Le Samusocial Mali et la prise en charge
médico-psycho-sociale
des enfants de la rue en situation d'urgence
sociale
Quelles problématiques pour quelles prises en
charge ?
Présenté par : Jean D. KONE
PROMOTION
ANNEE 2009-2010
Nom du directeur de mémoire : Oumar TRAORE
« Nous sommes
fiers de notre mère qui est la rue, jamais elle n'a enfanté mais
toujours elle a les bras ouverts pour accueillir des milliers
d'enfants »
Groupe de rap composé d'enfants de la
rue
GUEREBOU KOUNKAN
(Groupe de mendiants)
INTRODUCTION :
Le Mali est l' un des pays du tiers monde ; il
connaît un indice de développement humain de 0,326 qui le
positionne au 174ème rang sur 177 dans le classement du PNUD
(Programme des Nations Unies pour le Développement).1(*)
La capitale Bamako, à l'instar des grandes cités
des pays du tiers monde connaît un développement anarchique et
accéléré, la paupérisation de larges couches de la
population citadine, la désintégration familiale, la rupture des
solidarités communautaires traditionnelles en milieu urbain et l'exode
rural lié à l'attraction économique des villes.
Elle concentre à elle seule plus de 80% des
infrastructures industrielles et commerciales, 50% des salariés du pays
et 20% des effectifs de l'enseignement primaire. Cette situation en fait un
pole d'attraction par excellence.1
Avec 1,3 millions d'habitants en 20032(*), Bamako est une ville où
les enfants et les jeunes représentent 55% de la population de moins de
20 ans. On estime actuellement à environ 2,5% le taux d'accroissement
naturel de la population et 4,5% son taux moyen de migration.3(*)
Le phénomène des enfants de la rue constitue de
plus en plus une source de préoccupations dans le monde et au Mali. Il
intéresse tant les pouvoirs publics, les associations religieuses, les
organisations non gouvernementales que les organismes internationaux.
Selon l'UNESCO (United Nations Educational, Scientific and
Cultural Organization/ Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science, et la Culture), le nombre des enfants de la rue stricto sensu,
existe-t-il des enfants sans famille, ni protection institutionnelle,
s'élève à quelques centaines voire quelques dizaines de
milliers par villes. En y ajoutant tous les enfants en situation difficile qui
tirent difficilement leur maigre subsistance dans la rue tout en entretenant
quelques relations familiales ou institutionnelles, on estime qu'ils sont plus
de 100 millions dans le monde. Plus de 140 millions d'enfants survivent dans le
dénuement et la détresse.4(*)
Ces filles et garçons qui vivent des situations
difficiles dans la rue représentent un groupe extrêmement
vulnérable et défavorisé puisqu'ils sont exclus de la
société dans la mesure où ils sont en rupture avec leur
famille en tant que cellule initiale de l'ordre social.
L'étude menée en 2008 par le CNDIFE (Centre de
Documentation et d'Information sur la Femme et l'Enfant) a pour but d'assurer
une meilleure protection des enfants.
Face aux enjeux de la problématique de la protection
des enfants, le CNDIFE s'est engagé en 2005 à faire l'état
des lieux des enfants en situation difficile y compris ceux en conflit avec la
loi. Les résultats de cette étude ont relevé un nombre
important d'enfants en conflit avec la loi (plus 1400 enfants).5(*)
L'étude a été réalisée en
2008 sur toute l'étendue de la République du Mali excepté
Kidal. Toutefois, les données collectées ont porté sur
2006 et 2007.
En 2006, il y a eu au total 923 enfants interpellés,
dont 631 garçons et 292 filles. Ce chiffre a baissé en 2007
passant à 765 soit 582 garçons et 183 filles.
En 2006, il y a eu 322 enfants déférés
(230 garçons et 92 filles). Parmi ce nombre 217 enfants ont
été mis en détention provisoire dans les maisons
d'arrêt et autres centres de détention. L'écart, soit 105
ont bénéficié d'unemédiation pénale et
autres mesures alternatives.
En 2006, 39 enfants, dont 36 garçons et 3 filles ont
été détenus avec des adultes. En 2007, ce sont 70 enfants
dont 57 garçons et 13 filles qui ont été détenus
avec les adultes.
Pour les filles, le vol constitue 55% des motifs
d'emprisonnement et les autres motifs, notamment l'infanticide, les coups et
blessures volontaires, le meurtre, etc. constituent 45%.
Le vol semble avoir été l'infraction la plus
perpétrée par les enfants en conflit avec la loi dans la mesure
où il constitue plus de la moitié de leurs motifs
d'interpellation et d'emprisonnement.
De 2006 à 2007, ce phénomène a
augmenté de 39 à 70 enfants concernés. Il faut rappeler
que cette pratique va à l'encontre des dispositions de l'article 34 de
la loi n°01-081 du 24 août 2001 portant sur la minorité
pénale et l'institution de juridictions pour mineurs. Malheureusement
elle perdure par le fait que la majorité des prisons maliennes n'ont pas
été conçues avec un plan de séparation adultes
/enfants.6(*) Il existe
cependant un centre de détention et de réadaptation
spécifique pour les garçons mineurs à Bamako.
Cette étude du CNDIFE met en lumière toutes les
difficultés que la rue offre aux enfants ; qu'ils soient
passés par la rue ou pas, la majorité de ses enfants se
retrouvent entre la rue et la prison après avoir traversés les
situations citées plus haut. Vu que les articles 25
et 29 de la Charte Africaine des Droits et du
Bien être de l'enfant sont piétinés.7(*) J'ai trouvé utile de
prendre ce thème sur le phénomène des enfants de la rue
pour pouvoir comprendre les contours de la problématique et
présenter l'expérience du Samusocial Mali en la
matière.
Plusieurs ONG interviennent dans le domaine de l'enfance en
situation difficile. Malgré leurs nombreuses interventions sur le
terrain que ce soient les activités en rue en vue de les orienter dans
des centres en perspective de leur insertion sociale, économique et
professionnelle, les retours en famille et les suivis, le
phénomène des enfants de la rue ne cesse d'augmenter à
Bamako à une allure inquiétante et préoccupante.
Malgré ces efforts, il reste beaucoup à faire
dans la prise en charge de ces enfants. Pour mener à bien cette
recherche nous nous sommes posé un certain nombre de questions autour
desquelles l'étude va s'articuler :
- Quelle est l'efficacité de la stratégie
utilisée par le Samusocial Mali pour assurer la prise en charge
médico-psycho-sociale des enfants de la rue ?
- Quel est l'impact de l'action du Samusocial Mali sur la vie
des enfants de la rue ?
Pour répondre à ces différentes questions
nous nous sommes fixés des objectifs et formulé des
hypothèses dont l'atteinte et la vérification nous permettront
d'approfondir nos connaissances sur la prise en charge des enfants de la
rue.
Les hypothèses formulées dans la présente
recherche sont les suivantes :
1- les facteurs déterminants du
phénomène des enfants de la rue résultent des conditions
de vie économique, sociale, éducative et culturelle des parents
et d'un déficit de communication sociale.
2- Les stratégies et actions menées par
le Samusocial Mali constituent une étape nécessaire à
la réinsertion des enfants de la rue au sein de leur famille et de la
société.
3- La prise en charge personnalisée
pratiquée par Samusocial Mali s'avère une stratégie
d'intervention efficiente de résolution des cas.
Quand aux objectifs, il s'agit de façon
générale de contribuer à la compréhension du
phénomène des enfants de la rue au Mali et de leur prise en
charge.
De façon spécifique il s'agit de :
- Analyser les missions et stratégies
d'intervention du Samusocial Mali.
- Analyser les facteurs déterminants qui
engendrent le phénomène des enfants de la rue dans le district de
Bamako.
- Apporter des propositions d'amélioration des
stratégies d'intervention du Samusocial Mali dans la prise en charge
médico-psycho-sociale des enfants de la rue.
- Apporter des propositions d'amélioration de
la stratégie liée à la difficulté de
mobilité des enfants par une démarche plus présente et
régulière des équipes dans la rue.
Le mémoire est structuré en deux
parties :
_ Une partie théorique comprenant de la recherche
documentaire, des instruments de collecte des informations,
l'échantillonnage, la classification des concepts et la revue (critique)
de la littérature.
_ Une partie pratique dans laquelle nous décrivons
le milieu d'étude, lnous présentons et analysons les
résultats de l'enquête sur le terrain, la synthèse des
résultats, et faisons quelques suggestions et propositions.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
CHAPITRE I : Méthodologie
a) Recherche documentaire :
Elle a consisté en différents
éléments, à savoir :
-La recherche documentaire qui nous a conduit dans les
bibliothèques de l'Institut National de Formation des Travailleurs
Sociaux (INFTS) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et
Sciences Humaines (FLASH), du CNDIFE et du Samusocial Mali.
-Quand aux instruments de collecte de données, nous
avons administré le Questionnaire auprès de professionnels
intervenant auprès des enfants de la rue notamment : Caritas Action
enfant de tous, Enda Mali, Sinji ya ton, le Bureau International Catholique
pour l'enfance (BICE). Nous avons également effectué des
entretiens auprès des enfants concernés.
b) Instruments de collecte des
informations :
Dans le cadre de notre travail nous avons choisi comme
instrument de collecte des informations : le questionnaire et
l'entretien.
- Le questionnaire : il a
été administré auprès des intervenants des
structures de prise en charge des enfants de la rue ; ces
éléments sont : l'identité de la structure, les
stratégies et actions menées, leur appréhension desauses
de venue des enfants dans la rue, des conditions et stratégie de survie
des enfants dans la rue, leurs partenaires opérationnels et
Institutionnels, les difficultés qu'ils rencontrent dans la prise en
charge de ces enfants.
- L'entretien et le
guide : l'entretien est mené avec les enfants sur la base
d'un guide dont les éléments sont :
l'identité (âge, sexe, situation de la famille, rang dans la
fratrie...), le lieu d'origine, la cause de la venue en rue, les
difficultés rencontrés dans la rue, les sources de revenus, la
profession des parents, le contact avec les parents...
c) Echantillonnage :
L'étude porte sur les enfants de la rue de Bamako
prise en charge par le Samusocial Mali, elle concerne 15 sites et dortoirs
d'enfants.
Nous avons utilisé la Base de sondage qui est
tirée de la base de données actualisée du Samusocial Mali,
soit 1200 enfants. La taille de l'échantillon est de 300 enfants obtenue
par la procédure de tirage systématique. Le procédé
a consisté à tirer chaque cinquième élément
de la liste.
CHAPITRE II : Clarification et définition
des concepts
2.1 Clarification et définition des concepts et
revue de la littérature
Enfant :
Selon l'article 1 de la convention relative aux droits de
l'enfant, un enfant est défini comme « tout être humain
âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte
plus tôt en vertu de la législation qui lui est
applicable »8(*)
Rue :
La rue est un large espace de vie et d'activités
caractérisé par la débrouille, la misère, la
violence, les dangers et l'anonymat9(*).
La rue signifie un endroit quelconque autre qu'une famille ou
une institution d'accueil tels les édifices publics comprenant
bâtiments, cours, trottoirs. Elle est à la fois lieu de passage,
lieu de sociabilité, lieu des activités commerciales, et devient
pour les enfants, le lieu de vie permanent, lieu de la rupture avec le milieu
familial. Ils grandissent à l'écart des modes d'éducation
traditionnelle, sont privés de l'accompagnement des adultes pourtant
indispensable.10(*)
Enfant en situation
difficile :
Un enfant en situation difficile est un enfant qui vit en
rupture avec les normes de son milieu social soit par le fait de
défaillances intellectuelles, socioculturelles ou de déficiences
d'ordre psychologique, physique ou affectif.11(*)
Enfant de la rue :
Le terme enfant de la rue désigne une multitude
d'enfants et de définitions. Il ne sera pas facile de trouver la
définition type de l'enfant de la rue mais certains critères le
déterminent. En fait cinq critères caractérisent un enfant
de la rue : l'âge, la rue, les relations avec les parents, les
activités et les conditions de vie.12(*)
Selon l'article du code de protection de l'enfant, est
considéré comme « enfant de la rue » tout
mineur, résident urbain âgé de moins de 18 ans, qui passe
tout son temps dans la rue, travaillant ou pas, et qui entretient peu ou pas
des rapports avec ses parents, tuteurs ou la personne chargée de sa
garde ou de sa protection. La rue demeure le cadre exclusif et permanent de vie
de cet enfant et la source de ses moyens d'existence.13(*)
En dehors de cette définition purement juridique du
concept « enfants de la rue » nous pouvons donner une
définition sociale « les enfants de la rue sont les filles et
les garçons pour qui la rue est devenue un lieu d'habitation. Ils en
tirent leurs propres moyens de subsistance. Ils y sont sans protection, en
rupture temporaire, partielle ou totale avec leur famille et même la
société ».14(*)
Tessier Stéphan le définit aussi comme un enfant
qui joue dans la rue se promène et travaille, mais en plus, qui y vit
et y dort ; il y fait l'expérience de la vie, de l'amour et de la
mort. Il est en rupture totale avec sa famille d'origine.15(*)
Enfant à la rue :
Selon Tessier Stephan c'est un enfant situé entre les
deux catégories d'enfants, à savoir l'enfant à la rue,
qui est en conflit avec sa famille et en instance de devenir avec le temps et
les aventures, un enfant de ou dans la rue si aucune main secourable et
opportune ne lui est tendu. Il évolue dans l'espace physique, culturel
et économique de la rue. Il a voulu ou à été
contraint de rencontrer la rue. Il enfait son élément unique de
développement personnel et social.16(*)
Enfant dans la rue :
Selon Tessier Stephan c'est un enfant qui se trouve par
périodes non continues dans l'espace d'une zone urbaine ou péri
urbain. Les enfants « dans » la rue y ont des
activités ludiques, jeux, promenade, travail en restant bien souvent en
contact avec la famille. Ils gardent leur identité propre et
culturelle.17(*)
L'UNICEF, en 1986, a opéré une distinction entre
les différents enfants qui sont dans la rue en déterminant trois
groupes :
- les enfants conservant des contacts continuels avec la
famille (groupe A) ;
- les enfants conservant des contacts occasionnels avec la
famille (Groupe B) ;
- les enfants qui n'ont aucun contact avec la famille (Groupe
C)
De ceci va émaner la distinction entre les enfants dans
la rue et les enfants de la rue.
v Les premiers sont ceux du groupe A et B qui mènent
des activités dans la rue y passent la nuit ou pas et qui sont en
contact avec la famille. Ils sont appelés « enfants
dans la rue »
v Les seconds sont ceux du groupe C qui n'ont plus de contact
avec la famille. Ils sont appelés « enfant de la
rue »
Certaines ONG continuent toujours d'utiliser ces termes
même si l'UNICEF l'a abandonné au profit des « enfants
nécessitant une protection spéciale ».18(*)
Typologie d'un enfant socialement exclu
Etablir une typologie des enfants de la rue n'est pas chose
aisée puisque diverses catégories d'enfants se regroupent
souvent et de nouveaux phénomènes peuvent engendrer de nouvelles
catégories. Leurs points communs sont le type de traumatisme, la carence
affective et une rupture familiale avec un dosage variable de facteurs sociaux
ou psychologiques.19(*)
Exclusion :
Une personne en situation d'exclusion est une victime qui se
retrouve « en dehors des règles» de la société,
en marge. L'exclusion peut être conçue comme une
dépossession : perte des liens, perte des repères, perte de
l'estime de soi...
