Section 3 : Liquidité et transactions de bloc
3.1 Liquidité : définition et
dimensions
3.1.1 Définition
La liquidité est une notion essentielle pour les
investisseurs. En effet, elle constitue un critère fondamental
d'intervention sur le second marché. Les propriétaires des firmes
récemment introduites en bourse sont conscients de l'importance que
représente la liquidité sur leurs produits, si l'on veut
définir ce concept de liquidité, on peut l'approcher par le
concept de profondeur qui se définit comme le volume de titres
susceptibles d'être mobilisés à l'achat ou à la
vente sans variation sensible du cours. La liquidité d'un marché
s'évalue en fonction de son aptitude à garantir aux investisseurs
la possibilité d'échanger rapidement à moindre coût
et à des prix favorables.
En effet, la recherche employée à la
liquidité ou à ses proxys que sont la fourchette,
l'activité boursière ou encore la profondeur du carnet s'est
considérablement étoffée au cours de ces dernières
années en raison de la concurrence apportées par les places
financières et de la prise en compte récente du risque de
liquidité dans la gestion de portefeuille. Aussi, la liquidité du
marché est un aspect désirable des marchés boursiers. Elle
est indispensable aux entreprises, aux investisseurs et aux opérateurs
de marché. De même, dans le contexte actuel de rivalité
aggravée entre les différentes places boursières, elle
intéresse fortement les autorités de marché. Elle est
tangible et rémunérée. Pourtant, il est toujours difficile
de la définir d'une façon précise ou de lui donner une
mesure unique.
Dans leurs travaux, les universitaires différencient
souvent quatre dimensions dans la liquidité :
l'immédiateté, la profondeur, l'ampleur et la
résilience.
3.1.2 L'immédiateté
L'immédiateté de la liquidité est le
temps nécessaire à la réalisation des transactions. Elle
correspond à la vitesse d'exécution des ordres.
L'immédiateté est également une fonction
décroissante de la taille des ordres considérés. Pour les
petits volumes, elle est susceptible d'être approximée par
différents indicateurs : durée entre deux échanges
consécutifs, durée entre le moment des échanges et du
dernier placement d'ordre qui les précède, etc.
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
3.1.3 La Profondeur
La profondeur d'un marché est la capacité
à exécuter sur ce marché de nombreuses transactions avec
des volumes importants sans faire bouger de façon significative les prix
à la hausse ou à la baisse.
[Brockman et Chung, 1998] exhibent que la profondeur du HKSE
(le marché du Hong Kong) à la meilleure limite est
caractérisée par une forme en U inversé. [Declerck, 2007]
découvre un résultat similaire pour le marché parisien.
Néanmoins, la profondeur à la meilleure limite ne montre que 15%
de la profondeur affiché sur les cinq meilleures limites. [Handa, 1992]
introduit une mesure de liquidité définie par le rapport entre la
profondeur et la fourchette de prix :
Liquidité = profondeur à la vente + profondeur
à l'achat prix à l'achat - prix à la
vente
Cette mesure montre le nombre de titres disponibles par
coût de transaction. Dans ce sens, [Lee, Mucklow et Ready, 1993] trouvent
qu'il est difficile d'expliquer les variations de cette mesure de
liquidité en présence d'une variation en même sens pour la
profondeur et la taille de la fourchette. De même, [Declerck, 2007], en
étudiant l'évolution de la liquidité journalière
sur la bourse parisienne estime selon cette méthodologie que la
liquidité suit une courbe croissante au long de la journée.
Certains chercheurs rejettent l'hypothèse que plus de
liquidité nécessite un plus fort volume. Ils expliquent que sur
un marché liquide en voie de transaction, il s'est créée
une symétrie pour la fourchette des prix tandis que sur un marché
non liquide, on devrait observer, soit que seul le prix acheteur
s'élève vers le prix de vente stable, soit que le prix de vente
diminue vers le prix d'achat.
3.1.4 La Résilience
La résilience répond à l'aptitude des
prix de retourner brusquement en situation d'équilibre après une
transaction de taille importante. Elle indique donc la vitesse à
laquelle des variations temporaires des prix dues aux inefficiences et
anomalies du marché et qui sont corrigées par l'arrivée de
nouveaux ordres. Contrairement aux autres, cette mesure peut uniquement
être déterminée sur une certaine période de temps.
Il s'agit de la dimension temporelle du coût de la liquidité.
