3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les
ajustements structurels économiques et politiques dans un contexte de
crise économique
L'économie camerounaise en général et le
milieu des affaire en particulier dans le pays tout entier présente une
totale défaillance, il en va du niveau de plus en plus
élevé des déficit budgétaire de l'Etat, de
l'accroissement plus que progressif de la dette intérieur et
extérieur, le niveau de l'emploi et en fin de compte une économie
de marché devenant non seulement inaccessible mais qui constitue un
pôle d'investissement à très haut risque.
Le milieu entrepreneurial camerounais se trouve donc dans une
impérieuse nécessité d'ajustement, une nécessaire
révision et recomposition tant dans le domaine économique que
politique s'inscrivant non seulement dans le cadre d'une reforme
économique réelle ; mais aussi dans ce contexte politique de
multipartisme en mouvance orienté vers la libéralisation du
marché sensé aboutir ou relevant de l'économie ainsi
qu'à la construction d'un environnement entrepreneurial sain.
La période 1985-1987 constitue pour la nation
camerounaise tout entière un cauchemar, une étape de leur vie
qu'elle aurait bien voulu ne pas avoir vécu, mais seulement qui reste et
demeure comme la preuve irréfutable du point de chute des politiques
mises en oeuvre jusque la par les pouvoirs publics, la faiblesse même de
ce système axé sur la prépondérance du pouvoir de
l'Etat ainsi que le poids très important des hauts fonctionnaires et
hommes politique sur l'activité économique. Situations les plus
désastreuses même lorsque associée en outre à des
mouvements d'ajustement supposé déboucher sur une
stabilité et une restructuration de cette économie à une
redynamisation des affaires et des entreprises camerounaises.
3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import
substitution et l'entrée en crise
La politique économique camerounaise axée sur la
valorisation de la substitution des importation dans un contexte
d'économie de rente visant principalement à la reformulation de
la question entrepreneuriale camerounaise avec en son centre l'entrepreneur
privée national s'est avérée en effet et sur toute la
ligne un échec malgré l'émergence et la démarcation
de quelque uns de ses fils sur la scène entrepreneurial à
l'instar de M. Joseph Kadji DEFOSSO, James Onobiono, André Sohaing et
bien d'autre encore ; Seulement il faut ici déplorer la montée en
puissance de cet Etat et de ce secteur public dont la dette va
s'accroître et attendre des proportions alarmantes en 1992 notamment
d'une valeur de 968 milliards de francs CFA, soit 32,50 % pour la dette
intérieure avec un encours de la dette extérieure
s'élevant à 1554 milliards de francs CFA essentiellement
contractées auprès des membres de club de paris (à 80
%)16 .
La baisse des cours mondiaux du pétrole, du
café, du cacao, du coton ainsi que les mouvements erratique de dollars
allaient en effet entraîner de grands chocs financer et commerciaux,
conduisant ainsi à la déstabilisation des finances publiques. On
assistera donc à un progressif retrait de dépôt bancaire
par l'Etat ainsi que le recours aux ressources financières de certaines
entreprises publiques et parapubliques comme la SNH, l'ONCPB, la CNPS et le CFC
pour le financement du déficit public. La situation économique de
l'Etat va donc très progressivement s'aggraver et s'acheminer vers une
totale déstabilisation qui entraînera dans sa course le
système tout entier. Les opérateurs économiques vont se
désengager des banques nationales aux profils de bailleurs de fonds
extérieurs pour le règlement de leurs tensions de
trésoreries.
Entre Avril 1986 et Juin 1987, l'Etat camerounais affiche une
perte de recette d'un montant de 300 milliards de francs CFA suite à la
chute des cours du pétrole, des matières premières
agricole et des fluctuations du dollars ; il faut donc dès à
présent faire face avec la chute de près de 65 % des termes de
l'échange ou creusement des déficit fiscal et externe, c'est dans
ce cadre que l'on observe entre 1986 et 1987 une accumulation
d'arriérés de paiement de près de 250 milliards de franc
CFA, d'où le recours entre 1988 et 1989 à une démarche de
crédit interne de 169 milliards de francs CFA
Il est cependant important de mentionner ici que « la
dégradation des finances publiques en 1985-1986 avait donné lieu
en cette même année budgétaire à une spirale
d'endettement lié à la stratégie de compensation de la
baisse.
