination
pour les questions d'éthique (7) et, une société civile
active qui surveille les activités gouvernementales (8). Cependant, il
est avancé que le régime de gestion de l'éthique d'un pays
doit être compatible avec sa conception de la gestion publique en
général. Dans ce sens elle ne doit plus être
envisagée à part et de façon distincte, mais comme faisant
partie intégrante de tous les systèmes de gestion.
Réfléchissant sur la question, Hébette
(2010) démontre que le cadre éthique comprend un certain nombre
de principes de base qui le structure. Il s'agit de l'intégrité,
de la justice, du respect des personnes, de l'exercice de droits individuels,
de la légalité et de la bienfaisance, de la reddition de compte,
de la transparence, sans compter l'efficacité, l'efficience et
l'économie. L'éthique est décrite comme une donnée
complexe qui concerne les valeurs, les intérêts, les
loyautés contradictoires ; c'est pour ainsi dire qu'elle s'apprend.
Elle a évolué, selon l'auteur, avec la réforme du
management public et doit, pour une bonne analyse, être située
dans le contexte de Contrôle Interne couplé à un cadre
articulé de normes et d'actions. Son efficacité devrait
requérir une politique globale d'intégrité et une
coalition des différents acteurs de la société.
Dans la même lancée, l'auteur propose un cadre
théorique d'analyse de l'éthique du salarié au sein de
l'entreprise reliant l'individu (éthique), la direction
(déontologie) et l'organisation (contexte éthique) qui
fonctionnent en interaction permanente. S'inspirant de Skinner (2005),
Zey-Ferrell et Weaver (1979), il définit l'éthique comme un
processus individuel fondé sur des valeurs dogmatiques non falsifiables
représentant ce qui est bien ou mal. Quant à la
déontologie, elle est décrite comme l'ensemble des valeurs que
l'organisation souhaite voir appliquer dans le cadre de l'activité.
Elles représentent un système normatif contraignant. En ce qui
concerne le contexte, il représente le reste de la structure, y compris
les comportements et propos des autres salariés de l'organisation qui
peuvent produire une modification de comportement éthique chez
l'individu.
Suivant ce modèle, l'auteur pense que la
déontologie de l'organisation peut influencer l'éthique du
salarié et vice versa si l'organisation produit une déontologie
sur la base de réflexions communes et interactives ou si la
déontologie est freinée et que la direction l'adapte en fonction
des freins constatés. Pour lui, l'éthique de l'individu comme
l'ont souligné Sainseaulieu et Ségresin (1986) peut être le
produit de valeurs importées dans l'organisation ou le fruit d'un jeu
d'acteur, rationnel et intentionnel, dans lequel les valeurs personnelles sont
déguisées pour atteindre un but personnel comme l'ont
indiqué Crozier et Friedberg (1997). Toutefois, elle peut aussi
être à l'image des remarques de Herrbach (2000), le fruit d'une
divergence de valeurs de l'individu et de la déontologie formant une
rupture de contrat psychologique.
Par ailleurs, il est mentionné que la
déontologie influence les pairs dans l'organisation et que le contexte
peut l'influencer en retour lorsqu'il présente une culture
organisationnelle forte et prégnante que la déontologie ne peut
modifier volontairement. Finalement, l'auteur pense à l'instar de
Donnadieu (1999) que le contexte influence l'éthique du salarié
en raison de sa volonté de socialisation et donc d'adhésion
à un système de valeur du groupe auquel il se
réfère. Mais l'influence est liée au salarié
lui-même, à son interprétation des éléments
de contexte, à leur filtrage.
On pourra retenir, en somme, que l'éthique est
généralement considérée comme une donnée
cruciale pour le succès d'une organisation. Elle influence de
façon déterminante le comportement des membres d'une
organisation, puisqu'elle détermine la façon dont ils
perçoivent les problèmes et prennent leurs décisions. Dans
ce contexte, les valeurs annoncées peuvent être en
déphasage avec leur mise en pratique.
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
Ce second chapitre du mémoire de recherche fera l'objet
de la présentation du cadre de l'étude ainsi que de la
présentation de la méthodologie de l'enquête de terrain
adoptée. Nous verrons dans un premier temps, la présentation et
la justification du Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de la
Reforme Administrative et Institutionnel Chargé du Dialogue Social comme
cadre d'étude d'une part et d'autre part, nous verrons la nature de
l'étude, le groupe cible et l'échantillonnage retenus pour cette
enquête de terrain. Dans un second temps nous aborderons les techniques
et outils de collecte de données et le recours à la revue
documentaire.
2.1. Présentation et justification du
MTFPRAI-DS-DS comme cadre d'étude
Situé entre temps à Xwlacodji entre le Programme
National de Lutte contre le SIDA (PNLS) et la Mairie de la localité, le
Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme
Administrative et Institutionnelle chargé du Dialogue Social est
désormais installé dans les quatre premiers niveaux du
Bâtiment « B » des tours administratives sises
à Cadjèhoun non loin de la place du souvenir. Il a pour mission
générale la conception, la mise en oeuvre et le
suivi-évaluation de la politique de l'Etat en matière de
travail, de la fonction publique, de la réforme administrative et
institutionnelle et du dialogue social. Il veille au respect des dispositions
légales et réglementaires en ces matières et assure la
gestion administrative des personnels de l'Etat. Il oeuvre à la
réforme et la modernisation permanente de l'administration publique en
vue de sa continuelle adaptation à l'évolution technologique, en
initiant des actions et mesures de renforcement des capacités de
l'administration et de développement de la productivité des
services publics. Il est responsable de l'organisation, en rapport avec les
ministères intéressés, des concours et examens
d'accès à la fonction publique.
Les missions de ce département ministériel sont
bien définies dans leur double dimension ; travail, fonction publique et
réforme administrative et institutionnelle. Sa première dimension
relève d'une mission classique et sectorielle de l'Etat, relative
à la gestion de ses moyens humains. La seconde dimension est novatrice.
Elle se propose de renforcer les capacités d'anticipation et de
réaction de l'administration et de l'institution par rapport à
son environnement marqué de plus en plus par l'avènement du
numérique. Elle poursuit à ce titre un double objectif de
recherche d'efficacité de l'action publique et d'efficience des services
publics. Le MTFPRAI-DS est un Ministère à caractère
transversal et un véritable agent de réhabilitation et de
modernisation de l'Etat. A ce titre, il a compétences non seulement en
matière de veille à la solidarité gouvernementale et
à la synergie interministérielle et ce, conformément
à la charte du Gouvernement, en matière d'élaboration des
normes, procédures et standards de performance, et en matière
d'accompagnement et d'appui à la mise en oeuvre des reformes, mais aussi
en matière d'observation et d'analyse des reformes. Ce Ministère
a été créé, par décret n° 2014-037 du
29 Janvier 2014, portant Attributions, Organisation et Fonctionnement du
Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme
Administrative et Institutionnelle chargé du Dialogue Social. Pour
assumer ses fonctions, le MTFPRAI-DS, en dehors du Cabinet du Ministre, de
l'Inspection Générale des Services et Emplois Publics et du
Secrétariat Général du Ministère, est
organisé en directions centrales, techniques et départementales
avec des structures sous tutelle. Au nombre des directions centrales on peut
citer : la Direction des Ressources Humaines (DRH) ; la Direction des
Ressources Financières et du Matériel (DRFM) ; la Direction
de la Programmation et de la Prospective (DPP) ; la Direction de
l'Informatique et du Pré-archivage (DIP). Pour ce qui est des directions
techniques, elles se regroupent en quatre directions Générales
à savoir : la Direction Générale du Travail
(DGT) ; la Direction Générale de la Fonction Publique
(DGFP) ; la Direction Générale du Renforcement des
Capacités et de l'Employabilité (DGRCE) et la Direction
Générale de la Réforme de l'Etat (DGRE). Aux directions
départementales (Atacora/Donga, Atlantique/Littoral, Borgou/Alibori,
Zou/Colline, Oueme/Plateau et, et Mono/Couffo) s'ajoutent les Organismes
sous-tutelle à savoir : la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale (CNSS), l'Institut National de Formation
Sociale, Economique et Civique (INFOSEC), le Centre de Perfectionnement du
Personnel des Entreprises (CPPE), le Fonds de Développement de la
Formation Continue et de l'Apprentissage (FODEFCA) et la Caisse Mutuelle de
Prévoyance Sociale (CMPS). Toutes ses directions et structures sont sous
l'autorité du Ministre qui est le premier responsable de
l'exécution des décisions et instructions du Gouvernement dans
les différents domaines de sa compétence. En sa qualité de
Ministre, il préside entre autres, le Conseil Supérieur
d'Orientation des Réformes (CSOR), le Comité Consultatif
Paritaire de la Fonction Publique (CCPFP), le Conseil National du Travail
(CNT), la Commission Nationale de Sécurité et de Santé au
Travail (CNSST), la Commission Nationale Chargée de la
Vérification de l'Authenticité des Diplômes des Agents de
l'Etat, Civils et Militaires, la Conférence des Gestionnaires des
Ressources Humaines (CGRH), la Commission Nationale de Concertation et de
Négociations Collectives Gouvernement Centrales et
Confédérations Syndicales, ...etc.
Du point de vue de sa mission et de son caractère
transversal, le Ministère du Travail, de la Fonction Publique, de la
Réforme Administrative et Institutionnelle chargé du Dialogue
Social représente un cadre idéal pour notre sujet de recherche
dans la mesure où, il est responsable de la détermination de la
qualité de la gouvernance et du contrôle, du respect de
l'intérêt général, des valeurs républicaines,
de l'éthique et des normes, de la conduite des hommes et des femmes
par un choix judicieux.
2.2. Nature de l'étude
Portant sur les systèmes des valeurs et de
l'éthique dans la fonction publique béninoise, cette recherche
est de nature mixte, à la fois qualitative et quantitative. Le choix
d'une telle approche se justifie d'une part par le fait qu'elle vise
essentiellement la connaissance et la conception qu'ont les acteurs sur la
question des valeurs et de l'éthique dans l'exercice de leurs fonctions.
Elle privilégie tout de même l'entretien qui permet de centrer le
discours des personnes interrogées autour de différents
thèmes définis au préalable. Il est intéressant
dans le sens où il permet de guider l'interlocuteur dans son
témoignage mais aussi de lui laisser une certaine souplesse de
réponse. D'autre part, elle permet d'avoir des données
chiffrées en vue de quantifier quelque peu les informations
recueillies.