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
Selon [Schwartez, 1993], un marché résilient est
le marché capable d'absorber instantanément les fluctuations
temporelles des prix. La résilience est donc attachée directement
à la vitesse de diffusion de l'information et la capacité du
marché d'absorber les déséquilibres imprévus des
cours grâce a des interventions inattendus des investisseurs.
[Garabde, 1989] définit la résilience par la
largeur du marché au sens de l'existence d'un flux d'ordres important
qui survienne sur le marché en réponse à un
déséquilibre des prix. De même, [Dong, Kempf et Yadav,
2005] expliquent la résilience comme étant le paramètre de
retour à la moyenne du processus de la formation de prix du titre. Les
auteurs étudient ce paramètre sur un échantillon des
actions cotées sur le marché américain (NYSE), ils
examinent également les facteurs qui affectent cette dimension de la
liquidité, et les liens avec les autres mesures alternatives de la
liquidité que sont la fourchette de prix et la profondeur. Ils trouvent
que la résilience fait véhiculer une information
supplémentaire sur la liquidité du titre, et qu'elle est
significativement jointe à sa rentabilité. [Large, 2007]
présente une définition légèrement
différente de la résilience, qui repose sur la durée et
sur la probabilité que le carnet à se rééquilibrer
après un choc.21
Sur un marché efficient, les intervenants ne peuvent
pas tirer profit à partir d'un avantage informationnel. La
résilience est plutôt basée sur l'asymétrie
informationnelle dans un jeu dynamique de formation de prix. Le concept de la
résilience est donc l'aptitude du marché à affaiblir
l'ampleur de ces profits mais il ne s'agit pas de les exclure.
3.1.5 La fourchette des prix
La fourchette de prix est la différence entre les
meilleurs prix offerts à l'achat et les meilleurs prix offerts à
la vente. Elle est naturelle sur les marchés dirigés par les prix
(les marchés de contrepartie).Sur ces marchés, chaque teneur de
marché déclare le prix auquel il est prêt à acheter
et celui supérieur auquel il est prêt à vendre, le premier
étant certainement inférieur au second. À ces prix, le
teneur de marché sera obligé d'acheter (vendre) une
quantité minimale de titres. Sur ce type de marché, la fourchette
de prix (bid-ask spread) est représentée par l'écart entre
les meilleurs prix d'achat et les meilleurs prix de vente auxquels les
échanges sont réalisés par les teneurs de marché.
Sur les marchés dirigés par les ordres, la fourchette des prix
dépend particulièrement des initiateurs des ordres. Plus elle est
large, plus le coût d'exécution d'un ordre au marché sera
élevé.
21 L'auteur montre que le carnet sur le London
Stock Exchange se regarnit complètement en moins de 20 secondes en
moyenne, mais dans seulement 40% des cas.
Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
En effet, la fourchette des prix distingue trois formes
différentes telles que la fourchette affichée, la fourchette
effective et la fourchette réalisée.
La fourchette affichée est l'écart entre le
cours acheteur et le cours vendeur à un Instant
déterminé.
Fourchette affiché = [ meilleure limite à
la vente -meilleure limite à l'achat ]
milieu de fourchette
Dans un marché gouverné par les ordres, la
fourchette affichée répond à l'écart entre les
meilleures limites du carnet, le bid et l'ask. Dans un marché
dirigé par les prix, la fourchette affiché à un instant
donné est égale à l'écart entre le meilleur prix
auquel un teneur de marché est prêt à vendre et celui
auquel lui, ou un autre, prêt à acheter. L'utilisation de la
fourchette affichée pour mesurer la « liquidité »
suppose que les transactions sont réalisées sur les meilleures
limites en carnet.
[Huang et Stoll, 1996] ont étudié la
différence de coûts de transactions sur le Nyse et sur Nasdaq, les
auteurs découvrent que le Bid et l'Ask affichés en carnet ne
coïncident pas systématiquement avec le prix de la transaction
réalisée.
Une autre mesure de liquidité est la fourchette
effective. Par opposition à la fourchette affichée, la fourchette
effective ne mesure pas l'écart entre le Bid et l'Ask mais
également l'écart entre le prix de la transaction et le milieu de
la fourchette. Cette mesure peut être un mieux indicateur, que la
fourchette affichée.
Fourchette effective = 2X
milieu de fourchette
[prix de transaction-milieu de fourchette]
La fourchette affichée répond aux «
coûts affichés » du marché. La fourchette effective
est plus proche des coûts effectivement supporté par les
intervenants. Ces « coûts implicites » sont non répartis
au marché puisque ils dépendent des intervenants et des prix de
transactions. Contrairement à la fourchette affichée, la
fourchette effective n'existe qu'au niveau d'une réalisation effective
d'un échange.
