Chapitre II : Résultats et Discussion
DISCUSSION GENERALE
En raison des restrictions qui régissent l'utilisation de
nématicides et les fumigants du sol, des méthodes respectueuses
de l'environnement ou de développement durable ont pris un rôle
plus important dans les stratégies de contrôle des
nématodes phytoparasites. Une grande variété d'amendements
organiques ont été utilisés pour lutter contre les
nématodes dans diverses cultures.
1. Inventaire de la communauté de nématodes
rencontrés dans la parcelle d'étude sur tomate
L'étude de la diversité et des assemblages des
communautés des nématodes associés aux cultures
maraichères dans notre milieu saharien ; la région de Touggourt
(wilaya d'Ouargla), fait ressortir une diversité de taxons importante
(16 taxons identifiés). Comparée aux résultats accomplies
sur l'inventaire des nématodes des cultures maraîchères
dans d'autres biotopes (humides et sub humides) nous constatons que Hadri,
(2006) et Hedibel (2007) ont dénombré 10 taxons alors qu'El
Aimouche, en 2009 a inventorié 16 taxons. Les différences au
niveau de la richesse nématofaunique seraient éventuellement
liés à la méthodologie adoptée par les
différents auteurs ; ou probablement aux conditions édaphiques.
En effet, divers auteurs ont démontré que les amendements
organiques peuvent modifier les propriétés physiques du sol, qui
à leur tour peuvent affecter négativement les comportements des
nématodes tels que l'éclosion, le mouvement et la survie
(Sohlenius, 1980 ; Bongers, 1990 ; de Goede, 1993 ; de Goede et al.,
1993 ; Neher et al., 1995 et Oka, 2010).
Les conditions climatiques ne sont pas à exclure, car
ils sont spécifiques à notre biotope. Cette hypothèse est
en concordance avec les travaux de Sánchez-Moreno et al. (2006)
qui affirment que les nématodes répondent naturellement aux
variations de l'environnement.
Les enquêtes réalisées au cours de cette
étude montrent que les communautés de nématodes dans le
sol varient en fonction du temps et des traitements apportés. Ces
résultats rejoints les recherches de Verschoor et
al., (2002) qui assurent que l'abondance et la
structure des populations de nématodes changent en fonction de la
saison.
Les résultats obtenus révèlent
après labour de la parcelle de travail le 5 Mars (T0) une faible
densité de nématodes. Il est probable que l'absence de cultures
dans le sol expliquerait cette faible richesse. Cette hypothèse rejoint
le travail de recherche réalisée par Taylor (1968) qui affirme
que la plante cultivée affecte fortement les fluctuations des
nématodes. D'autres investigations stipulent que l'apport de compost,
ainsi que le travail du sol, induit une modification des
caractéristiques physico-chimiques du sol ainsi qu'une modification de
la structure spécifique du peuplement de nématodes phytoparasites
(Villenave et al., 1998).
2. Répartition temporelle de la densité
moyenne globale des nématodes en fonction des traitements
Les densités moyennes obtenues les plus
élevées sont enregistrées au mois Mars. Cependant les plus
faibles sont signalées en Mai et Juin. Contrairement à nos
résultats, les travaux d'El Aimouche (2009) sur choux montrent que les
densités moyennes globales des nématodes sont plus importantes en
période hivernale. Il serait probable que les divers conditions de
l'environnement et pratiques culturales ont contribué à ces
différences d'abondance des nématodes ; cette hypothèse
rejoint les investigations de Zeleney et al., (2004) et Neher
(2000).
