III.2. Discussion
III.2.1. Végétation
L'investigation dans l'ensemble des plantations d'anacardiers
a donné 7495 individus répartis dans 19 familles, 36 genres et 44
espèces. En terme d'individus, ce résultat corrobore ceux
cité par Thiombiano (2010), dans la province de Gourma (Burkina Faso)
avec 7670 individus dans les plantations d'anacardiers. Par contre 8993
individus pour 12 familles, 22 genres et 25 espèces ont
été recensées dans la savane considérée
comme témoin. La forte richesse spécifique dans l'ensemble des
plantations d'anacardiers (44 espèces) avec
kflaakgai
cacia
44
cinq espèces présentant une abondance
remarquable, Anacardium occidentale, Phyllanthus muellerianus, Piliostigma
thonningii, Terminalia schimperiana, Vitellaria paradoxa dont le total
cumulé d'individus représente 82,93 % de la flore par rapport
à la savane considérée témoin (25 espèces)
avec sept espèces dominantes, Detarium microcarpum, Gardenia
aqualla, Guiera senegalensis, Hexalobus monopetalus, Terminalia albida,
Terminalia laxiflora, Terminalia schimperiana dont le total cumulé
d'individus représente 94,95 % de la flore; cela peut s'expliquer par
les conditions écologiques qui seraient favorables à la
régénération des espèces présentes. On note
une faible richesse dans la savane. Cette situation pourrait s'expliquer par
les fortes perturbations anthropiques (pâturage et coupe de bois
intensif; feu de brousse; l'agriculture itinérante, l'exploitation du
bois d'oeuvre, l'exploitation du bois-énergie et la fabrication du
charbon du bois) qui empêchent le développement et ou la
régénération de nombreuses espèces. Elle est aussi
due à une succession de végétation qui traduit la
reconstitution de la savane à la suite de perturbation anthropique. Ces
résultats excepté celle de la savane corroborent ceux de Ngueguim
et al. (2010) dans les plantations forestières de Mangombe-Edea
(Cameroun) (46espèces); Mohamed et al. (2011) dans les
forêts communautaires de la zone soudano-sahélienne au
Sénégal (43 espèces). Ceux de la savane sont proches des
résultats d'un inventaire floristique mené à Okola,
où Manfo et al. (2015) ont identifié dans une parcelle
de vieille cacaoyère 26 espèces; de Toung (2010) mené au
Gabon où il a trouvé 29 espèces dans une forêt en
reconstitution et de Halimatou (2010) dans une étude mené dans
les zones dégradées et reverdies au Sahel du Niger avec 25
espèces recensées.
Les peuplements d'anacardiers comptent 19 familles contre 12
en savane. Les peuplements se caractérisent par une variation dans la
diversité des familles. Certaines familles sont présentes dans
toutes les parcelles; il s'agit des Combretaceae; Anacardiaceae; Annonaceae;
Caesalpiniaceae; Balanitaceae; Celastraceae; Ebenaceae; Euphorbiaceae;
Malvaceae, Mimosaceae; Rubiaceae; Sapotaceae d'autres par contre, appartiennent
exclusivement à une seule parcelle, ce sont: Loganiaceae et Moraceae
(parcelle des anacardiers 10-20 ans); Apocynaceae; Araliaceae; Bombacaceae
(parcelle des anacardiers +20 ans).Il existe une différence
significative de l'abondance dans les quatre parcelles étudiées.
Cette différence montre que la diversité varie d'une parcelle
à une autre.
Pour ce qui est de la structure, la majorité des
individus au niveau des plantations d'anacardiers et de la parcelle
témoin ont une distribution décroissance exponentielle classique
« L » caractérisée par les classes de faibles
diamètres faisant penser à un peuplement récent et
à une bonne régénération de la
végétation. Ce résultat est en accord
45
avec ceux de Sani (2009) cité par Jiagho et
al. (2016),Adamou (2010), Halimatou (2010), Dorvil (2010), Tabue (2013),
Tsoumou et al. (2016), Zapfack et al. (2016) où la
tendance générale montre une répartition avec plus
d'importance pour les effectifs des classes de petits diamètres et la
régénération du milieu. La plus grande valeur revient
à l'intervalle] 010] dans la savane par rapport autres parcelles. On
note qu'il y a eu une mortalité des arbres de grands diamètres
due à l'activité anthropique et aux perturbations climatiques
qu'a connues la savane. Cette structure en « L » est l'une des
caractéristiques des écosystèmes savanicoles, qui sont
généralement constitués des individus de diamètres
relativement moyennes. Toutefois, la structure en « L » est un signe
que l'écosystème dans son ensemble est en état de
dégradation comme conclue également par Tchobsala et
al.(2010) après avoir trouvé la même structure dans la
végétation de la zone soudanienne à
Ngaoundéré au Cameroun.
