WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La politique chinoise de l'administration Bush après la répression place Tiananmen : l'interdépendance peut-elle apaiser les tensions politiques ? 1989-1993

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas Le Guillou
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 1 Science Politique - Relations Internationales spécialité Sécurité & Défense 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Titre 1 : Tiananmen, point de rupture d'une crise politique sino-américaine

Le 4 Juin 1989, la répression chinoise place Tiananmen allait en effet précipiter une des plus graves crises politiques sino-américaines depuis 1949. Tel que l'énonce Robert Suettinger, une étude de l'impact de Tiananmen implique une analyse sur plusieurs niveaux de prises de décision. Dans ce premier titre il s'agira d'étudier les ressorts du soulèvement populaire chinois, son déroulement et ses conséquences immédiates.

Chapitre 1 : L'arrivée au pouvoir de George Bush et l'émergence de la crise de Tiananmen

Dès son arrivée à la Maison-Blanche, George Bush prêta une attention particulière à la politique à adopter à l'égard de la RPC. Ayant oeuvré directement au rapprochement sino-américain dans les années 1970, il comptait cultiver sa réputation d'« inveterate china lover ».

Section 1: G. Bush, «an inveterate China lover»123

Par son parcours et sa politique à l'égard de la Chine, on retient de George Bush un homme d'Etat qui a constamment cultivé des liens étroits avec l'Empire du milieu. Pourtant, ce ne fut pas

121 HARDING Harry, A Fragile Relationship: The United States and China since 1972, op. cit. p. 175.

122 LAMPTON M. David, Same Bed, Different Dreams: Managing U.S.-China Relations, 1989-2000, Los Angeles, University of California Press, 2001, p. 17: « I see history as a book with many pages, and each day we fill a page with acts of hopefulness and meaning. The new breeze blows, a page turns, the story unfolds. »

123 MANN James, About Face: A History of America's Curious Relationship with China, From Nixon to Clinton, op. cit. p. 175.

33

toujours le cas. Cependant que Nixon et Kissinger tentaient de placer les Etats-Unis et la Chine sur la voie de la normalisation, Bush lui, avait oeuvré à conserver le siège de membre permanent de Taïwan au Conseil de Sécurité de l'ONU. De même, lorsque Jimmy Carter établit officiellement des relations avec Pékin, George Bush était devenu l'un des leaders républicains les plus critiques à l'égard des démocrates sur la politique chinoise adoptée124. En réalité, ce n'est qu'une fois que les liens diplomatiques furent solidement forgés que George Bush se fit l'ardent défenseur du caractère stratégique de la relation sino-américaine. Déjà, au cours de son expérience en tant que chef du bureau des représentations en Chine d'Octobre 1974 à Août 1975, George Bush entretint des rapports privilégiés avec certains des hauts dirigeants chinois. Ce vécu lui servit lors de sa campagne présidentielle au cours de laquelle il reçut le soutien de Deng Xiaoping qui rappela combien Bush avait travaillé à la normalisation de la relation en occupant ce poste125. Plus parlante encore fut la visite de G. Bush à l'ambassadeur Chinois Han Xu en Décembre 1988, qui révélait les intentions du futur Président américain dans sa politique à l'égard de Pékin126.

Section 2 : Une fragile interdépendance sino-américaine

Dès lors qu'il fut investi de la présidence, George Bush, sous les recommandations de son conseiller à la sécurité nationale Brent Scowcroft, envisagea donc très vite un voyage diplomatique en Chine. D'abord pour rencontrer les leaders chinois, évaluer et améliorer la relation mais aussi pour anticiper un potentiel rapprochement sino-soviétique127. Le prétexte fut vite trouvé : l'empereur japonais Hirohito décéda le 7 Janvier 1989, les funérailles nationales furent programmées pour le 24 Février. Le lendemain, le Président américain se rendit à Pékin128. Dans le même temps, le 26 Janvier 1989 paraissait un premier mémorandum sino-américain concernant le commerce international et les services de lancement spatiaux commerciaux129, signe que la relation sino-américaine s'installait sous les meilleurs auspices. Qui plus est, près de 15 ans après la normalisation, les économies chinoise et américaine commençaient à s'engager sur la voie de la mutualisation des intérêts économiques130. Pour les dirigeants des deux pays, ce mouvement était perçu comme une alternative fiable dans l'évolution de la relation. Une complémentarité émergeait

