II- LE PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL (PAM)
Comme sa consoeur la FAO, le PAM est l'un des organes
du système des Nations Unies en charge des questions alimentaires. En
effet, créé en 1963, il lui a été assigné
comme objectif de : « fournir de l'aide alimentaire en priorité
aux pays dont les ressources alimentaires sont insuffisantes et à
apporter son assistance à la mise en place des projets de
développement économique et social
»93.
A court terme, il se propose de distribuer des
denrées alimentaires aux populations sinistrées pour que ces
dernières ne soient pas exposées à la sous-alimentation. A
plus long terme, la vision du PAM est de : « sauver des vies,
alléger les conséquences de la famine et permettre
aux
populations victimes de la pauvreté et de
l'insécurité alimentaire de faire des investissements
quileur viendront en aide »94.
C'est le 03 avril 1968 que le Cameroun l'accord de
base avec cet organisme. Le bureau de pays se trouve derrière
l'hôtel de ville de Yaoundé. Il a une antenne à Bertoua et
un sous-bureau à Garoua au quartier Marouaré vers le Motel pour
desservir les zones à déficit alimentaire que sont l'Adamaoua, le
Nord et l'Extrême-Nord.
92 Source : FAO
93 PAM, Directives
d'évaluation conjointe HCR/PAM, juin 2004, 1ère
édition, p.329.
94 PAM, Ibid,
p.331.
Siège du PAM à Yaoundé Photo
Alain Christian ESSIMI BILOA
Le PAM fonctionne par programmes quinquenaux. Le
programme de pays en cours s'étale entre 2008 et 2012. Ce programme
prend en compte l'analyse pays 2006 et et les axes définis comme
prioritaires ; en particulier les analyses fondées sur les axes 2 et 6
du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
révisé en juin 2005 à savoir : « le renforcement
de la croissance par la diversification de l'économie et le renforcement
des ressources humaines, du secteur social et l'insertion des groupes
défavorisés dans le circuit économique
»95.
Le programme de pays Cameroun 2008-2012 (dont le code
est 10530.0) comporte deux composantes et qui répondent aux objectifs du
document du plan cadre des Nations Unies pour l'Assistance au
Développement (UNDAF). Il s'agit de l'appui à l'éducation
de base et de l'appui à la sécurité alimentaire et au
développement rural. Le coût total du programme de pays
s'élève à 14.523.995 US dollars soit 7.261.997.500 F.CFA
dont une contribution de 9.759.770. US dollars (4.879.885.000 F.CFA) du PAM et
4.764.225 US Dollars (2.382.112.500 F.CFA) de la part du gouvernement
camerounais ; ce qui équivaut à environ 33%.
95 DSRP, 2003.
Le PAM opérationnalise son programme par la
construction de greniers communautaires, les cantines scolaires et bien
d'autres porgrammes.
II-1 La construction des greniers communautaires
Le PAM a baptisé ce programme « le
grenier vilageois ». Le grenier communautaire est une réserve
de céréales construite dans un village dans l'optique de stocker
des céréales au moment des récoltes pour les utiliser
pendant les périodes de disette. Sa capacité oscille entre 15 et
30 tonnes de céréales.
Un grenier communautaire dans le village LANGUI
MAHOL Source : PAM
A cet effet, le PAM répertorie et
sélectionne des groupes d'hommes, mais surtout de femmes (GIC) sur la
base de critères de vulnérabilité (à
l'insécurité alimentaire) et surtout d'organisation (autour de
GIC bien structurés). Ces groupes adressent des demandes et si
le
PAM les retient, il lance la construction du grenier
par l'entremise d'un sous-traitant. Lorsque la construction du grenier est
achevée, le PAM l'approvisionne à hauteur de 10 à 20
tonnes.
Un comité de gestion, établi par la
communauté ou le GIC, s'occupe du stockage, de la conservation, de la
commercialisation (unijquement pendant les disettes) et du
réapprovisionnement des céréales. Cependant, lors de la
vente, ce sont les couches les plus défavorisées,
identifiées par les populations, qui sont privilégiées.
Les prix pratiqués sont raisonnables non seulement pour que la
concurrence soit stimulée par rapport aux commerçants qui ont
tendance à contrôler à monopoliser le marché
local.
A la fin des opérations, les quantités
reçues sont remboursées avec 1 ou 2 kg en plus, mais les
bénéfices générés profitent aux populations
impliquées.
C'est depuis 2000 que le PAM finance la construction
des greniers communautaires dans le Grand-Nord en général. Le
constat montre que le nombre de greniers va crescendo au fil des années.
En 2006 par exemple, 21 greniers ont été construits dans la
région. En 2008, c'set 55 greniers qui ont vu le jour et en 2009, le
chiffre a atteint 17596.
Tout le monde peut bénéficier des
greniers communautaires. Par exemple en 2008, on a recensé pour les 55
greniers construits 1620 bénéficiaires directs. Mais un accent
particulier est mis sur les femmes, comme l'attestent les tableaux ci-dessous
:
Nombre de greniers
|
Nombres de bénéficiaires
directs
|
Nombre d'hommes
|
Nombre de femmes
|
% de femmes
|
55
|
1.620
|
413
|
1.207
|
74%
|
Tableau 6 : Bénéficiaires directs des
greniers communautaires en 2008. Source PAM.
Nombre de greniers
|
Nombres
de bénéficiaires indirects
|
Nombre d'hommes
|
Nombre de femmes
|
% de femmes
|
55
|
165.000
|
79.200
|
85.800
|
52%
|
Tableau 7 : Bénéficiaires indirects des
greniers communautaires en 2008. Source PAM.
96 Par comparaison, dans
la même période dans l'Extrême-Nord, 126 greniers ont
été construits en 2006, 159 en 2007 et 130 en 2008 tandis que
dans l'Adamaoua, aucun grenier n'a été construit en 2006 et 2007
et seulement 20 en 2008. Données fournies par la représentation
du PAM à Garoua qui supervise les opérations dans tout le
Grand-Nord.
Le PAM ayant constaté des cas de
détournement des dons, qui sont revendus en zone urbaine et non au
profit des bénéficiaires cibles, a instauré un suivi
après deux ou trois semaines. Mais surtout une formation est
assurée aux comités de gestion en charge du management des
greniers. Ainsi,
« A rapid assessment is carried out to
identify eligible communities to the establishment and running of a granary.
Thereafter consultation will take place with stokeholders to further brief them
on modalities and requirements of a granary management as well as the community
commitments. Further to each consultation process the beneficiaries should put
in place a steering committee composed of mainly women to whom they will
delegate the management authority. In addition to the food assistance, WFP also
is porviding technical assistance of local NGOs to assist in building the
institutional (organizational and managerial) capacity of the management
committee.»97
Chaque projet a une durée de cinq ans.
Après cela, les villageois se prennent en charge eux-mêmes. En
résumé, ce sont les populations qui elles-mêmes qui
gèrent leurs greniers. L'aide du PAM n'est pas ainsi accordée
à des individus isolés, mais à des groupes ou à des
communautés. Mais le PAM a d'autres stratégies dans le cadre de
la lutte contre l'insécurité alimentaire.
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