L'indice de Shannon varie d'un peuplement à l'autre.
Dans l'ensemble des parcelles étudiées, la valeur la plus
élevée, 4 bits, est obtenue dans la parcelle de la savane
considérée témoin. Elle est similaire à ceux
trouvé par Tabue (2013) dans la partie Est de la Réserve de Faune
du Dja et de Tiokeng et al. (2015) dans les hautes terres de Lebialem
(Ouest Cameroun) où ils ont obtenus une valeur de 4. Ceci montre que les
perturbations, bien que visibles dans cette parcelle, n'ont pas eu une forte
influence sur la diversité des ligneux, et qu'on est en présence
de peuplements relativement vieux, matures et structurés. Dans les
peuplements d'anacardiers étudiés, la valeur la plus
élevée, 3,4 bits, est obtenue dans la parcelle des anacardiers de
0-10 ans. Cette valeur est relativement proche de celle trouvé par
Jiagho et al. (2016) dans l'ouest duParc national de Waza (Cameroun)
et Sandjong Sani et al. (2013) dans le parc national de Mozogo-Gokoro,
cela peut s'expliquer par les conditions écologiques qui seraient
favorables au développement du nombre d'espèces. Ces fortes
valeurs traduisent une grande diversité et une bonne reconstitution de
la diversité floristique du sous-bois, sans doute en raison des
conditions favorables des milieux. Dans toutes les parcelles
étudiées, l'équitabilité de Piélou est
très élevée de valeur 1. Ces résultats ne
corroborent pas avec ceux de Ngueguim et al.(2009) dans une plantation
forestière de Mangombe-Edea (Cameroun); Jiagho (2016) à la
périphérie du Parc national de Waza (Cameroun); Noiha et
al.(2015) dans les agrosystèmes à Cacaoyère du
littorale (Cameroun); Savadogo et al.(2015) dans les
écosystèmes sahéliens du Niger; Fonton et
al.(2012) dans les savanes boisées et forêts claires
soudaniennes du Bénin; Yoka et al.(2013) dans les savanes de la
cuvette congolaise (République du Congo) et de Bouko et
al.(2007) dans les forêts claires et savanes au Bénin. Mais
corrobore à celle trouvé par Tabue (2013) dans la partie
46
Est de la Réserve de Faune du Dja. Cette forte valeur
traduit une grande diversité et une bonne reconstitution de la
diversité floristique du sous-bois, sans doute en raison des conditions
favorables du milieu. En effet, les indices de Shannon et
l'équitabilité de Piélou varient de façon
significative. Cette variation montre la diversité floristique est
très élevée dans les plantations d'anacardiers ce qui
traduirait une forte organisation du système. Celle-ci aboutirait
à terme à une homogénéisation de la flore avec
prédominance des anacardiers. Ainsi, dans la savane
considérée comme témoin, elle est très faible, cela
pourrait s'expliquer par les actions anthropiques ne lui permet pas de
prédire l'évolution de la diversité floristique. Cela peut
justifier l'utilisation des anacardiers comme conservateur de
biodiversité et par conséquent la diversité floristique
dans les écosystèmes anthropisés tels que les savanes
ayant un fort degré d'anthropisation.
L'indice d'importance écologique total dans les
parcelles est la même avec une valeur de (IIE=150). Cette valeur est
inférieure à celle trouvée en zone soudanienne par
Savadogo et al. (2007) et au Nord-Est du Burkina Faso par Kabore
et al. (2013) qui ont trouvé respectivement 214,52 et 220,84.
