INTRODUCTION
La performance langagière est une
propriété humaine qui a pour objectif la communication
interpersonnelle. C'est en associant la performance à la
compétence linguistique que se produit toute langue naturelle. Les
langues diffèrent de plusieurs points de vue, c'est pour assurer une
entente entre les êtres humains que la traduction a eu lieu. Cette
dernière a pour but de satisfaire un besoin humain, celui de la
communication. Or, un ensemble de problèmes entravent ce processus.
En outre, la question est une structure très
récurrente dans nos communications. Elle constitue « une
préoccupation théorique dont se sont emparées la
linguistique, la logique, la philosophie, la psychologie et même
l'anthropologie. Certains n'hésitent pas à considérer le
questionnement comme une réalité fondamentale de l'esprit humain,
sur laquelle les autres dimensions viendraient s'articuler
»1. En effet, l'échange communicatif réussi
est basé sur un bon emploi de la langue dans un champ discursif
conventionnel entre les deux interlocuteurs. Le couple question /
réponse serait de ce fait le noyau primitif de tout échange
linguistique puisque la langue est employée pour communiquer avec autrui
soit en demandant des informations soit en les fournissant.
Notre travail consiste à faire une analyse contrastive
entre les constructions interrogatives du français et celles de l'arabe,
à étudier les formes du transfert des interrogatives, et à
déceler les divergences et les convergences d'usage entre ces deux
langues en question. Et pour ce faire, nous essayerons de répondre
à la question de savoir comment s'effectue la traduction des
constructions interrogatives du français vers l'arabe ? et
1 Meyer, M., 1981, « L'interrogation :
présentation », in Langue française,
Paris, Larousse. P 3.
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quels sont les problèmes d'ordre syntaxique,
sémantique et pragmatique qui apparaissent lors de ce processus ?
Dans cette même perspective, nous nous
intéresserons à l'étude de quelques aspects linguistiques
liés à la traduction de ce type d'énoncé à
savoir les structures syntaxiques des interrogatives et les problèmes
sémantiques et pragmatiques liés à la traduction de
l'interrogation, etc. Pour ce faire, nous nous appuierons essentiellement sur
les principes de la linguistique contrastive, qui inscrit l'activité
traductive dans une large perspective linguistique, où les
régularités différentielles permettent de mettre en relief
les principales différences dans le fonctionnement des langues dont la
connaissance s'avère importante lors de toute traduction. Cette analyse
contrastive aura comme but de montrer les différences et les similitudes
entre l'interrogation du français et celle de l'arabe lors du processus
traductionnel.
Le corpus, objet d'étude, est extrait du roman
Samarcande2 de son auteur Amine Maalouf3,
et de sa version arabe d'Afif Damachkia. Le
2 Samarcande (1988), c'est la Perse d'Omar
Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais
aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l'ordre des Assassins, la secte la
plus redoutable de l'Histoire. Samarcande, c'est l'Orient du
XIXè siècle et du début du XXè, le voyage dans un
univers où les rêves de liberté ont toujours su
défier les fanatismes. Samarcande, c'est l'aventure d'un
manuscrit né au XIè siècle, égaré lors des
invasions mongoles et retrouvé des siècles plus tard. Une fois
encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus
envoûtantes cités d'Asie, Amin Maalouf nous ravit par son
extraordinaire talent de conteur, affirme Gilles Demert.
Maalouf, A., 1988, Samarcande, Paris, Livre de poche.
Abstract du roman
3 Amine Maalouf est né à
Beyrouth (Liban) en 1949. Journaliste de langue arabe et de culture
française. Il est l'auteur de nombreux romans qui ont pour cadre le
moyen orient, l'Afrique et le monde méditerranéen. L'ensemble de
ses oeuvres interrogent les rapports politiques et religieux qu'entretiennent
l'Orient et l'Occident, mais aussi les thèmes de l'exil et de
l'identité, des sujets traités dans ses différents essais
parmi lesquels 'Les Identités meurtrières' paru en 1989
ou 'Le Dérèglement du monde', publié en 2009.
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corpus présente tous les types d'interrogations :
totale, partielle, directe, indirecte, alternative, etc.
Nous avons extrait les cent premières interrogations
présentes dans les dix premiers chapitres de chacune des deux
versions.
Ce travail sera fait dans le cadre d'une perspective
linguistique contrastive, entre la langue arabe qui présente deux points
d'intérêts particuliers pour le linguiste : c'est une langue
sémitique à morphologie riche, une langue qui observe l'ordre VSO
et où, par conséquent, à la fois le NP sujet et le NP
objet sont dominés par le même noeud dans la structure des
constituants, à la différence de la langue française qui
est une langue d'origine latine, et qui observe l'ordre SVO et où les
deux noeuds SN1 et SN2 appartiennent à des espaces configurationnels
différents.
Toute langue naturelle est faite d'un agencement de structures
syntaxiques. De ce fait, la traduction de la langue se réalise à
travers la traduction de ses structures. Dans ce sens nous essayons de cerner
les caractéristiques morphosyntaxique, sémantique, pragmatique et
lexicologique de l'interrogation aussi bien dans la langue française que
dans la langue arabe, afin de voir comment se fait le transfert entre les deux
langues objets du travail.
La forme interrogative est toujours liée à une
situation de communication précise, elle n'est pas forcément
liée à une demande d'information, Elle acquiert souvent d'autres
valeurs sémantiques et pragmatiques liées à l'intension du
locuteur. Le traducteur devait-t-il donc conserver la structure initiale ou
alors tout reformuler pour que la question acquiert le sens et la valeur
véhiculés par le texte de départ ? De même,
les divergences syntaxiques entre le français et
l'arabe influent-elles sur la valeur sémantique et pragmatique de la
question ?
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I. L'INTERROGATION EN LANGUE FRANÇAISE
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