CONCLUSION
Les Batwa Babuluko que nous venons d'étudier sont les
peuples autochtones du territoire de Walikale, province du Nord Kivu à
l'est de la République Démocratique du Congo.
Nos recherches renseignent que ce territoire a
été peuplé par les clans d'origines différentes,
chose qui avait obligé l'autorité coloniale à
considérer ces entités comme des collectivités secteurs
au lieu et place des chefferies. Et ces clans ont avoué
l'antériorité des Batwa Babuluko dans le milieu.
Depuis les temps immémoriaux, ces peuples avaient un
mode de vie qui les distinguait des autres populations. Le milieu naturel
était la forêt qui était aussi leur source de vie.
Cependant, un certain nombre de facteurs sont venus modifier ce mode
traditionnel de vie.
Avec la création des aires protégées,
les pygmées du Kivu en général et les Batwa Babuluko en
particulier se sont vus délocalisés de leurs milieux naturels de
vie. Par conséquent, ces peuples ont perdu beaucoup de leurs anciennes
habitudes et coutumes. Ils ont été amenés à
s'adapter au nouveau mode de vie. Cette situation a été
encouragée par certaines causes, aussi bien structurelles que
conjoncturelles. Sur le plan structurel, la croissance de la démographie
et la fragilité de la zone à l'entrée des groupes
armés ont beaucoup affecté le mode de vie des Batwa Babuluko. Sur
le plan conjoncturel, les activités économiques notamment
l'exploitation artisanale des minerais, l'agriculture, le commerce et
l'élevage comptent parmi les facteurs qui ont joué de l'influence
sur les us et coutumes des batwa Babuluko.
Les résultats de nos enquêtes prouvent que les
Batwa Babuluko ont accès, bien que limité aussi bien au capital
naturel que physique de la région. L'accès à l'eau reste
un des problèmes que connaissent ces populations. L'ignorance reste un
défi car, bien que des enfants pygmées aient accès
à l'éducation, celle-ci reste élémentaire. Les
enfants Batwa Babuluko ont accès à l'école primaire et
rarement à l'école secondaire. Les études universitaires
qui sont la voie d'accès à l'emploi et aux institutions
étatiques restent, pour le moins que l'on puisse dire, inimaginable pour
les Batwa Babuluko.
La femme mutwa mubuluko estdavantage victime de cette
pauvreté et de la discrimination. La société ne lui
accorde pas d'espace de décision. Elle ne peut ni décider ni
hériter. L'intégration est en général une voie pour
lutter contre la pauvreté et la discrimination. La lutte menée
par les organisations non gouvernementales, les organisations de
développement et les confessions religieuses ont certes permis aux Batwa
babuluko d'avoir une reconnaissance aussi bien locale qu'internationale. Elles
ont aussi apporté leur considérable soutien à la lutte
contre la discrimination et la pauvreté. Cependant, ces deux facteurs,
discrimination et pauvreté, ne sont pas jugulés chez les Batwa
babuluko.Comme d'aucuns donneraient à le penser.
En définitive, nous disons que
l' « intégration » des Batwa Babuluko, si elle
existerait, elle émanerait plus des organisations non gouvernementales
et philanthropiques ainsi que des confessions religieuses que d'une politique
d'intégration issue du gouvernement congolais.
Pour parler d'une intégration effective des Batwa
Babuluko, il faudrait au préalable que celle-ci soit voulue et
souhaitée par ces populations. Par ailleurs, l'accès aux
infrastructures de base et aux institutions étatiques permettrait de
lutter davantage contre la pauvreté.
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