2.3. Groupes cibles et échantillonnage
2.3.1. Groupes cibles
Dans le cadre de la présente recherche, deux
catégories de groupes cibles ont été identifiées.
Il s'agit d'une part, des employés du Ministère du Travail, de la
Fonction Publique, de la Reforme Administrative et Institutionnelle Ch
argé du Dialogue Social, particulièrement ceux qui sont agents
permanents de l'Etat. Ils sont identifiés parce qu'ils officient dans un
Ministère à caractère transversal s'occupant des questions
de Travail, de reformes Administratives et Institutionnelles et,
représentent par conséquent, les principaux acteurs
concernés par la problématique des valeurs et de l'éthique
dans la fonction publique. Ils sont mieux indiqués pour donner leurs
opinions sur le sujet de recherche.
Le second groupe identifié, est constitué des
potentiels informateurs c'est-à-dire : les responsables
hiérarchiques et les experts des questions de Travail, de Fonctions
administratives et institutionnelles. Ils sont choisis selon leurs
expériences et vécus de l'administration publique ainsi que des
valeurs et éthiques qui régissent cette dernière. Les
acteurs de cette deuxième catégorie de cible sont, en quelque
sorte, considérés comme des personnes ressources. Par ailleurs,
la collecte des données n'a pas exclu les usagers dudit Ministère
parce que bénéficiant des prestations de ce dernier.
2.3.2. Echantillonnage
Pour commencer, notre soucis était de rencontrer des
employés permanents du Ministère afin d'échanger avec eux
sur la problématique de la recherche, mais également qu'ils nous
expliquent comment celle-ci était mise en oeuvre dans leur fonction
quotidienne. Au cours de nos différentes recherches, l'option de deux
techniques d'échantillonnage a donc été faite. Il s'agit
des techniques d'échantillonnage par choix raisonné et celle dite
par accident.
La technique d'échantillonnage par choix
raisonné a servi à interviewer les employés, les
responsables hiérarchiques ainsi que les experts des questions de
Travail, de la Fonction Publique, des Réformes Administratives et
institutionnelles. En réalité, il a été question de
déterminer des critères pour chacun de ces groupes de personnes.
Une fois les critères déterminés, on procède
à l'application de ceux-ci à chaque groupe pour retenir les
personnes pouvant faire partir de l'échantillon. Ainsi peuvent
être interviewés les employés qui répondent aux
critères suivants :
- Etre agent permanent de l'Etat ;
- Avoir au moins cinq ans d'expériences dans la
fonction publique ;
- Avoir connaissance de l'existence du code de la fonction
publique béninoise.
Ces critères appliqués, ont permis de retenir 25
acteurs au sein des employés dudit Ministère. S'agissant des
responsables hiérarchiques, il faut :
- Etre agent permanent de l'Etat ;
- Etre à un poste de responsabilité
quelconque ;
- Avoir connaissance du code de la fonction publique
béninoise.
Avec ces critères de choix, 13 responsables
hiérarchiques ont été retenus. Pour ce qui est de la
technique d'échantillonnage par accident, elle a été
utilisée pour constituer l'échantillon des usagers. En effet, il
est question d'interroger les usagers rencontrés lors de l'enquête
de terrain. Cette technique a permis après saturation des données
d'atteindre la taille des usagers fixée à 15 unités.
En somme, cinquante-trois (53) acteurs ont été
interviewés pour le compte de cette étude. Ces différents
répondants ont été soumis à diverses
interrogations.
2.4. Techniques et outils de recueil de données
La nature de l'étude nous a fait utiliser trois
techniques de recueil de données empiriques. Il est question, outre la
revue de documentaire, de l'entretien et du questionnaire. Les outils
correspondant respectivement à ces techniques sont la grille de lecture,
le guide d'entretien et le questionnaire.
2.4.1. La revue de documentaire
Cette étape a été un
point fondamental dans la réalisation de ce travail. Elle nous a
aidé, tout au long de la rédaction de ce travail de recherche et
a consisté à recenser et à lire un certain nombre
d'ouvrages, d'articles, de rapports d'ateliers, de mémoires, etc.
relatifs au sujet abordé, afin de mieux saisir les concepts clés
qui s'y rapportent. Ainsi, les documents consultés ont fait état
de tout ce qui a été déjà réalisé sur
notre problématique quelles que soient les dimensions abordées.
Aussi, ont-ils contribué à la compréhension et à
l'analyse du sujet de recherche. La revue documentaire a joué un
rôle transversal dans la réalisation de la présente
recherche. A cette fin, la grille de lecture a été
exploitée comme outil.
2.4.2. L'entretien
L'entretien est une méthode de production de discours
permettant de recueillir des opinions et des faits concrets. L'enquête de
terrain par les entretiens fait également apparaître des processus
en révélant certaines logiques d'action. Concernant le recueil de
données dans ce travail de recherche, nous avons fait recours à
des entretiens semi-directifs. Ce type d'entretien permet à l'acteur de
s'exprimer librement, mais sur des questions précises, sous le
contrôle de la personne qui l'interroge. Cette technique est
intéressante dans le sens où elle permet de guider
l'interlocuteur dans son témoignage mais aussi de lui laisser une
certaine souplesse de réponse.
L'entretien semi-directif nous a permis d'avoir des
éléments de réponses à nos différentes
interrogations en laissant la possibilité à la personne
interrogée de s'exprimer de manière libre mais toujours en
l'orientant sur notre problématique. L'outil utilisé à cet
effet est le guide d'entretien semi-structuré. Les entretiens
effectués avec les usagers et les personnes ressources ont duré
en moyenne trente à quarante minutes et ont été
enregistrés avec l'accord de ces derniers sous couvert d'anonymat puis
retranscrits. Cette approche qualitative est intéressante vu qu'elle
permet de recueillir un grand nombre d'informations en faisant appel au point
de vue de l'acteur, à son expérience, à sa logique et
à sa rationalité. Elle a été
complétée par le questionnaire.
2.4.3. Le questionnaire
Le questionnaire est un instrument privilégié
des recherches de type quantitatif. Il est une suite de propositions ayant
une certaine forme et un certain ordre, sur lesquels on sollicite l'avis, le
jugement ou l'évaluation d'un sujet. Selon Benedetto (2007),
« les questionnaires sont largement utilisés dans le domaine
des enquêtes psychosociales ou psychopédagogiques ».
Dès lors, cette technique a été utilisée pour
compléter celle de l'entretien. Elle a été employée
avec les fonctionnaires dudit Ministère et a été
nécessaire pour la production d'informations quantifiables auprès
de cette catégorie de cible. Sa structuration a consisté à
formuler des questions ouvertes et fermées suivant les objectifs
spécifiques énoncés pour la réalisation de ce
travail de recherche. Si l'entretien a fait appel au point de vue de l'acteur,
à son expérience et à sa logique, le questionnaire quant
à lui, a permis la production de données statistiques. Le
récapitulatif de cette section se retrouve dans le tableau I
Tableau I : Groupe cible,
échantillonnage et techniques de recueil de données
Groupes cibles
|
Techniques d'échantillonnage
|
Techniques de collecte de données
|
Echantillon
|
Les agents en fonction au MTFPRAI-DS
|
Par choix raisonné
|
Questionnaire
|
25
|
Personnes ressources
|
Entretien
|
13
|
Les usagers
|
Accidentel
|
15
|
Total
|
...
|
...
|
53
|
Source : Enquête de
terrain _2013
2.5. Dépouillement et traitement des
données
La démarche adoptée pour le dépouillement
et le traitement des données collectées a essentiellement
été manuelle. Les informations qui sont recueillies à
l'issue de l'enquête ont fait l'objet d'une analyse objective en fonction
des variables qui sont identifiées. Parlant des données
d'entretien, des corpus ont été constitués en se fondant
sur les discours des répondants. Ces corpus ont fourni des
éléments d'analyse assez pertinents pour la réalisation du
mémoire. Aussi, avons-nous utilisé les verbatim de nos entretiens
pour étayer l'analyse. Pour ce qui concerne les données
recueillies par questionnaire, elles sont d'abord traitées manuellement
par codification et ensuite traitées à l'ordinateur grâce
aux logiciels informatiques WORD et EXCEL et ont permis l'élaboration
des tableaux et graphiques.
2.6. Difficultés rencontrées
Nous avons été confrontés à
certaines difficultés. Celles-ci sont d'abord d'ordre documentaire. Les
centres de documentation parcourus ne disposent pas souvent de la documentation
sur notre sujet de recherche. Nous avons aussi eu des difficultés
d'ordre méthodologique au moment de confectionner le guide d'entretien
et la grille de lecture car il fallait trouver des items précis et
adéquats pour recueillir les opinions des répondants sur tel ou
tel aspects du sujet. Par ailleurs, l'autre difficulté majeure a
été l'indisponibilité de certains acteurs à nous
fournir les renseignements et informations utiles. Cependant, ces
difficultés ont pu être surmontées grâce à
d'autres stratagèmes : le renouvellement de rendez-vous par
exemple. Ainsi, des informations pertinentes ont pu être recueillies.
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
Le présent chapitre vise à
présenter et analyser les données de terrain relatives aux
différentes hypothèses de recherche portant sur le sujet
abordé. Dans un premier temps, il est question de dresser les
résultats liés à la paupérisation des
fonctionnaires et à la persistance des comportements non éthiques
observés dans l'administration publique. Dans un second temps, il est
question de mettre en exergue l'influence de l'inefficacité des
dispositifs de sanction sur la persistance des comportements déviants
observés.
I. PAUPERISATION DES FONCTIONNAIRES ET PERSISTANCE DES
COMPORTEMENTS NON ETHIQUES DANS L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
1.1. Connaissances des fonctionnaires sur les valeurs et
l'éthique dans l'administration publique
Lorsque les agents du MTFPRAI-DS sont
interviewés par rapport à la connaissance qu'ils ont des valeurs
et de l'éthique dans l'administration publique, plusieurs
modalités de réponses sont avancées. Celles-ci peuvent
être classées en trois catégories comme l'illustre le
tableau N°II.
