CONCLUSION
GÉNÉRALE
L'action de l'homme, même la mieux intentionnée
qui puisse exister, peut être porteuse de malheur. Le passage d'une
société où l'homme était dominé par la
nature à une société où l'homme domine la nature
est à la fois une bonne et mauvaise chose. Les bonnes intentions ne
suffisent pas, dit-on. Derrière chaque bonne intention doit se trouver
un esprit de discernement : évaluer le bon et le mauvais
coté de l'action qu'on veut entreprendre, car la fin ne peut pas
forcement justifier les moyens. L'humanité est devenue depuis un temps
un grand danger pour la nature. Elle est devenue un danger non seulement pour
la nature, mais aussi pour elle-même, à cause des bienfaits de la
technologie, de ses multiples réalisations qui sont
appréciées par elle. La dangerosité de l'humanité
peut être due à son savoir et à sa liberté. En un
mot nous dirions aux technosciences.
Qu'est-ce qui a incité notre auteur à mettre sur
pied un nouveau discours éthique ? Autrement dit, qu'est-ce qui est
à la genèse de l'éthique de la responsabilité de
Hans Jonas ? C'est la technologie qui serait le point de départ
à partir duquel notre auteur a ressenti le besoin de reformer le
discours éthique. Avec la technologie, il y a eu transformation au
niveau de l'agir humain : l'homme est devenu maître de la nature
tant humaine qu'extrahumaine. Des questions nouvelles auxquelles
l'éthique traditionnelle ne pouvait rien dire se sont posées.
Dans le premier chapitre, il a été certes
question de montrer comment la technologie est source active de
l'éthique de la responsabilité. En effet, nous avons
commencé par constater avec notre auteur qu'il y a eu transformation de
la nature de l'agir humain. Avec la technologie, l'homme a commencé
à avoir de l'emprise sur la nature, à désacraliser
celle-ci qui était autrefois du domaine du sacré, et est parvenu
à se faire un génie génétique en ajoutant l'homme
à ses objets d'expérimentation. Face à cette emprise sur
la nature et sur l'homme lui-même, il se pose de nouveaux
problèmes qui n'ont jamais existé. La nouvelle manière de
faire ou d'agir de l'homme pose des questions tellement colossales que
l'éthique du passé ne peut les prendre en charge, car le cadre de
cette dernière est restreint. Toutes les questions relatives à la
nature extrahumaine et aux générations futures n'étaient
envisagées dans cette éthique. Celle-ci se limitait à
l'intersubjectivité et à ce qui est immédiat.
Il faut la responsabilité pour prévenir ce
danger des technosciences qui guète l'humanité toute
entière. C'est sur ce concept de responsabilité qu'a
gravité notre réflexion dans le deuxième chapitre de ce
travail. Dans ce chapitre, notre effort a consisté à
dégager certaines acceptions que peut revêtir le concept de
responsabilité pour aboutir à la conception purement jonassienne.
Cette responsabilité présuppose la liberté, et comme tel
elle doit exister chez l'homme même s'il vit dans l'isolement. L'homme
est responsable de ce qu'il fait, de ce qu'il doit faire ou de ce qu'il devrait
faire. Cette responsabilité ne peut que rendre compte à la
conscience et non à un tribunal (céleste ou terrestre). Pourquoi
l'humanité pour laquelle on doit être responsable, doit
exister ? Pourquoi l'humanité doit être plutôt que la
détruire ? C'est là une question que seule la
métaphysique est habilitée à répondre. De là
nous avons dit que l'éthique de la responsabilité chez Jonas a un
fondement métaphysique. Deux paradigmes de la responsabilité,
c'est-à-dire la responsabilité parentale et la
responsabilité politique mettent au clair la conception jonassienne de
la responsabilité. Ces deux responsabilités s'exercent de
manière totale, continue et s'occupent de l'avenir de l'objet
étant sous responsabilité. Celle-ci est non-réciproque et
a un caractère futurologique.
La crise écologique est une réalité. Ses
effets sont lents, se sont manifestés et continuent à se
manifester à travers les catastrophes que les medias du monde entier ne
cessent de signaler. La question de la crise écologique est
d'actualité et fait partie des préoccupations de la plupart des
hommes de science. Récemment, il y a eu des explosions nucléaires
à Fukushima au Japon qui ont infligé des plaies à
l'environnement. Le problème de la crise écologique est un
problème global, dans la mesure où il concerne tout le
monde : et les sociétés industrialisées et le
Tiers-monde, étant donné que les effets des technosciences
transcendent le temps et l'espace. Même l'Afrique n'en est pas
épargnée. Pour notre auteur, les Africains doivent limiter leurs
naissances. C'est cette question de l'Afrique qui a fait objet de notre
troisième chapitre. L'Africain et l'homme en général ont
besoin d'une éducation adaptée à la crise
écologique. Cette éducation doit être conscientisante, doit
pousser l'homme à la responsabilité et doit l'aider à
acquérir une compétence en la matière. La question que
tout lecteur de ce travail qui aimera continuer cette recherche, peut se poser
et que nous nous posons est celle de savoir comment concilier la recherche du
bonheur et la protection de notre environnement. Cette question vaut pour tout
homme -- africain ou non-africain.
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