11.3. Autres mouvements et acteurs
Dans ce même dossier de Thomas Lubanga, deux
autres chefs de milices, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo, d'ethnies
alliées mais rivales de celle de Lubanga, sont actuellement
détenus à la Haye. Eux aussi, sont accusés d'avoir
utilisé des enfants soldats pour attaquer des civils du village de
Bogoro, début 2003. Bosco Ntangada, ex-chef d'état-major du chef
rebelle Laurent Nkunda et ancien collaborateur de Thomas Lubanga en tant que
chef des opérations militaires de l'UPC, fait également l'objet
d'un mandat d'arrêt émis par la CPI.
Pour le procureur, le procès de Lubanga
constitue « une étape importante » dans la lutte contre le
recrutement d'enfants soldats. Il va permettre aux victimes de « se
reconstruire en tant qu'adultes alors même que leur enfance leur a
été volée », a estimé Paolina Massidda, l'une
des représentantes des 93 victimes autorisées à participer
au procès, une première devant une justice
internationale.
L'Organisation non gouvernementales de défense
de droit de l'homme, Human Rights Watch (HRW), quant à elle, estime que
« l'affaire Lubanga a déjà eu un impact sur le comportement
des chefs de guerres. Ils ont maintenant pleinement conscience de pouvoir faire
eux-mêmes l'objet de poursuites. (30)»
Après les 34 témoins à charge,
les avocats de Thomas Lubanga Dyilo appelleront les leurs. La décision
des juges, dirigés par le Britannique Adrian Fulford, tombera au bout de
six à neuf mois de procès.
11.3. L'A((iance des Forces Democratique pour (a Liberation
du Congo (AFDL) de M'ZEE Laurent desire KAB1LA
« L'un des chefs de la rébellion est venu
nous voir. Il nous a promis une uniforme et des bottes. Il nous a dit que quand
Kinshasa tomberait, le Zaïre deviendrait le Congo et qu'on aurait des
jolies filles, de la nourriture, des belles maisons et des
voitures.
Les Rwandais qui nous ont entraînés
étaient responsables de notre victoire. Ils nous ont donné comme
instruction de ne jamais laisser la vie sauve à un Hutu. Ils ont
commencé par nous montrer comment tuer les Hutu qui étaient
déjà dans nos propres
rangs. Ils nous ont dit qu'ils étaient des
serpents et qu'il fallait tuer immédiatement ceux qu'on
découvrait. Juste en dehors de Kisangani, on a rencontré des
forces ennemies. Les troupes de Mobutu avaient tout incendié sur leur
passage. C'est là que nous avons tué beaucoup de Hutu rwandais
d'une manière horrible, bien que certains d'entre eux aient
été ramenés au Rwanda en avion.
Le nombre de personnes tuées, seul un
ordinateur pourrait le calculer, mais je dirais environ mille par jour, surtout
des femmes, des enfants et des vieillards. »31.
Ce témoignage est celui d'un soldat qui avait
treize ans lorsqu'il a été recruté en 1996 à
Bukavu, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC),
pour rejoindre l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo (AFDL), le mouvement de Laurent-Désiré
Kabila.
Aujourd'hui, après avoir parcouru plus de 2 000
kilomètres avec l'AFDL jusqu'à la capitale Kinshasa, il est loin
de sa famille et a du mal à survivre hors des rangs de l'armée.
Plusieurs milliers d'autres, comme lui, dorment dans les rues de Kinshasa,
abandonnés et rejetés par la population locale qui
n'éprouve que méfiance et crainte à leur égard.
Leur réinsertion dans la société peut s'avérer
difficile et douloureuse, nombre d'entre eux étant profondément
traumatisés par les exactions qu'ils ont été contraints de
commettre.
Bien qu'elles le nient, toutes les parties au conflit
actuel en RDC utilisent régulièrement des enfants soldats.
Souvent, ils se chargent de tâches que des soldats adultes pourraient
refuser : procéder à des exécutions extrajudiciaires dans
leurs propres rangs, par exemple.
Lorsque les hostilités ont éclaté
en août 1998, le gouvernement de la RDC a recruté dans les Forces
armées congolaises (FAC) de nombreux enfants, dont certains n'avaient
que douze ans, alors que des organismes de protection de l'enfance et des
organisations humanitaires en RDC mettaient en place des programmes de
démobilisation et de réinsertion destinés aux enfants
soldats ayant participé au conflit de 1996'1997. Plus de 400 soldats des
FAC ayant fui en Zambie en mars 1999 après avoir été
vaincus par l'opposition armée dans le nord de la province du Katanga
étaient des enfants, dont certains avaient moins de quinze
ans.
