Une approche socio-historique de la violence au XIXème siècle: le cas d'une conspiration à Lyon en 1817( Télécharger le fichier original )par Nicolas Boisson Université Pierre Mendès France Grenoble - Master recherche 2008 |
II-3.2 La propagande ultraLa propagande des autorités ultras lyonnaises, visant à diaboliser les conspirateurs du 8 juin 1817 pour attaquer le Ministère constitutionnel et à fortiori les libéraux, s'exerça dés le lendemain des insurrections par le biais d'une proclamation du général Canuel aux Lyonnais. Malgré mes recherches approfondies, je ne suis pas parvenu à retrouver d'exemplaire de cette proclamation au sein des archives. Cependant, tous les auteurs traitant de l'affaire du 8 juin 1817, l'évoquent. Citons pour exemple Sébastien Charléty : « Le 9 juin 1817, au matin, les Lyonnais apprirent que la ville et le département avaient échappé la veille, grâce à la vigilances des autorités, aux horreurs d'une insurrection. C'est en effet, le dimanche, 8 juin, jour de la Fête-Dieu, que les conjurés avaient choisi pour faire éclater leurs criminels projets. Une insurrection devait, ce jour-là, soulever simultanément Lyon et la campagne, au nom de Napoléon II et sous le drapeau tricolore. »256(*). Cette propagande ultra par voie de proclamation ne date pas seulement de l'année 1817. Déjà en 1815, le préfet du Rhône, le comte de Chabrol, se chargeait de rappeler l' « unicité » du royaume dans ses symboles. En témoigne cette proclamation du préfet aux Lyonnais, le 17 juillet 1815 : « Le drapeau blanc devient le seul drapeau officiel autorisé. Il est placé sur le fronton de tous les hôtels de ville du pays. Tout autre signe de ralliement est défendu. »257(*). Cette propagande ultra s'était même encore accentuée quelques semaines après le retour du roi aux affaires. Toujours le préfet Chabrol, soucieux de mater les derniers espoirs des bonapartistes, interpellait les Lyonnais, le 4 août 1815, en ces termes : « Habitants de la ville de Lyon, persistez dans cet esprit de paix... (...) Habitants des campagnes, la malveillance cherche encore à vous égarer. Des hommes pour lesquels le trouble est un besoin, et les révolutions un élément, sèment parmi vous les bruits les plus absurdes.(...) Habitants des campagnes, les maux que vous éprouvez sont grands, mais pourriez-vous vous méprendre sur leurs causes ? L'Homme que des voeux criminels avaient rappelé, l'homme qui, pendant dix ans de prospérité, insulta tous les souverains et foula tous les peuples, l'homme qui, dans quatre mois d'une usurpation sacrilège, a consommé 600 millions, fait couler le sang de 200 mille hommes, attiré sur la France toutes les forces de l'Europe conjurée contre lui. Voilà la véritable cause de vos maux et de vos souffrances. Votre Roi vient les guérir, et pour prix de toutes les peines qu'il éprouve, il en vous demande que d'accepter le bien qu'il veut vous faire. Vive le ROI ! »258(*). Nous le constatons donc, les ultras de Lyon ont organisé une véritable propagande par le biais de proclamations, visant à souder la population aux intérêts de la couronne. Cependant, ce type de communication sera aussi utilisé par le camp des constitutionnels en 1819, toujours pour défendre la Charte face aux ultras. En témoigne cet avis aux électeurs du Rhône en 1819 : « Hors de la Charte, et sans le Roi, point de paix pour la France, point de salut pour nous. »259(*). Nous venons d'observer les usages de la propagande par les ultras, avec parfois les réponses plus tardives des « opposants » à leurs pratiques. Retenons qu'en 1817, la presse étant tenue par la censure des royalistes, on n'observe quasiment pas de critiques du régime et des manipulations des ultras en ce qui concerne l'affaire du 8 juin 1817. Revenons rapidement sur la question des intentions des conspirateurs du 8 juin 1817, pour finir ce second thème par les suites politiques de l'affaire lyonnaise commandées par le pouvoir central. * 256 Sébastien Charléty, « Une conspiration à Lyon en 1817 », op.cit, p.278. * 257 Le préfet du Rhône, le comte de Chabrol, aux Lyonnais. Proclamation du 17 juillet 1815. Archives nationales, carton côté F7 9695, Rhône, situation en 1815. * 258 Le préfet du Rhône, le comte de Chabrol, aux Lyonnais. Proclamation du 4 août 1815. Archives nationales, Rhône, situation en 1815, carton côté F7 9695. * 259« Avis aux électeurs du Rhône », 1819 (il n'y a pas de date plus précise...). Archives nationales, carton côté F7 9695. |
|