II.3.2- L'action de "Dintale Fouladou" du village de
Missirah Demba Sadio
"Dintale Fouladou" n'a que quatre ans d'existence et regroupe
27 membres au total. L'agriculture, l'élevage, le commerce et la
santé sont ses secteurs d'activités. Il faut dire que ce
groupement privilégie le plus les activités
génératrices de revenu. Ce fait résulte que le village
regorge des plus grands producteurs de produits agricoles dans la
Communauté Rurale de Mampatim.
Néanmoins, des initiatives de lutte contre le
paludisme, surtout en période d'hivernage, sont mises en oeuvre. Ces
initiatives tournent essentiellement autour de l'achat de moustiquaires et des
opérations de désherbage pour éviter toutes
multiplications de gîtes larvaires. La sensibilisation est
également prise en compte.
II.3.3- L'action de " Wakilaré Rewbé
Fouladou" du village d'Aine Mady Yoro
Le groupement " Wakilaré Rewbé Fouladou" compte
35 membres qui militent pour le développement de l'agriculture et
l'amélioration de la santé des populations. Il a comme principaux
objectifs la lutte contre la famine, la pauvreté et les maladies.
La lutte contre le paludisme occupe une place de choix dans le
volet sanitaire des programmes de " Wakilaré Rewbé Fouladou".
Ayant compris qu'il ne fallait pas attendre l'apparition des symptômes de
la maladie pour agir, le groupement concentre ses forces dans le domaine de la
prévention. Des séances de projection de vidéo et de photo
sont organisées pour sensibiliser la population sur les comportements
qui peuvent accroitre l'endémie palustre au sein du village.
En marge de ces séances, le groupement, à l'aide
d'une motopompe offerte par un immigré, sillonne les concessions
désirant évacuer les eaux stagnantes moyennant une contrepartie.
Parfois, c'est tout le village qui est concerné par ces
opérations d'évacuation des eaux usées
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et c'est le Conseil Rural qui paie les frais. Ces
opérations font renflouer les caisses du groupement et permettent
à ses membres de lutter efficacement contre le paludisme.
De manière générale, l'intervention des
groupements féminins dans la lutte contre le paludisme est perçue
positivement par les populations. Ces dernières adhèrent au
combat de ces femmes et n'hésitent pas à apporter leur soutien.
Le Conseil Rural et les partenaires au développement épaulent
également ces groupements pour le bien être de la
communauté.
L'ensemble des stratégies de lutte
développées contre le paludisme dans l'espace communautaire de
Mampatim est d'un grand apport. Ces stratégies permettent de soulager le
travail des ICP en matière de sensibilisation et de réduire la
charge des ménages par la distribution de médicaments et de
moustiquaires imprégnées. Cependant, qu'il s'agisse du PNLP, des
partenaires au développement ou des groupements féminins,
certaines difficultés bloquent la bonne marche des interventions de
lutte contre le paludisme.
Pour le PNLP, les obstacles sont multiples et variés.
Parmi ces obstacles on peut citer : ? le manque de moyen financier des
districts pour mener des interventions à base communautaire qui auraient
pu permettre de promouvoir et de pérenniser les mesures de
prévention adéquates dans la communauté ;
? les activités d'IEC sont insuffisantes parce que les
districts n'exécutent pas un
programme bien élaboré et font surtout la
mobilisation sociale de façon ponctuelle ; ? l'insuffisance des relais
communautaires et leur manque de formation ou de
motivation pose un réel problème ;
? l'insuffisance de la quantité de moustiquaires
imprégnées susceptible d'assurer des taux de couverture
appréciables ;
? l'insuffisance dans le volet lutte contre le vecteur
(pulvérisation intra-domiciliaire, lutte anti larvaire, etc.) [MSPM,
2006].
Les partenaires au développement rencontrent peu de
difficultés dans la mise en oeuvre de leur stratégie de lutte
contre le paludisme. Leur principal souci est de pérenniser leurs
actions afin que les populations puissent changer de comportement et
réduire les cas de maladie. En effet, juste après une campagne de
sensibilisation ou de distribution de moustiquaires imprégnées,
on remarque, le plus souvent, une adhésion totale des populations quant
à l'application des directives pouvant atténuer les risques
d'épidémie palustre. Cependant, sur la durée certaines
mauvaises habitudes refont surface et annihilent
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le travail effectué par les ONG. La
précarité, la faiblesse des revenus et, parfois, les croyances
traditionnelles peuvent expliquer ces échecs.
L'intervention des groupements féminins dans la lutte
contre le paludisme est rendue difficile, dans certains cas, par le manque de
soutien du Conseil Rural. Pour certains groupements, les autorités
locales sont plus enthousiasmées à apporter leur soutien s'il
s'agit de manifestation politique. D'après les propos d'une des
présidentes d'un groupement féminin : « l'aide du
Conseil Rural se limite à l'autorisation d'organiser des actions contre
le paludisme et de nous assister, par moment, dans certaines réunions.
Nous ne recevons pas d'aide financière de la Communauté Rurale
». En outre, beaucoup d'ONG accentuent leurs projets de
développement dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage.
Ce qui laisse peu de place à la santé. Mais il ne faudrait pas
occulter que les ONG demeurent les principaux partenaires de ces groupements.
Enfin, la dernière difficulté est d'ordre familial. Certains
hommes interdisent à leur épouse de quitter le foyer pour
assister aux réunions.
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