Pétrole et jeu des acteurs dans la fabrication des politiques publiques des hydrocarbures au cameroun( Télécharger le fichier original )par Yves Patrick MBANGUE NKOMBA Yaounde II Soa - DEA 2006 |
C- Revue de la littérature et considérations théoriques.Elle est considérée comme l'état de la question. C'est aussi le degré de traitement du point de vue scientifique de tout ce qui a trait à notre sujet, ce qui pourrait nous éviter de refaire le travail d'une autre personne ; elle permet de concevoir les frontières de manière tangible de notre travail et de le situer de manière précise dans une perspective théorique bien précise. Des travaux recensés sur le pétrole au Cameroun, il se dégage deux axes d'analyse : d'un coté l'analyse du pétrole comme ressource à enjeu stratégique et de l'autre coté l'analyse d'une ressource à enjeux économiques à répercussions sociales. La question du pétrole a suscité des écrits dans le champ des relations internationales. Nain Viviane Kwain dans le cadre de ses travaux essaye de construire un statut aux pays africains à partir de l'exploitation de la ressource pétrolière. Elle va donc prendre appui sur le Cameroun en se référant au Nigeria pour une vision ou une perspective internationale. Ntuda Ebodé, dans un même champ, fera l'évaluation des effets du pétrole dans la zone d'Afrique centrale par l'analyse des problèmes de l'exploitation et de la redistribution des ressources pétrolières tant sur les plans sociaux, économiques que politiques dans la sous région. Il se rend compte qu'il y a non seulement un lien entre la bataille de grandes puissances étrangères pour les contrats pétroliers dans la sous région mais aussi une certaine revendication des populations à l'endroit de l'Administration Centrale Publique (gouvernement). Ce qui l'amène alors à démontrer que la ressource pétrolière est une source de conflit en Afrique centrale. C'est dans cette dialectique qu'en 2004, il publie un article « les enjeux pétroliers du Golfe de Guinée » ceci pour faire ressortir ces enjeux au-delà de la sous région, dans l'ensemble du Golfe de Guinée12(*) où les enjeux liés au pétrole sont d'ordre économique, politique et stratégique selon lui. D'autres champs explorent aussi de manière scientifique la ressource pétrolière, notamment les champs d'économie, d'économie politique. Les constats qui découlent de l'analyse de ressource pétrolière font état de ce que les pays africains producteurs de pétrole sont dans une large mesure des pays politiquement instables, économiquement faibles et demeurent la plus part des fois sous développés. Les travaux de certains auteurs nous ont particulièrement nous intéresser et ont aiguisé notre appétit sur la perception et la gestion du pétrole comme un bien public au Cameroun. Primo, les travaux de M. Kounou dans lesquels il relève le paradoxe entre les réserves prouvées et l'exploitation à grande pompe du pétrole africain et la pauvreté générale des populations. Dans cette dialectique il préconise d'une part la socialisation de la rente pétrolière et d'autre part la démocratisation de sa gestion. Nous nous inspirons de ses travaux pour aller plus loin dans la réflexion dans la mesure ou nous n'allons pas nous baser seulement sur les rapports des chiffres données par des organisations internationales et autres mais nous allons regarder quels est l'impact que ces chiffres révélés au grand public de manière récurrente ont sur les populations et sur la politique globale du gouvernement. Secundo, les travaux d'Elizabeth Ze qui perçoit le pétrole (or noir) comme une ressource stratégique aux enjeux de sécurité nationale et internationale. Elle traite dans son travail le pétrole sous l'angle environnemental (exploitation, pollution, incendie) en s'appuyant sur un axe sécuritaire très grave. Elle considère tout de même que les risques stratégiques et sécuritaires sont inters reliés. Ses travaux s'écartent des nôtres dans la mesure où nous considérons la ressource pétrolière comme étant stratégique a cause de sa capacité à changer la perception des acteurs et donner une force a ceux qui contrôlent