CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
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III.1. Résultats
III.1.1. Les sites d'orpaillages (diouras)
Les enquêtes et les séries d'observations
directes sur le terrain ont permis d'obtenir des informations sur la structure
et le fonctionnement des diouras d'une part et leurs impacts sur les
habitats des chimpanzés d'autre part.
III.1.1.1. Présentation et description des sites
d'orpaillages
? Le dioura de Fongoli
Le site d'orpaillage de Fongoli (figure 9a) se situe sur un
plateau à quelques kilomètres du village. Les coordonnées
géographiques du dioura sont :12°40'890N, 12°14'219W.
Il présente quelques dizaines de damas ou puits miniers avec plus de
cents orpailleurs. Le dioura reste avant tout un espace cosmopolite
renfermant à la fois la population locale et des ressortissants de la
sous-région (Mali, Gambie, Guinée) et multi-professionnel
(orpailleur, vendeurs, forgerons, gardiens). La plupart des orpailleurs
viennent des villages environnants comme Gari, Banta Tekento, Cheikhouto,
Marwodi, Tomboronkoto.
? Le Dioura de Kharakhéna
Comparé au dioura de Fongoli, celui de
Kharakhéna (figure 9b) est très vaste et très actif et est
situé sur une colline. Ses coordonnées géographiques sont
: 12°54'462 N, 11°31'161W. Il présente plusieurs damas (ou
fosses d'exploitation) voir des centaines. Le processus d'obtention d'un damas
ou puit minier consiste à choisir un emplacement non encore
occupé par un exploitant dans le dioura et
procédé à son enregistrement par une carte d'exploitation
valable pour cinq ans. La carte matérialise le nom et le numéro
de l'exploitant. Le dioura regroupe des individus d'origine divers
constitué à majorité par des burkinabais, des togolais,
des ivoiriens, des gambiens, des maliens, et des guinéens. Le dioura
est aussi un espace multi-fonctionnel où orpailleur, vendeur,
forgeron, et bailleur entretiennent des relations indissociables. En dehors des
activités, le dioura est gardé par des personnes
appelées tomboulmans en malinké. Ces tomboulmans
sont chargés de surveiller les activités dans le dioura, de
régler les conflits entre les orpailleurs, de veiller au respect des
règles de partage, d'attribuer les damas aux propriétaires et de
veiller au bon fonctionnement du dioura.
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a b
Figure 9: Le dioura de Fongoli (a) ; le dioura
de Kharakhéna (b) III.1.1.2. Extraction de la roche et
récupération de l'or
? La récupération de la roche
L'extraction de l'or consiste à l'isolement et à
la récupération de l'or dans le but de le vendre. Elle
débute par l'extraction des roches qui sont supposées renfermer
l'or. Celle-ci se fait par le creusement de puits ou damas d'environ 30
à 60 mètres de profondeur (figure 10a). Avant l'extraction des
roches et leur mise dans des sacs, les femmes de manière
générale très actives dans ce procédé
effectuent des tests pour déceler la présence ou l'absence de
l'or dans ces roches. Ces tests consistent à piler et à tamiser
la roche puis à procéder au lavage simple avec de l'eau. Une fois
la roche ou le minerai extraite, elle est mise dans des sacs et stockée
dans les entrepôts avant d'être partagés entre les
différents acteurs qui ont participés à l'activité.
Les parts diffèrent selon le statut de l'orpailleur.
? Traitement et récupération de
l'or
Les traitements de l'or se font en général dans
les concessions au niveau des villages (figure11) pendant les jours de repos
c'est-à-dire les lundis et les vendredis. L'extraction de la roche
consiste à concasser (figure 10b) et à piler la roche en poudre
grâce à un mortier ou un moulin puis tamisée pour
recueillir une poudre. La poudre obtenue est mélangée directement
avec de l'eau dans des bassines contenant le mercure (figure 10c) ou dans
certain cas, elle est versée avec de l'eau sur une table inclinée
tapissée de morceaux de tissu pour faciliter l'écoulement de
l'eau et des particules légères et pour retenir les particules
lourdes dont l'or (figure 10d). Le concentré ainsi obtenu dans les deux
cas est additionné au mercure et malaxé à main nue pour
obtenir l'amalgame or-mercure (figure 10e).
Ce processus permet de récupérer une grande
partie des particules fines se trouvant dans des concentrés d'or et de
sables noirs. L'or brut est ensuite récupéré en faisant
chauffer l'amalgame manuellement à l'aide d'un fourneau et une
cuillère à charbon le plus souvent à l'air libre (figure
10f). L'amalgame ainsi chauffé occasionne simultanément
l'évaporation du mercure sous forme de vapeur dans l'atmosphère.
Le reste du mercure est perdu sous forme liquide avec les déchets
miniers rejetés à côté du lieu de traitement. A
Kharakhéna le restes des déchets miniers est stocké et
revendu à d`autres traiteurs qui utilisent davantage le mercure pour
extraire le reste de l'or.
a b c
d
e
f
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Figure 10: Les différents processus
utilisés pour le traitement de l'or : (a) puit minier ;(b) concassage
;(c ; d) concentration ;(e) amalgame or-mercure ;(f) chauffage et
récupération de l'or
Figure 11: Schéma simplifié du
principe de récupération de l'or par les orpailleurs à
Kédougou
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