Tableau II : Valeurs cités par
les fonctionnaires du MTFPRAI-DS
Catégories de valeurs citées
|
Catégorie 1
|
Catégorie 2
|
Catégorie 3
|
Qualité, Efficacité, Efficience,
Célérité, engagement à servir, Transparence
|
Intégrité, objectivité, impartialité
de l'administration publique, négation de népotisme ou de
monnayage indue de services, confidentialité
|
respect de la dignité humaine ; traitement
équitable et courtois
|
Source : données de
terrain_2013
A l'analyse, il peut être distingué que la
première catégorie de valeurs correspond à la
qualité, l'efficacité, l'efficience, la transparence, etc., alors
que la deuxième catégorie renvoie à
l'intégrité, l'objectivité, l'impartialité, la
négation de népotisme ou encore au monnayage indu de services et
la confidentialité. Parlant de la troisième catégorie,
elle renvoie au respect de la dignité humaine et au traitement
équitable et courtois des usagers. Au regard de ce classement
effectué, il peut être avancé que ces groupes de valeurs
renvoient respectivement aux valeurs professionnelles, aux valeurs liées
à l'éthique et à celles liées aux personnes,
comme que mentionnées dans le Code des Valeurs et d'Ethique dans la
Fonction Publique au Bénin. C'est dire que les agents ont une assez
bonne connaissance des valeurs promues dans ce Code qui d'ailleurs, est maintes
fois cité comme référence lors des séances
d'entrevue. Toutefois, avoir une bonne connaissance des valeurs ne signifie pas
toujours leur mise en application dans la conduite des tâches et
responsabilités administratives quotidiennes.
1.2. Du discours à la pratique : le gap peut
être grand
L'analyse du tableau III qui rend compte de
l'opinion des fonctionnaires sur la mise en application des valeurs et de
l'éthique dans l'administration permet de dire que sur 38
fonctionnaires, 47,4% estiment qu'elles ne sont jamais mises en application
dans l'administration. Par contre 28,9% d'entre eux pensent qu'elles le sont
parfois. Par ailleurs, pour aucun des interviewés, les valeurs sont
toujours appliquées.
Tableau III : Opinion des fonctionnaires
sur la mise en application des valeurs et de l'éthique dans
l'administration
Niveau de mise en application des valeurs
|
Effectif
|
Fréquence (%)
|
Toujours
|
0
|
0
|
Parfois
|
11
|
28,9
|
Rarement
|
09
|
23,7
|
Jamais
|
18
|
47,4
|
Total
|
38
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
Ces statistiques montrent que les valeurs, bien que connues
des fonctionnaires, ne sont pas, pour le moins, mises en application. Cette
situation serait due à la banalisation des comportements éthiques
dans l'administration. Celle-ci se manifeste au travers de plusieurs
comportements contraires aux valeurs administratives.
1.3. Typologie des comportements non éthiques
Sur la question des comportements non éthiques dans
l'administration, les fonctionnaires interviewés ont cité entre
autres la corruption manifeste sous diverses formes, le clientélisme, le
favoritisme, le népotisme et, le trafic d'influence.
1.3.1. La corruption
La corruption est observable dans plusieurs
domaines de la vie sociale et est notamment manifeste à plusieurs
niveaux de l'administration publique. Elle émerge surtout de la
rencontre entre le fonctionnaire et l'usager dans un contexte d'offre et de
demande de service. Pour les usagers enquêtés, ses manifestations
s'étendent sur un large panel impliquant l'escroquerie, la perception
indue d'argent, l'exigence de pots de vins, la création volontaire de
longues files d'attentes ou l'accumulation volontaire des dossiers pour inciter
les plus pressés à corrompre pour se faire servir les premiers.
Cependant, ces formes de corruption soulignées ne
mettent en cause que les fonctionnaires alors que les pratiques de certains
usagers qui offrent volontairement des cadeaux ou autres biens en guise de
reconnaissance pour service rendu sont de nature à encourager la tenue
des conduites corruptives et donc non éthiques dans l'administration.
1.3.2. Le clientélisme
« Le clientélisme décrit des
relations de pouvoir informelles fondées sur l'échange de
ressources entre des individus ou des groupes de statut inégal. Un
personnage qui jouit d'un statut supérieur prend avantage de son
autorité et des ressources dont il dispose pour protéger et
dispenser des bénéfices à un inférieur, qui lui
retourne ses faveurs sous forme de soutien et de services »
(Caciagli, Kawata, 2001). Selon les fonctionnaires, les pratiques
clientélistes « foisonnent à flot »
au MTFPRAI-DS. En effet, les données empiriques collectées
permettent d'avancer que le clientélisme est beaucoup plus
présent dans les domaines de passation des marchés, de nomination
ou encore de promotion des acteurs sociaux. Les propos de Grace, une jeune
femme de 29 ans en sont une illustration.
« Le clientélisme, c'est le commerce qui
marche le plus dans l'administration. Tu te sers de ta position et de ton
pouvoir pour nommer quelqu'un que tu peux contrôler à un poste et,
en retour, il fait tout pour te filer les informations et protéger tes
intérêts. C'est comme un marché gagnant/ gagnant dans
lequel on sacrifie souvent les intérêts des tiers »
[Grace, Femme de 29 ans].
Sur un fond de clientélisme, il n'est pas non plus rare
de voir des agents entrés après d'autres sur des grades
identiques dans l'administration gravir les échelons sans suivre le
processus normal, mettant ainsi à mal le principe
d'égalité entre citoyens. C'est dire que le
clientélisme peut empêcher le fonctionnement du système de
sélection et de promotion du personnel sur la base des qualifications,
de compétence et du mérite, ce qui conduit à une
déprofessionnalisation de la fonction publique.
1.3.3. Le favoritisme
La majorité des fonctionnaires enquêtés
font également état de l'existence du favoritisme dans
l'administration. De fait, en milieu de travail, cette notion évoque le
fait que quelqu'un semble être mieux traité que d'autres et pas
nécessairement pour des raisons liées au rendement
supérieur. Ceci est d'autant plus vrai que nombre de responsables
rencontrés admettent avoir au moins un agent favoris à qui
accorder divers avantages liés au poste occupé. C'est dire qu'on
accorde souvent des privilèges (promotions, récompenses,
missions, diverses formations de renforcement de capacités, etc.)
à certains fonctionnaires vis-à-vis desquels on manifeste une
préférence particulière pour des raisons parfois
subjectives. Les propos d'Angèle, Cadre de 45 ans, cadrent bien avec
cette analyse.
« [...] Vous savez ?, quel que soit le
service, les dirigeants ont toujours des hommes de main. C'est psychologique.
On a toujours une préférence par rapport à certains agents
à qui on accorde certains privilèges indépendamment
des règles qui y sont associées. Vous n'allez pas me dire le
contraire. Un père de famille ne peut pas traiter ses enfants de la
même manière. C'est pourquoi je vous disais au départ que
ce comportement est psychologique » [Angèle, Cadre de 45
ans].
A lire ces propos, il va sans dire que l'existence du
favoritisme dans l'administration tire son essor de dispositions psychologiques
des acteurs qui le pratiquent. De plus, on préfère toujours
favoriser un proche, un ami, un parent, etc. dont les compétences
peuvent être insuffisantes que de promouvoir des agents
« qu'on ne maîtrise pas » et qui pourtant
mérite d'être promus. Dans ces circonstances, le favoritisme, en
règle générale, peut mener à de mauvaises
décisions de promotion. L'expérience d'Agbétou vient
corroborer cet état de chose.
« Hum ! [...] Depuis un an, je devais
être promu à un poste à l'international. Je me suis
tellement battu pour ça. D'ailleurs, tout le monde savait que c'est moi
qui remplissais les critères pour être promu à ce poste.
Tenez vous bien, je n'ai pas eu le poste jusqu'à ce jour. Le comble,
c'est qu'une dame, soit disant parente d'une autorité politique qui est
venue récemment qui a été envoyée à ma
place. Ce qui me fait mal et me frustre beaucoup, est que c'est moi qui l'ai
formée. Et bien, on vient de lui donner ma place. [...] Ma foi, je n'ai
pas digéré cette situation que je considère comme une
offense à mon égard et qui m'a presque mis dans un état
dépressif. Qu'est-ce que je peux faire ? Je laisse tout au Bon
Dieu ! Je le charge simplement de rendre justice »
[Agbétou, Cadre de 38 ans].
Il va sans dire que si le favoritisme semble
aller de paire avec le fonctionnement de l'administration, il peut avoir des
conséquences désagréables pour les agents qui en sont
victimes. Dans bien des cas comme celui d'Agbétou, il s'apparente au
népotisme.
1.3.4. Le népotisme
Le népotisme s'entend de l'engagement de parents ou
d'amis à des postes pour lesquels ils n'ont pas nécessairement
les qualifications requises, ou à l'octroi de contrats gouvernementaux
pour les mêmes considérations. L'existence du mot
« népotisme » atteste éloquemment des
fréquentes nominations de personnes non qualifiées à des
fonctions publiques. A en croire les fonctionnaires interviewés, ce mal
ne manque pas d'être observé au MTFPRAI-DS où des parents
et proches dont les compétences ne sont pas nécessairement
avérées sont favorisés lors des concours ou autre formes
de recrutement au détriment des plus méritants. L'exemple le plus
éloquent qui, d'ailleurs à fait l'actualité dans les
chaînes de médias béninoises est relatif au concours de
recrutement au profit du ministère de l'économie des finances.
1.4. Conditions socioéconomiques des fonctionnaires
et comportements non éthiques
Lorsque l'on questionne les fonctionnaires
du MTFPRAI-DS sur le rapport des salaires qu'ils perçoivent et la
persistance des comportements non éthiques dans l'administration, il
ressort que pour 42,11% d'entre eux, les bas salaires des fonctionnaires et les
mauvaises politiques de rétribution déterminent les comportements
non éthiques dans leur rang. Pour 28,95%, il est plutôt mis en
cause la formation insuffisante sur les valeurs et l'éthique dans la
fonction publique alors que 23,68% mettent en exergue la faible adhésion
aux valeurs éthique dans la fonction publique. Finalement, 5,26% d'entre
eux évoquent la faible sécurité de l'emploi. Le tableau IV
fait mention de ses statistiques.