Il est essentiel de bien distinguer exclusion et
pauvreté, l'exclusion renvoyant à un phénomène de
perte de repères et de lien social extrêmement complexe.20(*) Ces enfants se retrouvent
exclus de la société, privés de droits, privés
d'avenir.
DES ENFANTS SOCIALEMENT EXCLUS
Exclusion des services de santé
Exclusion de l'éducation
Exclusion familiale
Absence de prévention
Absence d'information
Absence d'affection
Absence de soins
Absence de formation
Absence de protection
Vulnérabilité des enfants des
rues21(*) :
Il s'agit là des risques que courent les enfants dans
la rue. Ces enfants socialement exclus tombent dans une extrême
vulnérabilité aux risques et dangers de la rue.
DES ENFANTS EXTREMEMENT VULNERABLES AUX RISQUES DE
LA RUE
Vulnérable aux risques sanitaires et
épidémiologiques
Vulnérable aux risques de violences
familiales
Vulnérable aux risques
psychologiques
Agressions VIH/et SIDA
Troubles du comportement
Violences sexuelles
Infections liées aux
conditions de vie
L'urgence sociale :
Une personne qui vit dans la rue est en danger, à
quelques heures, quelques jours, quelques semaines, aussi bien dans le domaine
médical que psychologique ou social. Sans repères ni codes,
cette personne n'a ni conscience du danger dans lequel elle se trouve, ni les
moyens d'y faire face, et ne sait plus demander de l'aide. Il faut donc une
tierce personne, qui soit en mesure de lui porter efficacement assistance, en
urgence. L'urgence sociale : « c'est l'urgence d'aller en
urgence vers les personnes en détresse sociale, réduites au stade
de la simple survie, qui ne sont plus à même d'appeler les
secours ».22(*).
Revue de la littérature
2.2 Quelques éléments du champ de
sociologie
a) De
l'errance :
Un des visages que l'on retrouve chez les personnes qui vivent
à la rue est le visage de l'errance. L'errance a toujours existé
et s'est manifestée un peu partout, quels que soient les espaces et les
époques. Outre ses aspects canoniques (nomadisme, migration, etc.), elle
a pris au cours des temps, des formes plus ou moins
tolérées : le vagabondage par exemple.
L'errance des personnes à la rue peut se
définir23(*) : comme le déplacement
forcé sur un territoire de ceux qui n'ont plus ni logement, ni
vêtements normés, ni travail. Elle engendre la misère
absolue. On retrouve la figure des enfants, adolescents et jeunes errants. Ces
derniers le deviennent à la suite de circonstances
généralement familiales. Ils sont devenus sans domicile fixe
malgré eux, contre leur propre volonté, en fonction de
conjonctures diverses à la fois familiales, culturelles, psychologiques
et sociales. Ils établissent des relations entre eux. La
catégorie des enfants de la rue s'y retrouve pleinement.
2.3 Quelques éléments
du champ de l'anthropologie
a) Le concept de maltraitance en Afrique
noire
Il a été précisé
précédemment que la douleur physique et les privations sont
considérées comme des valeurs positives de l'éducation
comme indispensables pour que l'enfant devienne un adulte fort et accompli.
Mais où se situe la limite entre une « bonne
éducation » qui implique qu'un enfant soit corrigé et
la maltraitance ?
De même dans ces sociétés où la
hiérarchie unanimement reconnue est celle basée sur l'âge,
l'âge étant en effet, un critère de respect, quels
comportements à l'égard de l'enfant sont considérés
comme mauvais traitements ? Quels modes de régulation
existent ?
2.4 Quelques éléments
du champ de la psychologie
a)La notion de sur adaptation paradoxale24(*)
Cette notion développée par Olivier DOUVILLE,
tente d'expliciter le paradoxe suivant : lorsqu'on rencontre des enfants
de la rue, on est parfois bien surpris de trouver des enfants souriants, se
présentant comme des experts de la rue (caïds).
Ces enfants ne se présentent pas comme des victimes au
regard des différents traumatismes qu'ils ont subit, ils ont l'air de
vivre de manière sur adaptée à un environnement hostile et
menaçant. Il convient donc de ne pas considérer ces enfants et
ces adolescents uniquement comme des victimes et des êtres
abîmés par l'existence, mais comme des sujets capables de
développer d'intenses stratégies de survie. Cependant, certaines
adaptations à l'immédiat amputent l'enfant d'une bonne part de sa
vie psychique et émotive, de sorte que des régressions sont
nécessaires pour réinvestir ce qui a été
laissé de coté ; et c'est la raison pour laquelle certains
de ces enfants dès lors qu'ils sont écoutés et accueillis
commencent à aller moins bien, à faire des cauchemars, à
être malade parce qu'ils savent que désormais on touchera leur
corps pour les soigner et non plus pour les violenter. Ils peuvent quitter
cette anesthésie de parade dont ils avaient impérieusement besoin
dans le contexte de la vie dans la rue.
b) Le rapport aux territoires des enfants
de la rue
La notion de territoire
Il existe des lieux qui sont spécifiques aux enfants
des rues. Lorsqu'on les cherche il faut se rendre à des endroits
spécifiques. On appellera ces lieux les territoires des enfants. Un
territoire est une zone occupée, délimitée d'une certaine
manière et défendue contre l'accès des
congénères.
La logique de territoire
La logique de territoire développée par les
enfants de la rue s'inscrit dans le processus général de la
construction de la représentation spatiale des enfants.
Eu, égard à la problématique
spécifique des enfants de la rue, cette construction s'articule autour
de quatre paramètres psychologiques majeurs : la notion de
réversibilité, le temps de la clôture, le temps de
l'arrachement et le temps de l'éclatement.
- La notion de réversibilité
La logique de territoire des enfants de la rue est liée
à la représentation de l'espace de l'enfant. Jusqu'à
l'âge de douze ans, l'enfant ne dispose pas d'une capacité
d'abstraction suffisante pour intégrer l'idée de
réversibilité absolue du trajet. L'enfant ne connaît, en
effet, qu'une réversibilité relative fondée sur la
mémorisation des trajets expérimentés. En dehors de ces
trajets identifiés par l'enfant comme réversibles, l'enfant pense
que tout trajet abolit le point de départ.
A
B
Construction adulte de la
notion de réversibilité
Compte tenu de leurs conditions de vie, les enfants de la rue
ne connaissant que deux repères territoriaux : le lieu où
ils vivent en groupe et le lieu où ils sont éventuellement pris
en charge (centre d'accueil, etc.). En revanche, l'espace entre ces deux lieux
se présente pour eux comme un espace inconnu et, s'ils n'ont pas
déjà expérimenté la réversibilité du
trajet entre ces deux lieux, les enfants imaginent qu'une fois qu'ils ont
quitté un lieu, ils ne pourront jamais y revenir.
Construction des enfants de la rue
La clôture L'arrachement
L'éclatement
(Temps 1) (Temps 2) (Temps 3)
Pour les enfants, tout ce qui est hors de leur territoire est
hors de leur monde. Dans cette optique, ils ne quittent pas un lieu pour un
autre lieu mais leur territoire pour le vide. Cette conception de l'espace
explique notamment le changement de comportement de certains enfants qui,
lorsqu'ils sont amenés à s'éloigner un peu de leur
territoire se retrouvent en grande difficulté, alors même qu'ils
semblaient aller parfaitement bien sur leur lieu de vie.
- Temps 1 : la clôture
Contrairement à l'image traditionnelle de l'enfant de
la rue, caractérisé par son extrême mobilité et son
aisance à se déplacer dans la ville, la logique de territoire
témoigne précisément des difficultés parfois
insurmontables, des enfants de la rue à quitter leur lieu de vie. Le
territoire sur lequel vit le groupe d'enfants fonctionne, en effet, comme un
périmètre de sécurité constitué de
repères précis. Paradoxalement, ce territoire est
généralement un angle de rue qui représente, dans la
construction adulte de l'espace, davantage un lieu de passage (croisement entre
deux rues) qu'un lieu de clôture. Pourtant, pour l'enfant, l'angle de rue
incarne précisément un lieu de refuge par excellence dès
lors qu'il constitue la fin de la rue, c'est à dire la clôture
imaginaire de son territoire.
Le besoin vital de l'enfant d'une clôture spatiale se
justifie au regard de sa représentation corporelle. Pour tout enfant, le
lieu de vie incarne une partie de son corps et grandir, c'est
précisément apprendre à détacher son corps de
l'environnement grâce à l'évolution de sa capacité
d'abstraction. Déplacer brutalement un enfant de son territoire de vie
s'avère analogue, dans cette perspective, à détacher un
membre du corps suscitant un profond sentiment d'angoisse et de perdition.
- Temps 2 : l'arrachement
Le temps de l'arrachement correspond au déplacement de
l'enfant qui quitte son territoire pour un autre lieu, par exemple un centre
d'accueil. Non seulement l'enfant n'a peut être pas encore
intégré la notion de réversibilité du trajet mais
il n'a également peut être pas encore opéré le
détachement psychique de son corps avec son environnement. Pour cet
enfant, quitter son territoire signifie en d'autres termes, ne plus pouvoir y
revenir et se sentir « amputé » d'une partie de son
corps.
- Temps 3 : l'éclatement
Le temps de l'éclatement correspond notamment à
l'arrivée de l'enfant dans un centre d'accueil et d'hébergement.
Contrairement au regard adulte porté sur un centre, espace clos par
définition, l'enfant considère cet espace comme un lieu
dangereusement ouvert dans la mesure où ses repères spatiaux sont
bouleversés. Le temps de l'éclatement, c'est le temps
nécessaire à l'enfant pour s'adapter à ce nouvel espace en
recréant des repères de clôture.
Cette période de profonde angoisse est de nature
à provoquer le repli de l'enfant sur son corps dès lors qu'il
incarne le seul territoire connu. Ce temps de l'éclatement
s'avère tout aussi problématique dans la situation du retour de
l'enfant dans sa famille.
c) La spécificité de la question
adolescente
La terminologie classique « enfants de la
rue » manifeste, en soi, le peu de place accordée, au
phénomène de l'adolescence dans cette population
particulière, comme si un enfant de la rue devenait un adulte à
18 ans, sans jamais avoir été considéré comme un
adolescent. Pourtant, généralement la tranche d'âge
dominante chez les enfants de la rue est celle des 11- 16 ans, ce qui signifie
que, majoritairement, les enfants de la rue sont des adolescents de la rue.
ü Questions d'adolescence
L'adolescence se définit au regard d'une triple
acception :
· Une définition physiologique : la
puberté
· Une définition anthropologique et sociale :
la relation aux autres
· Une définition psychologique :
l'identité
Ces définitions cumulatives renvoient respectivement
aux questions suivantes que se pose l'adolescent :
· Que se passe-t-il dans mon corps ?
· A qui puis-je désormais en parler, en qui
puis-je désormais avoir confiance ?
· Que suis-je devenu ?
La caractéristique majeure et commune à ces
trois questions réside, pour le sujet qu'est l'adolescent, dans
l'ignorance des réponses et dans la nécessité de les
trouver ou de les inventer. En d'autres termes, l'adolescence est le moment
où le sujet essaie de conférer un sens au changement qu'est la
puberté.
L'adolescence est également un moment de rupture avec
la famille dans le sens d'une stratégie de rupture de l'enfant avec le
maternage. Toutefois, il ne s'agit pas, dans un contexte normal, d'une rupture
absolue mais d'une rupture pour une relance, pour une retrouvaille :
l'adolescent doit quitter la mère et le père tels qu'ils
étaient pour l'enfant et les retrouver tels qu'ils sont pour la
communauté, pour la société. En revanche, certaines
circonstances peuvent induire un caractère absolu à la
stratégie de rupture familiale de l'adolescence : ainsi la
maltraitance, par excès (violence physique) ou par défaut
(absence de soins, d'attention) constitue un facteur de risque certain au
regard d'une rupture sans relance, sans retrouvaille.
