WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

( Télécharger le fichier original )
par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Tableau N°10 : Alphabétisation de la population de 15 ans et plus (en %)

Année

Masculin

Féminin

Ecart

2001

30,7

12,7

18,0

2006

34,9

18,2

16,7

2009

41,6

18,8

22,8

2011

43,1

24,6

18,5

2014

41,5

21,5

20,0

Source : CNDIFE, Bulletin Statistique, La femme et l'enfant en chiffre 2014, octobre 2015.

Les disparités homme/femme persistent en défaveur des femmes. : L'alphabétisation fait référence à toute personne sachant lire, écrire dans une langue quelconque. Sur cette base, d'après les résultats du CNDIFE en 2006, le taux d'alphabétisation des femmes était de 18,2% contre 34,9% chez les hommes. En 2001, soit un taux d'alphabétisation des femmes de 12,7% contre 30,7 % chez les hommes.

Les femmes, sont restées en marge des activités d'alphabétisation en raison de leurs multiples occupations, de la réticence des maris, des pesanteurs socioculturelles et de l'extrême pauvreté des populations surtout en milieu rural.

Tableau N°11 : Proportion de la population (6 ans et plus) n'ayant jamais fréquenté l'école

Pop de 6+ ans n'ayant jamais

fréquenté

Hommes

Femmes

Parité

Année 1998

66,8%

80,6%

124%

Année 2001

70,2%

81,4%

120%

Année 2003

63,5%

75,1%

122%

Année 2006

61,3%

72,7%

121%

Source: RGPH98, EMEP 2001, ELIM 2003, ELIM2006 - DNSI cité dans le Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM.

a) Le niveau d'instruction des femmes demeure faible:

L'instruction fait référence au fait d'avoir fréquenté une fois l'école conventionnelle. En 1998, 80,6% des femmes (6 ans et plus) n'ont jamais fréquenté l'école contre 66,8% d'hommes de la même tranche d'âge. Le rapport de féminité14 correspondant est de 124 femmes pour 100 hommes qui n'ont jamais fréquenté l'école (Tableau N°11). L'examen de ces indicateurs au cours des trois dernières enquêtes (2001, 2003 et 2006) permet de se rendre compte que l'écart entre le sexe masculin et le sexe féminin se maintient malgré le fait que la proportion de femmes n'ayant jamais fréquenté soit en diminution.

b) Les considérations socioculturelles comme déterminant de la demande scolaire :

Les disparités enregistrées dans l'accès à l'éducation selon le sexe s'interprètent comme étant la conséquence logique de la division sexuelle du travail. En effet, dans le cadre de cette division classique, le rôle et la place de la femme au Mali se trouvent dans le foyer et se situent principalement au niveau de la procréation et à l'accomplissement des travaux domestiques. Un certain nombre de perceptions et de préjugés socioculturels militent en défaveur de la fille en ce qui concerne son accès à l'éducation comme l'attestent ces propos ci-dessous :

« Bon nombre de parents pensent que les garçons doivent être encouragés à terminer leurs études ; puisqu'une fois qu'ils deviennent fonctionnaires, la famille peut compter sur eux ; par contre la fille est appelée tôt ou tard à fréquenter un autre foyer » (une éducatrice de

Koutiala)40(*).

« Envoyer sa fille à l'école n'a pas de finalité. Elle est appelée à aller construire le foyer d'autrui » (femme de Badinko, Kita)41(*).

Face à ces considérations fatalistes, il est important de préciser que l'école est utile et en particulier qu'elle procure à la femme un certain nombre de bien-être indispensable à son épanouissement. Conscient du rôle de l'éducation dans le développement socioéconomique de l'homme en général et de la femme en particulier, le Mali, très tôt, a exprimé sa volonté de faire de l'éducation une priorité nationale.

L'analphabétisme et le manque de formation qualifiée maintiennent les femmes dans l'ignorance. Cette ignorance fait que la femme est mal placée pour affronter les problèmes que pose un environnement difficile sur le plan socioculturel. Quelque fois cet environnement l'oblige à se résigner et accepter sa situation comme une fatalité.

IV- Le droit de la femme au Mali, un droit à cheval entre le droit moderne et le droit coutumier

La remarque que l'on peut faire de notre système juridique, c'est la coexistence sinon, pour dire ainsi, un fondamentalisme juridico-coutumier, surtout quand il s'agit des femmes. On constate donc une double volonté des autorités de faire évoluer le droit, de suivre le monde et celle de garder tout de même nos valeurs socioculturelles. Ce qui fait que nos textes sont très souvent en retard sur certaines questions touchant la femme et dont les tentatives d'évolution sont très souvent accompagnées de mouvements de protestations religieuses qui influencent facilement les autorités.

Un exemple typique en est « le Code des personnes et de la famille » dont le processus de relecture en 2011 a été pris en otage par les autorités religieuses musulmanes et ce, malgré tous les efforts déployés par le Gouvernement et la société civile féminine. La relecture du Code a porté sur les droits de la personne, le mariage religieux, le divorce, la filiation naturelle et l'adoption, la minorité, la tutelle et l'émancipation et enfin les successions. Sur un total de 1143 articles, 51 ont été amendés et adoptés par l'Assemblée Nationale. Il est important de noter que les thèmes ayant fait l'objet de relecture sont ceux qui portent directement sur les rapports hommes/femmes, visualisant du coup tout l'intérêt des tenants pour la maitrise des normes régissant ces rapports sexo-spécifiques à savoir :

- La femme reste et demeure une éternelle mineure (elle doit obéissance et soumission à son mari).

- Son consentement n'est pas prise en compte pour le mariage de sa fille mineure ce qui laisse les portes grandement ouvertes au mariage précoce et forcé (selon l'article 284 dudit code, « Le futur époux, en principe, ne peut contracter mariage, en cas de dispense d'âge, sans le consentement de ses père et mère. En cas de désaccord, l'avis du père suffit.

En cas de décès ou d'impossibilité pour le père de manifester sa volonté, le consentement du conseil de famille élargi à la mère suffit. »)

- La femme n'a pas d'avis à donner sur la tutelle de ses enfants mineurs, elle n'est plus responsable pour gérer sa famille lorsque le mari décède car le conseil de famille prend la place du chef de famille42(*).

Le nouveau Code est considéré par bon nombre d'observateurs comme étant en net recul par rapport au texte de 1962(le code du mariage et de la tutelle) puisqu'il fait prévaloir les traditions religieuses et établit une discrimination entre la femme et le mari et viole les droits fondamentaux des femmes et des enfants.

* 40Rapport sur la situation de la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p-25

* 41Ibid.

* 42Yaba Tamboura; les droits des femmes au Mali, entre droit positif et droit coutumier ; 2014 ;p-4

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry