L'integration des batwa au Kivu comme moyen de lutter contre la discrimination et la pauvreté. Cas des batwa babuluko de Walikale.( Télécharger le fichier original )par Dieudonné AKILIMALI Institut Supérieur Technique Commercial et Économique "ISCTE" Bukavu - Licencié en développement communautaire et rural 2012 |
1.2. HISTORIQUENous ne cessons de le rappeler que les Batwa Babuluko sont les autochtones, les premiers occupants du territoire de Walikale. Ils occupaient d'abord le sommet du mont Mika et les alentours du pont Lowa appelés jadis « Nduma a karekare » à l'origine du nom Walikale. Nom du chef-lieu et du territoire de Walikale. Le domaine des Batwa Babuluko allait de ce mont Mika descendant avec la rivière Lowa jusqu'à son affluent avec la rivière Luhoho. De la Luhoho jusqu'à Myowe Bunyakiri descendant du côté de Talya et Kyassa deux rivières limitant le territoire de Walikale et Shabunda au sud-ouest. De l'affluent de Kyassa avec la Lowa près d'Obaye (ancien site de la SOMINKI) remontant avec la Lowa jusqu' à son affluent avec la Luhoho. Ils contrôlaient toute cette forêt, sans contrainte ni concurrent, la forêt qui prenant l'image de la collectivité secteur des Bakano actuelle. Ils étaient croisés par les Nyanga « Banabangi/ Bisa Ramba » qui avaient occupé la rive droite de la Lowa et les Baroba occupèrent la rive gauche, chassant ainsi les Batwa Babuluko. Ils prirent la direction de la route Walikale- Kisangani, les autres vers le Nord Est du territoire jusqu'à occuper la localité Buruko du côté de Pinga. Selon Kisa Bin Tond (2000), c'est la souche qui habitait la forêt de Bakano qui a été rencontrée antérieurement par les Lega venus du côté de Shabunda, Pangi et Punia. Partant d'une relation consanguine entre un jeune garçon et sa soeur twa, naquit un jeune garçon nommé « Lukonso » (cancrelat en français), d'où l'origine du nouveau clan Bakonso. C'est dans la forêt de Lweghe que Batwa Babuluko entrèrent en contact avec un clan de tribu Legha nommé Bisa makala. Ce nom de « Bisamakala », parce que, pendant la chasse ; ils marchaient sur les traces des Batwa Babuluko en utilisant les braises « Makala » laissées par ces derniers. Nsibula est un sujet Havu venu d'Idjwi, fils de Shibula Mwami d'Idjwi ! Il échangeait les bijoux avec les ivoires d'éléphants. A son arrivée à Lweghe, forêt des pygmées riche en éléphants, il a eu pour femme une jeune fille Twa/ Mubuluko. Il a été obligé par les Batwa d'aller subir la circoncision indigène, parce qu'il était difficile pour eux de donner leur fille à mariage à un incirconcis. Ses disciples ayant appris cela, rebroussèrent chemin jusqu'à Idjwi, annoncer la nouvelle au père de Shibula que son fils venait d'être assimilé par les pygmées à la coutume étrangère. Shibula maudit son fils pour cette cause-là. De cette union, naquit un jeune garçon nommé Mukano. Le jour de la naissance ; le père de l'enfant et ses beaux-frères revenaient de la chasse. Parmi les butins de la chasse figuraient pour la plupart les singes connus localement sous l'appellation de « Mukani, Mukano ou Mungembe ». Ce le nom de cet animal qui sera attribué au nouveau-né. D'où, l'origine du clan Bakano de la collectivité secteur des Bakano. A l'âge adulte, les Batwa ordonnent à Mukano d'installer lui aussi la circoncision indigène, puisqu'il est devenu neveux et leur tradition accordait beaucoup d'importance aux neveux. Ils étaient respectés. A l'occasion, on l'orna des objets coutumiers ; comme le bonnet du léopard au même titre que ses oncles, un signe du pouvoir. Celui qui installe les Bami et qui décide des grandes orientations reste le Mutwa Mubuluko. Les Batwa ce sont réservés le pouvoir législatif et le Mukano l'exécutif suivant la coutume. La culte aux ancêtres revenait aux Batwa et d'autres rituels liés à la coutume. C'est pourquoi chaque chef coutumier a à ses côtés ; une souche pygmée pour ces fins jusqu'à nos jours. Curieusement ces Kano vont abuser de ces principes