Cette quête de sens et cette stratégie de rupture
familiale peuvent être socialement encadrées, à l'instar
des rituels initiatiques qui marquent le passage de l'enfance à
l'adolescence : d'un produit familial, l'adolescent devient un sujet
social auquel sont conférés des droits liés à son
nouveau statut (notamment, écouter les ancêtres, se confronter aux
textes religieux, exercer une sexualité). Ces rites de passage
permettent à l'adolescent de répondre à sa question
identitaire et de faire la preuve de son droit à l'existence dans une
société donnée. En effet, à la différence de
l'enfant qui est théoriquement dans une situation de dû (il a le
droit à la sécurité, aux soins et à
l'éducation), l'adolescent doit désormais prouver ce qu'il est et
ce qu'il vaut, et ce, vis-à-vis des autres, c'est à dire en
dehors du groupe familial.
En l'absence de passage socialement organisé, la
question centrale de l'adolescence devient la suivante : à qui
l'adolescent doit il s'adresser pour comprendre les changements liés
à la puberté et faire preuve de son droit à l'existence en
tant que sujet social ? Une question qui revêt naturellement une
importance accrue lorsqu'il s'agit d'un adolescent de la rue.
Les trois questions fondamentales de l'adolescence (le corps,
la relation aux autres, l'identité) ont une résonance
particulière pour les adolescents de la rue, compte tenu de leur
histoire familiale, de leur situation et de leurs stratégies de
survie.
d) Les conduites d'exposition
au risque
En ce qui concerne la question du devenir du corps à la
puberté, il importe de l'envisager en considérant le fait que les
enfants de la rue ont un rapport au corps clivé :
· Un corps « hyper compétent »
c'est-à-dire sur entraîné à l'exercice de leurs
stratégies économiques de survie (mendier, travailler, voler, se
prostituer) ;
· Un corps totalement ignoré en termes de savoir
relatif au fonctionnement du corps.
Si les enfants de la rue savent ce dont le corps est capable,
ils ne connaissent pas leur corps. Plus exactement, c'est exactement, parce
qu'ils ignorent tout savoir sur le fonctionnement du corps qu'ils
développent les compétences de leur corps. En particulier, un
enfant qui a été maltraité devient un adolescent qui lutte
contre des angoisses de mort s'exprimant notamment, au moment des changements
pubertaires, par la peur que son corps ne fonctionne plus. Cet adolescent va
ainsi vérifier que son corps fonctionne.
A cet égard, une distinction de genre
apparaît : si les garçons vérifient que leur corps
fonctionne dans le social, notamment par l'exercice de compétences
délinquantes (le vol), les filles vérifient que le corps
fonctionne dans la sexualité, en particulier la prostitution. En
d'autres termes, moins un (ou une) adolescent(e) connaît son corps, plus
il ou elle expérimente son fonctionnement par des conduites d'exposition
au risque : la délinquance sociale des garçons, la
délinquance sexuelle des filles.
e) L'accrochage à un protecteur
En ce qui concerne la spécificité de la
stratégie de rupture familiale des adolescents de la rue, celle-ci peut
schématiquement se présenter de la façon suivante :
une rupture avec la famille, mais accompagnée de retrouvaille, celle du
groupe d'enfants de la rue dans lequel le sujet s'intègre et qui devient
« sa famille ». Plus précisément, l'enfant ne
s'intègre pas à un groupe mais « s'accroche »
à un protecteur qui généralement est le leader dudit
groupe. Cet « accrochage » confère à l'enfant
non seulement un repère sécuritaire mais également un
repère identitaire : il devient le membre de tel groupe et exerce
telle fonction (mendiant, cireur, etc.). Dans cette perspective, la logique de
groupe apporte une réponse à la question identitaire de
l'adolescent et « l'accrochage » au leader, une
réponse à sa recherche d'une personne ressource, celle
auprès de laquelle il peut formuler ses demandes.
Cette stratégie « d'accrochage » a
toutefois un prix pour l'adolescent : en contrepartie de la protection, de
l'identité et de l'identification d'une personne ressource, celui-ci
accepte de se soumettre à la tyrannie affective du leader.
Dans son groupe d'enfants de la rue, en effet, le leader
exerce son autorité par un diktat des émotions : il leur
interdit de donner de l'attention ou du temps aux personnes extérieures
au groupe, évoquant ainsi une tyrannie affective qui relève d'une
logique sectaire. La famille retrouvée par l'adolescent de la rue est
donc de nature tyrannique, despotique, et l'intégration dans un groupe
relève davantage de la servitude volontaire que d'une liberté de
choix. La personnalité du leader peut, dans cette perspective, aider au
repérage des adolescents en danger ; plus un leader est tyrannique
plus l'adolescent « accroché » à ce leader
doit être considéré en grand danger dans le sens où
ce lien despotique manifeste l'incapacité de l'adolescent à
envisager une relation à l'autre qui soit exclusive d'exploitation et de
maltraitance.
La problématique de l'enfant des rues appelle des
notions issues de plusieurs champs d'étude : la sociologie,
l'anthropologie, la psychologie. Cette première partie a posé les
bases théoriques autour desquels les analyses des données de
cette recherche devront s'agencer.
CONCLUSION
L'enfant au Mali est traditionnellement
considérée comme une richesse pour la communauté. Aucun
espace ne lui est réservé ou défendu. L'enfant est
intégré au monde adulte. Dans ce cas, la rue est un espace que
l'enfant peut fréquenter librement, surtout qu'elle fait partie
intégrante de l'espace communautaire. Les couches les plus
marginalisées de la société survivent grâce à
des réseaux d'entraides et la rue, qui font partie de leur quotidien
d'autant plus, si ces personnes ne peuvent pas se permettre le luxe
d'entretenir des espaces privés.
La société traditionnelle avait réussi
par référence constante à l'histoire de la
communauté, à créer une conscience d'appartenance commune,
un enracinement dans les valeurs permanentes et l'acceptation des buts de la
société. La jeunesse africaine moderne est souvent privée
d'une dimension importante dans la formation de sa personnalité sociale
et culturelle : la possibilité d'identification au groupe et
à ses valeurs communes.
L'enfant réduit à la survie dans la rue est une
conséquence de la modernité au Mali. L'enfant est victime de
l'exclusion sociale.
DEUXIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
Chapitre I : Etude du milieu
1. Présentation du District de Bamako
a) Historique25(*)
Le site de Bamako a été occupé dès
la préhistoire comme l'ont confirmé les fouilles
archéologiques de
Magnambougou.
Bamako, originellement bàmak?? («
marigot du
caïman » en langue
bambara), a
été fondée à la fin du
XVIe siècle par les Niaré, anciennement
appelés Niakate, qui étaient des
Sarakolés.
Niaréla, le quartier des Niaré, est un des plus anciens quartiers
de Bamako.
Le
marché rose
Bamako sur le fleuve Niger
Le fort
construit en 1883
En
1895, elle devient chef-lieu de
cercle avant de devenir capitale du
Haut
Sénégal-Niger le 17 octobre
1899 puis du
Soudan
français en
1920. Entre
1903 et
1907 est construit le palais de
Koulouba, palais du gouverneur puis siège de la présidence de la
République à partir de l'indépendance en 1960.
Le
20
décembre
1918, un arrêté
général érige Bamako en une commune mixte, dirigée
par un administrateur-maire,
3.
En
1904, la ligne de
chemin de
fer du Dakar-Niger est inaugurée. En
1905 débute la
construction de l'Hôpital du point G.
Henri
Terrasson de Fougères, gouverneur intérimaire (en 1920 et
1921), puis devenu Gouverneur du Soudan français (actuel Mali) du
26
février
1924 à 1931,
réside au Palais de Koulouba à Bamako. Il fut à l'origine
d'un grand nombre d'aménagements urbains de la ville.
En
1927 est construite la
cathédrale. La Maison des artisans est créée en
1931. En
1947 un premier pont sur le
Niger est
érigé. La grande mosquée de Bamako est construite en
1948.
Le
18
novembre
1955, une loi
4 qui transforme
Bamako en une commune de plein exercice est adoptée
3.
Modibo Keïta,
est élu maire un an plus tard, le 16 novembre 1956. Le
22
septembre
1960, l'indépendance du
Mali est proclamée et Bamako devient la capitale de la nouvelle
république.
Par une ordonnance du
12
juillet
1977
5, Bamako devient
un district, collectivité décentralisée régie par
un statut particulier et composé de six communes. La loi du
11
février
1993
6 définie
le district de Bamako comme une collectivité territoriale dotée
de la personnalité morale et de l'autonomie financière
3.
2: Présentation de SAMU SOCIAL
a) Historique du
Samusocial
Le Samusocial constitue une structure d'aide aux sans abris.
Créé en 1993 par
Xavier
Emmanuelli, le premier Samusocial sera le Samusocial de Paris.... Il est
possible de joindre par téléphone le Samusocial en composant le
115 en France. Le même Xavier Emmanuelli créera par la suite le
Samusocial international. Le Samusocial international est une association de
forme
loi
1901 dont les statuts ont été déposés le 3
juillet 1998.. Le Samusocial international a pour but de
« Secourir » selon la philosophie de la
Déclaration
universelle des droits de l'homme en réaffirmant les principes de
Liberté, d'Égalité, de Fraternité et de
Solidarité », mais aussi de « Créer,
promouvoir et soutenir des dispositifs analogues à ceux mis en oeuvre
par le Samu Social de Paris »... Initialement, l'expression SAMU
signifie « service d'aide médicale urgente ». Ce
terme sera lexicalisé (c'est à dire que l'acronyme deviendra un
mot à part entière), pour devenir un synonyme
d'« organisme s'occupant en urgence de la
détresse ».
D'abord à Paris, puis dans 50 villes de France. Et
désormais à Bruxelles comme Bamako, Ougadougou, Dakar, Le Caire,
Pointe Noire...
b) Historique du Samu social
Mali
Une mission exploratoire menée par le Dr Xavier
Emmanuelli en mai 2000, a posé les jalons d'une collaboration
officielle avec le Ministère de la Promotion de la femme, de l'enfant et
de la famille.
En Novembre 2000 le Samusocial International confia à
un chargé de mission le soin de créer l'association et d'en
constituer les organes, ainsi que de mettre en place les conventions de
collaboration avec les différentes structures concernées
En Janvier 2001 le Samusocial Mali fut créé sous
la forme d'association malienne et obtent le statut d'ONG malienne en vertu de
l'accord signé avec le Gouvernement de la République du Mali sous
le récépissé n° 0338 / MATCL- DNI du 14 mai 2001.
Le Samusocial Mali est placé sous la tutelle du
Ministère de la promotion de la femme de l'enfant et de la famille.
Son action a évolué avec le temps, s'est
progressivement perfectionnée et affinée avec la formation
continue des équipes et de ses partenaires opérationnels. Le
Samusocial Mali prend en compte des problèmes spécifiques
à chaque genre avec la création en 2004 d'un projet
« jeune fille dans la rue ».
- Enjeux
La présence durable d'enfants dans la rue constitue un
phénomène sociétal inquiétant. Les enfants et
adolescents d'aujourd'hui sont en effet les adultes de demain. Comment va se
construire le rapport de ces jeunes à une famille et à une
société qui n'a pas été capable de subvenir
à leurs besoins élémentaires (protection, alimentation,
éduction, affection) ?
Les autorités maliennes sont aujourd'hui en
présence d'un phénomène qui ne cesse de prendre de
l'ampleur : le Samusocial Mali identifie dans la rue en moyenne 10 enfants
nouveaux enfants par moi. Il est donc urgent de réagir, pour que ces
jeunes ne constituent une génération sacrifiée. Le
précurseur, le Dr
Xavier
Emmanuelli signait que : « la détresse d'un enfant
est intolérable ».
c) L'OBJECTIF GENERAL du Samusocial
Mali
Son objectif général est de contribuer
à la lutte contre l'exclusion sociale des enfants de la rue à
Bamako, les enfants à survivre dans la rue et à quitter le monde
des enfants de la rue.
d) L'ORGANISATION exécutif du Samusocial
Mali
Le bureau de l'association est composé de :
-un président
-un vice président
-un trésorier
-un secrétaire
e) L'ORGANIGRAMME de l'ONG Samusocial
MaIi
......................................................................................................
f) La population cible :
La population qui bénéficie des services du
Samusocial Mali est constitué par les enfants (filles et garçons)
âgés de 0 à 18 ans de toutes ethnies et toutes
provenances.
METHODOLOGIE D'INTERVENTION AUPRES DES ENFANTS DE LA
RUE
Le dispositif du Samusocial a mis en place un programme d'aide
pour les personnes en situation d'urgence sociale. Il s'agit à l'instar
des services médicaux d'urgence qui vont au devant des blessés
physiques, d'aller vers les blessés de la vie, ceux qui n'ont plus rien,
qui n'ont plus la force de se rendre dans des services d'aide pour
recréer un lien, une passerelle vers la sortie du monde de la rue.
Le Samusocial Mali a développé ce programme
auprès des enfants de la rue, public spécifique. L'objectif de ce
guide méthodologique est d'explorer la démarche d'intervention
sociale mise en place pour venir en aide à ces enfants.
A. CADRE GÉNÉRALE DE
L'INTERVENTION DU SAMUSOCIAL MALI
Maraude :
Il s'agit des tournées de nuit
effectuées par le Samusocial Mali dans les rues de Bamako pour aller
à la rencontre des enfants de la rue. Le travail permet d'une part de
repérer les enfants en réelle situation de rupture familiale ou
en urgence sociale et d'autre part de leur apporter une aide et une
protection.26(*)
Sites :
Ce sont des lieux de regroupement des enfants de la rue. Ils
peuvent être souvent des lieux d'activités ou dortoirs,
etc.27(*)
Enfants mendiants 28(*) :
Ce sont des enfants qui pratiquent la mendicité
précisément dans les grandes villes comme Bamako. Certains
enfants la pratiquent dans le cadre de l'apprentissage de l'Islam et/ou au
bénéfice de leur maître coranique : c'est le cas des
talibés. D'autres en sont tout simplement poussés,
entraînés par leurs parents, eux-mêmes vivant dans les rues
ou non.
