Communication et insertion socio-professionnelle des déscolarisés en Côte d'Ivoire: cas des jeunes filles de la commune d'Abobo( Télécharger le fichier original )par N'Goumissa Marie Laure DIALLO Institut des sciences et ttechniques de la communication (ISTC) - Diplôme d'études supérieures en communication 2009 |
2.1.1 Emergence d'un « problème social »Construction politique et définition sociologique La déscolarisation est construite comme « problème social » à partir du début des années 80, moment où l'Etat se désengage du financement du système éducatif, où la sélection se resserre et où le marché de l'emploi se referme. Les représentations sociales des déscolarisées sont chargées d'une inquiétude profonde sur l'avenir de la population. En effet, le passage par l'école, pour les déscolarisées du secondaire a entretenu des aspirations sociales qui sont mises à mal par l'interruption prématurée de la scolarité. En ce sens, elles sont, le plus souvent, perçues comme des déclassées potentiellement dangereuses pour l'ordre dans lequel on suppose qu'elles ne trouvent pas à s'insérer. La déscolarisation, plus qu'un « problème scolaire », devient donc un « problème social » pour l'Etat, qui en 1997 a mis en place un programme d'insertion professionnelle pour les déscolarisées ; « chaque année trois cents (300 000) jeunes ivoiriens sortent du système éducatif sans la moindre qualification. A ce rythme, ils seront un million deux cent cinquante mille (1250 000) en l'an 2000. Une véritable bombe sociale. Conscient de ce problème, le gouvernement multiplie les initiatives et les actions concrètes pour réinsérer les jeunes désoeuvrées » (Fraternité Matin, 18-08-1997). 2.1.2 Délit de mauvaise éducationPour le président BEDIE12(*), Président de la République d'alors (1995) « la famille est le socle de toutes nos certitudes et le creuset de toutes nos vertus (...). Une famille où règnent l'entente et le respect des valeurs morales est un cadre idéal pour l'épanouissement des enfants. Un environnement sain, affectueux sécurisant favorisera leur réussite scolaire puis leur permettra d'être plus tard des citoyens éclairés et motivés par un idéal de justice et de fraternité » (1995 :104-105). En 1997, le prix national de la meilleure famille a été remis à un couple du nord du pays : « quarante neuf (49) ans de vie commune, onze (11) enfants de ce couple connaissent une réussite professionnelle exemplaire, une vie spirituelle bien remplie, c'est son exploit » commenté dans Fraternité Matin (06 et 07-08-1997). Les discours des responsables politiques et des médias véhiculent et entretiennent l'image d'une famille populaire africaine déstructurée, inapte à élever et à protéger ses enfants. La déscolarisation dont seraient victimes les filles sont issues des catégories sociales défavorisées. * 12 BEDIE, Ex-Président de la République lors de la cérémonie du prix national de la meilleure famille, 1997. |
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