WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Une approche socio-historique de la violence au XIXème siècle: le cas d'une conspiration à  Lyon en 1817

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas Boisson
Université Pierre Mendès France Grenoble - Master recherche 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II-3. Un événement politisé : la presse de l'époque

Comme nous le venons de l'évoquer, en ces années 1816-1817, la censure frappe lourdement la presse. Ceci explique certainement le fait que je n'ai quasiment pas trouvé dans les archives consultées d'articles de journaux traitant de l'affaire, si ce n'est deux articles, le premier, un extrait du numéro 166 du Moniteur du Dimanche250(*), daté du 19 juin 1817, utilisé pour débuter ce mémoire, et le second, un extrait de La gazette européenne251(*), daté du 30 juillet 1817. Les informations à la population sur les séditions se faisaient plus par voie de proclamations, noeud de la propagande des royalistes ultras à Lyon. Nous verrons donc d'abord la place laissée à la rumeur par les autorités ultras afin d'exploiter le complot du 8 juin 1817. Nous verrons ensuite l'exploitation de l'affaire provoquée, par les ultras lyonnais et le général Canuel en particulier qui organisera la propagande au service de son parti par le biais d'une proclamation aux Lyonnais.

II-3.1 Diabolisation et rumeurs

La stratégie des ultras de Lyon est d'exploiter la censure pesant sur les journaux et le climat installé depuis longtemps et opérant dans l'ensemble de la région, de rumeurs de complots, pour diaboliser les troubles du 8 juin 1817. Georges Ribe confirme la volonté des ultras de contrôler l'opinion publique. Il note : « ...une opinion publique mal informée en raison de l'inexistence ou de la complicité de la presse. »252(*). Nous avons déjà aussi largement présenté le climat tenace de rumeurs de conspirations en tout genre depuis l'année 1816, avec tantôt des affaires de complots à Grenoble puis à Lyon. De plus gardons à l'esprit le contexte local d'affrontements politiques virulents entre ultras, constitutionnels, bonapartistes et libéraux au sein de la ville de Lyon. On pouvait ainsi lire dans les notes d'enquêtes internes de la Police sur le département du Rhône en février 1818 : « Lyon est une des villes de France où les esprits sont les plus divisés, où les hommes de partis ont eu jusqu'à présent le plus d'identité... »253(*). On y apprend de plus que la ville était sujette à la surveillance depuis longtemps : « De Lyon, il fallu pour y maintenir la paix et le tranquillité dans cette ville, tenir les hommes suspects dans une véritable oppression, et c'est ce qui a eu lieu jusqu'au moment où l'ordonnance a été rendue. »254(*). Nous le constatons donc, la diabolisation des entreprises secrètes commençait par une suspicion générale sur les fauteurs de troubles suspectés.

Cependant, deux ans plus tard, en 1819, la presse, suite aux révélations de la manoeuvre ultra du général Canuel quant à l'affaire du 8 juin 1817, révélations faites notamment par la brochure de Fabvier et Sainneville, exprima son indignation face aux violences que causent à la ville les provocations militaro-policières. Pour exemple, cet extrait de La Renommée du 25 novembre 1819 : « Il y a peu, qu'une personne très connue de Lyon rencontra dans un faubourg de la ville, une espèce de bourgeois qui criait à tue tête : Vive l'Empereur ! Rentrée chez elle, et reportant sa pensée sur l'époque déplorable où l'on cherchait, par des avis séditieux, à entraîner des citoyens paisibles dans un complot ourdi à dessein, cette personne fit part de ses alarmes à sa famille. Son fils venait de rentrer : il avait aussi rencontré dans une autre partie de la ville, un individu qui proférait le même cri. Alors persuadés tous deux comme les apparences l'indiquaient, que l'on renouvelait dans les malheureuses villes les scènes de 1816, ils coururent chez M. de Sermon (Sainneville), lieutenant général de Police, qui fit arrêter les deux provocateurs, et bientôt on reconnut qu'ils étaient soldats d'une légion que nous ne voulons pas indiquer. Mais on se demande si le temps des provocations nous menace encore, et comment les officiers de cette Légion peuvent ignorer ou tolérer une telle conduite de la part de leurs soldats. On demande enfin comment l'autorité militaire civile, d'ailleurs si sévère contre les citoyens, n'a pas déjà fait des poursuites contre un genre de délit bien fait pour alarmer une ville qui naguère en fut si cruellement victime. »255(*). La politique de diabolisation des individus suspectés de fomenter des conspirations ne trouvera donc plus à terme de soutien dans l'opinion publique, dés lors que cette politique repose sur des manipulations militaro-policières. Mais revenons à l'année 1817, en exposant quelques éléments des formes de la propagande des ultras lyonnais.

* 250 Une copie de cet extrait est placée en annexe, document 1, n°166 du Moniteur du Dimanche, 19 juin 1817, Archives départementales du Rhône, 4 M 206.

* 251 Une copie de cet extrait est placée en annexe, document 6, La gazette européenne, 30 juillet 1817, Archives départementales du Rhône, 4 M 206.

* 252 Georges Ribe, op.cit, p.239.

* 253 « Notes d'enquêtes internes à la Police », février 1818, Rhône en 1817-1818, observations générales. Archives nationales, carton côté F7 4352 A.

* 254 « Notes d'enquêtes internes à la Police », ibid. Archives nationales, F7 4352 A.

* 255 Extrait de La Renommée du 25 novembre 1819. Archives nationales, carton côté F7 9695.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon