La série sédimentaire la plus ancienne connue
débute dans le bassin du Sénégal par des roches
salifères (gypse, anhydrite et sel) auxquelles sont associées des
argiles vertes et noires à pyrite, soufre, des cristaux de
sidérose et du rare quartz pyramidé. Ensuite viennent des
calcaires oolithiques et dolomitiques du Jurassique moyen et supérieur,
recoupés à l'Ouest du Sénégal par les forages de
Dias (DS.l) et de Dakar Marine 2 (DK.M2). Les faciès indiquent des
milieux de dépôt peu profonds néritiques à littoraux
dans l'ensemble parfois subrécifaux. Ces calcaires sont surmontés
par des arénites, des argiles et des calcaires datés du
Néocomien. La présence de chofatelles dans les calcaires de base
de Mbour (Br.l) a permis d'attribuer avec certitude le sommet de ce complexe au
Barrémien et à l'Aptien (Michaud, 1984). Aux calcaires à
chofatelles succèdent les formations argilo gréseuses,
calcaréo-dolomitiques, puis argileuses ou argilo-sableuses de l'Albien
et du Cénomanien Inférieur traversées par les forages de
Tiénaba (T1.1) et d'autres situés dans la partie occidentale du
bassin. Le Cénomanien supérieur et le Turonien sont
représentés par des niveaux essentiellement composés de
bancs alternés de grès fins, calcaires et argiles finement
feuilletées, noires parfois bitumeuses. Avec ses faciès
homogènes, le Turonien constitue un excellent repère
lithologique.
Le Sénonien Inférieur et le Campanien sont
très argileux dans l'Ouest du pays. Ils présentent de plus en
plus d'intercalations gréseuses et calcaires lorsqu'on se déplace
vers l'Est ; les sables dominent lorsqu'on arrive à Colobane et
Ndoffane, situés dans la région de Kaolack.
La série du secondaire se termine par une puissante
formation à dominante sableuse d'âge Maastrichtien qui renferme le
principal aquifère du Sénégal dit nappe profonde.
La fin du Crétacé est marquée par la
poursuite de la surrection du horst de Dias qui émerge alors
partiellement (manifestation locale d'une phase tectonique mieux marquée
dans La série Cénozoïque (Louvrier, 1976).
Elle est essentiellement composée de formations
sédimentaires à dominante biochimique.
· 8
Le Paléocène
Il correspond à la fin d'un épisode
sédimentaire et au début d'une phase chimique. Il est
présent dans la quasi-totalité du bassin et est affleurant ou
sub-affleurant en quelques endroits dans la partie Ouest (Cap-Vert). Le
paléocène se présente sous un ensemble varié de
faciès composé de:
V' Roches détritiques,
V' Roches argilo-marneuses souvent grises ou noires ;
V' Roches calcaires.
Les marnes, les marno-calcaires et les calcaires sont les
faciès les plus représentatifs de la lithologie du
Paléocène. Le Paléocène, daté par les
microfaunes (Globorotalia trintdensis BOLLI et G. unctnata BOLLI),
prend fin avec la disparition brutale des microfaunes (Operculines et
Nummulites) parallèlement à l'apparition de faciès
généralement abiotiques. Du fait d'un manque de
démarcation nette dans le type de sédimentation de
l'Eocène et du Paléocène, la limite supérieure de
ce dernier est quelque peu difficile à définir ; mais il semble
quand même que la présence de niveaux siliceux à silex soit
un marqueur de la fin du Paléocène
· L'Eocène
Au Sénégal, il a été
divisé en niveau inférieur, moyen et supérieur. Les
niveaux inférieur et moyen sont marqués par une
sédimentation plutôt chimique tandis qu'à l'Eocène
supérieur, la sédimentation devient détritique d'origine
marine.
· 1'Eocène inférieur ou
Yprésien
A l'Eocène inférieur, la mer s'est
étendue sur l'ensemble du bassin. Les dépôts marneux ou
argileux dominent nettement, sauf à l'extrême base et au sommet de
la série.
Surmontant le Paléocène, on trouve tout d'abord
des horizons marno-calcaires ou sableux, peu épais à silex,
phosphate (Elouard, 1968).
