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Nature et spécificités de l'entrepreneuriat camerounais

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par Guy Francis ZAMBO
Université de Marne-La-Vallée - Master professionnel AIGEME (Application Informatique à  la Gestion aux Etudes, au Multimédia et à  l?E-formation) option internet  2006
  

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3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les ajustements structurels économiques et politiques dans un contexte de crise économique

L'économie camerounaise en général et le milieu des affaire en particulier dans le pays tout entier présente une totale défaillance, il en va du niveau de plus en plus élevé des déficit budgétaire de l'Etat, de l'accroissement plus que progressif de la dette intérieur et extérieur, le niveau de l'emploi et en fin de compte une économie de marché devenant non seulement inaccessible mais qui constitue un pôle d'investissement à très haut risque.

Le milieu entrepreneurial camerounais se trouve donc dans une impérieuse nécessité d'ajustement, une nécessaire révision et recomposition tant dans le domaine économique que politique s'inscrivant non seulement dans le cadre d'une reforme économique réelle ; mais aussi dans ce contexte politique de multipartisme en mouvance orienté vers la libéralisation du marché sensé aboutir ou relevant de l'économie ainsi qu'à la construction d'un environnement entrepreneurial sain.

La période 1985-1987 constitue pour la nation camerounaise tout entière un cauchemar, une étape de leur vie qu'elle aurait bien voulu ne pas avoir vécu, mais seulement qui reste et demeure comme la preuve irréfutable du point de chute des politiques mises en oeuvre jusque la par les pouvoirs publics, la faiblesse même de ce système axé sur la prépondérance du pouvoir de l'Etat ainsi que le poids très important des hauts fonctionnaires et hommes politique sur l'activité économique. Situations les plus désastreuses même lorsque associée en outre à des mouvements d'ajustement supposé déboucher sur une stabilité et une restructuration de cette économie à une redynamisation des affaires et des entreprises camerounaises.

3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import substitution et l'entrée en crise

La politique économique camerounaise axée sur la valorisation de la substitution des importation dans un contexte d'économie de rente visant principalement à la reformulation de la question entrepreneuriale camerounaise avec en son centre l'entrepreneur privée national s'est avérée en effet et sur toute la ligne un échec malgré l'émergence et la démarcation de quelque uns de ses fils sur la scène entrepreneurial à l'instar de M. Joseph Kadji DEFOSSO, James Onobiono, André Sohaing et bien d'autre encore ; Seulement il faut ici déplorer la montée en puissance de cet Etat et de ce secteur public dont la dette va s'accroître et attendre des proportions alarmantes en 1992 notamment d'une valeur de 968 milliards de francs CFA, soit 32,50 % pour la dette intérieure avec un encours de la dette extérieure s'élevant à 1554 milliards de francs CFA essentiellement contractées auprès des membres de club de paris (à 80 %)16 .

La baisse des cours mondiaux du pétrole, du café, du cacao, du coton ainsi que les mouvements erratique de dollars allaient en effet entraîner de grands chocs financer et commerciaux, conduisant ainsi à la déstabilisation des finances publiques. On assistera donc à un progressif retrait de dépôt bancaire par l'Etat ainsi que le recours aux ressources financières de certaines entreprises publiques et parapubliques comme la SNH, l'ONCPB, la CNPS et le CFC pour le financement du déficit public. La situation économique de l'Etat va donc très progressivement s'aggraver et s'acheminer vers une totale déstabilisation qui entraînera dans sa course le système tout entier. Les opérateurs économiques vont se désengager des banques nationales aux profils de bailleurs de fonds extérieurs pour le règlement de leurs tensions de trésoreries.

