Communication et insertion socio-professionnelle des déscolarisés en Côte d'Ivoire: cas des jeunes filles de la commune d'Abobo( Télécharger le fichier original )par N'Goumissa Marie Laure DIALLO Institut des sciences et ttechniques de la communication (ISTC) - Diplôme d'études supérieures en communication 2009 |
II/ ProblématiqueLa déscolarisation est définie comme l'arrêt des études avant termes conventionnés. Ces termes sont déterminés par les institutions et par les individus, suivant des ambitions avouées ou non, conscientes ou ignorées. Dans les sociétés africaines qui ont découvert l'éducation scolaire récemment, les niveaux d'appréciation de l'éducation et des ambitions visées par les apprenants (y compris par leurs parents) varient selon les individus et les familles. Cependant, il y a des repères que respecte tout le monde : ce sont les niveaux d'étude et les diplômes. Scolariser les jeunes filles, c'est leur faire acquérir des connaissances et des compétences relatives à l'entreprise, sur l'accès aux nouveaux marchés et au financement, aux services d'appui et aux moyens de rejoindre des réseaux et des groupes de femmes qui se prennent en charge socialement. Ainsi, elles canaliseront constamment leur autonomie et leurs revenus pour garantir à leurs familles les ressources nécessaires pour envoyer leurs enfants à l'école plutôt qu'au travail. Dans la Déclaration Universelle des droits de l'homme1(*) en son article 26, il est dit que « toute personne a droit à l'éducation ». Aujourd'hui pourtant, malgré les efforts considérables déployés pour garantir ce droit, la réalité est telle que plus de 100 millions d'enfants et d'innombrables adultes n'achèvent pas le cycle éducatif de base qu'ils ont entamé ; des millions d'autres le poursuivent jusqu'à son terme sans acquérir le niveau de connaissances et de compétences indispensables (UNESCO2(*)). En outre, les deux tiers de 110 millions d'enfants qui ne vont pas à l'école sont des filles. Et comme malheureusement les réalités sociales comportent des exigences incontournables, les jeunes filles déscolarisées se retrouvent vite face à des besoins à satisfaire. Pour parvenir à leurs fins, aujourd'hui, beaucoup croient qu'il suffit de trouver un « homme » pour réussir sa vie. Parmi elles, on trouve les « enfants travailleurs » et « enfants de la rue ». Les moyens utilisés pour cela sont nombreux mais les conséquences souvent incalculables. L'envie de gagner de l'argent ou des biens apparaît de plus en plus tôt dans la vie des filles au point où elles prennent des raccourcis pour vite atteindre les succès ambitionnés, elles vivent des situations d'enfants vivant dans la rue, travaillant ou exploités. Depuis plusieurs années, l'Etat de Côte d'Ivoire, à travers notamment le Ministère chargé de la Famille, de la Femme et des Affaires Sociales, conduit plusieurs actions destinées à relever les défis institutionnels, économiques et culturels en matière d'égalité des chances, d'équité et de genre. La question de la déscolarisation a émergé dans un contexte où l'idée directrice était de mener les jeunes filles le plus loin possible, notamment avec l'objectif que 80% d'une classe d'âge obtiennent le Bac. Une telle proposition suggère immédiatement le caractère souhaitable de la scolarisation de la totalité ou presque d'une classe d'âge et, fournissant une norme uniforme. Or, la sortie de la scolarité sans diplôme a tendu à se réduire sensiblement au cours des 20 dernières années, à mesure que la scolarité s'allongeait, non seulement en pourcentage mais en nombres absolus. Quelles sont les causes de la déscolarisation des filles, et quelles mesures faut-il prendre pour l'intégration socio-économique des jeunes filles sortant de l'école sans qualification ? Selon quels processus et dans quels espaces sociaux se construisent les trajectoires marquées par des épisodes de déscolarisation ? L'expression des difficultés scolaires des jeunes filles ne dépend-elle pas seulement des facteurs familiaux ? Quelles stratégies communicationnelles en vue de faire connaître les actions de l'Etat et des structures de financement à l'endroit des jeunes filles ? * 1 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 26, 10-12-1948 à Paris. * 2 UNESCO, Problématique de la scolarisation des filles dans l'enseignement, 2000, pp 74-75. |
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