En fin une dernière mesure est la fourchette
réalisée qui mesure l'écart de cours entre deux
transactions successives de sens opposé.
Fourchette réalisée = 2X
milieu de fourchette
[prix de transaction-prix fondamental]
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La fourchette réalisée est
interprétée comme le revenu des teneurs de marché.
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
Selon le signe de ce dernier, nous pouvons déduire
l'intensité de l'asymétrie d'information. Dans le cas
général, la volatilité d'un actif s'évolue en
fonction des informations divulguées par les transactions et les
nouvelles sur données fondamentales. Huang et Stoll considèrent
l'écart positif entre fourchette effective et fourchette
réalisée comme étant une estimation de la perte
réalisée par un échange informé.
En pratique, la valeur fondamentale des titres n'étant
pas directement identifiable, elle est également évaluée
par le milieu de fourchette prévalant quelques temps après la
transaction, avec un "cours fondamental" considéré égal au
milieu de fourchette prévalant cinq minutes après la
transaction.22
Une baisse de la fourchette réalisée
s'interprète alors comme une capacité plus grande du
marché à offrir de la liquidité dans un environnement
volatile. Ajoutons ici que l'écart entre fourchette
réalisée et fourchette effective se définit comme un
coût d'opportunité ou de sélection adverse.
De ce fait, l'existence d'agents informés sera un
facteur principal de réduction de fourchette par rapport à celle
déjà affichée.
3.2 Liquidité et transactions de bloc : une revue
de littérature
Sur la plupart des places financières coexistent deux
mécanismes différents permettant d'apparier les transactions de
bloc : le marché central, où le bloc d'action est acheminé
anonymement par des tranches séparées afin de ne pas subir un
impact de marché trop élevé et le marché de bloc
(upstairs market) où les intermédiaires se chargent à
travailler le bloc, en négociant directement à partir de leur
propre compte ou en composant un pool de contrepartie. La majorité des
chercheurs étudiant les transactions de bloc cherchent les origines
d'une telle répartition entre le marché central et le hors
marché, et d'expliquer la légitimité de cette
fragmentation.
[Kraus et stoll, 1972] ont fourni les premières
explications des impacts de prix produits par une transaction de grande taille.
Les auteurs montrent que des effets de court terme sur la liquidité qui
sont engendrés notamment par les difficultés d'absorption
qu'implique un ordre d'une telle taille ceci peut être causé par
un manque de profondeur du marché, coûts de recherche de
contreparties des intermédiaires ou de couverture de position si ces
derniers tra-
22 [Hendershott,
Menkveld et Jones, 2010] examinent cette spécification. Contrairement,
Venkata-raman se réfère au milieu de fourchette 30 mn
après la transaction, d'autres chercheurs utilisent le prix de
clôture de la séance
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
vaillent l'opération en compte propre. Ces
différents impacts sur les prix des transactions de blocs peuvent se
concrétiser sous la forme de commissions explicites, ou d'un prix
s'écartant défavorablement du prix de référence sur
le marché et récompensent les intermédiaires pour les
services rendus. Ainsi, [kraus et stoll, 1972] rendent les impacts des prix des
transactions de bloc aux effets dus à l'élasticité
imparfaite des courbes d'offre et de demande de titres. Toutefois, les titres
n'étant pas de parfaits substituts, le vendeur de bloc doit
concéder une réduction pour pousser les acheteurs à
acheter une proportion supplémentaire de titres jusqu'à
liquidation de la demande excédentaire.
Sur le plan théorique, les études se sont
concentrées autour de la justification du rôle joué par le
segment hors marché. La question principale qui s'est posé; le
marché upstairs est-il un élément concurrent pour le
marché central, ou au contraire, un supplément de
liquidité important et ajusté à un certain type
d'investisseur ?
Dans ce cadre [Burdett et O'Hara, 1987] ont
élaboré un modèle exhibant les implications du processus
de recherche de contreparties pour une transaction de bloc, en appuyant sur le
rôle indispensable joué par l'upstairs dans la neutralisation des
coûts de sélection adverse. Les coûts de sélection
adverse sont tenus par les investisseurs ou les intermédiaires
exécutant des transactions avec des investisseurs
(intermédiaires) disposant plus d'informations sur la valeur
fondamentale des actifs. Plus la probabilité de rencontrer ce type
d'investisseur est élevée, plus le risque d'échanger un
actif à un prix désavantageux est important. Ceci pousse les
intermédiaires à exiger une forte prime de risque lorsqu'ils
n'ont pas l'aptitude d'identifier le niveau d'expertise et d'information de la
contrepartie.
