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La question technologique à  la genèse du discours éthique de Hans Jonas. Une lecture du principe responsabilité

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par Bertin NKENGELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza en RDC - Bachelier en philosophie 2013
  

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3.4. L'AFRIQUE ET LES GÉNÉRATIONS FUTURES

Le continent africain est marqué de part et d'autre par la misère, la famine, les guerres, la pauvreté... La question majeure est ici celle de savoir comment penser aux générations futures quand les générations présentes connaissent des problèmes ?

La plupart des intellectuels et des hommes d'État africains se sont intéressés au problème écologique. Il existe dans la plupart des pays des campagnes de sensibilisation, des colloques..., lesquels invitent l'homme à ne pas trop polluer l'environnement, à ne pas abattre les arbres de manière irrationnelle ou exagérée, à faire le reboisement, à ne pas polluer les eaux. Il convient de signaler que la déforestation entraine non seulement la carence de l'oxygène dans l'air, mais aussi la disparition de la faune et d'autres plantes. Parmi ces intellectuels africains, nous pouvons citer Wangari Muta MAATHAI qui a du, comme notre auteur, recevoir un prix Nobel de la paix. Cette professeur d'une célèbre renommée ne cessait jamais d'exhorter ses compatriotes kényan, voire les africains en général et le monde entier, à protéger la nature. Elle a initié plusieurs projets de reboisement au Kenya.

La protection de la nature -- qui montre déjà des signes aujourd'hui -- de la part des africains implique ipso facto la préservation des générations futures. C'est puisque qu'on veut que subsiste l'être-tel à travers les âges que la nature est protégée. Le souci de protéger l'environnement existe chez l'africain en dépit des diverses crises, des multiples difficultés que connaissent les africains. Un effort d'être responsable vis-à-vis des générations futures, est consenti d'une manière ou d'une autre chez tout africain acculturé. Cependant, lorsqu'on parle de l'écologie, beaucoup d'africains ne se retrouvent pas, surtout ceux qui habitent les milieux ruraux. D'où la nécessité d'une éducation et d'une conscientisation en ce sens chez tous les africains en faveur de la protection de l'environnement.

3.5. NÉCESSITE D'UNE ÉDUCATION CONSCIENTISANTE ADAPTÉE A LA CRISE ÉCOLOGIQUE

L'Afrique connaît certes une crise d'éducation. L'africain semble osciller entre d'une part la tradition et d'autre part la modernité. Il s'avère un décalage important entre les valeurs portées par les jeunes africains vivant dans les villes et ceux qui vivent dans les villages. Il y a en Afrique une soif de changement et de nouveauté. On donne aux étudiants des titres sans voir leur capacité à résoudre certains problèmes posés par la société. Les cadres formés trainent dans le chômage par manque d'emploi. Le monnayage des points dans les écoles s'avère un défi parmi tant d'autres. Devant cette crise d'éducation, repenser et revoir les systèmes éducatifs et la politique globale de la plupart des États africains est une bonne chose.

L'homme devient homme à partir de l'éducation. Le processus d'éducation dure toute la vie : on s'éduque et on est éduqué d'une manière ou d'une autre. Pour Paulo Freire, philosophe de l'éducation de nationalité brésilienne, l'éducation doit toujours aller de pair avec la conscientisation. Les deux ne peuvent être disjointes. Plus on est éduqué, mieux on prend conscience de la situation dans laquelle on vit. Freire parle de la situation d'oppression qu'a connue le Brésil.117(*) Cette façon de concevoir l'éducation peut s'étendre au domaine écologique : éduquer les gens de telle sorte qu'ils prennent conscience de la crise écologique que connaissent le monde et l'Afrique.

Dans les sociétés occidentales, une mentalité en faveur de la protection de la nature est inculquée aux enfants dès leur jeune âge. En d'autres termes, dans le programme d'enseignement primaire et secondaire, se trouvent des cours dans lesquels les questions relatives à l'environnement sont traitées. Nous pensons qu'une action d'une telle envergure vaut la peine d'être entreprise dans nos pays africains. En d'autres mots, chercher à introduire des cours dont le contenu met en exergue le problème écologique, est très avantageux. Toutefois, l'éducation en cette matière doit concerner tout le monde, les enfants comme les adultes. L'éducation qu'il faut promouvoir en Afrique devant la menace de la technoscience, mieux de la crise écologique, doit être une éducation conscientisante, une éducation qui ne sait pas se distinguer de la conscientisation, étant donné que celle-là doit permettre aux africains de prendre conscience de la situation et d'être prudents -- sans être ni technophile ni technophobe -- devant l'ambivalence des technosciences. Car « compte tenu de l'irréversibilité de certains processus déclenchés, la prudence est la meilleure part du courage et elle est en tout cas un impératif de responsabilité »118(*), affirme Jonas.

Dans Une éthique pour la nature, Jonas propose une méthode d'éducation : éduquer les masses à partir des catastrophes ayant déjà eu lieu dans le passé. En d'autres termes, il revient à l'éducateur de projecter devant les élèves des images relatives aux catastrophes. Ceci leur permettra de prendre conscience. Cette éducation doit susciter chez les éduqués non seulement « la conscience morale », mais aussi « la compétence qualifiée en la matière ». Ainsi pour Jonas, « l'éducation ne consiste en rien d'autre qu'à ouvrir les yeux sur ce qu'ils (éduqués) voient déjà de manière que chacun puisse à son tour voir la même chose »119(*), et « l'espoir réside dans l'éducation par l'intermédiaire des catastrophes »120(*).

Pour le professeur Mbungu,

grâce à l'éducation et à la conscientisation, on arrivera à voir dans le langage et la rationalité technoscientifiques occidentales ce qui pourrait faire que l'africain demeure encore lui-même. En d'autres termes, un travail d'éducation et de conscientisation bien éclairé doit arriver à trouver, au-delà de l'ambivalence des technosciences, ce qui convient, ce qui peut s'adapter à sa culture et surtout ce qui doit l'aider à prendre la responsabilité de l'avenir de l'humanité et de la nature en Afrique.121(*)

En un mot, nous disons que cette éducation conscientisante doit aider à développer la prudence, vu les bienfaits et les inconvénients des technosciences et l'irréversibilité (ou l'incicatrisabilité) des plaies infligées à la nature par les technosciences.

* 117 Cf. P. FREIRE, L'éducation : Pratique de la liberté, p. 7-36.

* 118 H. JONAS, Le Principe Responsabilité, p. 257.

* 119 H. JONAS, Une éthique pour la nature, p. 150.

* 120 Ibid., p. 27.

* 121 J., MBUNGU, Op. cit, pp. 380-381.

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