1 6Situation économique et financière
des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991,
Paris, Ministère de la coopération.
3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial
par les ajustement réel et monétaire
Les mouvements d'ajustement de l'économie camerounaise
arrive dans un contexte de véritable instabilité de l'ensemble de
l'économie, et doivent en effet faire face d'une part à
l'accroissement du déficit des dépenses publiques de l'Etat et
d'autre part à un système financier et bancaire presque en
déclin et tout ceci dans un contexte de mutation politique avec
l'arrivée du multipartisme qui va entraîner quelques petites
divisions ; notamment dans les considérations tribales ainsi que la
naissance d'une classe de fonctionnaires et d'hommes politiques
véreux.
Les mouvements d'ajustement au Cameroun s'inscrivent dans le
cadre d'une politique conjointe FMI- Banque Mondiale entre septembre 1988 et
octobre 1989, ils sont essentiellement orientés vers des mesures
d'ajustement réel de l'économie dans l'optique d'une
stabilisation et une restructuration de l'économie en vu de faire face
d'une part creusement de l'écart entre les dépenses et les
recettes publiques et d'autre à une structure de l'économie peu
enclin à l'éclosion de l'initiative privé nationale. Le
train des reformes mis en oeuvre dans le cadre de ces PAS constitue un
dispositif avec un taux de change fixe, et vise principalement à
résorber la crise des finances publiques en procédant à la
rationalisation des choix budgétaires. L'économie camerounaise
sera donc organisée de trois secteur, primaire, le secondaire et le
tertiaire ; pendant bien longtemps réservé à l'Etat
pendant que la plus part des initiatives privées se résume au
secteur primaire notamment dans les activités de recherche de rente
telles que le secteur de l'agriculture, l'agroalimentaire ainsi que les petite
activités formelles conduisant soit à la satisfaction des besoins
personnels ou de ceux de la famille ou de la communauté, soit à
la recherche d'un emploi.
En dépit de toutes les mesures mise en oeuvre dans le
cadre de ces PAS ainsi que la toute première réduction de salaire
des fonctionnaires en 1991, la relance économique reste obstruée
par la récurrence des dynamiques d'alourdissement des contraintes
d'endettement et de paiement. En effet l'encours de la dette essentiellement
contractée au club de paris s'élevait au 31 janvier 1992 à
près de 1554 milliards de francs CFA17 contre une dette
intérieur estimée à 968 milliard (32,50 % du PIB) avec un
encours de 370 milliards et des arriéré de 596 milliards.
L'échec de cette politique de restructuration
réelle vient d'une part du programme de restructuration des
entreprises publiques lancé en Juin 1986 par la création d'une
mission de réhabilitation des entreprises publiques et parapubliques,
qui n'aura abouti qu'à la liquidation
1 7Situation économique et financière
des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991,
Paris, Ministère de la coopération.
de 4 seulement des 15 entreprises étatique
recensée en 1990(Voir annexe), d'autre part la
restructuration du système bancaire s'est soldée par un
échec, ou observe près de 403 milliard de franc CFA de
créance douteuse soit environ 41 % de l'encours total de crédit
à l'économie.
Eu égard donc à tout cela, la stimulation des
activités entrepreneuriale ne pouvait s'opérer dans un tel
contexte de réelle détérioration de l'économie.
Ainsi au cours de l'année budgétaire 1992-1993 on observe une
baisse de 10,5 % du chiffre d'affaire des entreprises affiliée au
SYNDUSTRICAM avec une baisse de 47 à 17 % du niveau global des
investissements industriels dans la période allant de 1984 à 1992
(OWONA NGUINI, 1996).