Samusocial :
Le Samu social est une structure d'aide aux sans abris. Le
premier fut le Samu social de Paris, créé en 1993 par Xavier
Emmanuelli. ...
Equipe mobile de traitement de situations d'urgence sociale
que peuvent connaître des personnes sans abri. Elle a recours à
des modes de traitement particuliers : offre ponctuelle d'hébergement
d'urgence, offre de soins, de nourriture, de vêtements...
EMA : Equipe Mobile d'Aide
Elle composée : d'un soignant, d'un travailleur
social et d'un conducteur accueillant. Le briefing : est
la réunion de tout le personnel des équipes mobiles avant leur
départ afin de recevoir leur mission et consignes de la nuit.
L'urgence sociale pour les enfants de la rue : la
situation d'enfant en danger
Pour les enfants de la rue, la notion d'urgence sociale se
réfère à la notion d'enfant en danger.
Les situations d'enfant en danger correspondent à deux
types de situation :
Enfant en danger
immédiat : enfant victime de violences physiques,
sexuelles ou psychologiques entraînant de graves conséquences pour
son développement physique, intellectuel et psychologique. Il s'agit
d'une situation objectivement observable en lien avec la notion de
maltraitance. On distingue les situations suivantes :
- Le danger avéré : les enfants ont
été victimes de violences.
- Le danger pressenti fortement: les enfants vont
être victimes de violences.
- Le danger pressenti : il existe des présomptions
concernant un passage à l'acte violent possible (jeune fille seule sur
un site avec des garçons plus âgés...).
Enfant en situation de risque
dangereuse : enfant confronté à des conditions
de vie qui risquent à plus ou moins brève échéance
de mettre en danger sa santé, sa sécurité, son
équilibre psychosocial. La situation de risque peut être plus ou
moins inquiétante, il faut donc savoir évaluer la
dangerosité de la situation de risque dans laquelle se trouve l'enfant.
- Au vue de la définition, les enfants de la rue sont
tous des enfants en danger et de ce fait en situation d'urgence sociale.
L'intervention sociale nécessite donc de déterminer des
priorités des prises en charge : les enfants nécessitant une
intervention prioritaire.
B. OBJECTIF DE L'INTERVENTION
L'objectif général de l'intervention est de
permettre aux enfants d'être en capacité d'établir une
relation constructive avec des adultes.
On entend par relation constructive une relation qui
apporte à l'enfant malgré sa situation d'enfant dans la rue, les
repères nécessaires pour lui permettent de recommencer à
se construire.
OBJECTIFS SPECIFIQUES:
· Développer chez l'enfant une nouvelle perception
de l'adulte
· Faire que l'enfant soit en capacité de se
projeter dans l'avenir
· Déclencher le processus de sortie de la rue.
C. PEDAGOGIE
La pédagogie utilisée est celle de la relation
d'aide. En effet, c'est dans ce cadre que peut s'inscrire une demande d'aide
formulée par les enfants ou par un groupe d'enfants.
La relation d'aide est une relation spécifique qui
permet au sujet d'acquérir une compréhension de lui-même
à un degré qui le rende capable de progresser.
La relation d'aide du
Samusocial Mali
Une relation incitative
Aller vers les enfants
Les enfants de par leur situation de rupture avec leur cadre
affectif, ne sont plus en capacité d'interpeller les adultes. Le fait
d'aller à leur rencontre permet de leur signifier la présence
d'adultes prêts à leur venir en aide. Les équipes du
Samusocial Mali appelées Equipes
Mobiles d'Aide (EMA) se rendent sur les lieux
de vie des enfants.
Le complément nutritionnel
Les EMA distribuent un complément nutritionnel
(bouillie de mil) aux enfants. Il crée un cadre convivial pour favoriser
le contact auprès des enfants, et permet en plus aux malades d'avaler
les comprimés donnés par le soignant de l'équipe.
Certains, très en rupture dans la relation avec l'adulte vont ainsi
accepter plus facilement l'approche par les membres des EMA.
Une présence
régulière
L'intervention de nuit permet d'être présent au
moment où les enfants sont le plus disponibles. La nuit est aussi le
moment où l'insécurité et le désarroi sont plus
prégnants. Etre présent permet de sécuriser les enfants
physiquement et psychologiquement.
Les EMA sont présentes toute les journées et
tous les soirs. Renouer des liens est un processus qui demande du temps. C'est
par une présence quotidienne que l'on permet aux enfants selon leur
rythme de se familiariser avec les EMA pour pouvoir entrer dans un processus de
mise en relation.
Une interaction du médical et du social
Le Samusocial Mali tente d'établir la relation d'aide
par l'imbrication de deux sphères : celle du sociale et celle du
médicale. Les EMA sont constituées d'un médecin d'un
travailleur social et d'un chauffeur accueillant. Le fait de soigner l'enfant,
de prendre soin de lui peut être une porte d'entrée pour la
relation. Soigner quelqu'un c'est lui dire que son corps a de la valeur.
Personne ne fait attention au corps des enfants de la rue et si cela se produit
c'est bien généralement dans le cadre de l'exploitation. Le soin
médical symbolise toute l'attention qu'on leur porte, et permet à
l'enfant de prendre confiance, d'établir un premier contact tactile
avant que la parole ne se libère.
Les enfants sont en groupe et les soins médicaux se
font généralement à proximité des autres. Pendant
les soins, les autres sont attentifs. Ils cherchent à
vérifier :
- Si le soin donné est efficace
- Notre capacité à renouveler notre
présence
- Notre capacité à créer un espace de
paix et de sécurité.
Par la qualité du soin médical donné, on
signifie aux enfants la relation que l'on tente d'instaurer.
Une relation respectueuse du rythme de
l'enfant
Le temps nécessaire à l'entrée en
relation et le rythme d'accompagnement est fonction de la situation de chaque
enfant. Les enfants, lors des premiers contacts, se dévoilent rarement
(ils donnent des faux noms...). C'est avec le temps qu'ils acceptent de se
livrer.
La
complémentarité de l'approche groupale et individuelle.
Par le repérage des logiques de groupe, l'approche
groupale permet de mettre en lumière la problématique des enfants
au travers de leurs rapports avec les groupes. Elle permet également
d'apporter aux enfants des éléments éducatifs visant
à améliorer les compétences de vie des enfants.
L'approche individuelle vise à cerner la
problématique de l'enfant au regard de son histoire de vie et de son
parcours dans la rue.
Cette complémentarité permet
d'appréhender la situation des enfants de la rue selon une approche
globale, visant à libérer la parole de chacun.
Les limites de la relation
Les membres des EMA sont confrontés aux désirs
des enfants. Ils ne peuvent pas tout accepter au risque de ne plus pouvoir
assumer et de décevoir les enfants. La relation serait alors rompue.
Limitation de responsabilité
Les EMA ne peuvent pas résoudre toutes les
problématiques posées par les enfants. Il est nécessaire
de leur expliquer jusqu'où l'intervention peut aller. Les enfants
recherchent parfois à se décharger sur les travailleurs sociaux
« trouvez moi du travail et je sortirai de la rue ».
Limitation de
l'agressivité
Même si la relation doit favoriser l'émergence
des sentiments, tout ne peut pas être toléré et lorsque les
limites sont dépassées cela doit être signifié aux
enfants. Les enfants peuvent parfois manifester des réactions hostiles
vis-à-vis de l'intervention du Samusocial (taper la camionnette...),
les EMA doivent signifier aux enfants que ces attitudes ne sont pas
acceptables.
Limitation de l'affection
Face à la demande affective de certains enfants, il est
nécessaire de prendre du recul afin de ne pas de biaiser l'intervention
et d'apporter des réponses aux enfants non pas en fonction des
sentiments qu'ils suscitent mais en rapport avec leur situation objective.
Ainsi, lors des premiers contacts, les enfants ont tendance
à demander un cadeau ou de l'argent aux EMA. Il s'agit pour eux de
repérer le type de relation que les équipes du Samusocial vont
mettre en place. Face à ces demandes, les intervenants médicaux
et sociaux peuvent parfois être mal à l'aise. Comment et pourquoi
refuser un petit cadeau à ces enfants qui semblent si
démunis ? Les cadeaux, au lieu de symboliser toute l'attention
qu'on leur porte mettent en exergue leur situation d'enfants démunis et
confortent l'enfant dans sa conception de la relation à l'adulte :
un rapport à l'argent.
D. LA DEMARCHE
Il s'agit ici de décrire les différentes
étapes de l'intervention sociale, de donner les outils qui sont
utilisés pour répondre aux objectifs fixés et d'expliciter
l'attitude professionnelle qui est requise.
1- Le repérage des enfants de la
rue
La première phase, préalable à
l'instauration d'une relation de confiance avec les enfants, est le
repérage de ces derniers. Les membres des équipes mobiles d'aide
doivent parvenir à repérer ces enfants, qui bien souvent ont
acquis la faculté « de se fondre dans le
décor », à passer inaperçus pour le regard non
exercé. Ainsi, il n'est pas rare de voir le camion s'arrêter et de
n'apercevoir le groupe d'enfants que dans un second temps ; ceux ci,
à la vue de la camionnette, sortent petit à petit, de leurs
dortoirs. Par exemple, au square Lumumba, les enfants dorment depuis quelques
mois, prés du monument entouré par des arbustes. Ils sont ainsi
« cachés » du regard des non initiés.
1.1 Le repérage des
enfants par les équipes mobiles d'aide
1.1.1 Les activités
ü Repérer les territoires et les relais
d'information
Parmi, les territoires, il y en a souvent un qui sert de
quartier général, les enfants y passent pour avoir des nouvelles
de leurs camarades qui ont quitté la rue ou qui sont partis en aventure.
Sur ce lieu, les équipes peuvent avoir des informations sur les nouveaux
groupes d'enfants arrivés dans la rue.
Les gares routières et ferroviaires permettent aussi
d'obtenir des renseignements sur les nouveaux venus. C'est bien souvent par ces
deux gares que les enfants arrivent à Bamako.
Sites situés au centre
ville :
1- SQUARE LUMUMBA : on trouve souvent un
grand groupe d'enfants à cet endroit C'est un lieu très
exposé et très éclairé. Néanmoins, il existe
un petit renfoncement où les enfants qui le veulent, peuvent s'isoler.
Les enfants appellent ce lieu leur quartier général QG. Il s'agit
de l'endroit où les informations circulent, où les enfants se
rendent pour avoir des nouvelles de leurs camarades. A cet endroit les enfants
consomment régulièrement de la colle.
2- DABANANI : à 10 minutes
à pieds du square. Lieu situé au bord du marché.
3- GRANDE MOSQUEE : lieu de culte. On
retrouve de nombreux enfants mais également des handicapés qui
survivent de mendicité.
4- BOULEVARD DE L'INDEPENDANCE : on
retrouve sur le rond point, une statue représentant un hippopotame (qui
est d'ailleurs la traduction bambara de Mali). Les enfants s'abritent dessous
pour dormir.
5- CINEMA LE BABEMBA : en face du
cinéma Babemba, on trouve un pont qui contient des renfoncements dans
lesquels les enfants vont se réfugier.
6- N'GOLONINA : Ce marché en
même temps petite gare routière, les enfants y mendient et y
dorment.
7- LE RAIL DAH : les enfants mendient
à un feu de circulation tard dans la nuit, ils s'endorment souvent
à cet endroit.
La description des différents sites nous permet de
comprendre que pour les enfants de la rue, il n'existe pas une rue mais des
rues. Coins de rue, carrefours, gares, marché, lieu de culte, feu de
circulation, chacun des espaces a des caractéristiques et des fonctions
propres.
Sites situés à la
périphérie :
8- LE KOMOGUEL : appelé ainsi car
c'est un site situé sur un goudron qui mène à un dancing
le KOMOGUEL. Ce sont principalement des talibés et des travailleurs
saisonniers qui occupent le site. Il s'agit d'un endroit calme, sombre et
isolé.
9- LE POSTE DE POLICE DE NIAMANA :
situé à la sortie de Bamako c'est un poste frontière
où les voitures s'arrêtent obligatoirement pour franchir les
contrôles de police. On retrouve principalement des talibés. Ce
site est très éloigné et les enfants mendient la
journée et dorment là car ils ne peuvent pas rejoindre le centre
ville une fois la nuit tombée.
10- ECOLE CENDRILLON : il s'agit d'une
cour d'école. C'est un lieu sans passage, très isolé. On
retrouve à cet endroit souvent des enfants qui ont commis des petits
larcins. A cet endroit, les enfants consomment parfois de la colle.
11- SOMATRA : c'est un endroit
situé plus prés du goudron, à quelques centaines de
mètres de l'école Cendrillon. A cet endroit, il existe une dame
qui prépare à manger pour vendre et qui donne parfois son surplus
aux enfants.
12- LA GARE
ROUTIERE : on retrouve à cet endroit les enfants
migrants et souvent les nouveaux venus.
13- POSTE DE POLICE DE KATI :
situé à la sortie de Bamako vers le nord-ouest,
c'est un poste frontière où les voitures s'arrêtent
obligatoirement pour franchir les contrôles de police. On y trouve les
enfants des sites du centre ville.
