DEUXIEME PARTIE :
HISTORIQUE DU RECRUTEMENT ET DE LA
FORMATION DES MAITRES AU SENEGAL
CHAPITRE I : RECRUTEMENT ET FORMATION
DES MAITRES DU DEBUT DU XXème SIECLE A
L'ERECTION DES E F I :
Depuis l'implantation de la première école
française à Saint-Louis en 1816 par un instituteur-missionnaire
du nom de Jean Dard, le recrutement et la formation des maîtres n'ont pas
cessé de subir des bouleversements. Ainsi de 1817 à 1903, la
question du recrutement et de la formation ne s'est posée qu'en terme de
formation académique. Après cette période c'est
l'ère des cours normaux (jusqu'en 1960). D'autres changements sont
également intervenus après l'accession du pays à
l'indépendance.
I- RECRUTEMENT ET FORMATION DES MAITRES AVANT 1960
:
L'enseignement mutuel qui servit au premier instituteur
sénégalais (Jean Dard), privilégiait largement la
formation académique pour la démultiplication de l'enseignement.
Jean Dard, nous dit Joseph Gaucher, devait estimer d'abord les capacités
de ses moniteurs et après seulement les former moralement à leur
future fonction et « les dresser à la gymnastique de
l'enseignement mutuel »21, un processus mis en place en
deux journées au plus..
Avec la disparition définitive de l'école
mutuelle et la relève assurée par les FRERES PLOERMEL, la
question de la formation reste inchangée. L'idée selon laquelle
la chose pédagogique pouvait se suffire d'une assez bonne instruction
demeure ; le reste s'acquiert par une longue expérience pratique. Cette
restriction ne résolvait pas pour autant les problèmes : le mode
d'enseignement simultané (les FRERES PLOERMEL faisaient exécuter
en même temps le même travail à un
21 Gaucher (J) : Les débuts de l'enseignement
en Afrique francophone. Jean Dard et l'école mutuelle de Saint-Louis
Sénégal.
groupe d'élèves) requerrait un personnel
important auquel la communauté religieuse sur laquelle reposait
désormais tout l'enseignement élémentaire ne se
dérobait pas. Mais, si la régularité et le
dévouement des FRERES ne souffraient pas de critique, il n'en
était pas de même de leur niveau de connaissance. Il avait
été mis en question en conseil privé lors de la discussion
des programmes pour l'arrêté du 03 Janvier 1838. Le débat
sur le niveau de compétence souvent décevant avait d'ailleurs un
caractère plus global. Il se retrouvait dans tous les services.
L'administration locale accusait l'administration centrale de se
débarrasser de ses pires éléments dans la colonie alors
qu'il fallait plus de qualité que dans la métropole.
Ce débat de formation sera sans solution jusqu'à
la création en 1884 de l'école secondaire dans laquelle le
directeur des FRERES PLOERMEL percevait le couronnement d'un édifice
bien structuré qui lui servira d'école normale : « Nous
pouvons donc travailler ici bien tranquillement sans être
inquiétés au sujet des titres universitaires autres que le brevet
supérieur et même moins...Notre école bien
constituée servira d'école normale à nos frères des
écoles primaires et nous pouvons préparer les sujets sur place
pourvu que vous nous donniez les sujets nécessaires pour bien consolider
l'oeuvre en ces débuts »22.
Cette institution, à sa fermeture avait formé
déjà 18 instituteurs et il y en aurait bien davantage si cette
formation éminemment utile avait été
rémunérée comme d'autres moins pénibles.
Dans cette situation, l'insuffisance du personnel demeure
malgré le besoin urgent d'enseignement justifié tant du point de
vue économique qu'idéologique. Au risque de voir l'instruction
publique se limiter dans les villes, une nouvelle réforme s'imposait.
22 Le livre africain 198p
+ L'école normale de Saint-Louis
C'est la première école de formation de
maîtres au Sénégal. Créée en1903, elle
dépendait dans un premier temps du gouverneur général et
était fusionnée à l'école des fils de chefs.
+ Les cours normaux des moniteurs
Ils recrutaient sur concours des élèves
âgés de 13 ans au moins et 17 ans au plus parmi les titulaires du
Certificat d'Etudes Primaires. Le C.N ne comportait qu'une seule promotion. Le
recrutement avait lieu tous les trois ans. Les deux premières
années étaient consacrées à l'enseignement
général et la troisième et dernière à la
formation professionnelle.
+ Les cours normaux des instituteurs adjoints :
Ils recrutaient sur concours des élèves
titulaires du C.E.P.E. et âgés de 14 à15 ans. La formation
débouchait sur le Brevet élémentaire (B.E) suivi d'une
formation professionnelle à l'issue de laquelle était
délivré le certificat de fin d'étude des cours normaux,
mention : instituteur adjoint (I.A).
Ce sont là les grands axes de la formation des
maîtres avant 1960.
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