Section 1 : Analyse de l'offre de financement de
la PME
Les demandes de financement à court et moyen termes des
PME sont de nature à couvrir les investissements, le financement et
l'exploitation.
Cependant, les obstacles à la création et au
développement des PME tiennent à de nombreux problèmes.
Parmi ceux-ci, la difficulté d'accès aux crédits bancaires
constitue plus que tout autre un handicap sérieux parce que les
prêts consentis par les banques (souvent à court terme) ne leur
conviennent pas. En l'absence de bonne volonté du système
bancaire de financer les PME, les pouvoirs publics ont tenté de mettre
en oeuvre des alternatives sous diverses formes. Plusieurs types de dispositif
d'appui, chacun ayant inspiré des programmes qui ont été
ou sont toujours à l'oeuvre. Le premier type de dispositif d'appui vise
la création d'un environnement favorable pour lever toutes entraves
juridiques, fiscales ou réglementaires, créer des structures de
coordination, de représentation et de pression propre aux PME.
L'appui spécialisé sur une fonction non
financière repose sur l'idée qu'il existe une contrainte majeure
au développement des entreprises et propose des formations techniques,
à la gestion, aux appuis technologiques, à la commercialisation
ou à l'approvisionnement. Parallèlement à cet effort
d'adaptation des services non financiers, s'enclenchent les premières
tentatives d'incitation des banques qui vont d'ailleurs s'avérer peu
efficaces.
1.1. Les lignes de crédit domiciliées
auprès des banques
Afin de résoudre ce problème du financement de la
PME, les gouvernements et les organisations internationales ont mis des lignes
de crédit qui sont des mécanismes à long terme à la
disposition de certaines banques. Toutefois ces mécanismes ont
donné des résultats décevants. A titre d'exemple, on peut
citer la ligne offerte par la banque mondiale (ligne APEX) qui est
restée inutilisée pendant de nombreuses années et n'est
opérationnelle qu'après une redéfinition des orientations.
Malgré l'amélioration subséquente de ses conditions de
mobilisation afin de s'adapter aux PME, la ligne APEX a plutôt
profité aux grandes entreprises.
Le Fonds de Promotion Economique (FPE), ligne de crédit de
neuf milliards de francs CFA, a introduit des innovations qui permettent aux
entreprises de bénéficier d'un prêt participatif (10% du
projet), réduisant ainsi l'apport personnel exigé de 20 à
30%. Les dossiers de demande de crédit sont élaborés selon
les critères de la Banque Africaine de Développement(BAD) et du
FPE. Pour la Chambre de Commerce d'Industrie et d'Agriculture de Dakar (CCIAD),
le problème du financement reste entier parce que ce sont souvent les
grandes entreprises qui sont financées au détriment des PME.
Ces constats remettent en cause l'efficacité des lignes de
crédits dans leur fonctionnement actuel comme instrument pertinent de
financement de la PME.
1.2. Les projets de financement direct
Ils révèlent généralement de
nombreuses faiblesses qui sont des causes de leurs dysfonctionnements. Ils ont
tendance à répondre aux attentes de leurs différentes
cibles avec le même mode d'intervention sans
différenciation ; or il est certain que les préoccupations
des PME ne sont pas identiques à celles des Micros et Petites
Entreprises et que partant, les services d'appui financiers doivent être
différenciés.
Ils ont également tendance à adapter une approche
globaliste plutôt qu'une approche de financement, ce qui les conduit
à cumuler plusieurs logiques d'intervention qui sont parfois
incompatibles :
· logique de financement : octroi de crédit et
recouvrement ;
· logique d'appui non financier : suivi-conseil,
formation, assistance en gestion ;
· logique d'animation.
Ils ont généralement une structure lourde et des
frais de fonctionnement élevés, ce qui entraîne :
· une possibilité d'être financièrement
viable. Les charges de fonctionnement deviennent de loin supérieures aux
produits hors subventions ;
· une faible efficacité
opérationnelle ;
· ils sont très coûteux ;
· ils ont eu des résultats très mitigés
avec généralement un faible taux de recouvrement, et très
souvent une gestion plus que chaotique qui a entraîné
d'énormes pertes.