RAIL-DAH
MEDINE
GRANDE MOSQUEE
BABEMBA
BLVD INDEPENDANCE
DABANANI
N'GOLONINA
SQUARE P.LUMUMBA
AUTO GARE
PHARMACIE KOMOGUEL
ECOLE CENDRILLON
POSTE DE POLICE DE NIAMANA
SOMATRA
ü Repérer les relais d'information
Sur les sites de présence des enfants, il est
nécessaire aussi de repérer les personnes ou les lieux pouvant
servir de relais d'information.
Parmi la population locale, des adultes peuvent être des
personnes ressources. En effet, la population environnante souvent
repère des enfants isolés qui ne peuvent donc pas être
signalés par les groupes d'enfants. Ce sont par exemple, les
commerçants ou les vendeurs d'alimentation des territoires qui
travaillent souvent tard le soir et qui bien connaissent les enfants.
- Aller vers les relais d'information : les EMA
sensibilisent la population environnante à la problématique des
enfants de la rue et à l'action du Samusocial Mali. Les enfants sont
également sensibilisés à l'action du Samusocial Mali. Face
à une situation d'enfant, les relais d'information la signaleront aux
EMA.
- Recueillir l'information
- Donner suite aux informations
1.1.2 Les outils et
l'attitude professionnelle
v La maraude :
Les maraudes constituent un outil spécifique de
l'action du Samusocial. Elles consistent à sillonner les rues de Bamako,
sans avoir déterminé de parcours au préalable afin de
rechercher les enfants de la rue. Elles se déroulent la nuit et le jour.
Elles peuvent avoir lieu à bord de la camionnette identifiées
Samusocial ou à mobylette ce qui est plus discret et qui permet de
repérer des enfants qui fuiraient à la vue de la camionnette.
v Les causeries de groupe avec les enfants
Les causeries de groupe sont des échanges bien souvent
spontanés entre les EMA et un groupe d'enfants sur des thèmes
médicosociaux. Les thèmes peuvent être initiés par
des enfants ou par les membres des EMA si une problématique
particulière est repérée.
Durant cette étape, les causeries de groupe ont pour
objectif de cerner le rapport des enfants avec leur territoire. Les enfants
indiquent alors des nouveaux dortoirs, les nouveaux groupes qui se sont
constitués, les enfants nouvellement arrivés.
v Le signalement
C'est le fait d'attirer l'attention des EMA sur la situation
ou le comportement d'un enfant qui paraît généralement en
danger immédiat.
Les enfants, la population environnante ou les structures
partenaires peuvent signaler la situation d'un enfant.
v Les tournées
Les tournées correspondent en une visite des territoires
des enfants. L'itinéraire est déterminé au
préalable en fonction des situations d'enfant à contacter,
à suivre, à soigner. Elles ont lieu le jour et la nuit.
Attitudes professionnelles :
- L'observation
- Etre dans une démarche d'aller à la
recherche : à l'arrivée sur un territoire les EMA doivent
sortir du camion et sillonner les sites à pieds pour rechercher des
enfants qui se seraient cachés à la vue du camion
- L'écoute : pour pouvoir entendre les craintes de la
population locale vis-à-vis des enfants de la rue ou les craintes des
enfants sur l'intervention des EMA.
- La disponibilité pour répondre au signalement
sinon le lien de confiance avec la personne qui a signalé va se rompre.
Critères pour repérer un enfant de la
rue
- Ils sont généralement très
négligés dans leurs aspects physiques : sales, sans
chaussures, T-shirt déchiré ou taille grande
- Ils ont une boîte de tomate à la mai,.
« Béret rouge »
- Ils sont généralement par petit groupe de
3 ou 4 et ont des rapports brutaux entre eux.
1.2 Le repérage des
équipes mobiles d'aide par les enfants de la rue
v L'identification de la camionnette et des tenues
vestimentaires
Elles permettent de rendre visible la présence des EMA.
Certains enfants resteront dans un premier temps à l'écart et
observeront le travail qui est réalisé par les EMA auprès
d'autres enfants.
v La communication entre enfants
Les enfants qui ont été contactés par les
membres des EMA vont faire part de leurs impressions aux autres. Ils vont
sensibiliser leurs camarades à l'action du Samusocial. Néanmoins,
si les premiers contacts se passent mal, ils peuvent dissuader leurs camarades
d'aller voir les EMA.
Attitudes
professionnelles :
- être visible (garer la camionnette à un endroit
voyant...),
- être accueillant.
2- Etablir un lien avec les
enfants
L'entrée en relation dans le cadre d'une relation
d'aide est une étape qui bien souvent n'est pas assez prise en compte
mais c'est d'elle dont dépend la qualité de la relation qui va se
mettre en place.
2.1 Les activités
ü Saluer les enfants et se présenter
individuellement
Les salutations occupent une grande place dans la vie sociale
malienne. Il est donc rare que les enfants refusent d'y répondre. Mais,
si le cas se présente, les travailleurs sociaux peuvent avoir recours au
cousinage, là aussi traditionnel.
Il faut se présenter et donner son rôle au
Samusocial.
ü Présenter le Samusocial Mali
« aw ye SAMU mogow ye » : nous sommes
les gens du SAMU et les interroger sur ce qu'ils connaissent « en
avez-vous entendu parler ? » et procéder aux explications
nécessaires, notamment en leurs précisant la présence du
médecin et qu'ils peuvent se faire soigner.
Les enfants, bien souvent, craignent d'être
orientés ou d'être renvoyés en famille. Ils doivent savoir
que cela n'est pas notre rôle.
ü Demander l'accord des enfants pour échanger avec
eux
Ensuite, il faut leur demander s'ils acceptent que le
travailleur social prenne place avec eux. Face à un groupe d'enfants, il
faut repérer le plus âgé (généralement le
leader) et s'adresser à lui. Si ce dernier s'avère être
timide, il faut s'adresser à celui qui s'exprime le plus.
ü Repérer le parcours des enfants
Les EMA repèrent ensuite le parcours de l'enfant ou du
groupe d'enfants : temps de présence dans la rue, histoire
familiale et parcours individuel (raisons qui les ont amenés dans la
rue).
2 Outils et attitudes professionnelles
Les premiers contacts sont généralement
collectifs, sauf pour les situations d'enfants isolés.
Si un nouvel enfant a intégré un groupe
déjà connu par les EMA, ces derniers vont demander aux enfants de
leur présenter.
v Les causeries de groupe : les premiers contacts avec
les enfants sont généralement collectifs, elles sont
animées sur le site.
v L'entretien : Il peut être réalisé
par un soignant lors d'une consultation médicale si l'enfant est en
difficulté, il est aussi réalisé par un
éducateur.
v Le soin médical : il est donné pendant la
maraude et dans le camion du Samusocial Mali.
Attitudes professionnelles :
- Ne pas s'imposer,
- Etre accueillant
- Etre rassurant : tâter la tête des enfants,
suivre le mouvement de l'enfant : si l'enfant marche se déplacer
avec lui, si il est assis se mettre à sa hauteur, s'éloigner du
groupe pour lui offrir un cadre de parole la plus confidentiel possible.
- Respecter l'enfant dans sa situation, ne pas entrer dans un
rapport affectif, garder de la distance : les enfants sont souvent
très curieux concernant la vie personnelle des équipes et veulent
connaître la qualité des rapports entre les membres des EMA. Il ne
faut pas qu'ils ressentent les éventuels conflits au risque de s'en
servir pour amener les intervenants sur un plan affectif (tu es plus gentil que
l'autre travailleurs sociaux, éducateur... je lui ai demandé de
m'aider à rentrer chez moi, il a rien fait, et tu peux
m'aider ?).
- 3. L'évaluation de la situation de
l'enfant
Evaluer c'est : Rassembler les faits, cerner la nature du
danger, cerner le danger immédiat pour l'enfant, appréhender les
incidences de la situation sur l'enfant, repérer les capacités et
les freins de l'enfant à faire face à la situation.
3.1 Les activités
ü Identifier les besoins exprimés par l'enfant
On identifie deux types de besoins : les besoins
exprimés qui sont ceux que l'enfant évoque.
Les besoins réels qui sont ceux qui correspondent
à sa problématique.
A titre d'exemple, les enfants lors des premiers entretiens,
sollicitent souvent une orientation en structure d'accueil ou en famille.
Ceux-ci ont l'impression de répondre aux attentes
présupposées des EMA et évitent ainsi d'aborder des
problématiques plus douloureuses.
Il faut ici aider l'enfant à exprimer le sens de ses
attentes pour qu'il perçoive le besoin réel sous jacent à
sa situation ; « tu me dis que tu veux rentrer chez toi mais
dés que nous prévoyons un rendez vous pour en parler tu ne viens
pas , pourquoi ? »
ü Identifier les besoins réels de l'enfant
Les EMA au vue de la situation actuelle de l'enfant, son
histoire de vie, sa capacité à se projeter, son rapport aux
adultes, à son corps identifient les besoins réels de l'enfant et
l'aident en prendre conscience.
ü Echanger avec les enfants sur les suites à
donner
Les EMA font par aux enfants de leurs observations et
recueillent ses impressions, « je pense que tu n'es pas prêt
à rentrer, tu semble avoir peur de la réaction de tes parents
quand ils apprendront que tu as vécu dans la rue. Qu'en penses-tu ?
»
3.2 Outils et attitudes professionnelles
v Les entretiens : discutions entre l'éducateur et
le client sur son problème.
v Les réunions de synthèse : chaque
situation d'enfant est évoquée en réunion de
synthèse. Elle permet de réunir les informations que
l'équipe possède et de confronter les points de vue.
v La base de données informatisée regroupe
toutes les informations concernant l'ensemble des enfants contactés par
le Samusocial Mali depuis le démarrage des activités. Elle permet
de voir l'évolution des enfants.
Attitudes professionnelles :
Observation (notamment la présentation spatiale du
groupe, face à des enfants qui se sont recroquevillés pour dormir
ensemble et qu'un seul dort seul, cette présentation est un indice de
mise à l'écart de l'enfant), être vigilent à ne pas
uniformiser les situations.
Les clignotants ou indicateurs de
danger
Ce sont des signes qui peuvent témoigner de la
situation de l'enfant. La présence de ces indicateurs doit susciter
l'attention de l'intervenant.
Ils sont de deux types :
Ceux qui impliquent directement une souffrance ou un
malaise : pleurs, énurésie, prise de
toxique...
Ceux qui doivent être mise en relation avec les
mécanismes qui régissent la vie des enfants de la rue. Ils se
déclinent autour de pôle d'évaluation.
- Rapport à l'adulte : enfant qui
sollicite fréquemment l'adulte/ enfant qui refuse
l'intervention.
- La visibilité : enfant qui se cache/
enfant qui attire l'attention sur eux.
- Rapport au groupe : enfant qui se met ou
qui est mis à l'écart, exclu / enfant qui fait corps avec le
groupe.
3.3 LES CLIGNOTANTS DES PRISE EN CHARGE PRIORITAIRE
Blessures fréquentes
Enurésie
La tabagisme chez un très jeune enfant
La prise de toxique
Pleurs
Enfant qui adopte conduite délinquante (vols à
répétition)
Prostitution
Changements d'humeurs
Enfant qui craint de s'exprimer devant les plus âgés
du groupe
Fuite à la vue du camion
Isolement
Refus de répondre aux salutations
Enfant qui sollicite fréquemment le médecin
4. Choix du type de suivi
4.1 Les types de suivis envisageables
L'évaluation permet de déterminer le type de
suivi qui sera mis en place. On distingue trois types de suivi qui sont
reliés à la situation d'urgence sociale des enfants :
Protection :
La mesure de protection concerne les enfants en danger
immédiat, que le danger soit avéré, pressenti fortement ou
pressenti.
Il s'agit d'une mise à l'abri. Elle revêt deux
formes :
- un placement (famille, centre d'accueil, hospitalisation)
- un confiage (confier l'enfant à une personne de
confiance généralement une personne ressource sur le
territoire).
Selon le type de danger identifié, le mode de
protection sera différent :
Si le danger est avéré ou pressenti
fortement:
L'accord de l'enfant est recherché mais il ne
conditionne pas la mise en oeuvre de la mesure. En effet, en fonction du
caractère dangereux de la situation la mesure peut être
immédiate et imposée à l'enfant. Le critère
déterminant étant la situation objective de l'enfant.
Si le danger est pressenti :
L'accord de l'enfant est recherché et il peut
conditionner le type de réponse qui sera apportée.
Les critères de mise en oeuvre de la mesure
étant à la fois la situation de l'enfant mais aussi la
possibilité de trouver des personnes ressources et la capacité de
l'enfant à identifier une stratégie de protection.
L'accompagnement :
Accompagner signifie avancer avec. Accompagner un enfant c'est
avancer avec lui autour de 3 dimensions :
- Donner du sens à son histoire de vie :
comprendre ce qui a amené l'enfant dans la rue.
- Eduquer : aider les enfants à grandir en les
informant sur les dangers de la rue et en explicitant les règles
sociales.
- Ouvrir des possibles : ouvrir des passerelles de sortie
de la rue et montrer aux enfants qu'une autre réalité est
possible.
Les critères qui fondent le choix d'une mesure
d'accompagnement sont liés à la demande de l'enfant, aux besoins
de l'éducateur (avoir d'avantage de renseignements sur la situation pour
l'évaluer...) et à la situation de l'enfant.
L'orientation :
C'est le fait de mettre en relation l'enfant avec un relais
qui peut être une structure partenaire ou la famille. L'orientation peut
consister en une simple référence (indiquer à l'enfant le
lieu qui peut répondre à sa demande) ou à une orientation
accompagnée dans laquelle les contacts avec la structure ou la famille
sont réalisés avec l'enfant.