124 Ibid., p. 175.

125 Ibid., p. 176.

126 Ibid., p. 176.

127 LAMPTON M. David, Same Bed, Different Dreams: Managing U.S.-China Relations, 1989-2000, op. cit. p. 17.

128 Ibid.

129 OFFICE OF THE US TRADE REPRESENTATIVE, « Memorandum of agreement between the

Government of the United States of America and the Government of the People's Republic of China regarding International Trade in Commercial Launch Services - 26th of January 1989 », Digital National

Security Archive, China and the U.S., 26p.

130 HARDING Harry, A Fragile Relationship: The United States and China since 1972, op. cit. p. 215.

34

progressivement entre la puissance la plus développée de la planète et le plus puissant pays en développement. Chacun y trouvait son compte : les Etats-Unis, un marché étranger prometteur pour ses exportations, un marché de l'investissement en expansion, la Chine, un accès à la technologie et au vaste marché américain qui, friand de ses biens de consommation, constituait une source non négligeable de revenu131. Enfin, pour les Américains, cette économie de marché socialiste exponentielle nourrissait l'espoir de voir à terme leur modèle capitaliste et démocratique remplacer les institutions léninistes et maoïstes chinoises.

Section 3: Les premiers signes de crise

Cependant, la réalisation des espoirs américains dépendaient largement des réformes chinoises qui demeuraient encore bien loin des idéaux américains. G. Bush s'en aperçut dès la planification de son voyage à Pékin en Février à l'occasion duquel il constata également une nouvelle donne concernant l'opinion publique américaine. En effet, lors de son séjour, un banquet fut proposé, regroupant des businessmen, des cadres politiques ainsi que Fang Lizhi, astrophysicien, opposant connu du régime chinois et défenseur de la démocratie dans son pays. La liste des invités du banquet, proposée par l'ambassadeur américain en Chine Winston Lord, fut donc soumise aux dirigeants chinois qui décidèrent secrètement et unilatéralement de bloquer l'accès de Fang le jour du banquet132. Depuis Nixon et deux décennies de réunion au sommet, jamais un tel incident diplomatique n'avait eu lieu entre les délégations américaine et chinoise. L'ambassadeur américain fut blâmé pour cette déconvenue mais surtout, cet épisode alerta les Américains sur la situation interne en Chine. Un rapport de la CIA publié le même mois fait ainsi écho de l'état du régime chinois et étudie les possibilités d'un renversement du secrétaire général du parti de l'époque, Zhao Ziyang. La note des services secrets américains indique effectivement que si le leader du parti ne parvenait pas à réguler l'économie chinoise en surchauffe (importance de l'inflation), les risques de déstabilisation politique seraient nombreux133. A l'occasion de son voyage, G. Bush prit également conscience que l'opinion américaine attendait de sa diplomatie une conduite exemplaire sur le plan moral134. Or les excuses de l'administration G. Bush adressées au régime chinois après l'incident diplomatique firent défaut à cette exigence. La crise politique de Tiananmen allait à nouveau mettre l'administration américaine à l'épreuve.

131 Ibid.

132 Ibid., p. 19.

133 U.S. CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY, « China: Potential for Crisis - 9th of February 1989 », Digital National Security Archive, U.S. Intelligence and China: Collection, Analysis, and Covert Action, 10p.

134 LAMPTON M. David, Same Bed, Different Dreams: Managing U.S.-China Relations, 1989-2000, op. cit. p. 18.

35

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King