Tableau IV : Causes de la persistance
des comportements non éthiques dans l'administration
Causes des comportements non
éthiques
|
Effectif
|
Fréquence (%)
|
Bas salaires ou mauvaises politiques de rétribution
|
16
|
42,11
|
Formation insuffisante sur les valeurs et l'éthique dans
la fonction publique
|
11
|
28,95
|
Faible adhésion aux valeurs éthique dans la
fonction publique
|
9
|
23,68
|
Faible sécurité de l'emploi
|
2
|
5,26
|
Total
|
38
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
La variable explicative la plus déterminante est donc
relative aux bas salaires ou mauvaises politiques de rétribution des
agents. C'est dire que l'existence de fonctionnaires de l'Etat
sous-payés et qui en plus ne jouissent pas nécessairement des
avantages connexes afférentes à leur poste comme, les diverses
primes, encourage le développement de pratiques corruptives visant
à « arrondir la fin du mois ».
L'amplification d'une telle pratique pourrait aussi provenir de la
« surmonétarisation », c'est-à-dire cette
pression constante sur le dos des fonctionnaires, obligeant à la
quête permanente de l'argent liquide pour l'« investissement en
sociabilité » qui est à la fois une ressource et une
contrainte permanente, dans un contexte où les salaires sont
plutôt très bas. Dans ces conditions, le refus d'adopter des
comportements non éthiques qui permettent d'assurer l'entretien et la
reproduction des réseaux relationnels par le biais de l'argent peut
être considéré comme une rupture d'avec « les
solidarités considérées comme
« normales » selon l'économie morale en
vigueur » auquel cas, le coût à payer serait
très élevé (Blundo, Olivier de Sardan, 2001). Ainsi, c'est
sous le coup des pressions sociales et familiales que se déploient en
permanence les comportements non éthiques qui s'observent
quotidiennement dans l'administration publique. Jelloun (1994), dans son roman
sur la corruption « L'homme rompu », fait
sensiblement la même remarque en relatant de façon réaliste
les pressions de l'environnement familial et professionnel sur le futur
corrompu. Comme le dit son Directeur à Mourad, fonctionnaire vertueux
jusque-là :
« La vie augmente. Elle ne nous demande pas
notre avis. Il faut donc s'adapter. Tout le monde sait que la plupart des
salaires sont plus que symboliques.... Les citoyens participent selon leurs
possibilités à colmater les trous. C'est normal ? C'est un
consensus national, une course à l'équilibre. Le tout est de le
faire avec discrétion et si on peut avec élégance. C'est
cela que j'appelle la souplesse. » « Ce que vous placez sur
un plan moral et que vous appelez corruption, moi je l'appelle économie
parallèle, elle n'est même pas souterraine, elle est même
nécessaire. Je ne dis pas qu'elle est bonne, je dis qu'il faut faire
avec et cesser de confondre compensation et vol » (Jeloun,
1994).
Toutefois, les causes des comportements non éthiques
qui, pour la plupart, sont des ramifications des pratiques corruptives, ne sont
pas limitatives aux variables financières ou économiques. Elles
relèvent également de la banalisation de la corruption largement
cautionnée dans l'imaginaire social et perçue comme une forme de
débrouillardise. L'examen des propos de Georgette illustrent cette
analyse.
« Nous sommes dans un service qui est le garant
des valeurs et des comportements éthiques dans toute l'administration
béninoise. Mais, soufflez ! C'est un service où personne ne
respecte les règles morales de l'administration. Les responsables et nos
chefs cautionnent ces choses-là. C'est la banalisation dont
elles bénéficient qui font qu'elles s'amplifient au jour le jour.
D'ailleurs, comment voulez-vous que les chefs inspirent les subalternes si
eux-mêmes ne donnent pas l'exemple ? Alors, tout le monde semble
s'en accommoder d'autant qu'on y trouve sont intérêt »
[Georgette, Femme de 35 ans].
Au regard de ce discours, les valeurs de l'administration ne
sont pas respectées ni mises en pratique, ce qui semblent donner raison
aux fonctionnaires qui pensent que lesdites valeurs ne sont jamais mises en
application. Cependant, si Georgette lie leur non mise en application à
la banalisation dont elles sont l'objet, il existe un autre son de cloche qui
lie ce fait à la « politisation à outrance de
l'administration ». C'est ce qui transparaît dans le
discours de Saliou comme l'énonce le verbatim suivant.
« Ici, on ne respecte pratiquement rien. Les uns
et les autres cherchent à mettre en application les textes seulement
quand ça les arrange. Et, je ne vais pas vous mentir ; c'est la
politisation à outrance de l'administration qui est à la base de
tout ça. Certains sont protégés par des politiciens
puissants et on ne peut rien leur faire de peur des représailles
politiques. Ça fonctionne comme ça et chacun se méfie pour
ne pas ramasser les pots cassés » [Saliou, Homme de 28
ans].
Voilà qui permet d'élargir l'envergure des
causes des comportements non éthiques enregistrées au sein du
MTFPRAI-DS. La liste n'est pas pour autant exhaustive car, l'absence
d'information de l'opinion publique quant aux résultats des
opérations de contrôle et d'audit et des investigations
menées par les structures de l'Etat, la faiblesse du civisme et de
l'esprit de citoyenneté chez certaines catégories de
fonctionnaires qui deviennent, ainsi, vulnérables devant l'attrait du
gain illicite, etc. sont d'autres causes. Autant qu'elles sont, elle impactent
négativement le fonctionnement de l'administration et ses
conséquences débordent même le champ purement
administratif.
1.5. Conséquences des pratiques non éthiques
dans l'administration
De l'entretien réalisé avec les agents du
MTFPRAI-DS, il ressort pour la majorité que les fautes qui mettent en
cause l'éthique et les valeurs de l'administration publique
créent des dysfonctionnements pour cette dernière. Au nombre des
ces dysfonctionnements, il a été souligné entre autre la
naissance et le renforcement d'autres comportements déviants (vol,
absentéisme, fraude, présentéisme, etc.), le sentiment
d'inégalité des chances, de la dépréciation des
valeurs du travail et du mérite et partant l'appropriation de la logique
de négligence des devoirs professionnels, le détournement des
deniers publics, le non respect de la chose publique, l'insuffisance de
clarté et la complication des procédures et dispositions
régissant les relations des citoyens avec l'administration, l'absence de
transparence ou encore le gaspillage et l'abus des ressources de
l'administration. C'est sans oublier la baisse de la performance des
fonctionnaires, leur manque d'engagement vis-à-vis de l'administration
ainsi que la méfiance que le citoyen nourrit à l'encontre de
l'administration ajoutée sa perception négative sur
l'organisation.
Ces conséquences négatives, corollaires des
comportements non éthiques, cités par les fonctionnaires
constituent, selon eux, quelques unes des gangrènes qui méritent
l'attention des décideurs pour l'amélioration de l'environnement
de travail. Ceci contribuera certainement à rétablir l'image que
devrait avoir cette institution transversale à qui, incombe de prime
abord la responsabilité de faire respecter l'éthique et les
valeurs dans l'ensemble de l'administration béninoise.
En somme, il peut être retenu de cette section que les
fonctionnaires ont une assez bonne connaissance des valeurs promues dans le
Code des Valeurs et d'Ethique dans la fonction publique béninoise.
Toutefois, leur mise en pratique dans le quotidien du MTFPRAI-DS n'est pas
encore effective d'autant plus que des conduites déviantes s'observent
constamment dans l'accomplissement des tâches qui sont dévolues
aux agents. Les plus fréquentes de ces conduites mentionnées par
les agents sont la corruption, le favoritisme, le clientélisme et, le
népotisme. Ces divers comportements ont diverses causes dont la plus
prépondérante dans la cartographie des causes, demeure l'absence
d'équité dans le système de rémunération
matérialisée par une disparité flagrante entre les
salaires des fonctionnaires occupant les mêmes missions dans
l'administration. Ceux-ci ne sont pas sans conséquences sur le
fonctionnement réel de l'administration.
II. INEFFICACITE DES DISPOSITIFS DE
SANCTION VERSUS COMPORTEMENTS NON ETHIQUES
Cette section vise à présenter
et analyser les données empiriques relatives aux dispositifs formels de
sanction en relation avec la persistance des comportements non éthiques
observés dans au MTFPRAI-DS. Pour cela, il part de l'exposition desdits
dispositifs formels et de ceux existant dans l'institution pour questionner
leur mise en oeuvre effective. Il cherche ensuite à établir un
lien entre l'efficacité de ces dispositifs et la persistance des
comportements non éthiques.
2.1. Dispositifs formels de sanction et de
récompense
« La sanction est l'acte par
lequel un agent est puni pour les fautes professionnelles c'est-à-dire
ses manquements aux règles de déontologie ou pour les fautes
extra-professionnelles sans préjudice de l'application, le cas
échéant, de la loi pénale ». Par ailleurs, elle
désigne également « [...] l'acte par lequel un agent
est récompensé pour sa manière de servir, son
dévouement et sa contribution à l'accroissement du rendement du
service ». Dans le premier cas, on parle de sanctions
négatives et, dans le second, de sanctions positives (Gbétie,
2010). C'est dire que les sanctions peuvent aussi bien s'exprimer sous forme
disciplinaire ou sous forme de récompenses.
2.1.1. Les sanctions disciplinaires
Pour la plupart des agents, on distingue
deux sortes de sanctions disciplinaires constituées de sanctions du
premier degré et de sanctions du second degré comme
mentionné dans le Statut Général des Agents Permanents de
l'Etat. En effet, les sanctions disciplinaires du premier degré
renvoient l'avertissement écrit, le blâme avec ou sans inscription
au dossier, la mise à pied avec suspension de traitement pour une
durée ne pouvant dépasser 30 jours, le déplacement
d'office, le blocage d'avancement d'échelon pour une année et, la
radiation du tableau d'avancement. Quant aux sanctions disciplinaires du second
degré, elles sont constituées de l'exclusion temporaire des
fonctions pour une période ne pouvant excéder 06 mois,
l'abaissement d'échelon, la mise à la retraite d'office, la
révocation sans suspension des droits à pension et, la
révocation avec perte des droits à pension.
De fait, les sanctions du premier degré sont
appliquées pour des fautes ou comportements non éthiques qui
pourraient être qualifiés de légers comme le retard au
service, les rackets d'usagers, au regard des préjudices qu'ils sont
passibles de causer à l'organisation ou au tiers. Par contre, celles de
second degré sont réservées pour des fautes plus graves
aux conséquentes assez lourdes. Il y a donc une hiérarchisation
des sanctions en fonction de la gravité, d'un type de sanction
disciplinaire à un autre, mais aussi à l'intérieur d'une
même catégorie de sanction. A titre illustratif, au niveau des
sanctions du premier degré, l'avertissement par écrit est une
réprimande assez modérée contre un agent qui a commis une
faute plutôt légère, alors que pour une faute un peu plus
grave, on appliquera par exemple le blâme. Mais, on ne sanctionne pas que
pour réprimander ; les sanctions peuvent aussi être
appliquées pour encourager des fonctionnaires ou agents exemplaires.
