3.2.1.2 Typologie de l'entreprise camerounaise
La façon générale et compte tenu des
effectifs, l'on a souvent tendance à distinguer quatre grands types
d'entreprises :
- Les toutes petites entreprises (TPE) qui sont soit des
entreprises individuelles sans salarié, soit des entreprises
présentant un effectif allant jusqu'à 9 salariés.
- Les petites entreprises (PE) qui sont juste au dessus des TPE
avec un effectif pouvant atteindre la cinquantaine de salariés.
- Les petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI),
elles peuvent compter jusqu'à 499 salariés mais cependant sont
parfois regroupés en petites équipes de travail afin d'assurer
une certaine rentabilité et bénéficier d'un suivi
facile.
- Les grandes entreprises (GE) comptent au-delà de 500
salariés et peuvent même atteindre des proportions allant du
simple au double de cet effectif là.
Il faut cependant noter que la classification des entreprises
ne peut obéir qu'à ce seul critère de la taille de
l'effectif ; d'autres facteurs peuvent intervenir tels que le chiffre
d'affaire, le secteur d'activité, le statut juridique ou au mieux une
classification obéissant à vue association de deux ou plusieurs
de ces critères.
L'entreprise camerounaise offre à cet effet une toute
autre facette et passe presque outre les stades des petites et toutes petites
entreprises pour ne tenir compte que des PME/PMI, des grandes entreprises (GE)
et enfin une troisième classe qui a toujours fait l'objet d'une
très grande controverse quand à son adoption au rang des
entreprises. L'Entreprise informelle bien que évoluant dans la stricte
illégalité mérite en lieu et place d'être
classée parmi les entreprises camerounaise car le secteur informel
constitue au même titre que les autres un
secteur d'activité visant la promotion de
l'activité économique et occupe même une place non
négligeable pour ce qui est de la création.
3.2.1.2.1 Les grandes entreprises
De façon générale, une certaine
ambiguïté règne sur la classification des entreprises au
Cameroun et en Afrique en général, ceci permettant de
dégager une autre spécificité de ces entreprises. En effet
lorsque nous tenons compte de la taille ou alors de l'effectif de l'entreprise,
ce qu'il est convenu d'appeler « grandes entreprises » est
considéré ailleurs comme une PME, ainsi Michaël porter,
spécialiste Américain de stratégie d'entreprise parle de
l'existence de PME de 1000 personnes sont déjà
considérées comme étant des grandes entreprises.
Les grandes entreprises au Cameroun revêtent une certaine
particularité et révèlent en général de deux
catégories essentielles : le secteur privé et le secteur
public.
Le secteur privé
L'initiative en ce qui concerne les grandes entreprises au
Cameroun est un domaine spécifiquement réservé aux
entrepreneurs étranger ainsi qu'aux multinationale. La
nécessité d'un investissement trop lourd et important en est la
véritable cause ; elle constitue en effet une réelle
barrière pour les investisseurs nationaux qui ne sont pas enclin au
risque et qui ont d'énormes difficultés de financement.
Par contre, le secteur parait plus propice aux
multinationales. Le vaste mouvement de privatisation des entreprises publiques
apparaît pour eux comme une source d'opportunités leur permettant
d'assurer une implantation définitive dans le pays ainsi par exemple,
les principales activités industrielles du port autonome de Douala sont
depuis 2003/2004 assurée par Mocrsk et le consortium Bolloré pour
ce qui est du remarquable et la société Française «
les Abeilles » pour ce qui lui est du lamanage; le réseau
ferroviaire quant à lui est exploité sous régime de la
concession par camrail qui appartient au Consortium
Bolloré31, pendant que l'exploitation du bois est en
majorité assuré par le groupe Rougier.
Il faut cependant noter que la présence
française est très prépondérante au Cameroun et
évolue beaucoup plus sous le qualificatif d'alliance franco-camerounaise
que sur celui de multinationale et constitue en quelque sorte les vestiges de
la période coloniale.
Le secteur public
Les grandes entreprises dominées par le pourvoir de
l'Etat représentent au Cameroun environ 50 % de la production totale.
Elles sont en fait née de la reprise des grandes exploitation
minières et compagnie diverses par l'Etat après la période
coloniale. Cependant Marc Penouil (1992) pense que ces grandes entreprises ont
souvent été crées dans l'optique de parler à
l'absence d'entrepreneurs privés aptes à gérer l'industrie
locale. Mais il faut cependant noter que ce phénomène
relève beaucoup plus de la capacité des gouvernements Africains
en général à suivre une mode longtemps répandue
à savoir l'étatisation des entreprises comme panacée
à toutes les difficultés économiques.
Les grandes entreprises publiques camerounaises aujourd'hui
apparaissent au sein de la structure économique camerounaise comme des
« géants au pied d'argile », en effet à quelques
exceptions près, elles présentent un bilan globalement
désastreux et sont pour beaucoup dans le déficit de finance
publique qu'accumule l'Etat depuis de longues années. Elles sont sans
cesse sous perfusions des ressources de l'Etat ainsi l'exploitation du
réseau ferroviaire est subvention à hauteur de 4 milliard de
franc CFA par an sur l'activité « voyageurs »32.