[Seppi, 1990], quant à lui, a développé
un modèle théorique expliquant les choix de répartition
d'un bloc en fonction des motivations de l'initiateur. Il démontre
notamment l'intérêt pour un investisseur, motivé par des
besoins de liquidité, de négocier un large échange en
upstairs, au sein de relations non anonymes, plutôt que d'acheminer son
ordre par tranche vers le marché central.
[Madhavan et Cheng, 1997] ont étudié les impacts
de prix évoqués par les travaux antérieurs sur 30 titres
du DJIA. Les résultats ont dévoilé que ce sont les
investisseurs présents pour des raisons de liquidité qui
conduisent habituellement leurs transactions de blocs vers le marché
upstairs, car ils sont prudents à abandonner une option gratuite sous la
forme d'un ordre à cours limité sur le marché central.
Dans un environnement non anonyme, les investisseurs agissant
pour des motifs de liquidité peuvent proclamer de manière
crédible aux intermédiaires qu'ils ne sont pas en possession
d'une information privée sur la valeur fondamentale des titres. Ainsi,
certains d'éviter
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
tout risque de sélection adverse, les
intermédiaires ont ainsi l'option d'exécuter à une
fourchette de prix améliorée, en référence à
celle présenté sur le marché central.
Selon Bessembinder et Venkataraman, cette configuration
permettrait aux investisseurs de grande taille de ne supporter que 20% des
coûts d'exécution qu'ils auraient dû supporter au sein du
carnet d'ordres central. Du côté des initiateurs de blocs
désirant exploiter une information privée, le carnet demeure
l'option d'exécution la plus attirante et permet de réduire les
possibilités de fuite d'information inhérentes à la
recherche de contrepartie.
Ainsi, l'hypothèse de coût de liquidité et
d'informations utilisées pour expliquer l'impact des prix suite aux
échanges de blocs, peuvent également justifier le mouvement dans
le spread suite aux larges transactions. Ainsi aux niveaux des grandes
transactions les investisseurs non informés se mettent face à un
problème de sélection adverse dans le cas où les
échanges sont réalisés avec les informés qui vont
évoluer les prix des actifs à leur avantage. Or, pour se couvrir
contre ces pertes, ils augmentent le spread.
En effet, [Keim et Madhaven, 1995] montrent que lorsque la
liquidité du marché downstairs est faible et l'asymétrie
de l'information est jugé assez élevé, c'est le cas
où les traders préfèrent de se diriger vers le
marché upstairs afin d'éviter les couts de sélection
adverse et de minimiser les impacts prix de leurs échanges.
En utilisant le bid-ask spread comme proxy de
l'asymétrie d'information, [Madhaven et Cheng, 1997] montrent que plus
le spread est large plus le nombre des transactions en upstairs augmente.
Ainsi, si la négociation de bloc est faite sur le marché de bloc,
ceci peut entrainer une fuite informationnelle concernant l'échange,
dans ce cas l'asymétrie d'information augmente et une augmentation de
spread sera possible.
Dans un autre sens, [Fong et al. , 2004] notent que le
marché de bloc n'a pas d'effets nuisibles mesurables sur la
liquidité du marché central à cause du non anonymat qui
sanctionne les informés. En effet, une transaction acheminée sur
le marché central, à cause de son contenu informé,
supporte un coût plus élevé par rapport à celle
acheminé par le marché spécialisé. Les auteurs
montrent que le marché de bloc ne peut pas être nuisible au
marché central. Ce résultat est confirmé par [Chwen, 2004]
sur la bourse d'Italie.
De même, [Fong et al. , 2004] montrent que le
marché upstairs améliore les prix offerts des actifs
négociés. Les résultats montrent que cette
amélioration est plus intéressante pour les actifs les plus
liquides. Ceci engendre une grande concurrence entre les brokers pour les
titres
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
les plus liquides. La plupart des travaux empiriques
antérieurs confirment cette amélioration des prix par le
marché upstairs.23
3.2.1 La liquidité des carnets
d'ordres
Les marchés dirigés par les ordres sont
principalement caractérisés par l'absence d'offreurs de
liquidité remarquables. En effet, la viabilité des marchés
dirigés par les ordres repose absolument sur la capacité du
carnet à attirer des offreurs de liquidité, même en phase
de forte incertitude. Ainsi, Il est nécessaire de saisir comment se
forme et est consommée la liquidité sur les carnets d'ordres.