Au-dessus, viennent les argiles papyracées
(attapulgites) et des marnes particulièrement épaisses dans la
région de Rufisque-Retba (environ 500 m au forage Retba):
· Des marno-calcaires et des calcaires dans la partie
ouest du bassin (horizon de N'Gazobil, calcaires de Palo).
· Des calcaires à l'Est de Thiès
(formation de Khombole et de Touba). On trouve très souvent de la
dolomie dans les niveaux calcaires et calcaires marneux de
l'Yprésien.
· 9
Eocène moyen à Lutétien
Durant l'Eocène moyen, la mer a dû recouvrir
l'ensemble du bassin sénégalais, parfois de façon
temporaire (Horst de Dias). Toutefois, il semble que le maximum de
transgression se situe à l'Eocène inférieur (Monciardini,
1966). Comme à l'Yprésien, les faciès principaux sont
marneux et calcaires mais se distinguent par leur couleur
généralement jaune :
· Les roches argilo-marneuses constituent un des
faciès majeurs de cet âge ; elles sont Jaunes ; mais parfois
grisâtres ou verdâtres.
· Les roches calcaires forment le deuxième niveau
caractéristique du Lutétien.
Dans les marnes, on ne retrouve plus la dolomie comme
c'était le cas à l'Yprésien. Une série
condensée originale très riche en phosphate, s'observe dans la
région de Tivaouane. Elle est exploitée à Taïba et
constitue une des grandes ressources minérales du
Sénégal.
On y distingue les horizons suivants :
V' Les marnes de Lam-Lam,
V' Les phosphates de chaux ;
V' Les argiles bariolées et sables gris à
silex.
Le Lutétien atteint son maximum (200 m) en Basse
Casamance et dans la région du Cap-Vert (Retba 1). Le Lutétien
marque dans certaines régions la fin de l'Eocène et donc la fin
d'une sédimentation chimique au profit d'une sédimentation
détritique, ou peut être continentale.
· L'Eocène supérieur
II s'agit d'un étage marqué par une
sédimentation essentiellement marine ; les dépôts sont
surtout argileux, argilo marneux, mais parfois argilo-sableux ou calcaires
(Ziguinchor). La limite inférieure de cet étage correspond
à la disparition des calcaires à Nummulites, tandis que la limite
supérieure coïncide avec l'apparition des niveaux sableux de
l'Oligo-miocène et du Continental Terminal. L'extension de
l'Eocène supérieur, en dehors de la basse Casamance, est peu
connue. Son épaisseur est très souvent inférieure à
20 mètres, elle est maximale au sud-ouest.
· L'Oligo-Miocène
L'extension des faciès marins de
l'Oligo-miocène est sensiblement voisine de celle de l'Eocène
supérieur, le golfe casamançais étant toutefois plus
limité, L'Oligo-miocène est constitué de formations qui se
sont déposées dans un golfe post-Lutétien qui
s'étend suivant
10
une direction SW-NE à partir de la Casamance. Il est
composé d'une alternance de niveaux d'argile et de sable fin. Les
niveaux de sédimentation les plus profonds sont localisés dans la
dépression principale du sud, tandis que les niveaux supérieurs
ont recouvert les marno-calcaires plus au nord sous le Ferlo. Il constitue un
aquifère sableux multicouches.
· Le Continental Terminal
Discordant sur les termes inférieurs, il se
présente sous forme de grès argileux et argiles sableuses rouges,
d'argiles bariolées rouges, «Ile-de-vin», blanches avec une
cuirasse ferrugineuse qui se développe à son sommet. Il s'agit en
fait d'une formation d'origine marine, "continentalisée"
c'est-à-dire altérée tardivement après sa mise en
place (P Michel., 1973). Le continental Terminal couvre pratiquement tout le
bassin sédimentaire sauf la zone Nord-Ouest. Sa puissance qui, en
moyenne est de 130 m, diminue du sud-ouest (basse Casamance). Vers
l'intérieur du bassin, mais surtout du nord de Tambacounda vers le
littoral nord où il n'existe plus. (Faure et al., 1970).