Cet indice varie significativement entre les parcelles avec une valeur moyenne
très élevé dans les anacardiers de plus de 20 ans (0,077
#177; 0,037), ceci pourrait s'expliquer par la forte présence d'arbre
à grandes cimes dans cette parcelle. Ce résultat corrobore celui
de (Akpo, 1993 cité par Ngom et al. (2013) qui affirme que les
arbres à grands houppiers contribuent plus au recouvrement et
jusqu'à un certain degré de recouvrement, ils modifient les
conditions écologiques en réduisant le pouvoir évaporant
de l'air, en favorisant le bilan hydrique du sol et en améliorant la
fertilité. Dans la savane, la valeur moyenne de cet indice est
très faible (0,016 #177; 0,028) par rapport à toutes parcelles,
du fait des fortes perturbations anthropiques.
L'affinité floristique entre les groupements
d'anacardiers de 0 à 10 ans et les anacardiers de + 20 ans, les
anacardiers de 10 à 20 ans et la savane, les anacardiers de +20 ans et
la savane est inférieure à 50 %. Cela montre que la composition
floristique dans ses parcelles ne présente aucune affinité proche
qui pourrait s'expliquer par la présence de nombreuses espèces
arbustives qui ne constituent pas les espèces fréquentes et
dominantes de chaque site mais qui se sont développés à la
suite de différentes perturbations de l'écosystème
forestier. Et Aussi dû à la différence du couvert
végétal ainsi que le sol entre les parcelles. Par contre entre
les anacardiers de 0 à 10 ans et les anacardiers de 10 à 20 ans,
les anacardiers de 0 à 10 ans et la savane ont une affinité
floristique supérieure à 50 % qui montre que ses parcelles sont
homogènes floristiquement parce que la composition floristique de la
végétation ne présente pas de variations.
47
Les densités obtenues dans nos différentes
parcelles d'étude, varient de 966 et 4496,5 individus par ha avec une
moyenne de 2061 individus par ha qui traduirait une
régénération appréciable au sein des peuplements.
Ces résultats ne corroborent pas avec ceux trouvé par Tayo (2014)
dans les systèmes agroforestiers à base de cacaoyer au centre
Cameroun (cas de Ngomedzap); Ali et al.( 2014) dans les forêts
sacrées du Sud-Est du Bénin; Durot (2013) dans systèmes
agroforestiers à base de cacaoyers du Centre Cameroun (Cas de
l'arrondissement de Bokito); Dorvil (2010) en forêts tropicales humides
de Guadeloupe; Anobla et al.(2016) dans la région d'Agboville
(Côte d'Ivoire) avec respectivement 1100 à 1800 tiges/ha; 103
à 267 individus par ha; 1245,5 à 1158,75 individus par ha;
717-1538 individus par ha avec une moyenne de 1174 individus par hectare; 1025
à 5975 individus par ha avec une valeur moyenne de 4175 individus par
ha. La plus forte densité est observée dans la savane
considérée témoin et la plus faible dans les peuplements
des anacardiers. La forte densité des arbres en savane
considérée comme témoin s'explique par l'ouverture de la
strate arbustive des savanes que le peuplement des anacardiers. Cette ouverture
favorise le développement d'autres ligneux par le biais de la
pénétration des rayons solaires au sol, ce qui n'est pas le cas
pour les peuplements des anacardiers où il existe une concurrence en
lumière des espèces de l'étage dominant. La
différence de densité des peuplements pourrait être
liée aux caractéristiques écologiques des milieux
d'étude, notamment les types de sol, la topographie, le climat, le
recouvrement. La structure « L » montre que la densité des
arbres diminue avec l'augmentation des classes de diamètre. Pour
l'ensemble de nos quatre parcelles, la surface terrière total varie de
5,81 à 15,23 m2/ha avec une valeur moyenne de 6,40
m2/ha. Les plus fortes valeurs de surface terrière sont
observés dans les plantations d'anacardiers de 10-20 ans et
d'anacardiers de plus de 20 ans et la plus faible valeur s'observe en savane
(témoin).La valeur la plus élevée obtenue en dans les
plantations d'anacardiers témoignent de l'existence de gros
spécimens d'arbres. La faible valeur de la surface terrière du
peuplement savanicole explique l'impact des activités anthropiques sur
cette parcelle tel que l'abattage des individus lors des défrichements
pour l'installation des parcelles agricoles. La plus grande valeur de surface
terrière trouvée dans les anacardiers de plus de 20 ans par
rapport aux anacardiers de 10-20 ans recèle un peuplement ombragé
et compétitif.
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