Le milieu des affaires camerounais deviendra donc un milieu
jugé hostile et peu attrayant pour de nouveaux investisseurs nationaux
et étranger ; les mouvements d'ajustement monétaire allaient donc
gagner de manière progressive en consistance au détriment de
l'ajustement réel qui s'avère une échec car n'ayant pas pu
produire l'effet escompté de la restructuration d'un climat favorable au
développement de l'activité entrepreneuriale.
L'essentiel de l'ajustement monétaire intervient dans le
cadre de la double dévaluation du franc CFA en 1991 et 1994.
La toute première dévaluation de Janvier 1991
est inscrite dans l'optique de lever la problématique de la
compétitivité des entreprises manufacturières camerounaise
liée à la surévaluation du franc CFA. Le secteur
manufacturier restait donc confronté à un important
problème de trésorerie associé à la baisse du
pouvoir d'achat de nombreux ménages, il se retrouve en outre sous
l'effet du choc causé par la reforme fiscalo-douanière de l'UDEAC
ayant abouti sur la levée des barrière tarifaire afin de
démanteler toute protection en faveur des unités locales de
production industrielle. L'exemple de la CAMSUCO face à la concurrence
provenant de l'Union Européenne montre assez clairement ce
problème.
Selon OWONA NGUINI en 1996, la seconde dévaluation de
Janvier 1994 devait améliorer l'utilisation des capacités
installées des industries de transformation des produits camerounais
à des fins d'exportation. Malheureusement la réalité en
sera tout autre, les effets resteront contrastés ; seules quelques
industries peu dépendantes des intrants importés ont pu
rétablir leur compétitivité à l'instar d'ALLUCAM ou
de la SFID (finale du groupe français Rougier) pendant que l'essentiel
des entreprises fortement dépendant de la demande interne vont
pâtir du tassement de la consommation. L'accroissement de la dette
intérieure viendra couronner tout ceci et bloquer en définitive
le recours aux financements bancaires de fait de la situation non
crédible des entreprises nationales publiques et privées.
Ce deuxième programme d'ajustement va s'avérer
une fois de plus un échec et sans un réel apport à
l'amélioration de la condition de l'entrepreneur camerounais alors que
l'on s'achemine vers une période de plus en plus critique marquée
de part et d'autre par la naissance de plusieurs propres politiques et de
diverses tensions liées à l'implantation du multipartisme
politique aboutissant à une autre vision du parrainage politique de
l'activité entrepreneuriale pour une lente reconstruction.
La relance économique en dépit de ces programmes
d'ajustement restera néanmoins une équation bien difficile
à résoudre les relations entre les entrepreneurs nationaux et
étranger se dégagent de plus en plus, le pouvoir de l'Etat tend
à rester le même et à peser du même poids sur
l'activité entrepreneuriale constituant ainsi un réel frein
à l'éclosion des initiatives privées surtout nationales.
En effet, le milieu entrepreneurial demeure dans un contexte d'incertitude
persistante eu égard à la timide croissance qui s'annonce bien
que marquée par les appétences rentières des hommes
politiques et hommes d'affaires dans différents scandales politico
financiers et commerciaux.
De multiples réserves sont portées sur les
politiques gouvernementales camerounaises notamment en ce qui concerne le
paiement de la dette intérieure ainsi que le relèvement des
salaires de la fonction publique afin de faire face à la forte baisse de
la demande intérieure due à la baisse du pouvoir d'achat des
consommateurs. C'est dans ce cadre que vont intervenir en 1994. Puis en 1996
deux nouveaux programmes d'ajustements structurels en accord avec le FMI,
accords visant principalement la restructuration effective de l'économie
camerounaise. Ces accords seront suivis en octobre 2000 par la
déclaration du Cameroun comme étant éligible à
l'initiative PPTE dans l'optique de dégager un train de croissance
soutenu ainsi que la formation d'un secteur privé plus participatifs
dans le processus de la relance économique.
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