Les phénomènes de corruption et de
détournement des fonds publics constituent également un
véritable frein à l'évolution de l'activité dans ce
secteur, conduisant ainsi à un difficile recouvrement des investissement
engagés et par conséquent service rendu dans ces
sociétés d'Etat est quelconque et n'assure en aucun cas la
satisfaction des usagers.
3.2.1.2.2 Les petites et moyennes
entreprises
Si l'on est parfois arrivé à attester d'un bon
état de santé de l'économie camerounaise, c'est
grâce au développement très récent d'un secteur de
la PME très dynamique. Il constitue le fer de lance de la production au
Cameroun et va de la micro finance à la production industrielle en
passant par des activités agricoles rentières qui sont depuis
toujours restées ancrées dans les habitudes des entrepreneurs.
La PME apparaît en ce jour un secteur d'activité
très privé et très diversifiés, il constitue
l'essentiel des initiatives privées nationales bien que demeurant
très insuffisant en comparaison à la réalité
entrepreneuriale d'ailleurs, cette insuffisance constitue ainsi une
particularité dans la plus part des pays Africains selon Philippe HUGON
(1993) « la faiblesse des technologies intermédiaires et l'absence
de PME caractérisent les économies africaine dualistes. Les
entreprises publiques et les filiales des firmes étrangères
jouxtent les ateliers informels ou les exploitations paysannes ».
L secteur de la PME au Cameroun rencontre en effet un
très grand nombre de problème et cette faiblesse qu'elle affiche
aujourd'hui tire son explication d'une part dans la crise économique de
1985-1986 ayant entraînée la disparition de beaucoup de PME ou
alors leur glissement dans le secteur informel. D'autre part, on constate une
certaine limitation du seuil de l'activité, car peu enclin au risque.
L'innovation n'est pas en effet une réelle motivation dans les habitudes
de l'entrepreneur camerounais qui tend vers les stagnations, il se cantonne en
fait à sa première idée et l'entreprise n'aspire vraiment
pas à une évolution notable ; la plupart du produit de
l'entreprise subit une fuite vers des activités non rentables se
résumant soit à la survie de la famille, soi à la
résolution d'autres problèmes de la société ou de
la communauté, conduisant ainsi soit à la stabilisation de
l'activité soit dans le pire des cas au déclin.
La PME camerounaise cependant se distingue beaucoup des autres
PME rencontrées dans les autres économies ; elle peut en effet
être regroupées en deux catégories distinctes.
- Les petites entreprises qui sont des sociétés
de personnes, elles sont le plus répandues, ont un effectif très
réduit pouvant aller jusqu'à 30 employés et parfois
beaucoup moins, elle se rapproche beaucoup plus de l' »entreprise refuge
» de J.M Bellot (1998) car constitue en réalité une
assurance contre les vicissitudes de la vie professionnelle en cas de
difficultés, de licenciement. C'est une assurance vieillesse pour son
propriétaire au moment de la retraite. Les petites entreprises oeuvrent
généralement dans l'industrie légère, l'immobilier,
la construction et les travaux publics.
- Les moyennes entreprises sont beaucoup plus importantes
d'abord du point de vue des effectifs (jusqu'à 100 personnes) et ensuite
compte tenu des capitaux investis. Ce sont des sociétés de
personnes ou de capitaux oeuvrant beaucoup plus dans le commerce et l'industrie
d'import-export. La motivation majeure ici est l'évolution de
l'activité ainsi que la tendance à la diversification,
l'élargissement du porte feuille et la recherche d'un maximum de profit,
l'ouverture vers de nouveaux horizons. Ici ce n'est pas nécessairement
l'affaire d'un fonctionnaire désireux d'assurer ses heures de retraite,
mais plutôt celle d'un « manager » possédant une solide
formation. La qualité de l'employé est fonction de sa
qualification et son salaire quelquefois dépend de son rendement. La
notion d'accumulation est la règle d'or de l'affaire.
Le secteur informel ne sera pas abordé ici car fera
l'objet d'une analyse plus détaillée mais nous pouvons
déjà à la lumière de l'analyse typologique faite
ici de l'entrepreneuriat camerounais à travers l'entrepreneur et
l'entreprise que l'entrepreneuriat peut en effet ne pas
paraître universel du point de vue pratique. La
classification de l'entreprise sous le critère de la taille nous permet
déjà de voir en clair que la grande entreprise camerounaise est
en fait la PME Américaine pendant que ce qui est considéré
comme étant la PME camerounaise fait en outre l'objet d'une certaine
distinction entre petite entreprise et moyenne entreprise selon Amadou Lamine
Dia (1991) d'une part et d'autre part J.M. Bellot (1998) parle plutôt
d'entreprise « refuge » et de l'emprise de « manager ».
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