2.1.2. Les récompenses
Les sanctions positives jouent un rôle essentiel dans
l'encouragement des comportements éthiques. Ce rôle est d'autant
plus important lorsqu'il existe un système équitable
d'attribution et des mesures visant à stimuler la conscience
professionnelle. Dans l'accomplissement correct de sa mission,
le fonctionnaire peut également bénéficier de
récompenses selon le discours des enquêtés. Selon eux, ces
récompenses sont relatives à l'adresse d'une lettre de
félicitation et d'encouragement, au témoignage officiel de
satisfaction, à l'adresse d'une mention honorable et, à
l'attribution d'une décoration, etc. Pour les agents exemplaires, les
récompenses peuvent influencer diversement leur statut au sein de
l'administration. En effet, tout acte accordant une récompense est
versé au dossier personnel de l'agent intéressé. L'Agent
Permanent de l'Etat titulaire d'une lettre de félicitation et
d'encouragement est par exemple priorisé, à mérite et
ancienneté égaux, lors d'un avancement au choix. Par ailleurs,
l'Agent Permanent de l'Etat qui reçoit deux témoignages officiels
de satisfaction en l'espace de 5 ans peut immédiatement
bénéficier d'un avancement d'échelon.
Les diverses catégories de sanctions,
qu'elles soient positives ou négatives, restent transversales et courent
tous les secteurs de l'administration publique, y compris le MTFPRAI-DS. Mais,
qu'en est-il réellement de l'application desdites sanction ?
2.2. Mise en application des dispositifs de sanction
existant : entre utopie et réalité
Lorsque l'on questionne les agents du
MTFPRAI-DS par rapport à l'application effective des sanctions
énoncées plus haut, les réponses sont plutôt
différenciées, révélant soit un certain
laisser-aller des responsables soit une absence totale de leur mise en
application. Le tableau V donne un aperçu sur la question.
Tableau V : Répartition des
fonctionnaires selon l'application effective des types de sanctions
Types de sanctions
|
Mise en application effective
|
Total (%)
|
Toujours
|
Parfois
|
jamais
|
Sans réponse
|
sanctions négatives (N= 38)
|
10,52
|
18,42
|
52,64
|
18,42
|
100
|
Sanctions positives (N= 38)
|
23,68
|
26,32
|
34,22
|
15,78
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
De l'analyse de ce tableau, il ressort que pour 10,52% des
agents, les sanctions négatives sont toujours mises en oeuvre alors que
pour 18,42%, elles le sont parfois. Par contre, pour 52,64% d'entre eux, elles
ne sont jamais appliquées. 18,42% sont sans réponse sur la
question.
En ce qui concerne les sanctions positives, 23,68% estiment
qu'elles sont toujours appliquées, 26,32% qu'elles le sont parfois. En
outre 34,22% estiment qu'elles ne sont jamais appliquées et, 15,78% sont
restés sans réponse sur la question.
Il ressort de ce tableau que s'il existe des dispositifs de
sanction destinés à réglementer les conduites des agents
au sein du MTFPRAI-DS, les sanctions positives ou récompenses sont plus
appliquées que celles négatives. Ceci implique la plupart des
infractions commises ne sont pas réprimées. Cette impunité
peut être à l'origine de l'exacerbation de plusieurs comportements
(cas de malversation et de violation des obligations professionnelles mises en
exergue par le Code des Valeurs et d'éthique dans la fonction Publique).
Pour nombre d'agents, les sanctions négatives, quand bien même
elles sont prononcées, ne sont pas proportionnelles aux fautes commises.
Dans très peu de cas, elles seraient prononcées contre les agents
fautifs mieux placés et disposant de parrains politiques ou autres. Par
contre, selon ces derniers, les fonctionnaires sans protection seraient les
plus réprimés. Plusieurs discours d'enquêtés mettent
en exergue une telle réflexion à l'instar des propos de Goudjo,
un agent de l'institution.
« On observe quotidiennement dans notre
administration des cas de dérives comportementales orchestrées
par certains collègues. Tenez ! Par exemple, un collègue
dont je tais le nom a insulté par deux fois de suite un de nos
responsables hiérarchiques. Il est comme ça, même avec ses
collègues. Il n'a jamais été inquiété pour
ces fautes-là. Dans le même temps, un autre qui n'a personne a
reçu une demande d'explication pour une soi-disant insubordination
à un chef hiérarchique dans le même département.
Vous voyez des choses comme ça ? C'est la politique de deux poids
deux mesures. Quand on a des parrains, on se permet tout. E houin
mètafou tafou ayé ? » [Goudjo, Agent du
MTFPRAI-DS].
2.3. Perception des fonctionnaires sur l'efficacité
des sanctions
L'application des sanctions répond à deux
besoins : sanctionner les déviances et dissuader les autres
fonctionnaires qui envisageraient de commettre des actes similaires.
Pour la plupart des fonctionnaires interrogés, afin que les
sanctions appliquées contre les comportements non éthiques dans
la fonction publique soient efficaces, il faut des procédures
d'application. Or, selon ces derniers, l'application effective des sanctions au
sein de l'organisation pose problème. C'est dire qu'il est assez
difficile pour eux de se prononcer sur l'efficacité des sanctions
existantes dans la mesure où leur mise en application n'est pas
effective. Toutefois, ces derniers, en se fondant sur les rares cas de mise en
application des sanctions, ont quand même opiné par rapport
à la question. Le tableau suivant renseigne sur l'opinion des
fonctionnaires à cet effet.
Tableau VI : Opinion des fonctionnaires
sur l'efficacité des sanctions négatives
|
sanction négative
|
%
|
Efficace
|
11
|
28,95
|
Inefficace
|
20
|
52,63
|
Pas d'opinion
|
7
|
18,42
|
Total
|
38
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
De l'observation de ce tableau, il ressort clairement que la
majorité des fonctionnaires, soit 52,63% estiment que les sanctions
sont inefficaces alors que 28,95% pensent le contraire et 18,42% sont sans
réponse sur la question. Ce qui implique que lesdites sanctions, dans
leur ensemble, sont inefficaces. Sachant qu'une sanction efficace est celle qui
produit l'effet qu'on en attend, l'inefficacité des sanctions au sein de
l'organisation suppose que celles qui sont appliquées manquent de
produire l'effet souhaité. Ceci pourrait provenir du fait qu'elles sont
mal appliquées.
2.4. Inefficacité dans l'application des sanctions
versus comportements non éthiques
L'opinion des fonctionnaires sur le rapport existant entre
l'inefficacité dans l'application des sanctions négatives et la
persistance des comportements non éthiques révèle que la
majorité d'entre eux (60,53%) ont un avis positif sur la question contre
18,42 qui ont un avis contraire. C'est justement ce que mentionne le tableau
ci-dessous.
Tableau VII : Opinion des agents sur le
fait que l'inefficacité dans l'application des sanctions
négatives encourage les comportements non éthiques
Modalités de réponses
|
Effectif
|
%
|
Positive
|
23
|
60,53
|
Négative
|
7
|
18,42
|
Sans réponse
|
8
|
21,05
|
Total
|
38
|
100
|
Source : données de
terrain_2013
Dès lors, il paraît évident que la
persistance des comportements non éthiques dépend de
l'inefficacité des dispositifs disciplinaires en la matière.
Cette situation est de nature à encourager et amplifier le laxisme, le
laisser-aller dans les conduites quotidiennes des fonctionnaires de
l'administration publique et peut donner naissance à d'autres types de
comportements déviants, comme ceux énoncés plus haut.
L'examen des propos de Victorin, la trentaine, usager du ministère
conforte bien cette position.
« Dans cette administration, ils sont comme
ça. On ne les punit pas. Même si on les punit, ce n'est pas la
véritable punition. La punition n'est jamais proportionnelle aux fautes
commises. Sinon, on ne peut pas continuer à observer des cas de
récidive qu'on voit quotidiennement » [Victorin, 32 ans].
Il peut être retenu de ce chapitre qu'il existe des
dispositifs de sanction au MTFPRAI-DS qui sont censés réguler la
conduite des fonctionnaires. Ils s'expriment tant sous forme de sanction
disciplinaire que de récompense. Cependant, il existe un certain laxisme
dans leur mise application, ce qui les rend inefficace vis-à-vis des
comportements non éthiques observés. Cette situation exacerbe la
fréquence de ce genre de comportements surtout au niveau des agents
épaulés par des parrains politiques qui, paradoxalement sont peu
enclins à être punis lorsqu'ils commettent des impaires que leur
homologues sans parrain.
CHAPITRE IV : COMMENTAIRE ET
DISCUSSION
Dans ce chapitre, il sera question de procéder au
commentaire et à la discussion des données recueillies sur le
terrain.
4.1. Modes de transgression de la règle : les
processus psychologiques en jeu
Le discours sur la transgression de la règle, s'il tend
à être unanime, n'implique pas cependant que toutes les
transgressions soient identiques les unes aux autres, ou qu'elles
émanent toutes d'un seul et unique processus psychologique. C'est dire
que le fonctionnaire qui transgresse une règle éthique peut
passer par des états psychologiques distincts.
Klesis (2011) par exemple, distingue
généralement deux modes de transgression d'une règle. Dans
le premier mode, le fonctionnaire est conscient de sa conduite non
éthique ; cependant, il persiste car, pour lui, le jeu semble
valoir la chandelle, soit en raison de l'importance du gain résultant de
la transgression, soit parce que le risque de détection de cette
transgression est faible. Dans le second mode, le fonctionnaire n'a pas
conscience d'enfreindre une règle éthique. Dans ce cas, il agit
sans mauvaise intention. Toutefois, il existe en effet un continuum entre ces
deux extrêmes: la conscience n'est pas totalement exclusive et, une
transgression peut être plus ou moins consciente.
