I.2.2. Les
polysaccharides
Les polysaccharides sont des macromolécules glucidiques
formées par l'enchaînement d'un grand nombre de sucres
élémentaires appelés oses. Ils doivent être
brisés lors de la digestion afin d'être absorbés sous forme
de glucides simples par l'organisme. Contrairement aux monosaccharides et aux
disaccharides, ils ne sont pas solubles dans l'eau et sont dépourvus de
saveur sucrée.
On distingue deux types de polysaccharides : les
polysaccharides de structure qui constituent la paroi des cellules
végétales et les polysaccharides de réserve qui sont des
ressources caloriques. On les retrouve dans les produits
céréaliers, les légumineuses, les noix et les graines
ainsi que dans certains légumes féculents tels que la pomme de
terre et les patates douces (Slavin, 2003).
On retrouve aussi dans cette classe de polysaccharides les
fibres alimentaires de structures différentes des á-glycanes.
Elles sont composées en grande partie des glucides et d'autres
éléments de la structure de la plante qui résistent
à la digestion. Les fibres alimentaires sont classés en fonction
de leur solubilité en :
- Fibres solubles dans l'eau comme les pectines, les gommes et
les mucilages. Elles entraînent une augmentation considérable de
la viscosité et leurs solutions sont utilisées comme additifs
alimentaires en tant qu'épaississant et gélifiant. De même,
elles purifient et atténuent la réaction glycémique et
sont associés dans l'amélioration du contrôle de la
glycémie (Slavin, 2003).
- Fibres insolubles dans l'eau comme la cellulose,
l'hémicellulose et la lignine qui composent la structure des feuilles,
des fruits et des racines. Elles favorisent l'élimination intestinale en
diminuant le temps de transit et en augmentant le poids des fèces. Elles
sont susceptibles de réduire les risques des maladies coronariennes et
du diabète de type 2 (Howarth et al., 2005).
Dans les pays industrialisés, le taux de
mortalité due aux maladies cardiovasculaires est inversement
associé à la consommation des fibres alimentaires (Lin
et al., 1993). Une étude de cohorte menée
pendant 20 ans en Irlande et à Boston sur 1001 adultes de sexe masculin
a montré la même association ; elle diminue lorsque les
autres facteurs de risque sont contrôlés (Kushi et
al., 1995). Une autre étude menée pendant 12 ans sur 859
sujets des deux sexes a montré qu'une augmentation de la ration
journalière en fibres alimentaires de six grammes était
associée à une réduction du taux de mortalité due
aux maladies cardiovasculaires de 25% (Khaw et Barrell, 1987).
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un nutriment, les fibres
alimentaires, représentent une composante importante de notre
régime alimentaire, essentiellement parce qu'elles traversent
l'organisme sans être absorbées. Aussi, il y a très
peu de cas d'excès en fibres alimentaires car les surplus ne sont pas
emmagasinés dans l'organisme : ils sont plutôt
éjectés par voies intestinales. Une alimentation
équilibrée, pour les adultes, doit fournir environ 25 à 30
% de fibres alimentaires par jour (Stephen, 1983).
Les pectines sont les plus abondantes des polysaccharides dans
les plantes. Elles sont localisées au niveau des lamelles où
elles régulent l'adhésion intracellulaire. Les pectines sont
essentiellement des polysaccharides colloïdaux composés d'acide
1-4D-galacturonique et d'esters méthyliques de l'acide galacturonique.
Les pectines sont classées en deux groupes selon le niveau
d'estérification: pectines hautement méthoxylées (HM) ou
faiblement méthoxylées (LM). Le degré
d'estérification détermine les propriétés physiques
du gel qui conditionnent son utilisation. Les pectines HM sont utilisées
dans les confitures et les gelées, alors que les pectines LM, qui
possèdent des propriétés de gélification ionique,
servent aux produits faiblement caloriques à faible contenu en sucres
(Elmaleh, 2007). Les pectines ont un grand nombre d'application en industrie
pharmaceutique, cosmétique et alimentaire et de nouvelles sources de ces
polysaccharides sont constamment recherchés (Habibi et
al., 2004). Les études faites aussi bien sur les humains que
sur les rats ont mis en évidence d'une part l'adsorption des lipides par
les fibres alimentaires et d'autres part la réduction de la
glycémie post prandiale (Hennen, 1996). L'enrichissement de la ration
hydrocarbonée en fibres, est en fait le principal facteur
d'amélioration glycémique et lipidique induit par les
régimes riches en hydrates de carbones. Dans les sociétés
africaines traditionnelles, la phytothérapie est grandement
valorisée et largement utilisée dans le traitement des maladies
métaboliques à l'instar du diabète sucré, de
l'obésité ou des dyslipidémies grâce à la
présence de certains fibres ou polysaccharides complexes contenus dans
les plantes médicinales (Abo et al., 2007).
I.2.3.
Généralité sur le diabète sucréI.2.3.1. Définition
Le diabète sucré (en grec, diabetes
mellitus) est une maladie métabolique
caractérisée par une hyperglycémie résultant soit
d'un défaut partiel ou complet de sécrétion de
l'insuline par le pancréas, soit d'une inaptitude des cellules à
utiliser l'insuline pour absorber le glucose ou les deux (Ortiz-Andrade
et al., 2005). Comme il est mal absorbé par les
cellules, le glucose s'accumule dans le sang et cause l'hyperglycémie
qui peut être considérée comme une conséquence de
mécanismes physiopathologiques différents (Lacquemant,
2000).