la ressource. Tertio, les travaux de Lucie Ngono qui s'intéresse tout comme Elizabeth Ze à la gestion du pétrole au Cameroun. Son intérêt est plus porté sur le côté social de cette ressource. Car sa préoccupation dans ses travaux s'articulent autour de la détermination du prix du pétrole à la pompe. Son travail s'appuie sur le triptyque fixation, gestion, impacts des taxes liés au pétrole sur le plan sociopolitique. Nous n'allons pas seulement nous attarder sur la valeur du prix du pétrole mais de voir qui sont les acteurs qui contribuent de près ou de loin a instaurer ou à rendre possible ces valeurs fixes. Il s'agira aussi dans nos travaux de faire une analyse sur la politique redistributive par l'appareil politico administratif tout en prenant appui sur la ressource pétrolière. Quarto Ombe Ndzana qui dans les années 1987 parlait déjà de deux phases de l'économie camerounaise en introduisant la variable pétrole comme élément d'intersection de ces phases en distinguant de la phase pré pétrolière (1960-1976) et la période pétrolière (à partir de 1976-1986). Ainsi faisait-il du pétrole la variable explicative de la santé économique de l'Etat camerounais qui a remplacé de manière progressive l'agriculture longtemps considéré comme la source principale de ravitaillement de l'Etat ; autre analyse qu'il fait c'est que l'exploitation du pétrole est croissante et celle de l'agriculture est décroissante au point où, en 1984 le gouvernement enregistre des recettes de l'exploitation respectivement de l'ordre de 76% environ pour la rente pétrolière contre seulement 14% pour la plus-value agricole camerounaise des recettes de l'Etat. Ceci lui fait faire le constat selon lequel il y a lieu de prendre acte de ce bouleversement du paysage économique au Cameroun (Ombe Ndzana, 1987 :78). Tout compte fait, il met l'accent sur la place de l'économie agricole dans l'économie politique du Cameroun en générale et en particulier analyse les logiques et les enjeux de l'implantation du complexe agro-industriel de la région du sud-ouest notamment la CDC, la SONARA pour ne citer que ceux-là. Nos travaux prendrons certainement en compte cette césure de l'économie camerounaise telle développé par Ombé Ndzana mais s'écartera de sa logique sur la valeur donnée au pétrole. Si selon lui le pétrole est une valeur permettant de qualifier la séparation de notre d'économie et permettant le passage d'une étape a une autre, il sera pour nous considéré comme une valeur explicative et structurante d'une nouvelle vision, d'un nouvel ordre politique en matière de programme et d'action gouvernementale. En considérant tous ces travaux sur le pétrole, notre travail s'arrêtera sur la perception que l'Etat camerounais se fait du pétrole et comment pense t-il sa gestion étant entendu que dans le cadre de nos travaux nous percevons la ressource pétrolière non seulement comme un bien public, mais également comme une variable explicative du jeu des entrepreneurs politiques et économico-industriels dans la conception et la mise en oeuvre d'une politique publique. Nos travaux s'inscrivent donc directement à la suite de Michel Kounou dans ce sens où, s'il fait une étude critique de la gestion des ressources pétrolière par les Etats et les grosses firmes (FMN) pétrolière, il a pour le moins étudié les travaux faits par ceux-ci dans le cadre de la construction d'une politique autour du pétrole. Bien que reconnaissant l'action et la volonté de l'Etat Camerounais de construire une politique énergétique efficiente, nous chercherons à démontrer les mécanismes de fabrication de «la politique des hydrocarbures»13(*) en nous basant non seulement sur les interactions des différents acteurs engages dans la dialectique d'un jeu a somme non nul, mais également sur les paradigmes de l'offre et la valeur sociale, ainsi que celle de l'action politique.
* 12 Bande côtière allant de la Cote d'Ivoire à l'Angola * 13 Politique émanant de la vision des acteurs qui construisent à partir des logiques de pouvoir, la dynamique de gestion de la rente pétrolière. |
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