Au-delà de ces deux modes généraux de
transgression, l'auteur distingue deux sous catégories de transgression,
la première : le fonctionnaire se doute du caractère
inapproprié de son action, mais la situation est plutôt confuse
pour qu'il puisse finalement se convaincre de son admissibilité. Le
processus psychologique à l'oeuvre est décrie comme une
duperie de soi. En la matière, le fonctionnaire manifeste un
doute quand au caractère inapproprié de son action ; cette
incertitude entre ensuite en conflit avec le désir que son action soit
juste et appropriée. Il s'en suit la recherche d'un indice montrant que
son action est appropriée, suivi de l'augmentation de la
pondération de cet indice à travers un raisonnement partisan.
Vient finalement la phase où l'agent arrive à se convaincre que
son action est simplement appropriée et donc conforme à
l'éthique.
A propos de cette progression de l'état psychologique
Elster (2007) estime que la duperie de soi n'implique pas «
l'adhésion simultanée à deux croyances
contradictoires, l'une consciente et l'autre inconsciente. Lorsque
l'évaluation initiale des probabilités est remplacée par
une autre, la première disparaît pour de bon plutôt que
d'être simplement reléguée à l'inconscient
». La transgression reposant sur la duperie de soi semble de ce fait
ressembler à une transgression inconsciente, quoiqu'elle émane
d'un cheminement psychologique plus tortueux, où le désir que
l'action soit appropriée entre en conflit avec le doute du fait qu'elle
le soit.
En ce qui concerne la deuxième sous-catégorie,
elle prend corps là où le transgresseur contredit les principes
de l'éthique mais, se convainc qu'en cas de détection, il pourra
la présenter d'une façon admissible. Dans ce cas, le processus
psychologique part du point où l'individu sait que son comportement est
inapproprié et que le risque de détection est bel et bien
réel. Aussi, est-il conscient du fait qu'il pourra présenter son
action comme conforme à l'éthique en cas de détection. De
là, il s'en suit une minimisation du risque de sanction qui est
quasiment perçu comme négligeable. Mais, ce cas de figure est
typique de situations ambiguës et complexes autorisant des
interprétations diverses. Pour Hood (2010), il s'agit de situations
où les acteurs ont accès à différentes «
stratégies présentationnelles ». Dans ces conditions, le
fonctionnaire peut par exemple nier qu'une action non éthique ait eu des
effets néfastes, insister sur ses aspects positifs ou nuancer
l'implication directe de l'action non éthique dans la survenue de la
conséquence néfaste. Il s'agit, plutôt d'une forme de
transgression consciente, mais impliquant cette fois la duperie
d'autrui.
De cette présentation des modes de transgression de
l'éthique, il ressort que compte doit être tenu de cette
variabilité et des processus psychologiques distinctement à
oeuvre pour réguler efficacement les comportements non éthiques.
C'est dire qu' « On ne prévient pas en effet les
comportements répréhensibles d'une seule et même
façon, peu importe le processus qui les produit ».
4.2. Paupérisation des agents et comportements non
éthiques
4.2.1. Système de rémunération
dans la fonction publique
Les salariés de la fonction publique sont
classés suivants une grille indiciaire et des échelons repartis
par catégories. A chaque grille et /ou échelon, correspond une
fourchette de salaires. Ce classement correspond à des niveaux scolaires
et académiques différents. Le grade le plus élevé
équivaut au diplôme le plus grand. Ce qui confère au
système de rémunération de la fonction publique une
certaine équité. Plusieurs études ont montré que le
sentiment d'équité est un antécédent de la
motivation pour les individus sensibles à ce critère.
Si les agents du MTFPRAI-DS s'accommodent bien à ce
point de vue, il demeure un aspect sur lequel ils sont tous d'accord : les
bases de la rémunération des fonctionnaires du secteur public,
même si elles suivent une logique d'équité, les taux
appliqués sont plutôt bas. Ceci, aux dires de nombre
d'enquêtés, ne leur permet pas de se positionner socialement
vis-à-vis des défis quotidiens auxquels ils font face. Or, la
rémunération, en tant qu'élément de motivation du
fonctionnaire doit lui permettre de se situer professionnellement et
socialement (Chauchard, 1989). A cet effet, Bidias (1971) soutient que le
traitement du fonctionnaire doit lui permettre de maintenir le rang social
correspondant à ses fonctions. Il y a de ce fait, un objectif que la
rémunération devrait permettre au fonctionnaire de satisfaire,
mais qui manque à l'appel.
La rémunération sera donc un déterminant
de l'effectivité et de l'efficacité du service public si et
seulement si elle parvenait à combler les attentes des fonctionnaires.
Pour Marjolein Dieleman (2003), si les salariés et leurs
conditions de travail sont insatisfaits, ils auront tendance à
rechercher des voies et moyens pour compenser ces manquements.
4.2.2. Salaire versus comportements non
éthiques
Dans l'analyse des comportements non éthiques, la
question de la paupérisation des salariés intervient de
façon itérative. Pour nombre de chercheurs, leur prégnance
est un facteur de pauvreté monétaire. Dans cette logique, la
pauvreté est perçue comme un manque de ressources
économiques pour assurer sa survie (Médard, 2004). Un travailleur
pauvre est donc une personne dans l'impossibilité de vivre du revenu de
son activité ou se trouvant dans un équilibre financier sommaire
et très fragile. Dans ces conditions, le travailleur est enclin à
développer des pratiques et stratégies anti-éthiques pour
compenser ces manques en termes de ressources pécuniaires. La propension
à développer de tels comportements est d'autant plus forte que le
fonctionnaire se sent lésé dans son traitement vis-à-vis
de ses collègues qui, parfois, avec des grades et statuts
inférieurs, jouissent des mêmes privilèges sinon, plus que
lui. Cette situation d'iniquité perçue, selon Benraïss et
Peretti (2001), fait naître un sentiment de frustration et
d'insatisfaction chez le fonctionnaire.
Les pratiques non éthiques, envisagées dans
cette dimension, sont perçues par les fonctionnaires non seulement comme
un acte de survie, mais aussi comme un acte de restauration de
l'équité ou de justice dans son traitement. La
réalité qui en découle, ce sont les retombées
socio-économiques de cette pratique sur le bien-être financier de
ces personnes. Ici, les conduites anti-éthiques sont
considérées comme un moyen d'améliorer, voire de
créer, un cadre permettant aux acteurs de cette pratique de lutter
contre leur situation socio-économique précaire (Dommel, 2003).
Dans cette perspective, les retombées
financières des actes non éthiques se présentent comme
l'une des raisons de leur persistance et de leur généralisation.
Les tendances de cette recherche confirment bien cette conclusion en ce
qu'elles permettent de dire que le niveau bas des salaires est une variable
explicative fondamentale à ne pas négliger dans la
compréhension des comportements non éthiques dans
l'administration. Par exemple, dans le Rapport des Résultats de
l'Enquête Diagnostic sur la Corruption et la Gouvernance au Bénin
de 2007, la corruption, également envisagée comme un comportement
non éthique, a pour principale ressort les bas salaires des
fonctionnaires. Viennent ensuite et de façon consécutive, le
manque de système efficace de dénonciation, le manque de
transparence et de responsabilité dans le processus politique, le manque
de mécanisme efficace de motivation et de promotion pour les
fonctionnaires méritants, le manque de système judiciaire
indépendant et efficace, le manque de média indépendants
et efficaces, etc.
Tout semble donc confirmer que la persistance des conduites
non éthiques ressort principalement des conditions financières
des fonctionnaires. C'est dire ces comportements apparaissent dans
l'administration lorsque celle-ci est faible, incapable de satisfaire les
attentes pécuniaires des agents et d'assurer un contrôle efficace
de leurs actes.
Il faut ajouter que l'absence de politique de protections
sociales est aussi une incitation potentielle aux pratiques déviantes,
dans la mesure où elle crée une précarité des
conditions de vie des fonctionnaires de l'administration publique. Autrement
dit, les motivations à se laisser corrompre ou à corrompre sont
grandes dans les administrations lorsque celle-ci est défaillante ou
inexistante.
4.3. Régulation des comportements non
éthiques
Il existe généralement deux
modes de régulation des comportements non éthiques :
favoriser la connaissance des règles et la détection/sanction
desdits comportements.
4.3.1. Vulgarisation des règles liées aux
valeurs et à l'éthique
Confrontés à des situations, les individus
peuvent recourir à des « scripts » (Bicchieri,
2005). Ils peuvent aussi se représenter de façon divergente leurs
rôles et leurs obligations. Cette divergence peut découler de leur
expérience passée, leur état émotionnel, ou encore
leur intérêt. L'auteur soutient également que les acteurs
font souvent recours au « biais d'autocomplaisance »,
c'est-à-dire une situation qui leur permet de se représenter les
conséquences favorables de leurs actions comme découlant de leur
vertu ou habilité, mais leurs conséquences défavorables
comme le fruit de la malchance ou des circonstances.
Dans cet ordre d'idées, dans une situation où
les acteurs ont des intérêts contradictoires, il peut
aisément naître des conflits en matière d'éthique,
surtout si chacun interprète la situation de la façon qui lui
convient davantage. Le problème est évidemment omniprésent
dans le domaine public, où l'intérêt du citoyen est souvent
en tension avec celui des fonctionnaires qui, d'un côté, doivent
représenter et défendre l'intérêt public, mais qui,
de l'autre, sont souvent en mesure d'en tirer un profit personnel. Cadrer les
interprétations afin d'éviter les problèmes consiste
à favoriser la reconnaissance de la règle par les acteurs en
présence et ainsi réduire le risque de transgressions
inconscientes. Cela peut se faire en précisant la règle en
vigueur dans chaque contexte et en attirant l'attention des acteurs sur cette
règle. En rendant plus saillante les règles en vigueur, on
accroît la probabilité que les acteurs interprètent les
situations complexes de façon similaire.
Or, dans le contexte de l'administration béninoise, la
diffusion et les connaissances des règles posent un véritable
problème dans la mesure où, le fonctionnaire ne connait pas avec
exactitude les contenus des divers instruments de régulations des
comportements non éthiques. Parfois, ils ignorent même l'existence
des documents régissant les comportements éthiques ou, en
ignorent le libellé exact. Si les fonctionnaires qui sont les
destinataires du Code des Valeurs et d'Ethique n'ont pas une bonne connaissance
de ce Code, il devient alors difficile de clarifier son contenu, d'en
préciser le sens pour réduire le risque que les gens commettent
inconsciemment des actions répréhensibles et, donc de
réguler efficacement les comportements non éthiques.