I.2.3.2. Types et
étiologiea) Le diabète de type I Il se
caractérise par une déficience de la sécrétion
d'insuline du fait de la destruction sélective des cellules â
insulino-sécrétrices (qui constituent 60 à 70 % des
cellules endocrines du pancréas) suite à un processus auto-immun
complexe. Environ 15 % des diabétiques sont insulinodépendants,
c'est-à-dire que l'insulinothérapie est indispensable à
leur vie. Le diabète de type 1 survient dans 80 % des cas avant
l'âge de 40 ans et s'accompagne souvent d'une perte de poids corporel
d'où sa terminologie ancienne de diabète juvénile ou
diabète maigre (Dall'Agnol et Poser, 2000).
b) Le diabète de
type II
Il est le plus fréquent des diabètes
sucrés et regroupe près de 85 % des diabétiques des pays
développés. Parfois appelé diabète de l'âge
mûr ou diabète gras, le diabète de type 2 apparaît
généralement après l'âge de 40 ans et est souvent
associé à une obésité (80 %) ; les sujets qui
en sont atteints sont le plus souvent traités à l'aide des
antidiabétiques oraux (18 %) et/ou d'un régime alimentaire (60
%). Par contre, 15 % des sujets présentant un diabète de type
2 nécessitent une insulinothérapie bien qu'aucune réaction
auto-immune ne soit détectable (Dall'Agnol et Poser, 2000). Le
début de la maladie est difficile à dater compte tenu du
caractère très lent et progressif du développement de
l'hyperglycémie dans la majorité des cas, et de l'absence de
symptômes prédictifs exacts pendant de nombreuses années.
Cependant, le développement du diabète de type 2 présente
certains facteurs de risque que sont :
- Parent (s) diabétiques (s) non
insulinodépendants (s)
- Obésité, Surpoids,
sédentarité
- Elévation transitoire de la glycémie
lors d'une grossesse, de la prise de contraception orale ou d'un
traitement aux corticoïdes
- Naissance d'un enfant de poids > 4 kg (Harris et
al., 1992).
c) Le diabète gestationnel
C'est un type de diabète différent des
premiers. Il se définit comme un trouble de la tolérance
glucidique de sévérité variable survenant ou
diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse. Il
entraîne des anomalies de cette tolérance glucidique avec afflux
du glucose de la mère vers le foetus et une hyperinsulinisme foetale
réactionnelle (Landmark et Marpeau, 2001). Les facteurs de risque
sont :
- l'âge maternel inférieur à 25
ans ;
- la présence d'antécédent familial de
diabète ;
- le surpoids maternel avant la grossesse et
- l'appartenance à une population à risque de
diabète de type 2 (ADA, 1997).
d) Autres types spécifiques de
diabète
Il existe d'autres types de diabète regroupés
dans une troisième catégorie. Ces diabètes sont pour la
plupart liés :
- aux anomalies génétiques de la cellule ß
(MODY : Maturity Onset Diabetes of the Young, LADA : Low
Auto-immune Diabetes of the Adult) (Zimmet, 1996 ; Slama et
al., 1999),
- à des atteintes pancréatiques, qui sont la
cause relativement fréquente du diabète dit de malnutrition
(Slama et al., 1999),
- à des excès de sécrétion
hormonale à l'exemple du cortisol, du glucagon, de l'epinephrine
(Tournant et al., 1998),
- à des médications diabétogènes
tels que les antihypertenseurs, les contraceptifs oraux, les antiviraux etc.
(Pandit et al., 1993)
I.2.3.3. Prévalence du
diabète sucré
L'incidence du diabète sucré comme celle des
autres maladies non transmissibles augmente sans cesse. L'OMS estimait à
143 millions de personnes (IDF, 1998) et à 151 millions de personnes
(AFD, 2000) vivant avec le diabète dans le monde respectivement en 1995
et en 2000. Le nombre devrait augmenter à 300 millions en 2025 si aucune
mesure préventive n'est pas mise sur pied pour freiner cette
pandémie (AFD, 2000).
La prévalence du diabète est plus
élevée dans les pays développés que dans les pays
en voie de développement et il en sera toujours ainsi jusqu'à
2025 selon les prévisions. Cette prévalence chez les adultes dans
les pays développés risque d'augmenter de 51 millions en 1995
à 72 millions en 2025 avec une élévation dans les zones
urbaines par rapport aux zones rurales (AFD, 2000).
En Afrique, la prévalence est plus
élevée en zone urbaine qu'en zone rurale et on estime à
près de 7,5 millions, le nombre de diabétiques dont 75 % se
retrouvent au Maghreb et en Afrique Australe (WHO, 2000).
Au Cameroun, cette prévalence en 1997 était
estimée en zones rurale et urbaine respectivement de 0,9 % et 0,8 % chez
les hommes et 0,5 % et 0,6 % chez les femmes avec en général 0,01
% de diabétique de type 1 (Mbanya et al., 1997).
Ainsi, la prévalence élevée de
diabète associé à ses complications cardio-vasculaires se
traduit par un fardeau économique assez considérable et
très coûteux annuellement (Lacquemant, 2000).
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