coutumiers qui les régissaient. Le chef Kano retournera à Idjwi et au Buhavu recruter les combattants pour déloger les Batwa de cette forêt de Lweghe riche en éléphants. Les Batwa Babuluko périrent dans cette guerre tribale. Les survivants se dispersèrent suivant plusieurs directions dans le territoire de Walikale et les uns iront dans le territoire de Kalehe groupement de Kalima. Vu la défaite des Batwa Babuluko, le clan Bakano procéda ainsi à la redistribution des collines et montagnes appartenant jadis aux Batwa Babuluko. Ils procédèrent de la manière suivante : 1 Lukinga, grand père d'Elenge chef des Bakano récupéra la forêt d'Isangi jusqu'à Mwanga, 2 Mubinga ou Ningi petit frère de Lukinga avec son groupe occupa Yolola jusqu'à Musenge wi Ndungu, 3 Massi « Banisamasi » venus de Shabunda, remontant avec la rivière Lowa, récupérèrent la forêt qui part de la rivière Utu jusqu'à Miassa y compris le mont Mbi ; limité à l'Est par la rivière Nyanzila, remontant avec le ruisseau Namalimingi au Sud Est d'Itebero jusqu'à Nakele/ Makongo. 4 Les Basengele/Bakondjo : venus à leur tour de Punia au Maniema, occupèrent depuis Obaye, Binakwa, Ibanga jusqu'à la rivière Utu, 5 Les Babutetu qui sont des Tembo du territoire de Kalehe, occupèrent eux aussi depuis Kalima Bunyakiri jusqu'à Lwana, 6 Les Babutetu Babirobiro ont quitté Kalima Bunyakiri pour occuper la localité qui va de Hombo jusqu'à Kampemba/Mifuti. Ils y cohabitèrent avec les Babuu venus de la chefferie Buloo/ Bunyakiri, 7 Les Nyanga- Bana Ngulu/ Bafuna : occupèrent à leur tour les limites qui vont de la rivière Nkese jusqu'à la rivière Luhoho traversèrent jusqu'au pont Lowa au centre de Walikale, (direction Itebero - Walikale), 8 Le clan Banakiundila est venu du groupement Walowa Loanda de la collectivité soeur des Wanyanga et occupa la partie qui va de la rivière Kampemba à la rivière Luuka au centre de Musenge, Ces différents clans traduisent directement les différentes localités de la collectivité secteur des Bakano, et chaque clan a à ses côtés une souche des pygmées Batwa Babuluko d'investiture. Autant ils les avaient anéantis par la guerre, autant les batwa babuluko étaient assujettis par ces chefs de clan et obligés de cohabiter avec eux sous une condition de construire leurs cases à proximité, séparées généralement d'une rivière ou d'une vallée, avec une colline propre au Batwa Babuluko où ils devaient pratiquer leur rituels et l'agriculture. Les zones de chasse étaient illimitées, elles étaient exploitées par toute la communauté confondue selon la volonté. L'on ne pouvait faire recours aux Batwa Babuluko qu'en cas de besoin lié à la coutume. Bref une catégorisation traduisant la discrimination. Pendant la circoncision du prince (fils du chef coutumier) ; au lieu d'égorger une poule comme l'exigeait la coutume, le chef exigeait que soit égorgé un sujet pygmée au lieu et place de la poule, pour que son fils traverse ce sang avant d'être circoncisez. C'est ne que l'arrivée des colons qui est venus mettre fin à cette situation vers 1910. Témoignage de papa Kisangani (enseignant à l'Ecole Primaire Elenge d'Itebero 2007). L'histoire de l'Afrique noire étant caractérisée par la tradition orale, il nous a été difficile de repérer les dates de ces différentes rencontres. La menace identitaire et discriminatoire qui pesait aux Batwa Babuluko, les avait poussé à s'assimiler dans toutes ces tribus à leur rencontre, changeant ainsi leur identité de pygmée qu'ils qualifiés de péjoratif et discriminatoire en adoptant l'identité de Batwa Babuluko. C'est vers les années 1985 qu'une voix commençait à se lever afin de revendiquer leur identité qui était menacée de disparaitre à travers une mutualité Batwa Babuluko, fondée définitivement en date du 5 mai 1988 à Kisa. Avec comme président co-fondateur Nkuba Kitwanda Pierre.21(*) * 21 Kitwanda P, Archives de la mutualité Batwa Babuluko de Walikale, Kambushi, 1996 |
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