I.4- Epidémiologie de la résistance des
bactéries aux
antibiotiques
Depuis l'introduction des antibiotiques dans l'arsenal
thérapeutique des maladies infectieuses, les microorganismes ont
développé des moyens de défense leurs conférant une
résistance aux antibactériens [13].
Ces résistances aux antibiotiques aux doses
thérapeutiques apparaissent plus ou moins rapidement selon la
complexité chimique des antibiotiques et du patrimoine
génétique de la bactérie.
Actuellement quel que soit l'antibiotique
utilisé, il existe des souches de différentes espèces
bactériennes qui leur sont résistantes. Le mécanisme de
résistance peut avoir comme support
génétique un gène
d'origine plasmidique ou chromosomique
[13].
La réponse de la bactérie est souvent
complexe, il peut s'agir d'empêcher l'antibiotique de
pénétrer à l'intérieur de la cellule
bactérienne, d'inactiver le xénobiotique par des enzymes ou de
modifier le site d'action de l'antibiotique, voire de synthétiser des
systèmes additionnels qui permettent de contourner l'action de
l'antibiotique, voire de le refouler activement à l'extérieur
(efflux) [13].
Toutes les espèces ou genres bactériens
sont concernés par le phénomène de la résistance
aux antibactériens posant parfois de véritables problèmes
thérapeutiques. La résistance aux antibactériens est un
phénomène universel, qui semble plus aigu dans certains pays en
voie de développement du fait de la monotonie des
antibiotiques utilisables [13].
MENES-USS-FM-DBV Mémoire n°2 59
présenté par ONDENOT Yann Christian
25
Surveillance de la résistance aux antibiotiques
de Streptococcus pneumoniae et Haemophilus
influenzae
I.4.1-Epidémiologie de la résistance
de
Streptoccocus pneumoniae aux
antibiotiques
Streptoccocus pneumoniae est responsable
d'une importante mortalité et d'une morbidité
élevée. Il s'agit du premier agent pathogène responsable
des infections respiratoires, la deuxième étiologie
des méningites purulentes, et l'une des causes majeures des
otites de l'oreille moyenne [13].
Les sulfamides ont été introduits en
thérapeutique vers 1936, et dès 1943 les premières souches
de pneumocoques résistantes ont été rapportées. Les
premières souches résistantes aux cyclines ont été
publiées en 1962.
En 1964, les premières souches
résistantes à l'érythromycine A ont été
décrites lors d'une étude dans le traitement des surinfections
lors des poussées aigues chez les patients souffrant d'une
bronchite chronique [13].
Depuis 10 ans, le nombre de souches de S.
pneumoniae résistantes à la pénicilline G est
en augmentation constante.
On appelle souche multirésistante de
Streptoccocus pneumoniae, une souche insensible
à au moins trois antibiotiques. Le nombre de souches résistantes
à l'érythromycine A devient élevé ; ce type de
souche a été isolée dans le monde entier. Il s'agit
souvent de souches également de sensibilité diminuée ou
résistante à la pénicilline G. La première souche
multirésistante a été décrite en 1977 en Afrique du
Sud ; il s'agissait d'une souche résistante à la
pénicilline G, à l'érythromycine A, au
chloramphénicol, à la tétracycline et au cotrimoxazole
[13].
I.4.2-Epidémiologie de la résistance de
Haemophilus influenzae aux antibiotiques
Haemophilus influenzae est un agent important
des infections respiratoires basses et hautes, des conjonctivites, et des
méningites purulentes. La détermination de l'activité
in vitro des antibactériens sur
H. influenzae est complexe, car la valeur des CMI est
fonction du milieu de culture, du pH, de la composition du gaz
d'incubation du gaz d'incubation (CO2), de la taille de
l'inoculum [13].
MENES-USS-FM-DBV Mémoire n°2 59
présenté par ONDENOT Yann Christian
26
Surveillance de la résistance aux antibiotiques
de Streptococcus pneumoniae et Haemophilus
influenzae
De plus cette espèce bactérienne a
besoin de facteurs de croissance, ce qui complique
l'appréciation de la CMI.
Au début des années 1960, l'ampicilline
était devenu l'antibiotique de référence dans
le traitement des infections dut à
H.influenzae. Dès 1974, les premières
souches productrices de béta-lactamases furent
décrites.
La résistance à l'ampicilline
s'accompagne souvent d'une résistance au
chloramphénicol et aux cyclines. La résistance aux cyclines a
été détectée dès 1970, et celle du
chloramphénicol dès 1972.
Gould en 1994 a rapporté la première
souche de H .influenzae résistante à la
ciprofloxacine (CMI=8mg /L) et à l'ofloxacine (CMI=32mg/L)
[13].
I. 5- La résistance des bactéries aux
antibiotiques
La résistance aux antibiotiques peut-être
naturelle ou acquise.
La résistance naturelle d'une espèce ou
d'un genre est une caractéristique propre, appartenant à
l'ensemble des souches de cette espèce ou de ce genre. Elle est toujours
transmissible à la descendance (transmission verticale), car
portée par le chromosome, alors que la transmission horizontale est
très rare ou inexistante [12].
La résistance naturelle détermine les
phénotypes « sauvages » des espèces
bactériennes vis-à-vis des antibiotiques.
La résistance acquise ne concerne qu'une
proportion variable dans le temps, de souches d'une espèce ou d'un genre
; elle existe grâce à l'acquisition d'un (ou plusieurs)
mécanisme(s) de résistance qui détermine(nt) un
phénotype bien précis de résistance, différent du
phénotype sauvage caractérisant les souches n'ayant pas acquis ce
mécanisme [12].
|