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La question technologique à  la genèse du discours éthique de Hans Jonas. Une lecture du principe responsabilité

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par Bertin NKENGELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza en RDC - Bachelier en philosophie 2013
  

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2.4.18. 2.2. DU FONDEMENT MÉTAPHYSIQUE DE L'ÉTHIQUE DE LA RESPONSABILITÉ

Contrairement aux éthiques du passé qui prennent leur source dans l'éthique elle-même, l'éthique de la responsabilité trouve sa source ou se fonde dans la métaphysique. En fait, l'éthique jonassienne a besoin de la métaphysique pour sa fondation. Pour ce faire, il serait nécessaire de tenir compte de tout ce qui a été dit dans le premier chapitre sur les deux éthiques : éthique traditionnelle et éthique de la responsabilité.

Se voulant une éthique du futur, l'éthique de la responsabilité a son premier principe. Ce dernier « ne se trouve pas lui-même dans l'éthique en tant que doctrine du faire (dont font par ailleurs partie toutes les obligations à l'égard des générations futures), mais dans la métaphysique en tant que doctrine de l'être, dont l'idée de l'homme forme partie »73(*). Le premier principe de cette éthique du futur est que « l'humanité soit ». Alors la question métaphysique doit être celle de savoir « pourquoi l'humanité doit exister ». C'est seulement la métaphysique qui permet de se poser une telle question. Cette question considérée par Jonas de métaphysique part de la question leibnizienne qui consistait à savoir « pourquoi y'a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ». Cette question peut être reformulée autrement : « pourquoi l'humanité doit être plutôt que la détruire ? ».

Avec l'avènement des sciences de la nature et du positivisme, tout discours métaphysique commence à être considéré comme dénué de sens. Auguste Comte distinguait trois états : état théologique, état métaphysique et état positif. Ce dernier est considéré par ailleurs comme le meilleur état, l'état qu'il faut atteindre. Nous voyons dans ceci un dédain vis-à-vis de la métaphysique. Il sied de signaler qu'avec Jonas, la problématique de la métaphysique revient sur la scène philosophique : « (...) je m'avance avec une certaine allégresse sur le terrain devenu désert, prêt à y rencontrer la métaphysique déjà si souvent déclarée morte »74(*). « Philosophiquement, la métaphysique est tombée de nos jours en disgrâce, nous ne saurions nous en passer (...) »75(*), constate Jonas.

Déjà dans la préface du Principe Responsabilité, Jonas montrait la nécessité de la métaphysique dans l'éthique qu'il veut fonder.

La fondation d'une telle éthique, qui ne reste plus liée au domaine immédiatement intersubjectif des contemporains, doit s'étendre jusqu'à la métaphysique, qui seule permet de se demander pourquoi des hommes doivent exister au monde : donc pourquoi vaut l'impératif inconditionnel de préserver leur existence pour l'avenir. L'aventure de la technologie, avec ses risques extrêmes, exige ce risque de la réflexion extrême. Une telle fondation est tentée ici, à l'encontre de la résignation positiviste-analytique de la philosophie contemporaine. Du point de vue ontologique sont déployées à nouveau les vieilles questions du rapport de l'être et du devoir, de la cause et de la finalité, de la nature et de la valeur, afin d'enraciner dans l'être, par-delà le subjectivisme des valeurs, le nouveau devoir de l'homme qui vient d'apparaître.76(*)

Le recourt à la métaphysique de la part de Jonas n'est pas sans raison et se justifie. Pour Jonas, la métaphysique permet de retourner au principe premier fondateur de l'éthique. Il s'agit de partir du devoir pour remonter à l'être. Avec la métaphysique, on s'intéresse au pourquoi de l'être, au pourquoi du pourquoi de l'être, ainsi de suite. Il y a une ascension vers la cause première de ce qui est. La nécessité de la métaphysique se justifie pour Jonas à partir deux arguments :

(...) il faut remonter jusqu'à l'ultime (la première) question de la métaphysique, n'admettant plus de réponse, pour ensuite tirer du sens de l'être de « quelque chose comme tel », qui lui-même ne se laisse plus fonder, peut-être, malgré tout, un renseignement relatif au pouvoir du devoir de l'être déterminé, et en second lieu, que l'éthique qui se laisse éventuellement fonder de cette matière ne peut plus s'arrêter à l'anthropocentrisme brutal qui caractérise l'éthique traditionnelle, en particulier l'éthique grecque-juive-chrétienne de l'Occident.77(*)

Pour Jonas, comme nous le savons bien, le premier impératif est que l' « humanité soit »78(*). Cet impératif s'avère catégorique et intransigeant. « Qu'une humanité soit » sous-tend l'exigence de l'existence d'une vie. Ce qui est, ce qui existe ou ce qui doit exister, c'est la vie. Cette vie implique la supériorité de l'être sur le non-être. Dans ce cas, l'éthique se fonde sur le oui `inconditionnel' à l'être ou sur le non `inconditionnel' dit au non-être. La métaphysique vient faire montre comment cet impératif, cette exigence de l'existence d'une humanité future provient certes de l'être. C'est seulement cette métaphysique qui peut nous dire le pourquoi d'une existence, du devoir-être de l'être-tel futur.79(*)

Le bien-fondé de la métaphysique gît dans le fait qu'elle se fonde sur la raison. C'est ce niveau rationnel qui diffère la métaphysique de la foi. Celle-ci, comme le dit Jonas, « peut donc très bien procurer à l'éthique le fondement, mais elle-même n'est pas disponible sur commande et même en y mettant l'argument le plus fort de l'obligation, on ne peut pas faire appel à celle qui est absente ou discréditée »80(*). La métaphysique par contre « a été depuis toujours une affaire de la raison et celle-ci se laisse mobiliser quand il le faut »81(*). Et la religion (la foi), et la métaphysique, toutes, peuvent prôner (réclamer) l'existence impérative et inconditionnelle de l'homme, cependant elles ne le feront pas de la même manière. La métaphysique mettra en exergue la rationalité, mais la religion mettra la révélation divine.

* 73 Ibid., p. 70.

* 74 H., JONAS, Pour une éthique du futur, p. 75.

* 75 Ibid., p. 90.

* 76 H. JONAS, Principe responsabilité, p.14. Lire aussi H., JONAS, Pour une éthique du futur, p. 90.

* 77 Ibid., p. 72.

* 78 Ibid., p. 69.

* 79 Cf. Ibid., p. 72.

* 80 Ibid.

* 81 Ibid.

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