4.3.2. Détection/sanction des comportements non
éthiques
La détection et la sanction sont toutes deux
importantes dans la régulation des comportements. Ici, la
régulation des comportements non éthiques, consiste à
accroître la probabilité que ces derniers soient
détectés et punis. Lorsque le mauvais comportement du
fonctionnaire est sanctionné, il est moins susceptible de s'engager
ultérieurement dans un autre comportement répréhensible,
du moins consciemment. Au plan conceptuel, la détection survient
lorsqu'autrui identifie un comportement comme répréhensible,
alors que la sanction survient lorsqu'on inflige à un tiers une
pénalité (administrative, pénale, etc.) en réponse
à ce comportement.
Rapporté au cadre de l'administration béninoise,
où le contexte se montre plutôt défavorable
vis-à-vis de la détection des comportements non éthiques
et de leur sanction, la régulation des déviances au sein de
l'administration devient quelque peu aléatoire en dépit de
l'existence d'un code en la matière. Ceci peut en connaissance de cause,
encourager, c'est-à-dire, inciter à la propension des inconduites
quotidiennement observées dans l'administration.
4.4. Incomplétude du dispositif de contrôle
des comportements non éthiques
Le Code des Valeurs et d'Ethique existe, c'est un fait.
Aussi, est-il établi, à partir de la présentation des
résultats que les fonctionnaires opinent sur l'inefficacité des
dispositifs de sanction et leur mise en application, toute chose qui reste
plutôt paradoxal au regard de l'objectif du Code des Valeurs et d'Ethique
dans la fonction publique qui est d'irradier les comportements non
éthiques dans l'administration. Si, l'inefficacité peut
être due au laxisme, au laisser-aller, etc. des responsables et, aux
pesanteurs politiques, il ne faut pas occulter l'autre dimension qui est
relative à l'inexistence d'une réglementation visant à
protéger le dénonciateur, ce qui a priori restreint les
cas de dénonciation des comportements non éthiques et donc leur
répréhension.
En effet, le Bénin ne dispose pas d'un Code d'Ethique
et Politiques sur la protection des dénonciateurs, un instrument
pourtant nécessaire pour la régulation des déviances dans
l'administration. C'est dire qu'il est difficile de signaler les actes de
corruption et les actes contraires à l'éthique. Ceci n'est pas de
nature à encourager les fonctionnaires qui choisissent
délibérément de dénoncer des
irrégularités liées à l'éthique qu'ils
observent au quotidien dans le cadre de leur travail, vu qu'ils ne
bénéficient pratiquement d'aucune mesure de protection.
L'inexistence d'une telle branche du dispositif de sanction des conduites
déviantes au sein de l'administration peut donc favoriser la persistance
des ces genres de comportements. Cependant, Dans la pratique, si on peut
observer certains cas couverts de dénonciations surtout par l'anonymat
ou le changement de poste, ces mesures sont insuffisantes pour protéger
réellement ceux qui révèlent les actes non
éthiques. D'ailleurs, elles restent des formes d'adaptation des acteurs
qui les sollicitent car, pour être réellement efficaces et
renforcées, elles ont besoins d'être légitimées par
des cadres réglementaires. C'est dans cette logique que Demmke (2004)
souligne que l'une des principales faiblesses des codes de conduite est qu'ils
se caractérisent dans la plupart des cas par des mécanismes
insuffisants de mise en oeuvre comparativement à d'autres instruments.
Cela signifie, d'une part, qu'ils sont plus vulnérables quant au respect
de leurs dispositions, et d'autre part que la réussite de leur mise en
oeuvre dépend en grande partie de la présence d'un contexte de
confiance et de la capacité à faire adhérer l'organisation
au code.
4.5. La dépolitisation de l'administration
L'un de nos enquêtés, usager du ministère
en charge de la fonction publique l'a affirmé sans ambages :
« l'administration publique béninoise est hautement
politisée. Et parfois même pour rendre service à quelqu'un
on va jusqu'à demander quelle langue il parle ». Et ceci
est une réalité d'autant plus que certains départements
ministériels sont toujours occupés par des ressortissants d'une
même région. Cela semble devenir même un critère de
prédilection lors des remaniements ministériels. Cela semble
avoir dressé le lit à toutes sortes de pratiques non
éthiques au sein de l'administration au grand mépris des
règles qui la gouvernent. Les nominations dans certaines structures
étatiques doivent cesser de se faire à des fins
électoralistes. Et pourtant le gouvernement avait vu juste en initiant
une reforme importante à savoir : le répertoire des hauts
emplois techniques en vue de la dépolitisation de l'administration.
En effet, en mars 2009, le Gouvernement du Bénin, par
le biais du Ministère de la Réforme Administrative et
Institutionnelle (MRAI) devenu Ministère du Travail, de la Fonction
Publique, de la Réforme Administrative et Institutionnelle (MTFPRAI),
bras armé de l'Etat pour la conception, la mise en oeuvre et le
suivi-évaluation de sa politique en matière de réforme
administrative et institutionnelle, a doté l'administration d'un outil
de développement : le Répertoire des Hauts
Emplois Techniques (RHET) de la fonction publique
béninoise. Ce document est un outil de référence
pour contribuer à la gestion des ressources humaines en assurant surtout
l'adéquation Profil/poste, c'est-a-dire, l'homme qu'il faut à la
place qu'il faut. Il regroupe et classifie, selon une méthodologie
spécifique, tous les hauts emplois actuels de l'administration publique
du Bénin et décrit la raison d'être, les finalités,
les missions, les attributions, les activités, les exigences et les
compétences associées à chacun d'eux. Il prévoit
également et de façon claire, la procédure de nomination
aux postes des hauts emplois techniques. C'est une procédure qui
prescrit rigoureusement le recrutement par appel à
candidature en six étapes, en référence au RHET,
à savoir : l'expression et le traitement du besoin, la
manifestation d'intérêt et le recueil des candidatures, la
présélection des candidats, la sélection des candidats, la
validation et l'approbation de la sélection par le ministre et par
l'organe de suivi et la nomination du/des candidat(s) retenu(s).
A ce jour, cette réforme importante peine à
décoller et les hauts emplois de l'administration publique continuent
d'être pourvus au bon vouloir de l'hiérarchie qui devrait donner
l'exemple.
4.6. L'Education familiale, source d'acquisition des
valeurs éthiques
Les pères de la psychologie sociale reconnaissent la
famille comme étant le premier niveau de socialisation. C'est pour ainsi
dire que c'est à la famille d'abord de donner à l'enfant les
bases solides de l'éthique et de la morale qui serviront pour lui des
références quand il grandira. « Instruit l'enfant selon
la voie qu'il doit suivre et quand il sera vieux, il ne s'en détournera
pas » recommandent les saintes écritures dans Proverbes 22
verset 6
Malheureusement "on constate actuellement un éclatement
de la cellule familiale qui n'a plus autant d'emprise sur l'éducation de
l'enfant" (Bertrand SCHNEIDER, 1987)
Cette situation est due à notre système social
actuel dans lequel de plus en plus les deux parents (Papa et maman)
travaillent à l'extérieur. Ce travail professionnel est leur
première occupation au détriment du travail d'éducation
des enfants. Dans ce cas, l'enfant n'a plus d'image parentale à imiter
ou à viser, puisqu'il est soit laissé à lui-même,
à la télévision, soit à des personnes
étrangères au noyau familial, soit à l'école
où le maître ne peut dispenser une éducation individuelle
s'adaptant à chaque situation familiale. Et la conséquence, c'est
l'éthique sui déserte les comportements laissant place aux contre
valeurs qui deviennent des modes de vie dans la société, celle-ci
étant généralement à l'image des familles qui la
composent.
CONCLUSION
La présente étude intitulée
« Systèmes des valeurs et de l'éthique dans la
fonction publique
béninoise » s'est
donnée pour objectif, au départ, de comprendre la persistance des
comportements non éthiques des fonctionnaires dans l'administration
publique. A cet effet, deux hypothèses ont été
formulées, incluant la paupérisation des fonctionnaires et
l'inefficacité des dispositifs de sanction comme variables explicatives.
De l'analyse des résultats de terrain, il ressort que
le niveau de connaissances des fonctionnaires des valeurs promues dans
l'administration ne porte pas à équivoque. Cependant leur
application quotidienne n'est pas toujours effective. Au nombre des conduites
déviantes les plus observées, figurent la corruption, le
favoritisme, le clientélisme et, le népotisme. Leur persistance
est entre autre relative à l'iniquité dans le système de
rémunération, notamment en ce qui concerne les primes de travail
et autres avantages liés au poste. C'est sans compter avec la
« surmonétarisation » qui incite constamment
à rechercher de l'argent frais pour l'investissement en
sociabilité. De ceci, la paupérisation des fonctionnaires semble
jouer un rôle de premier plan dans l'observation quotidienne à
leur niveau, des comportements non éthiques.
D'un autre point de vue, la persistance desdits comportements
semble relative à l'inefficacité des dispositifs de sanction,
lesquels, s'ils existent, ne sont pas correctement mis en oeuvre. Les sanctions
récompenses sont plus observées que les sanctions disciplinaires
qui, s'appliquent souvent moins aux fautifs parrainés qu'à ceux
qui sont sans mentor quelconque. La fréquence de telles pratiques est de
nature à encourager la tenue de comportements déviants, rendant
par là inconséquentes, les visées du Code des Valeurs et
d'Ethique dans la Fonction Publique qui sont prioritairement relatives à
l'éradication de ce genre de conduite de l'administration.
Aussi, la hiérarchie se doit-elle de toujours donner le
bon exemple pour éviter l'adage « fais ce que dit et jamais ce
que je fais », car dans chaque structure, publique ou privée,
le comportement du patron est d'une audition aussi forte que ses collaborateurs
ne puissent entendre ce qu'il dit.
De même, l'éducation familiale doit reprendre
droit de cité dans notre société, car, c'est dès
l'enfance que les premières notions de valeurs éthiques doivent
être inculquées à l'adulte de demain qu'est l'enfant afin
qu'il ne s'en détourne point le reste de sa vie.
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TEXTES ET LOIS
· Décret N° 96-579 du 19 Décembre 1996
portant Création, organisation, attributions et fonctionnement de la
Cellule de la moralisation de la vie publique en République du
Bénin
· Décret N° 99-311 du 22 Juin 1999 portant
Code d'éthique et de moralisation des marchés publics en
République du Bénin.