L'abondance globale moyenne des nématodes est
affectée par les amendements apportés. En conséquence, les
populations nématologiques les plus importantes sont observées
avec le traitement au fumier, suivi par le grignon d'olive comparé au
témoin. Tandis que, les plus faibles sont celles dans le sol a subi un
traitement chimique (Oxamyl). Par ailleurs, les analyses statistiques (G.L.M)
prouvent des différences non significatives entre les amendements
apportés (p=0.404). Nos résultats rejoint l'étude de Crow
(2005) qui déclare que l'effet de certains amendements peut être
faible, voire inexistantes. En outre Oka (2010) confirme qu'aucun amendement
organique seul ne semble être capable de remplacer des nématicides
systémiques ou des fumigants, mais l'intégration de cette
méthode avec d'autres techniques culturale comme l'utilisation de
cultivars résistants ou la
solarisation du sol, permettra d'améliorer le
contrôle de son efficacité et le rendement des cultures.
3. Répartition temporelle des groupes
trophiques en fonction des traitements
L'étude de la répartition des taxons
rencontrés en groupes fonctionnels montre que ces derniers se classent,
en quatre groupes trophiques, constitués spécialement de groupe
des nématodes libres qui rassemble pour la plupart des espèces
bactérivores en première position, suivi par les
phytophages en deuxième position, avec la présence de
(Ditylenchus, Pratylenchus, Scutellonema, Meloidogyne, Tylenchorhynchus,
Xiphinema, Paratrichodorus, Psilenchus, Trophurus, Tylenchus, Coslenchus et
Pratylenchoides) ; vient ensuite le groupe prédateur-omnivore
renfermant trois taxons ; Mononchus, Dorylaimus et Ecumenicus
; enfin le groupe fungivore ou figure Ditylenchus, Aphelenchus.
Il s'avère d'après nos résultats sur les groupes
trophiques des nématodes dans les sols maraîchers en
Algérie que sont comparables à ceux de Kadem (2007), Belahammou
(2010) et Mami (2011).
Le modèle G.L.M appliqué à la
répartition des groupes trophiques en fonction du temps montre une
différence très hautement significatives (p=0.000). Les groupes
les plus abondants sont signalés en Mars les plus faibles en Mai et
Juin. Le groupe des nématodes libres pullulent en forte densité
par rapport aux trois autres (Phytophages, fungivores et
prédateurs-omnivores). Cette
hétérogénéité de la distribution des groupes
fonctionnels rencontrés serait due à plusieurs facteurs. Selon
Norton et Niblack (1991), elle est en relation avec les différences dans
les cycles de vie des espèces, des relations biotiques avec les
microorganismes du sol et des facteurs physico-chimiques du milieu. Ou bien ils
sont en relation avec des changements de leurs ressources alimentaires
(Hânel ,1995 ; Gomes et al., 2003). Les résultats de
l'application du Modèle Linéaire Général (G.L.M)
montrent que les amendements organiques n'affectent pas d'une manière
significative les densités des groupes trophiques. Toutefois, le fumier
a entrainé une prolifération du groupe de nématodes
libres. Ces résultats rejoignent les observations de McSorley et
Frederick (1999) ; Nahar et al. (2006) et Oka (2010)
qui témoignent que l'incorporation des amendements organiques
(engrais et compost) augmente les densités des nématodes
bactériophages et des mycophages mais diminue les populations de
nématodes phytoparasites. Alors que les grignons d'olive ont
montré
une abondance des nématodes fungivores. On peut
supposer probablement que ce type de résidus organiques est à un
stade d'évolution assez avancé qui a induit une fongistase qui a
contribué à la pullulation des nématodes mycophages (Oka,
2010). Concernant les autres groupes, nous constatons une réduction en
T1 (Mars) des phytophages et faibles représentations des
nématodes prédateurs-omnivores et des nématodes libres
dans ce bloc quelques soit le temps d'échantillonnage. Ces
résultats seraient probablement liée aux plusieurs
composés phénoliques qui contiennent les déchets
d'industries d'olive qui possèdent une activité
nématicide
(Chitwood, 2002 ; Cayuela et al., 2008).