Les critères qui fondent le choix d'une mesure
d'orientation sont liés à la situation de l'enfant, à la
demande de l'enfant, du rapport de l'enfant avec la rue et avec le monde des
adultes
(Cohérence du projet dans son parcours) et à la
possibilité concrète de réalisation du projet
(Nombre de places dans les centres de formation
professionnelle...).
Dans cette situation l'enfant demande à sortir du monde
de la rue.
4.2 Les outils et attitudes professionnelles
v Les réunions de synthèse
v Le groupe d'analyse et de la pratique professionnelle
(GAPP)
Attitude professionnelle :
- attitude analytique : il s'agit de lier les
éléments repérés sur le terrain avec les
éléments théoriques acquis lors des formations.
5. Le suivi
5.1 Les activités selon le type de suivi
- La protection
Pour un enfant en danger immédiat
avéré et pressenti : C'est une mesure de placement qui sera
mise en oeuvre.
ü Accord de l'enfant recherché mais ne conditionne
pas la mise en oeuvre de la mesure
ü Retirer l'enfant de la rue
ü Amener l'enfant au centre
ü Sensibiliser les partenaires sur la situation de
l'enfant
ü Rassurer l'enfant
ü Mettre en lien l'enfant et le partenaire
ü Effectuer des visites aux centres.
Pour un enfant en danger présumé (enfant
isolé/ enfant mis à l'écart du groupe)
ü Accord de l'enfant recherché
ü Ou
Mesure de placement
ü Confier à un tiers de confiance (personne
ressource parmi la population environnante ou parmi un enfant après
médiation)
Si l'enfant refuse le placement et qu'il existe une
possibilité de le confier ou que l'enfant est en capacité
d'évoquer une stratégie de protection c'est la seconde
stratégie qui sera mise en oeuvre.
Avant de confier l'enfant à une personne-ressource
parmi la population, une sensibilisation sur la situation de l'enfant sera
réalisée.
Avant de confier l'enfant à un autre enfant, une
médiation sera réalisée pour les enfants mis à
l'écart. L'origine de cette mise à l'écart peut être
un conflit ou une difficulté de l'enfant (énurésie...).
ü Aller voir l'enfant le lendemain et poursuivre le
suivi
- L'accompagnement
ü Fixer au vue de la situation de l'enfant un rythme de
rencontre avec l'enfant
ü Mener des entretiens individuels avec l'enfant
- L'orientation
3 options sont envisageables :
Formation professionnelle
ü Recueillir le projet de l'enfant
ü Evoquer la situation avec les partenaires
ü Mettre en contact la structure partenaire et
l'enfant
ü Construire un contrat
ü Réaliser des visites sur le lieu d'accueil
ü Rechercher un lieu pour que l'enfant ne dorme plus dans
la rue
La sortie de la rue se fait généralement
après que l'enfant ai démarré sa formation
professionnelle. Le fait de quitter le monde de la rue brusquement
génère une angoisse trop importante pour l'enfant.
Retour en famille
Pour les enfants qui viennent de brousse
ü Contrat avec l'enfant
Les enfants qui rentrent chez eux ont besoin de donner au
village l'image de l'enfant qui a réussi. Le retour en famille est
conditionné par les enfants à la possibilité de pouvoir se
procurer des vêtements propres et un peu d'argent à remettre aux
parents.
Lorsque les enfants évoquent l'envie de rentrer chez
eux, le Samusocial peut prendre en charge les frais engagés par la
démarche. Il est demandé à l'enfant d'apporter une petite
contribution pour vérifier son implication dans le projet.
ü Retour en famille
Pour les enfants de Bamako
ü Contrat avec l'enfant
ü Visite à domicile pour préparer le retour
avec la famille
ü Retour en famille
ü Visite de suivi
Hébergement en centre d'accueil
ü Evoquer la situation avec le partenaire
ü Amener l'enfant dans le centre
ü Suivi jusqu'à ce que l'enfant soit
stabilisé dans le centre et qu'il ait établi un lien avec un
éducateur du centre.
5.2 Outils et attitudes
professionnelles
v Entretiens
v Causeries de groupes
v Les consultations médicales qui ont lieu, une fois
par semaine, dans tous les centres qui accueillent des enfants de la rue. Elles
sont dispensées par le médecin du Samusocial Mali. Elles
permettent d'accompagner, notamment dans le rapport à leurs corps, les
enfants qui sont dans les centres. Les orientations médicales vers les
structures de santé de référence permettent d'accompagner
les enfants vers l'exercice de leurs droits en les réintégrant
dans les dispositifs de droit commun.
Attitudes professionnelles :
- Rester disponible,
- Sensibilisation des partenaires sur la problématique
de l'enfant,
- Attitude de non jugement.
E. EVOLUTION DE LA DEMARCHE
La formation professionnelle
Dans un premier temps, la formation professionnelle
était considérée comme une action de réinsertion,
les enfants devaient d'abord quitter la rue pour s'inscrire dans un processus
de formation.
Mais de nombreux freins sont apparus : manque de place
dans les centres d'accueil, délais trop long entre l'orientation dans le
centre d'accueil et le démarrage de la formation, impossibilité
pour les enfants en conflit familial de rejoindre leurs familles...
De plus, les enfants expriment d'abord le besoin de faire
quelque chose avant la nécessité de cesser de dormir dans la rue.
En dormant encore avec leurs camarades le soir, les enfants se sentent
sécurisés, ils peuvent avoir une activité de
réinsertion sans être coupés de leurs groupes de camarades.
Les projets de formation professionnelle sont désormais abordés
dans ce cadre avec les enfants, ils apparaissent être des actions de
réhabilitation.
Le complément nutritionnel
La formule a été modifiée afin de
gérer les difficultés rencontrées sur le terrain : la
bouillie enrichie à base d'oeufs et de luzerne provoquait la
diarrhée chez les enfants, le sandwich à l'omelette a eu un effet
d'appel qui détournait l'action du Samusocial de ses objectifs.
Actuellement, le « moni » une bouillie traditionnelle
à base de mil semble bien correspondre aux besoins des enfants.
Le mode de distribution a également, été
modifié pour pouvoir bien différencier le complément
nutritionnel de la « soupe populaire ».
- La distribution a lieu à la fin de l'intervention des
EMA, juste avant que le camion ne reparte. Cette stratégie permet
d'approcher le plus grand nombre d'enfants. Certains ne s'approcheront du
camion que dans l'espoir d'obtenir un bouillie mais c'est déjà le
démarrage d'un lien avec les EMA.
- La distribution peut être individualisée si
nécessaire : (nombre de sachet et moment de la distribution en
fonction du besoin de l'enfant : après le soin médical si un
traitement doit être ingéré le ventre plein...).
Une approche genre a été mise
en place pour intervenir spécifiquement auprès des jeunes filles.
Une EMA féminine (une médecin femme et une éducatrice, le
chauffeur reste un homme) a été mise en place afin de
libérer la parole des jeunes filles.
Une action médicale de
proximité
- Les médecins du Samusocial Mali ont
développé au fur et à mesure de l'expérience une
véritable prise en charge de proximité. Soigner les
enfants sur leur lieu de vie requiert la mise en place d'une véritable
stratégie. Il faut tenir compte de leurs conditions de vie :
formules de prescription adaptées (comprimés, pas de poudre
à diluer qui le serait avec de l'eau de mauvaise qualité),
l'évolution clinique des pathologies à envisager au regard de
leur conditions d'hygiène, l'insalubrité, mauvais apports
alimentaires.
- Cette action de proximité a permis de renforcer la
prévention primaire29(*) et secondaire30(*). Les pathologies présentées par les
enfants sont moins lourdes puisqu'elles sont traitées dés leur
apparition. De plus, la très bonne connaissance de l'environnement des
enfants permet d'adapter la communication dans les actions de
prévention.
L'éducation préventive :
- Au démarrage de l'action de terrain, les
thèmes évoqués, lors des causeries de groupe
étaient en lien principalement avec l'action du Samusocial Mali
relation avec les centres d'accueil, raisons de la distribution du
complément nutritionnel, la formation professionnelle...Ce sont les
enfants qui étaient à l'origine des sujets. Les EMA de par leur
connaissance plus approfondie du terrain ont pu susciter une réflexion
sur d'autres thématiques développant ainsi un véritable
programme d'éducation préventive (sexualité par le biais
des IST, VIH et SIDA, relations avec les filles, le sommeil, l'alimentation,
prise de colle...).
Conclusion
Le concept d'urgence sociale tend à imposer la notion
d'urgence aux EMA, à l'instar du SAMU Médical : un acte
ponctuel, rapidement posé. L'analogie avec le SAMU médical permet
d'intérioriser la nécessité d'intervenir auprès des
personnes blessées par la vie mais elle brouille la nature de l'action
qui est menée. C'est la situation des enfants qui relève de
l'urgence sociale pas l'action des équipes. La démarche
d'intervention sociale développée au Samusocial Mali s'inscrit
pleinement dans la tradition de l'action sociale qui apporte une réponse
à l'urgence mais pour la dépasser et entamer un suivi. La mise
à l'abri est un acte posé dans une démarche plus profonde.
C'est par la mise en oeuvre d'outils originaux que le
Samusocial Mali répond à la problématique d'enfants en
situation d'urgence sociale. En ce sens, l'action du Samusocial Mali rejoint
toute les actions qui ont été menées dans le cadre de la
prévention spécialisée qui développe une
méthodologie particulière d'approche des populations,
reconnaissant le travail de rue comme base à partir de laquelle des
actions se développent.
Le Samusocial diffuse un standard relationnel de
qualité auprès des enfants de la rue. Il rompt avec le
passé où la personne à la rue est considérée
comme mauvaise et pouvant perturber l'ordre public.
L'accompagnement des enfants de la rue nécessite de
créer des nouvelles formes d'intervention, le travailleur social doit
mettre ici tout sa force créatrice au service de l'action sociale.
Dans l'intervention dans la rue, pas de face à face
avec la personne qui sollicite le travailleur social pour une
problématique donnée, il s'agit plutôt d'un
« côte à côte » dans une relation d'aide
et d'accompagnement qui se tisse au fur et à mesure que la confiance
émerge.
Le public auquel on s'adresse nécessite un
accompagnement que l'on peut qualifier de « sans
contrainte » tant leur capacité à entrer en relation
à été affectée par leur histoire de vie qui est
bien souvent marquée de chaînes de rupture.
LE PROFIL DES ENFANTS DE LA RUE A
BAMAKO
1.
L'âge des enfants : Ce présent
chapitre tente de dresser un portrait des enfants de la rue à Bamako. La
démarche n'est pas aisée tant les situations rencontrées
sont hétérogènes. Néanmoins, certaines
caractéristiques apparaissent.
Les données ont été obtenues en
exploitant la base de données du Samusocial Mali. La collecte des
informations a été réalisée à partir des
entretiens que les membres des équipes mobiles d'aide (EMA) ont
mémé avec les enfants. C'est donc sur la base des
déclarations des enfants que les résultats de l'étude ont
été obtenus. Ils ne reflètent donc pas tant le profil
sociologique exact des enfants contactés mais la manière dont
ceux ci se présentent aux équipes mobiles d'aides.
Depuis le démarrage des
activités de terrain, en octobre 2001, les équipes du Samusocial
Mali ont rencontrées et identifié 1768 enfants différents.
Notre étude a choisie sur cette liste actualisée 300 enfants soit
200 filles et 100 garçons.
L'âge des enfants
v 66% des enfants rencontrés sont âgés
entre 10 et 16 ans. On retrouve la même tendance chez les garçons
et chez les filles.
Ainsi la majorité des enfants auprès desquels le
Samusocial Mali intervient sont entrés dans l'adolescence.
A cet âge de la vie, les jeunes cherchent à se
construire. Ils perdent peu à peu la dépendance qui les lie
à leurs parents pour devenir autonome. C'est pendant cette
période particulière de la vie que sont réalisées
les premières expériences (amoureuses, professionnelles...).
A cet âge de la vie, les jeunes ont donc
particulièrement besoin d'être encadrés par des adultes qui
les aident à comprendre l'environnement dans lequel ils évoluent
et à en repérer les dangers.
Or, c'est à cet âge que les enfants que le
Samusocial Mali rencontre, se retrouvent coupés de leurs liens familiaux
et qu'ils grandissent dans un milieu dangereux : celui de la rue. Sur le
plan de leur santé, ils sont particulièrement exposés aux
infections puisqu'ils vivent dans un milieu insalubre. Sur le plan
éducatif, ils ne sont pas mis en garde sur les conduites dangereuses
(prises de produit toxiques....). Sur le plan psychologique, personne ne peut
les aider à verbaliser leurs angoisses, leurs questionnements face aux
différents changements auxquels ils sont confrontés.
v Le Samusocial Mali a été très peu mis
en relation avec des enfants de moins de 10 ans puisqu'ils représentent
à peine 4% des enfants rencontrés. Plusieurs hypothèses
peuvent fournir des explications de cette réalité.
L'expérience acquise par les équipes mobiles
d'aide au cours de ces neuf années d'activités de terrain nous
révèle que l'arrivée des enfants dans la rue correspond
souvent à un acte volontaire de l'enfant. Même si ce dernier a
évolué dans une atmosphère pouvant le motiver à
partir (enfant victimes de violence, enfants abusés, enfants
exploités...). C'est lui qui bien souvent a pris la décision de
partir pour être dans la rue. Pour pouvoir prendre cette décision,
il faut que le jeune ait atteint un degré de maturité suffisant
soit au moins l'âge de 10 ans.
v Un autre fait marquant, est le faible taux de jeunes de plus
de 16 ans. Après 16 ans, le taux de jeunes rencontrés par
le Samusocial Mali dans les rues de Bamako chute à 16 %, mais
augmente chez les filles 23%. Quel est le devenir des enfants que les
équipes mobiles d'aident contactent chaque soir ? Il semble
que la tendance à s'installer dans la rue soit faible jusqu'à
présent chez ces enfants. L'entrée dans la vie adulte semble
être corrélée avec une sortie de la rue.