Sur un marché dirigé par les ordres,
l'investisseur peut choisir entre différents types d'ordres, plus ou
moins agressifs. Les principaux types d'ordres réalisables sont : les
ordres à cours limité, les ordres à la meilleure limite et
les ordres au marché.
Un ordre à cours limité d'achat (de vente) se
caractérise par une quantité et un prix maximal (minimal) auquel
le l'investisseur est prêt à acheter (vendre) le titre. S'ils ne
sont pas immédiatement exécutés, ces ordres s'accumulent
dans le carnet d'ordres suivant quelques règles de priorité, de
prix et de temps. Ils peuvent par la suite être appariés et
accomplis par l'arrivée d'ordres plus stimulants. Entre ceux-ci, on
spécifie généralement les ordres à la meilleure
limite des ordres au marché. Les premiers sont appariés avec les
ordres présents à la meilleure limite dans le coté
contraire. Si la quantité globale disponible à ce prix est
inférieure à la taille de l'ordre entrant, la quantité non
exécutée est automatiquement transformée en ordre à
cours limite à ce prix et devient automatiquement la meilleure
limite.
Contrairement aux ordres à la meilleure limite, les
ordres au marché sont exécutés en totalité. Si la
quantité totale disponible au meilleur prix du coté contraire du
carnet est inférieure à la taille de l'ordre au marché, on
dit que l'ordre de vente (d'achat) «remonte» («descend») le
carnet d'ordres, favorisant ainsi l'exécution d'ordres à cours
limité présents au-delà de la meilleure limite.
[Declerck, 2007] trouve que pour 36 titres du CAC 40
cotés sur Euronext Paris en 1999, les ordres à cours
limité dévoilent 85% en moyenne des ordres soumis. Pourtant,
entre ces ordres
23 Voir notamment notamment [Keim
et Madhaven, (1996), Madhaven et Cheng, (1997), Booth et al. , (2002) et Booth
et al. , (2002) ]
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Transactions de bloc, évaluation et impacts sur les
prix
à cours limité, 32,8% sont
exécutés immédiatement. De même [Biais, Hillion et
Spatt, 1995] fournissent une analyse intra-journalière de
l'évolution du flux d'ordres, basée sur l'étude des cinq
meilleures limites du carnet des titres du CAC 40 de la Bourse de Paris pendant
19 jours, les auteurs classent les ordres en fonction de leur
agressivité, Ils affirment que les ordres les plus agressifs (les ordres
qui conduisent à une transaction immédiate) d'achat et de vente
répondent à 47,2% des ordres sur la Bourse de Paris en 1991. Ce
classement est récupéré par [Ranaldo, 2004] et [Griffiths
et al. , 2000], qui montrent qu'une proportion moyenne d'ordres
immédiatement exécutés, impliquant les ordres au
marché, de 62,3% sur la bourse suisse en 1997, et de 47,2% sur le
Toronto Stock Exchange en 1997 respectivement.
3.2.2 La comparaison entre un carnet d'ordres et un
marché de bloc
Même si la majorité des échanges sont
exécutés dans un carnet d'ordres, un marché de gré
à gré est aussi ouvert aux investisseurs voulant exécuter
des échanges de bloc. L'existence de marchés de blocs a permis de
déclencher les premières comparaisons avec un marché
principal dirigé par les ordres.
[Francioni, 1997] compare un marché de contrepartie, le
marché de parquet de la bourse de Francfort (BOSS) et un autre
système de transactions électroniques (IBIS). L'auteur examine la
dominance d'un système électronique sur un marché de
contrepartie. Les résultats de l'étude montrent que le
système IBIS offre des fourchettes de prix (effectives) plus faibles que
le marché central en moyenne et pour une partie significative des titres
présents dans l'échantillon. Dans ce cadre, [Bessembinder et
Venkatamaran, 2004] trouvent que le marché upstairs de la Bourse de
Paris permet une baisse économiquement significative des couts
d'exécution des transactions de bloc (une amélioration de 20%
à 35%).
De même, [Madhavan et Cheng, 1997] étudient
empiriquement l'aptitude des marchés aux structures hybrides à
offrir de la liquidité pour les ordres de grande taille. Ils comparent
ainsi les modalités d'exécution de blocs sur le NYSE, entre le
marché central et le marché de bloc. Le résultat est que
même si ce dernier offre une meilleure exécution à ces
échanges, la différence dans l'impact des prix d'un
échange de bloc entre les deux marchés est économiquement
faible.
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prix
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