4. Effet des traitements sur la répartition des
nématodes phytophages
L'analyse multivarie (ACP) de la distribution temporelle des
nématodes en fonction des traitements montrent une affinité des
espèces phytophages rencontrés avec les différents
prélèvements dans les blocs testés. On peut dire
probablement que ces tendances sont en relation avec les traits de vie et la
dynamique de population de chaque espèce dans leur milieu de vie. Ceci
s'accorde aux travaux de Norton et Niblack (1991) ; Ndiaye
(1999) qui assurent que la température du sol et l'humidité sont
considérées comme les facteurs les plus importants affectants la
dynamique saisonnière des populations des nématodes. Elles
peuvent agir directement en modifiant l'activité métabolique des
nématodes (Atkinson, 1980 ; Duncan et Klekowski, 1975) ou indirectement
en affectant la qualité de leur source de nourriture (Yeates, 1982).
5. Effets des traitements sur la répartition des
Meloidogyne
A travers les résultats rapportés sur l'analyse
statistique (modèle G.L.M.) appliquée à l'effet des
traitements sur les variations temporelles des Meloidogyne on
constatant que les abondances moyennes des larves (L2) de nématodes
à galles dans le sol varient d'une manière très hautement
significative dans le temps avec une probabilité de (P=0.000 ; p <
0.05). Des pics sont enregistrés en période printanière le
5 Mars (T0), le 30 Mars (T2) et le 15 Mai (T5). Par contre les traitements
testés affectent faiblement les densités moyennes des
nématodes à galles. En effet l'apport des grignons d'olive a
révélé de faibles densités des larves de
Meloidogyne dans le sol comparé au fumier. Selon Norton (1979),
l'apport d'amendements organiques induit de façon générale
une diminution du nombre de
nématodes phytoparasites. Hominick (1999) explique que,
l'accumulation progressive de la matière organique dans le sol favorise
l'apparition des organismes antagoniques qui maintiennent les populations des
nématodes parasites de plantes au-dessous du seuil de nuisance. Par
ailleurs, Gamliel et Stapleton (1993) confirment que plusieurs composés
volatiles et non volatiles peuvent être produits au cours de la
décomposition des amendements organiques dans le sol. Comme le dioxyde
de carbone, l'éthylène, l'hydrogène, les acides
organiques, les alcools, le diméthyle, les sulfures et les
aldéhydes. Certains de ces composés sont connus pour leur
activité nématicides (Oka, 2010).
6. L'effet des traitements sur le nombre de galles et
le développement des femelles
Pour évaluer l'efficacité des amendements
organiques testés (fumier et grignon d'olive) sur le
développement des nématodes à galles dans la culture de
tomate ; nous avons tenu compte de l'état d'infestation des racines par
les larves (L2) de Meloidogyne (nombre de galles), le
développement du nombre de femelles.
Les résultats ont révélé que le
nombre de galles varie d'une manière très significative avec les
traitements apportés (p=0.004 ; p < 0.05). Les grignons d'olive
entraine une diminution de l'infestation des racines par les larves de
Meloidogyne d'où un faible développement de galles.
D'autre part, ces apports n'affectent pas le nombre de
femelles qui s'est établie sur les racines de tomate. Toutefois, nous
enregistrons que l'effectif moyen le plus faible des femelles est obtenu avec
l'application de grignon d'olive. Divers travaux confirment nos
résultats en expliquant que l'efficacité de la biofumigation du
sol avec des plantes Brassicaceae principalement le colza (Brassica
napus) et la moutarde indienne (Brassica juncea) dans la
suppression des nématodes (Mojtahedi et al., 1991 ; Mojtahedi
et al., 1993 ; Walker et Morey, 1999 ; Ploeg et Stapleton, 2001 ;
Stirling et Stirling, 2003 ; Zasada et Ferris, 2004 et Rahman et Somer,
2005).
L'amendement du sol avec les herbes orientales à 0.2%
(poids/ volume de sol) réduit l'infestation des racines de tomate par
M.incognita. Les plus efficace sont les traitements par les
écorces des racines de Paeonia suffructicosa et les
écorces des tiges de Cinnamomum cassia (Kim et al.,
2003).
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