2.
L'origine ethnique.
L'origine ethnique
v A 44%, les enfants sont issus du groupe ethnique
bambara. Il faut préciser ici que d'autres hommes de castes
comme les « Numu » (forgerons) et quelques groupes
minoritaires comme les « dafing », les « maraka
dialan » sont comptabilisés comme des bambaras. Au cours des
entretiens réalisés par les travailleurs sociaux du Samusocial,
il apparaît que beaucoup d'enfants déclarent appartenir au groupe
ethnique Bambara qui est le groupe ethnique principalement présent dans
la région de Bamako. En effet, certaines familles ont un nom
patronymique pouvant s'apparenter à un patronyme bambara ; et suite
à l'exode rural, les enfants, ayant perdu l'usage de la langue
d'origine, se déclarent bambara (sénufo, miannka).
v On retrouve en suite des peuls pour 25%, des malinkés
pour 10%.
Le groupe ethnique peul est un groupe ethnique où les
individus sont caractérisés par leur nomadisme et leur
islamisation. Ainsi, dans les rues de Bamako, les enfants talibés sont
majoritairement peuls.
v Les groupes ethniques Dogon, Bozo, Bobo sont peu
représentés puisque les enfants en sont issus pour respectivement
2% et 1%. Les ethnies bobo, sénoufo, dogon sont des ethnies qui sont
basées sur l'agriculture. Les enfants de ces ethnies sont
généralement occupés dans les villages par les travaux
agricoles principalement dans les zones CMDT (campagne malienne pour le
développement des textiles) où la culture du coton
nécessite une grande main d'oeuvre.
3.
Nationalité
Nationalité
Les enfants sont maliens à 92%, ce qui met en valeur le
caractère national de la problématique.
Les enfants ivoiriens représentent 1% du public, ce
chiffre confirme que le Samusocial n'a pas eu à intervenir massivement
face aux enfants ivoiriens qui ont fuit la guerre. Il s'agit d'enfants venus
avec leurs parents se réfugier dans les grandes familles au Mali. Suite
à des problèmes d'intégration au sein de ces familles, les
enfants se sont retrouvés dans la rue. Cette situation concerne une
dizaine d'enfants rencontrés par les EMA.
4% des enfants sont burkinabés ce qui pourrait
confirmer l'hypothèse d'un transit d'enfants du Burkina vers le Mali.
Des contacts avec l'ambassade du Burkina Faso par le Samusocial Mali illustrent
pleinement la prise en compte de cette réalité dans la prise en
charge des enfants.
A l'inverse, il semble que les enfants maliens
transitent vers Dakar au Sénégal, qui représente un
eldorado mais aussi la route de l'initiation et d'intégration dans un
groupe.
Le lieu de provenance
Les enfants déclarent être originaires de Bamako
pour 35% d'entre eux.
Les régions de Koulikoro et de Sikasso sont
représentées à 14% chacune. On retrouve ensuite les
régions de Ségou, de Kayes, de Mopti pour respectivement 12%, 7%
et 6 %.
Géographiquement, les enfants sont très peu
issus du nord du pays. Les villes situées au nord de Mopti
représentent en effet moins d'1% des effectifs et c'est principalement
de Tombouctou dont ils sont issus. Les enfants originaires des pays voisins
sont peu nombreux : 5% pour le Burkina Faso, 3% pour la côte
d'ivoire. Le Libéria, le Niger, la Mauritanie et le
Sénégal fournissent ensemble moins de 1% des enfants. Le
Samusocial Mali a donc été peu confrontés à la
problématique des enfants réfugiés, victime des conflits
armés.
Les enfants sont pour la moitié originaire du district
de Bamako ou des villes proches de Bamako. Cette donnée confirme le
rôle de l'urbanisation dans le phénomène des enfants de la
rue. Plusieurs hypothèses mettent en lien le rôle de
l'urbanisation dans l'affaissement des mécanismes de régulation
traditionnelle et le phénomène des personnes à la rue.
35% des enfants à leur arrivée dans la rue
connaissent donc géographiquement la ville de Bamako ainsi que les lieux
d'activités économiques.
4.
Les raisons de présence dans la
rue
Raisons de la présence dans la rue il y
a une faute « guerre »
Il faut d'abord préciser que 22 enfants ne se sont pas
exprimés sur les raisons qui les ont amenés dans la rue. Ainsi 7%
des enfants rencontrés ne s'expriment pas sur ce sujet. Il s'agit d'une
donnée essentielle à prendre en compte. Elle met en
lumière la difficulté qu'éprouvent les enfants à
évoquer leur histoire de vie et la nécessité de formation
des intervenants qui les rencontreront. Une autre précaution statistique
est ici à mentionner. Les données se basent sur les propos des
enfants. L'expérience nous montre que les enfants ne
révèlent pas toujours dans un premier temps leurs histoires et
les raisons qui les ont conduisent à vivre dans la rue. Ces
données recueillies n'ont de valeurs statistiques que dans la mesure
où elles analysent la manière dont les enfants évoquent
leurs situations et ne sont donc pas des réalités
sociologiques.
v Les enfants évoquent à 39% un conflit
familial comme étant à l'origine de leur présence
dans la rue. C'est la première raison qui les conduit à
abandonner leur cadre de vie pour tenter leur chance dans la rue. Un travail
d'explicitation de la notion de conflit familial a été
réalisé. Il sera détaillé dans un second temps.
v Le conflit avec le marabout est la deuxième
raison qui conduit les garçons à vivre dans la rue
(28%). Cette situation concerne les petits talibés ayant fuit
les mauvais traitements infligés par leur maître coranique.
Généralement, il s'agit d'une décision qu'ils prennent
d'eux mêmes face au dur quotidien qui leur est imposé.
Les EMA rencontrent donc des enfants dont l'histoire de vie
est singulière. Ceux ci ont généralement été
victimes de mauvais traitements et ont donc un rapport aux adultes très
empreint de cette réalité.
v 16% des garçons déclarent se retrouver
dans la rue dans le cadre d'une logique de recherche de moyen de subsistance,
tandis que chez les filles le chiffre est plus important 39%. Ils
viennent à Bamako pour rechercher du travail et sont confrontés
à une réalité qu'ils ne maîtrisaient pas. Ils se
retrouvent alors, à la rue parce que la capitale n'a pas tenue ses
promesses d'accès à une vie meilleure.
Les relations avec la famille ne sont
généralement pas de nature conflictuelle. Ces derniers
encouragent leurs enfants dans leur recherche d'argent. On retrouve ici
notamment la situation des petites bonnes et celle des enfants mendiants.
v On retrouve ensuite les enfants en situation de rupture avec
la famille. La rubrique rupture avec les parents regroupe les
enfants en situation de rupture totale avec la famille mais cette rupture n'est
pas engendrée par un conflit. On retrouve alors des enfants dont les
parents sont décédés, les enfants qui ont fuient les
conflits armées et qui ont perdu trace de leurs familles. Il s'agit
d'enfant ayant vécu bien souvent des situations très
traumatisantes (conflit armés, décès des parents ...).
8% des enfants rencontrés dans la rue déclarent
être en rupture avec leur famille.
v En dernier lieu, on retrouve la
catégorie : perdu/cherche un membre de sa famille :
cette rubrique tente de rendre compte de la réalité des enfants
venus à Bamako pour retrouver un membre de leur famille (soeurs,
mère..) et qui une fois arrivés ne parviennent plus à
s'orienter ou le membre de la famille a changé d'adresse à leur
insu. Il s'agit aussi des enfants venus avec leurs parents et qui dans la foule
se sont perdus. Elle concerne 1% des enfants
rencontrés. Le Samusocial Mali a généralement
été contacté par la Brigade des moeurs pour ces situations
et l'intervention consistait à la recherche et un retour en famille.
Concernant l'analyse du rapport fille garçon dans les
différents rubriques, on retrouve la même implication des
différents critères exceptée la thématique
« rupture avec le marabout », bien entendu inexistant chez
les filles.
Le conflit familial
Sur les 73 enfants ayant évoqués un conflit
familial, seul 54 enfants se sont exprimés sur la nature du conflit
familial. Il s'agit bien souvent d'enfants rencontrés peu de fois par
les EMA, ce qui explique que la relation de confiance préalable
indispensable pour que les enfants livrent leurs souffrances, n'avait pas
encore été suffisamment tissée.
Là encore, nous nous sommes basés sur les propos
des enfants. L'analyse qui en ressort est donc davantage liée à
la manière dont les enfants évoquent leur situation que sur des
réalités sociologiques.
La première situation qui ressort est pour 36%
des enfants, une situation où l'enfant se sent rejeter
et ne trouve pas sa place dans la famille. Cette rubrique contient
toutes les situations d'enfants ayant quitté leur domicile familial
suite à une bêtise. Ceux ci après avoir
détérioré un matériel, avoir crée un conflit
avec leur fratrie... quittent leur famille. Parfois, ils n'ont même pas
attendu la punition et la réaction de leurs proches. Nous avons
considéré dans ce cas de figure que l'enfant doute de la place
qui lui ait accordée au sein de sa famille et donc suite à l'acte
commis, il ressent un sentiment de malaise tel qu'il quitte le domicile ne
parvenant pas à affronter la réaction de ses proches.
Dans cette catégorie, on retrouve également les
enfants qui ont exprimé aux EMA leur sentiment sur l'absence d'affection
qui leur fait défaut en famille.
Ces situations nous ont paru semblables en deux points.
D'abord, l'enfant se questionne autour d'une même
problématique : Est ce que mes proches m'aiment ?
Préfèrent t-ils vivre sans moi ? La question de la place de
l'enfant dans la famille est donc sous tendue derrière toutes ces
interrogations.
De plus, l'enfant a pris la décision de partir. Il ne
lui a jamais été signifié clairement qu'il
été banni de la famille. Certains enfants ont eu l'impression de
décrypter à partir de gestes quotidien, la volonté de
leurs parents de les voir quitter la famille. Néanmoins, ils n'ont pas
été chassés, cette dernière situation a fait
l'objet d'une rubrique spécifique.
On devine alors le désarroi psychologique de ces
enfants ayant le sentiment d'être rejetés par leurs proches.
L'intégration dans un groupe d'enfants pour avoir une
place et trouver une réponse au sentiment de vide affectif qu'ils
ressentent devient alors une priorité.
v 12% sont en conflit avec le membre de la famille
à qui ils ont été confiés. Les ruptures de
ces enfants sont doubles. Dans un premier temps, il y a eu une rupture avec les
parents puisque l'enfant a été confié à un membre
de la famille élargie. Puis l'enfant entre en conflit avec son tuteur et
décide de le quitter, ce qui est une seconde rupture dans l'histoire
affective du jeune. Les situations sont diverses. Les enfants évoquent
parfois l'impression d'être traités sévèrement par
la personne qui les a accueillis. Ils évoquent aussi parfois au moment
où ils ont été confiés, avoir rencontré un
enfant de la rue et l'avoir suivi en quelque sorte comme ci la détresse
affective engendrée par la rupture avec la famille ne pourrait trouver
de réponse chez le tuteur désigné par les parents.
Concernant les raisons qui ont motivées les parents de l'enfant,
à le confier chez un tiers, elles sont diverses :
(décès du père ou de la mère, conflit armé
et mise à l'abri de l'enfant...).
v 18% des enfants ont quitté leurs familles
suite aux mauvais traitements qu'ils ont subit.
Généralement, il s'agit de coups mais certains évoquent
des travaux pénibles. Par exemple, des travaux champêtres
pénibles qu'on leur a infligés et qui semblent être
vécus non pas comme un travail à accomplir pour la famille mais
bien comme de la maltraitance.
v La dernière situation mise à jour par les
témoignages des enfants est la situation des enfants en conflit
suite au remariage du père ou de la mère (8%). Ces
derniers sont alors vécus comme une charge par le nouveau conjoint ou la
nouvelle conjointe et un conflit peut naître. Cette situation pourrait se
rapprocher de la situation des enfants se sentant rejetés et/ou ayant du
mal à trouver leur place au sein de leur famille. Néanmoins, nous
n'avons pas souhaité l'assimiler afin d'étudier l'impact
spécifique de ce phénomène.
v 5% des enfants déclarent être dans une
situation conflictuelle pour d'autres raisons que celles
évoquées précédemment. Il s'agit d'enfant se
trouvant dans des situations très spécifiques : en conflit
parce que les parents veulent conclure un mariage, enfant en conflit suite
à la difficulté d'assumer le handicap de ses parents...
Conclusion
Cette première partie a mis en lumière un
certain nombre de réalités. Les enfants de la rue sont
plutôt des adolescents maliens, originaires majoritairement du district
de Bamako et des régions proches (Mopti, Sikasso, Ségou,
Koulikoro). Les raisons qui les amènent à fréquenter la
rue sont essentiellement des conflits avec la famille, le maître
coranique pour les garçons ; grossesse ou une raison
économique pour les deux. Ces éléments éclairent
sur les prés requis indispensable à une intervention
auprès de ces enfants. Ces derniers ont une histoire de vie
marquée par des ruptures et des traumatismes cumulatifs ; ils sont
donc affectivement fragilisés.
Un travail aurait pu être réalisé sur la
durée dans la rue mais il semble que cela soit très
individualisé et qu'il est difficile de généraliser.