· Décret N° 2006-627 du 04 décembre
2006 portant réorganisation des organes de contrôle et
d'inspection de l'Administration publique en République du
Bénin.
· Plan de Réforme et de Modernisation de
l'Administration publique, Juin 1995
· Décret N°2008-813 du 31 décembre
2008 portant Code des Valeurs et d'Ethique de la Fonction Publique en
République du Bénin.
· Décret n° 2014-037 du 29 Janvier 2014,
portant Attributions, Organisation et Fonctionnement du Ministère du
Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme Administrative et
Institutionnelle chargé du Dialogue Social
REFERENCES WEBOGRAPHIQUES
·
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/administration/definition/comment-definir-administration.html
·
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/administrations-publiques.htm
ANNEXES
OUTIL N°1: Questionnaire à
l'endroit des agents du MTFPRAI-DS
IDENTIFICATION
Nom :
Prénom(s) :
Sexe :
Age :
Religion :
Poste occupé :
Situation matrimoniale :
QUESTIONS
1. Selon vous, quel est le rôle de la Fonction
Publique ?
2. Comment définiriez-vous les notions
suivantes :
Ethique ?
...............................................................................
................................................................................................................................................................................
Valeur ?
..............................................................................
................................................................................................................................................................................
3. Pouvez-vous donner quelques exemples de valeurs promues
dans l'administration ?
a. Oui
b. Non
-Si Oui, lesquels ?
..................................................................
...............................................................................................................................................................................
4. Selon vous, qu'appelle-t-on Codes des Valeurs et de
l'Ethique ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................
5. Avez-vous connaissance du Codes des Valeurs et de
l'Ethique de la Fonction Publique Béninoise?
a. Oui
b. Non
Si oui, quels sont les types de valeurs et d'éthiques
promus dans ce code ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................
6. Quelles est votre opinion sur le niveau de vulgarisation et
de promotion des valeurs de ce code ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................
7. Quelle appréciation faites-vous de la mise en
pratique des valeurs promues dans ce code ?
a. Efficaces b. Inefficaces
c. Sans réponse
8. Pourquoi ?
...........................................................................
...............................................................................................................................................................................
9. Quels liens faites-vous entre le niveau de connaissance des
valeurs par les fonctionnaires et la tenue de comportements non éthiques
dans l'Administration publique ?
........................................................................................................................................................................................................................................................................
10. Selon vous, qu'est-ce qui explique la persistance des
comportements non éthiques observés dans l'administration ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................
11. Quels liens faites-vous entre la paupérisation des
agents et la persistance des comportements non éthiques dans
l'administration ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................
12. Quels sont, à votre avis, les atouts et limites des
valeurs promues dans le Code des Valeurs et de l'Ethique de la fonction
publique ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................
13. Quels sont les types de sanctions prévues par le
Code des Valeurs et d'Ethique dans la fonction publique ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................................
14. Quelles appréciations faites-vous de leur
application ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................
15. Existe-t-il, selon vous, des mécanismes ou
politiques visant la protection des tiers qui dénoncent les
comportements non éthiques observés ?
a. Oui b. Non
16. Si oui, lesquels ?
..................................................................
................................................................................................................................................................................
17. Quelles suggestions feriez-vous pour la
limitation des conduites non éthiques dans l'Administration publique
béninoise ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................
OUTIL N°2 : Guide d'entretien
à l'endroit des usagers et personnes ressources du MTFPRAI-DS
· Connaissance sur le rôle de la Fonction
Publique
· Définition des notions de valeur et
d'éthique dans l'Administration publique
· Connaissance de l'existence du Code des Valeurs et de
l'Ethique de la fonction publique
· Connaissance des types de valeurs promues dans le
Code
· Opinion sur les politiques et procédures de
promotion des valeurs du Code
· Appréciation de la mise en pratique de ces
valeurs dans l'Administration publique
· Appréciation du rapport entre le niveau de
connaissance de ces valeurs et la tenue de comportements non éthiques
dans l'Administration publique
· Facteurs explicatifs de la persistance des
comportements non éthiques dans l'Administration publique
· Atours et limites des valeurs promues dans le Code des
Valeurs et de l'Ethique de la fonction publique
· Opinion sur l'efficacité du Code des Valeurs et
de l'Ethique de la fonction publique
· Connaissance des dispositifs de sanction prévus
par le Code des Valeurs et de l'Ethique de la fonction publique
· Appréciation qualitative de ce dispositif de
sanction
· Rapport entre application effective des sanctions et
persistance des comportements non éthiques observés dans
l'Administration publique
· Suggestions pour la limitation des conduites non
éthiques dans l'Administration publique béninoise.
TABLE DES MATIERES
Dédicaces 2
Remerciements 3
Sommaire 4
INTRODUCTION 5
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
8
1.1. Problématique 8
1.1.1. Hypothèses 11
1.1.2. Objectifs 11
1.1.2.1. Objectif général 11
1.1.2.2. Objectif spécifiques 12
1.2. Clarification conceptuelle 12
1.2.1. Système de valeur et éthique 12
1.2.2. Représentations 13
1.2.3. Administration publique 15
1.3. Revue de littérature 16
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE
LA RECHERCHE
23
2.1. Présentation et justification du MTFPRAI-DS comme
cadre
d'étude
23
2.2. Nature de l'étude 25
2.3. Groupes cibles et échantillonnage
26
2.3.1. Groupes cibles 26
2.3.2. Echantillonnage 26
2.4. Techniques et outils de recueil de données
28
2.4.1. La revue de documentaire 28
2.4.2. L'entretien 28
2.4.3. Le questionnaire 29
2.5. Dépouillement et traitement des
données 30
2.6. Difficultés rencontrées 30
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
32
I. PAUPERISATION DES FONCTIONNAIRES ET PERSISTANCE
DES COMPORTEMENTS NON ETHIQUES
DANS L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
32
1.1. Connaissances des fonctionnaires sur les valeurs et
l'éthique
dans l'administration publique 32
1.2. Du discours à la pratique : le gap peut
être grand 33
1.3. Typologie des comportements non éthiques
34
1.3.1. La corruption 34
1.3.2. Le clientélisme 35
1.3.3. Le favoritisme 36
1.3.4. Le népotisme 37
1.4. Conditions socioéconomiques des fonctionnaires et
comportements
non éthiques 38
1.5. Conséquences des pratiques non éthiques
dans l'administration 41
II. INEFFICACITE DES DISPOSITIFS DE SANCTION
VERSUS COMPORTEMENTS NON ETHIQUES 42
2.1. Dispositifs formels de sanction et de récompense
42
2.1.1. Les sanctions disciplinaires 43
2.1.2. Les récompenses 44
2.2. Mise en application des dispositifs de sanction
existant :
entre utopie et réalité 44
2.3. Perception des fonctionnaires sur l'efficacité des
sanctions 46
2.4. Inefficacité dans l'application des sanctions
versus comportements
non éthiques 47
CHAPITRE IV : COMMENTAIRE ET DISCUSSION
49
4.1. Modes de transgression de la règle : les
processus psychologiques en jeu
49
4.2. Paupérisation des agents et comportements non
éthiques 51
4.2.1. Système de rémunération dans la
fonction publique 51
4.2.2. Salaire versus comportements non éthiques
52
4.3. Régulation des comportements non éthiques
54
4.3.1. Vulgarisation des règles liées aux
valeurs et à l'éthique 54
4.3.2. Détection/sanction des comportements non
éthiques 55
4.4. Incomplétude du dispositif de contrôle des
comportements non éthiques
56
4.5. La dépolitisation de l'administration
57
4.6. L'Education familiale, source d'acquisition des valeurs
éthiques 58
CONCLUSION 60
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 62
TEXTES ET LOIS 65
REFERENCES WEBOGRAPHIQUES 65
ANNEXES 66
TABLE DES MATIERES 71
RESUME
Le Benin envisage de devenir d'ici 2025 «Un pays
phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à Economie
prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de
bien-être social»
Pour que ce rêve devienne une réalité,
l'administration publique béninoise doit cesser d'être une
administration de puissance pour devenir une administration de
développement.
Or, depuis les indépendances à ce jour,
l'administration publique, dans son fonctionnement au quotidien, semble avoir
dressé le lit à une kyrielle de pratiques paradoxales aux valeurs
éthiques, des pratiques comme la corruption, la lourdeur administrative,
l'arrogance vis-à-vis des usagers, le gaspillage de temps, de ressources
humaines et matérielles, etc.
Pour y remédier, nombre de réformes ont
été entreprises depuis les Etats Généraux de la
Fonction Publique et de la Modernisation de l'Administration de décembre
1994, à la signature le jeudi 23 février 2012 par l'ensemble des
acteurs de la vie socio politique du Bénin à commencer par le
Président de la République, de la Charte Nationale pour la
Gouvernance du Développement du Bénin, en passant par la
création de la Cellule de Moralisation de la Vie Publique, la mise en
vigueur d'un Code d'éthique et de moralisation des marchés
publics et, la réorganisation des organes de contrôle et
d'inspection de l'Administration Publique en République du Bénin
adoptée par le décret N° 2006-627 du 04 décembre
2006. Il faut également et surtout mentionner l'élaboration
depuis 2007 du Code des Valeurs et d'Ethique de la Fonction Publique
adopté par le décret N°2008-813 du 31 décembre 2008,
visant à soutenir les agents publics dans toutes leurs activités
professionnelles et à restaurer l'image de marque de la Fonction
Publique béninoise.
Malgré tous ces efforts, le problème de
l'éthique dans la Fonction Publique demeure et semble même prendre
de l'ampleur au fil du temps. Comment expliquer la persistance de ces
comportements non éthiques dans l'Administration Publique
béninoise malgré les efforts faits pour y
remédier ?
De l'analyse de cette problématique, il ressort que les
conduites non éthiques observées dans l'Administration Publique
résultent de la paupérisation des fonctionnaires et de
l'inefficacité des dispositifs de sanction dans l'administration
publique.
Pour que l'Administration Publique puisse redorer son blason,
il va donc falloir revoir le traitement salarial du fonctionnaire
béninois et le dispositif de sanction, dépolitiser
l'Administration et revenir à l'éducation de base qu'assurait la
famille en inculquant à l'enfant, dès sa naissance, des valeurs
qui feront de lui un citoyen modèle.
* 1
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/administration/definition/comment-definir-administration.html
* 2
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/administrations-publiques.htm
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