L`évolution monétaire et financière de
la décennie 1990 a profondément influencé le comportement
des agents économiques en RDC et, partant, les mécanismes de
transmission de la politique monétaire. Elle a également
réduit les délais de réaction de certaines variables
macroéconomiques aux impulsions monétaires.
Pour rappel, au cours de la décennie
précitée, la prédominance budgétaire avait
continument perturbé la conduite de la politique monétaire
laquelle n`était qu`accommodante. Dans un contexte de contraction de
l`assiette fiscale et de la base financière de l`Etat, le recours
excessif et quasi-permanent par ce dernier aux crédits de la Banque
centrale s`est traduit par une expansion désordonnée des moyens
de paiement. Il est vite apparu une complète déconnexion entre la
quantité de monnaie en circulation (en constante augmentation) et le
rythme de production (en fléchissement continuel). Cette situation a
généré l`hyperinflation et accéléré
le rythme de dépréciation monétaire.
En raison de la volatilité excessive du taux de change
et de la dollarisation de l`économie, une déformation sensible du
canal de transmission de la politique monétaire s`est
opérée, conférant de facto une place charnière au
taux de change dans la chaîne de transmission.
Avec l`institutionnalisation de la mémoire
inflationniste, les agents économiques se réfèrent moins
aux mouvements du taux directeur qu`aux fluctuations du taux de change dans
leur processus de formulation des anticipations des prix des biens et des
services. L`interaction entre volatilité du taux de change et de
l`inflation dans un contexte de dollarisation, a neutralisé deux
variables importantes dans le processus de transmission de la politique
monétaire, à savoir : le taux directeur et le crédit
à l`économie.
Le schéma ci-dessous présente de façon
simplifiée les principaux canaux de transmission de la politique
monétaire en République Démocratique du Congo.
10 Le contenu de ce point est globalement emprunté de
BCC (2013), Politique monétaire de la Banque Centrale du Congo : cadre
de référence, Kinshasa, pp. 82 - 86
Politique monétaire non conventionnelle : un
remède au mécanisme de transmission monétaire?
Mémoire de Licence présenté par KAMBALA
BETU Obed
Figure 1. Schéma simplifié du
mécanisme de transmission de la politique monétaire
Source : BCC (2013)
En dépit du recul significatif de l`inflation depuis
2002, les canaux classiques de transmission de la politique monétaire en
RDC n`ont toujours pas été restaurés. Trois faits majeurs,
corollaires de l`expérience de la décennie 1990, demeurent
à la base des distorsions persistantes dans le mécanisme
de transmission en RDC. Ces distorsions rendent malaisée
la compréhension des effets des décisions
de politique monétaire, en termes d`impact, de
délais de réaction et de persistance dans le temps. Il s`agit de
(BCC, 2013, p. 86) :
? l`amplification de la demande des monnaies
étrangères - monnaies refuges - et de la dollarisation de
l`économie nationale ;
? l`interaction complexe entre les mouvements du taux de
change, ceux des prix à la
consommation et des anticipations des agents économiques
;
? l`influence de la circulation imparfaite de l`information
entre les différents marchés, à l`effet d`engendrer des
bulles sur le marché des changes avec leur incidence sur les prix
à la
consommation.
Dans ce contexte, les impulsions monétaires sont
essentiellement absorbées par le taux de change et
les prix à la consommation, sans une réelle
répercussion sur l`activité économique. C`est dans ce
cadre
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Politique monétaire non conventionnelle : un
remède au mécanisme de transmission monétaire?
Mémoire de Licence présenté par
KAMBALA BETU Obed
que la BCC poursuit des réformes et actions de nature
à replacer le taux d`intérêt et le crédit dans le
jeu des interactions entre la politique monétaire, les prix et
l`activité économique.
Il est attendu que la réduction significative de
l`inflation stimule la demande de crédit en monnaie nationale - dont le
taux d`intérêt a été fortement corrélé
à l`évolution du principal taux de base de la Banque Centrale -
et contribue à la diminution de la demande des crédits en devises
- dont le taux d`intérêt ne subit pas l`influence des fluctuations
du taux directeur.
S`agissant des délais de réaction, les chocs
monétaires se répercutent sur le taux de change dans un horizon
temporel allant d`une semaine à un mois. Quant aux prix
intérieurs, ils réagissent avec un décalage d`environ deux
mois.
Eu égard à ce qui précède,
l`action de la Banque Centrale se focalise principalement sur la
quantité de monnaie pour atteindre son objectif d`inflation. C`est dans
ce cadre qu`une programmation monétaire est élaborée et
permet d`établir des objectifs quantitatifs des principaux
agrégats monétaires, à savoir la masse monétaire et
la base monétaire. Les interventions sur le marché
monétaire via les opérations de refinancement et d`adjudications
des BTR ont généralement pour finalité de veiller à
ce que le comportement de la base monétaire et de la masse
monétaire restent compatibles avec les niveaux fixés par le
programme monétaire.