Actuellement, les projets de financement direct ont tous
été clôturés et cette démarche a
été définitivement abandonnée par le gouvernement
et les bailleurs de fonds à cause des dysfonctionnements, des
déséquilibres dans leur conception qui les ont rendus inefficaces
et l'absence de perspectives de pérennisation.
1.3. Les fonds de contrepartie
Les fonds de contrepartie ont fonctionné selon une
méthodologie faisant intervenir d'une part des intermédiaires
agréés (banques et autres institutions de financement non
bancaires) chargés d'administrer le crédit et d'assurer le
recouvrement. D'autre part une structure technique chargée de recevoir
et d'analyser les dossiers de demande de financement. La méthodologie a
connu des améliorations au fil des ans au fur et à mesure que les
IMF devenaient les principaux intermédiaires financiers. C'est ainsi
qu'actuellement, le fonds de contrepartie sénégalo-suisse qui
prévoit d'évoluer vers une fondation apporte un appui important
aux PME et aux autres activités génératrices de revenus
à travers la mise en place de ligne de crédit en passant par des
subventions d'appui technique aux IMF partenaires.
L'expérience a montré que ce dispositif a obtenu
des résultats intéressants. Il reste l'instrument des fonds de
contrepartie pour le financement de la PME mais recèle un certain nombre
d'incohérence :
Il fournit des crédits pour la création et ou le
développement de la PME avec des taux d'intérêt
subsidiés. Cette pratique est déstabilisante et peut fausser la
concurrence entre les PME ayant obtenu des crédits classiques dans la
mesure où les fonds de contrepartie ne ciblent pas des filières
spécifiques. Certains entrepreneurs pourraient solliciter des
financements sur de tels fonds pour bénéficier des taux
d'intérêt faibles et utiliser ces crédits pour financer
d'autres activités. Il y aurait alors un détournement de l'objet
du crédit.
Par ailleurs, les IMF bénéficiaires utilisent la
ligne de crédit comme instrument de lutte contre la pauvreté par
le financement des activités génératrices de revenus comme
les Micros et Petites Entreprises mais pas comme le financement de la PME,
à cause de sa structuration et des bénéficiaires
ciblés.
1.4. Les fonds de garantie
La logique des fonds de garantie est d'amener les
intermédiaires financiers agréés à octroyer du
crédit à des opérateurs économiques qui ne
disposent pas de garanties exigées par ces intermédiaires.
L'analyse sommaire des fonds de garantie indique que de bons résultats
ont été atteints en termes d'impact et de recouvrement. Ces
performances résultent du partenariat entre les intermédiaires
financiers sélectionnés pour la mise en oeuvre des prêts
aux cibles visées et une structure chargée d'apporter une
assistance technique dans le processus d'identification des promoteurs, de
montage de dossiers de prêt et d'encadrement. Il faut souligner que les
fonds de garantie ont certaines limites :
Les intermédiaires financiers accordent
généralement le crédit tant que le fonds de garantie est
disponible, celui-ci étant inépuisable surtout s'il est
régulièrement mobilisé en compensation de créances
non recouvrées. On peut dès lors craindre que les crédits
ne s'arrêtent dès l'épuisement des fonds de garantie.
Un niveau élevé de fonds de garantie
déresponsabilise les intermédiaires financiers étant
donné que la quasi-totalité du risque de crédit est
couverte par un fonds de garantie. Ces derniers pourraient être moins
rigoureux dans la décision de crédit étant entendu que les
impayés éventuels seront recouvrés par un
prélèvement sur le fonds de garantie.
En conclusion sur ces principaux dispositifs de financement de la
PME, nous pouvons retenir que malgré toutes ces mesures mises en place,
les promoteurs des Petites Entreprises continuent de se voir refuser
l'accès aux facilités de crédit. Les banques
s'entêtent à exiger d'eux l'affectation en garantie de biens
qu'ils ne possèdent pas. Les nombreux dispositifs mis en place n'ont pas
permis de prendre en charge de manière durable et soutenable la question
du financement de la PME.
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