Entre Avril 1986 et Juin 1987, l'Etat camerounais affiche une perte de recette d'un montant de 300 milliards de francs CFA suite à la chute des cours du pétrole, des matières premières agricole et des fluctuations du dollars ; il faut donc dès à présent faire face avec la chute de près de 65 % des termes de l'échange ou creusement des déficit fiscal et externe, c'est dans ce cadre que l'on observe entre 1986 et 1987 une accumulation d'arriérés de paiement de près de 250 milliards de franc CFA, d'où le recours entre 1988 et 1989 à une démarche de crédit interne de 169 milliards de francs CFA

Il est cependant important de mentionner ici que « la dégradation des finances publiques en 1985-1986 avait donné lieu en cette même année budgétaire à une spirale d'endettement lié à la stratégie de compensation de la baisse.

1 6Situation économique et financière des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991, Paris, Ministère de la coopération.

3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial par les ajustement réel et monétaire

Les mouvements d'ajustement de l'économie camerounaise arrive dans un contexte de véritable instabilité de l'ensemble de l'économie, et doivent en effet faire face d'une part à l'accroissement du déficit des dépenses publiques de l'Etat et d'autre part à un système financier et bancaire presque en déclin et tout ceci dans un contexte de mutation politique avec l'arrivée du multipartisme qui va entraîner quelques petites divisions ; notamment dans les considérations tribales ainsi que la naissance d'une classe de fonctionnaires et d'hommes politiques véreux.

Les mouvements d'ajustement au Cameroun s'inscrivent dans le cadre d'une politique conjointe FMI- Banque Mondiale entre septembre 1988 et octobre 1989, ils sont essentiellement orientés vers des mesures d'ajustement réel de l'économie dans l'optique d'une stabilisation et une restructuration de l'économie en vu de faire face d'une part creusement de l'écart entre les dépenses et les recettes publiques et d'autre à une structure de l'économie peu enclin à l'éclosion de l'initiative privé nationale. Le train des reformes mis en oeuvre dans le cadre de ces PAS constitue un dispositif avec un taux de change fixe, et vise principalement à résorber la crise des finances publiques en procédant à la rationalisation des choix budgétaires. L'économie camerounaise sera donc organisée de trois secteur, primaire, le secondaire et le tertiaire ; pendant bien longtemps réservé à l'Etat pendant que la plus part des initiatives privées se résume au secteur primaire notamment dans les activités de recherche de rente telles que le secteur de l'agriculture, l'agroalimentaire ainsi que les petite activités formelles conduisant soit à la satisfaction des besoins personnels ou de ceux de la famille ou de la communauté, soit à la recherche d'un emploi.

En dépit de toutes les mesures mise en oeuvre dans le cadre de ces PAS ainsi que la toute première réduction de salaire des fonctionnaires en 1991, la relance économique reste obstruée par la récurrence des dynamiques d'alourdissement des contraintes d'endettement et de paiement. En effet l'encours de la dette essentiellement contractée au club de paris s'élevait au 31 janvier 1992 à près de 1554 milliards de francs CFA17 contre une dette intérieur estimée à 968 milliard (32,50 % du PIB) avec un encours de 370 milliards et des arriéré de 596 milliards.

L'échec de cette politique de restructuration réelle vient d'une part du programme de
restructuration des entreprises publiques lancé en Juin 1986 par la création d'une mission de
réhabilitation des entreprises publiques et parapubliques, qui n'aura abouti qu'à la liquidation

1 7Situation économique et financière des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991, Paris, Ministère de la coopération.

de 4 seulement des 15 entreprises étatique recensée en 1990(Voir annexe), d'autre part la restructuration du système bancaire s'est soldée par un échec, ou observe près de 403 milliard de franc CFA de créance douteuse soit environ 41 % de l'encours total de crédit à l'économie.

Eu égard donc à tout cela, la stimulation des activités entrepreneuriale ne pouvait s'opérer dans un tel contexte de réelle détérioration de l'économie. Ainsi au cours de l'année budgétaire 1992-1993 on observe une baisse de 10,5 % du chiffre d'affaire des entreprises affiliée au SYNDUSTRICAM avec une baisse de 47 à 17 % du niveau global des investissements industriels dans la période allant de 1984 à 1992 (OWONA NGUINI, 1996).