31 .Amnesty international, les droits
humains en République démocratique du Congo, cas
d'appel 2000 enfants soldats.
Le gouvernement de la RDC a déclaré
qu'il ne recrutait et n'armait plus d'enfants, et que ceux-ci avaient
été retirés des forces actives. Pourtant, rien qu'à
Kinshasa, on peut voir des dizaines de garçons âgés de dix
ans ou plus porter des armes, et notamment des armes à feu. Des soldats
et d'autres personnes affirment que plusieurs centaines d'enfants de moins de
dix-huit ans sont encore au front. La législation congolaise ne fixe
toujours pas d'âge minimum concernant l'enrôlement dans les forces
armées et quiconque rejoint les rangs de l'armée est
automatiquement considéré comme un adulte. Pourtant, en vertu du
Code de la famille de la RDC, toute personne âgée de moins de
dix-huit ans est considérée comme un enfant.
Bien qu'ils soient tous deux parties à la
Charte africaine des droits et du bienêtre de l'enfant, le Rwanda et
l'Ouganda ont eux aussi recruté des enfants soldats. Par exemple,
à Gisenyi (nord-ouest du Rwanda), à la fin du mois de juillet
1999, des témoins ont déclaré avoir vu un camion militaire
de l'Armée patriotique rwandaise (APR) circuler autour de la ville au
petit matin. Il s'arrêtait auprès de chaque groupe de jeunes pour
leur demander s'ils voulaient devenir des soldats. Plusieurs enfants se sont
portés volontaires, notamment des enfants des rues, dont certains
n'avaient que dix ou douze ans.
Le 18 août 1999, à Rubengera, à
une vingtaine de kilomètres de Kibuye, plusieurs élèves de
l'enseignement secondaire, dont certains n'avaient pas dix-huit ans, ont
été contraints de monter à bord d'un camion militaire.
Plusieurs d'entre eux qui s'y refusaient, auraient été
frappés à coups de crosse de fusil. Les jeunes gens ont
été conduits à Gabiro, dans l'Est du pays, pour y suivre
un entraînement militaire ; tous leurs biens personnels leur ont
été confisqués. Au cours de la même période,
on estime à 300 le nombre de jeunes garçons qui ont
été ainsi emmenés en camion de Rubengera.
Des représentants d'Amnesty International qui
se sont rendus dans l'Est de la RDC en novembre 1999 ont vu dans le Sud-Kivu
plusieurs enfants soldats rwandais qui ne parlaient que le kinyarwanda,
vêtus d'un uniforme de l'APR. Nombre d'entre eux ne semblaient pas avoir
plus de douze ans.
En Ouganda, dans le district occidental de Hoima, des
parents ont raconté en novembre 1998, que des enfants d'à peine
douze ans avaient été secrètement recrutés par des
fonctionnaires de l'Internal Security Organisation
(ISO, Organisation de la
sécurité intérieure) pour
être incorporés dans l'armée. Un parent a affirmé
que deux de ses enfants recrutés, âgés de douze et treize
ans, étaient encore à l'école primaire.
Selon des informations concordantes, une proportion
importante des forces d'opposition armées est constituée
d'enfants âgés de moins de dix-huit ans. Les milices
Mal mal (Eau eau), qui reçoivent de plus en
plus le soutien militaire des FAC, recrutent massivement parmi les
enfants.
A l'issu de cette guerre dite de libération du
Congo (ex Zaïre) longtemps plongé dans la dictature
Mobutien
Pouvons-nous considéré que l'utilisation
des enfants soldats avait-il sa raison d'être ? Peut-on
considéré ce cas de Force majeur ? Etant donné que, les
enfants appelés « Kadogo » ont amené M'zée
Laurent désiré KABILA au pouvoir. Donc, son entrée
triomphale à Kinshasa, le 17 mai 1997 et conduisant à la chute de
Mobutu ?
Ces questions restent en suspend dans ce paragraphe,
mais trouve sa réponse dans la suite de ce travail. Bien qu'ayant
déjà une lueur de réponse dans son
hypothèse.
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