2.4.15. 1.5. CONCLUSION PARTIELLE
Notre effort dans ce chapitre a consisté à
élucider la véritable source de l'éthique de la
responsabilité qu'est la technologie. Par le biais de cette
dernière l'essence de l'agir humain s'est modifiée et a
donné naissance à de nouvelles questions auxquelles
l'éthique d'autrefois ne pouvait répondre, étant
donné que ce sont des questions qui n'étaient jamais
envisagées dans la réglementation des conduites humaines.
Nous avons affirmé, avec Jonas, que l'agir humain a
changé. L'homme de l'Antiquité a usé d'une technique
rudimentaire. Celle-ci ne pouvait perturber l'ordre cosmique. Au temps moderne,
avec l'avènement de la technique moderne, l'homme a commencé
à travailler la nature de manière abusive, à
maîtriser la nature : l'homo faber a pris le dessus sur
l'homo sapiens. Il y a eu automatisation du processus
industriel : les travaux qui étaient jadis faits par l'homme, sont
aujourd'hui faits par les machines (automates ou robots). Cette intervention
technique de l'homme dans la nature a rendu celle-ci vulnérable. La
technique moderne a promis au monde des merveilles qui se sont
transformées en danger. Le drame git dans ce que l'homme ne s'est pas
limité à maîtriser la nature, mais à se
maîtriser lui-même.
La nature ainsi devenue vulnérable par l'usage excessif
de la technique, a réagi et continue à réagir. D'où
notre affirmation selon laquelle `la crise écologique est une
réalité' à laquelle tout le monde est appelé
à être responsable. Vus les nouveaux problèmes qui se
posent, l'éthique traditionnelle caractérisée surtout par
la prédominance de l'anthropocentrisme, la neutralité
vis-à-vis de la nature extrahumaine, et l'immédiateté, est
devenue inefficace et muette : il s'est alors créé un vide
éthique. Pour combler ce vide éthique, Hans Jonas a eu recourt
à l'éthique de la responsabilité qui englobe et la nature
humaine et la nature extrahumaine. L'éthique de la responsabilité
ne se limite pas seulement à l'ici et au maintenant, mais s'étend
dans le temps et dans l'espace. C'est cette responsabilité se trouvant
au centre de l'éthique jonassienne qui fera certes objet de notre
deuxième chapitre.
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