Le milieu des affaires camerounais deviendra donc un milieu jugé hostile et peu attrayant pour de nouveaux investisseurs nationaux et étranger ; les mouvements d'ajustement monétaire allaient donc gagner de manière progressive en consistance au détriment de l'ajustement réel qui s'avère une échec car n'ayant pas pu produire l'effet escompté de la restructuration d'un climat favorable au développement de l'activité entrepreneuriale.

L'essentiel de l'ajustement monétaire intervient dans le cadre de la double dévaluation du franc CFA en 1991 et 1994.

La toute première dévaluation de Janvier 1991 est inscrite dans l'optique de lever la problématique de la compétitivité des entreprises manufacturières camerounaise liée à la surévaluation du franc CFA. Le secteur manufacturier restait donc confronté à un important problème de trésorerie associé à la baisse du pouvoir d'achat de nombreux ménages, il se retrouve en outre sous l'effet du choc causé par la reforme fiscalo-douanière de l'UDEAC ayant abouti sur la levée des barrière tarifaire afin de démanteler toute protection en faveur des unités locales de production industrielle. L'exemple de la CAMSUCO face à la concurrence provenant de l'Union Européenne montre assez clairement ce problème.

Selon OWONA NGUINI en 1996, la seconde dévaluation de Janvier 1994 devait améliorer l'utilisation des capacités installées des industries de transformation des produits camerounais à des fins d'exportation. Malheureusement la réalité en sera tout autre, les effets resteront contrastés ; seules quelques industries peu dépendantes des intrants importés ont pu rétablir leur compétitivité à l'instar d'ALLUCAM ou de la SFID (finale du groupe français Rougier) pendant que l'essentiel des entreprises fortement dépendant de la demande interne vont pâtir du tassement de la consommation. L'accroissement de la dette intérieure viendra couronner tout ceci et bloquer en définitive le recours aux financements bancaires de fait de la situation non crédible des entreprises nationales publiques et privées.

Ce deuxième programme d'ajustement va s'avérer une fois de plus un échec et sans un réel apport à l'amélioration de la condition de l'entrepreneur camerounais alors que l'on s'achemine vers une période de plus en plus critique marquée de part et d'autre par la naissance de plusieurs propres politiques et de diverses tensions liées à l'implantation du multipartisme politique aboutissant à une autre vision du parrainage politique de l'activité entrepreneuriale pour une lente reconstruction.

La relance économique en dépit de ces programmes d'ajustement restera néanmoins une équation bien difficile à résoudre les relations entre les entrepreneurs nationaux et étranger se dégagent de plus en plus, le pouvoir de l'Etat tend à rester le même et à peser du même poids sur l'activité entrepreneuriale constituant ainsi un réel frein à l'éclosion des initiatives privées surtout nationales. En effet, le milieu entrepreneurial demeure dans un contexte d'incertitude persistante eu égard à la timide croissance qui s'annonce bien que marquée par les appétences rentières des hommes politiques et hommes d'affaires dans différents scandales politico financiers et commerciaux.

De multiples réserves sont portées sur les politiques gouvernementales camerounaises notamment en ce qui concerne le paiement de la dette intérieure ainsi que le relèvement des salaires de la fonction publique afin de faire face à la forte baisse de la demande intérieure due à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs. C'est dans ce cadre que vont intervenir en 1994. Puis en 1996 deux nouveaux programmes d'ajustements structurels en accord avec le FMI, accords visant principalement la restructuration effective de l'économie camerounaise. Ces accords seront suivis en octobre 2000 par la déclaration du Cameroun comme étant éligible à l'initiative PPTE dans l'optique de dégager un train de croissance soutenu ainsi que la formation d'un secteur privé plus participatifs dans le processus de la relance économique.

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