D'autres critères sont actuellement, à
l'étude :
- la structure familiale des enfants (famille polygame,
monogame, avec un remariage ou un décès)
- Le retour en famille : les raisons qui poussent les
enfants à rentrer chez eux, y'a-t-il retour dans la rue et pourquoi. On
constate que les enfants font des va et vient entre la rue et leur famille, il
serait intéressant de mieux cerner le phénomène pour mieux
comprendre où se situent les difficultés des enfants.
Après avoir mis en lumière les principales
caractéristiques des enfants de la rue de Bamako, il s'agit de
comprendre comment se structure la vie dans la rue au quotidien.
L'ORGANISATION SOCIALE DES ENFANTS DE LA RUE A
BAMAKO
1.
La typologie des enfants de la
rue
Les enfants de la rue, malgré ce que la terminologie
employée laisse sous entendre, ne représentent pas un groupe
homogène. Cette notion englobe des réalités très
différentes qu'il faut expliciter afin de mieux prendre la mesure du
phénomène. Une classification en trois catégories peut
être réalisée. Pour cerner l'importance de chaque
catégorie, il faut se repérer au chapitre « raisons de
présence dans la rue » de la première partie de ce
document.
Les filles sont concernées également par cette
classification mais se trouvent dans une situation plus spécifique.
Enfants et jeunes travailleurs :
Ils sont issus pour la plupart de l'exode rural. Leur
dénominateur commun est la recherche de ressources économiques
pour leur survie personnelle ou celle de leur famille, avec laquelle ils
maintiennent un contact malgré l'éloignement. Ces enfants sont
porteurs des valeurs traditionnelles de leur milieu d'origine. Par
exemple, les enfants Dogons quittent le village en groupe pour s'exiler a
Bamako et ont un tuteur qui veille sur eux.
Les filles viennent de la brousse pour trouver un emploi de
petite bonne. Elles se retrouvent dans la rue, le temps de trouver un emploi ou
en cas de conflit avec l'employeur.
Enfants
et les jeunes en rupture :
Les enfants et les jeunes de cette catégorie sont bien
souvent issus du monde urbain et notamment la périphérie de
Bamako, où se situent des quartiers très pauvres. Les ruraux sont
minoritaires parmi les enfants en rupture.
Ils symbolisent les profondes mutations de la
société malienne et la crise des modes de régulation
traditionnelle.
La notion de rupture est au coeur bien souvent de leur
histoire personnelle. Elle génère un rapport particulier avec le
groupe d'enfant ou le leader du groupe qui s'analyse sous l'angle d'une
recherche de liens solidaires et chaleureux.
Ces enfants peuvent parfois s'installer dans des lieux
où s'expriment un fort contraste entre richesse et pauvreté
cf. : les enfants situés face aux Byblos et au Babemba.
On retrouve dans cette catégorie la situation des
filles qui sont victimes de la prostitution.
Enfants et jeunes mendiants :
On peut distinguer deux sous groupe :
Enfants talibés : Il s'agit d'enfants
confiés par leurs parents à un maître coranique pour suivre
un enseignement coranique. Ces enfants alternent entre mendicité et
études. Ces derniers sont parfois victimes de mauvais traitements ce qui
les conduit à rompre partiellement ou totalement les liens avec leur
maître coranique.
Enfants qui mendient avec leurs familles : il
s'agit des enfants des mendiants. Certains enfants sont, parfois
« prêtés » par leur famille à un
handicapé, pour l'assister dans sa mendicité.
Il peut également s'agir de filles sauf bien
évidemment pour la situation spécifique des enfants
talibés.
2.
La vie sociale des enfants de la
rue
La vie des enfants de la rue à Bamako est sociale. La
survie dans la rue est conditionnée à l'intégration dans
un groupe, dans lequel une forme de solidarité s'exerce. Les enfants
isolés sont donc des enfants particulièrement vulnérables
car ils ne bénéficient pas de la barrière de protection
que peut représenter le groupe.
Ø La notion de « groupe d'enfants de la
rue »
La notion de groupes des enfants de la rue ne se
définit pas au regard de la notion de bande qui sous-tend une
cohésion importante de l'ensemble des membres accompagnée d'une
revendication identitaire. La notion de bande renvoie à une
référence commune : la défense d'un territoire. Or,
pour les enfants de la rue, le sens de l'espace occupé n'est pas une
composante importante de l'identité sociale et culturelle du groupe. Une
des caractéristiques majeures est en effet, l'absence de territoire
attitré et exclusif qu'il faut défendre, ce qui exerce une
influence prépondérante sur les rapports des enfants entre eux et
notamment l'absence de cohésion importante au sein des groupes. Pour les
enfants de la rue, les groupes semblent plutôt structurés autour
de la lutte contre les agressions extérieures.
Pour les enfants de la rue, la notion de groupe s'analyse
donc, plutôt sous l'angle de l'appartenance à un réseau
dans lequel les enfants peuvent « passer» dans différents
groupes. Le dénominateur commun de ces enfants étant
l'appartenance au grand groupe des « enfants de la rue ».
Néanmoins, certains enfants vont parfois
s'intégrer de manière importante dans des groupes, au point de
construire leurs identités par rapport à leur intégration
dans le groupe c'est notamment la situation des enfants victimes ou des leaders
des groupes. Ces enfants, pour lesquels le groupe devient seule
référence identitaire sont en danger dés lors que les
dynamiques de groupes deviennent pernicieuses et qu'ils ne sont plus en
capacité de refuser.
Les enfants victimes se soumettent totalement à
l'autorité des plus âgés. Le leader du groupe peut
également être en souffrance dans son statut d'enfant de la rue
mais il est obligé de taire ses difficultés. C'est par et pour
ses compétences qu'il a été amené à
être le leader. Il ne peut pas briser le masque.
Ø Les logiques de groupes
Le groupe initie l'enfant à ses nouvelles conditions de
vie ; le leader du groupe joue un rôle de protection vis à
vis de lui, même si ce dernier va devoir accomplir, en contre partie, des
tâches en fonction de sa place dans le groupe (amener le repas..).
Parfois la pression du leader est trop forte : le fait se saouler les
enfants avec l'inhalation de la colle pour les envoyer voler, de les frapper si
ils ne ramènent pas assez d'argent...
La consommation de colle qui entre dans une logique
d'initiation représente un danger pour les enfants. Ces derniers doivent
consommer la colle pour faire preuve de leur force et de leur capacité
à être un membre du groupe. L'enfant se trouve alors
enfermé dans une spirale destructrice.
Les groupes sont structurés autour de stratégies
de survie. Les règles de chaque groupe varient en fonction de la
typologie et de l'âge des enfants qui constituent le groupe ainsi que des
activités menées au sein du groupe. On retrouve ainsi des groupes
qui bannissent la consommation des solvants et d'autres qui la tolèrent.
Néanmoins, une règle générale semble se retrouver
dans tous les groupes, elle régit la survie économique des
membres : il s'agit du partage d'argent et des biens entre tous les
membres du groupe. De plus, le respect des aînés est aussi une
composante qui structure la vie sociale. Les enfants ont souvent des rapports
d'argent entre eux : dettes, prêts ; ils se vendent ou se
prêtent des habits.
Les outils de travail sont mis en commun : essuie glace
pour laver les vitres des voitures.
Les liens entretenus avec le monde des adultes sont
ténus. D'apparence le contact est facile, les enfants acceptent la
présence d'adultes. Mais cela ne signifie pas que le lien est
créé et que les enfants vont adhérer pleinement aux
programmes d'aide. Les travailleurs sociaux du Samusocial se sont parfois
heurtés à des réactions violentes de la part des enfants.
Ces derniers signifient ainsi qu'on ne rentre pas comme on veut sur leur
territoire.
Beaucoup d'enfants se voient attribués au sein du
groupe un surnom qui révèle une caractéristique physique,
morale, un événement auquel l'enfant a participé ou son
rôle dans le groupe : « Bouacar Kouna » :
Bouacar le lépreux qui désigne un enfant dont les doigts ont
fondu suite à un incendie ; « djakaridia
chièchou » : djakaridia le mangeur de poule morte pour un
enfant qui a souvent une attitude violente ;
« bozodeni » : petit pécheur pour renvoyer
à l'ethnie, X « Baconoba » X le gros ventre...
Parfois, certains parents se rendent dans la rue dans l'espoir
de favoriser le retour en famille de leur enfant qui est dans la rue. Les
enfants sont solidaires vis-à-vis de ceux ci. Ils vont leurs indiquer
l'endroit où le trouver et parfois même le rechercher et l'amener
aux parents si ce dernier fuit.
Ø Le langage des enfants de la rue à
Bamako/ Mali
On retrouve certains mots de vocabulaire spécifique aux
enfants de la rue. Les mots ont pu être regroupés dans
différents champs lexicaux : l'appellation enfants de la rue, la
nourriture, la violence et les stratégies de survie économique.
Ils sont révélateurs des préoccupations des enfants :
survie économique, survie identitaire, survie psychologique.
Les membres des équipes mobiles d'aide ont
relevé quelques mots de vocabulaires utilisés par les enfants de
la rue.
Appellation enfants de la rue
Gallonasi : enfant de la
rue
Wankeba : nouveau venu dans la
rue.
Yachi : enfant qui a
duré un peu dans la rue
Nouchi : enfant qui a
beaucoup duré dans la rue.
Vocabulaire relatif
à la survie psychologique
Le chanvre indien a
différentes appellations : Ya, Mougou, bing,
Béret rouge :
comprimés excitant
Bleu bleu :
comprimés qui font dormir
Dis : colle
Vocabulaire relatif
à la survie économique
Pour survivre dans la rue, les enfants ont recours au vol ou
à la mendicité comme stratégie de survie
économique.
Les enfants utilisent des codes pour définir
différents types de vols :
Drapo : vol dans une poche
située sur la poitrine d'une chemise et lorsque les objets sont
reliés par une chaîne à la poche.
Drapo flottant : ils
utilisent ce terme lorsque les objets ne sont pas reliés par une
chaîne.
Haricot/ haricot flottant :
il s'agit d'un vol d'un objet dans la poche arrière d'un pantalon
(avec ou sans chaîne).
Op ( pour opérer ) :
vol où les vêtements sont découpés
avec une lame
Côté : vol
généralement de blanches car elles portent leurs sacs sur le
côté.
Balance : vol dans le
marché (ils rentrent en courant et volent et continuent de courir
pour semer les éventuels témoins).
Jofli : vol lorsque les
rôles sont déterminés. Un enfant au milieu d'une foule va
déstabiliser une personne en la poussant et l'autre va dérober
l'objet.
Gato : les gens sont au
courant du vol
Gatoden : enfant qui les
dénonce
Paah : l'affaire
Galaho : le vol de nuit
Vocabulaire/ nourriture
Laga : la
nourriture
San laga : la faim
San laga den : injure
signifiant qu'une personne est affamée
Laga puisant : la bonne
nourriture
La
violence
Zaïbo : l'agression
sexuelle entre deux petits garçons.
LE RAPPORT DES ENFANTS AUX DIFFÉRENTS
TERRITOIRES
Comment les enfants choisissent leur territoire ? Comment
ceux ci se déplacent d'un territoire à l'autre ? Quel
rapport unit les enfants à leurs territoires ? Voilà bien
souvent les questions que l'on est amené à se poser et auxquels
nous tenteront d'apporter des éléments de réponses au vue
de l'expérience de terrain.
Ø Comment les enfants choisissent leurs
territoires ?
ü Le choix du premier territoire ou la gestion de
l'opportunité
Lorsqu'un enfant arrive dans la rue, il ne sait pas sur quel
territoire il va s'établir. Il va dans un premier temps, suivre les
enfants qu'il va rencontrer.
Le caractère déterminant de la première
rencontre, semble être le dénominateur commun dans
l'expérience « d'entrée dans la rue de ces
enfants ».
On peut distinguer deux types de situations : les enfants
qui ont une expérience de mendicité la journée et qui
progressivement vont s'installer dans la rue et les enfants qui n'ont aucune
expérience de la rue à Bamako (enfants de la brousse, enfants
chassés par la famille...). Dans les deux situations, les enfants vont
rencontrer un enfant de la rue plus expérimenté qu'eux et qui va
leur indiquer où dormir.
Pour les enfants ayant déjà une
expérience de mendicité, il semble qu'ils ont déjà
établi un contact avec un enfant avec lequel ils passeront leur
première nuit. Pour les autres, il semble que le premier réflexe
est de se diriger vers le centre ville. De là, ils rencontrent un enfant
ou un groupe d'enfants avec lesquels ils vont entrer en contact.
On retrouve donc des nouveaux enfants sur l'ensemble des sites
identifiés. Néanmoins, il semble qu'il soit plus rare d'en
rencontrer à l'école Cendrillon du fait de son éloignement
du centre ville et de sa fréquentation par des adolescents très
expérimentés à la rue.
Le dortoir des premières nuits dans la rue de les enfants
est en lien avec la notion fondamentale qui structure la vie dans la rue :
la recherche de socialisation. L'enfant dort là où il a
établit un contact avec un de ses pairs ou un groupe. Il semble qu'il ne
s'agisse pas d'un choix mais d'une opportunité que l'enfant a saisit.
ü Le choix du territoire lorsque l'enfant a
intégré les règles de vie
Après avoir intégré les règles de
vie dans la rue, les enfants semblent rejoindre leurs lieux de dortoirs en
fonction d'autres critères. Le choix du dortoir semble être le
résultat de deux logiques qui se superposent : une logique
individuelle et une logique de groupe.
Les logiques individuelles pourraient
être définies par la stratégie selon laquelle l'enfant
tente de répondre à ses aspirations, à son
évolution dans la rue, à ses besoins. Ici, l'enfant est acteur de
sa situation, il décide après avoir pesé sur la balance
les aspects positifs et négatifs des possibilités qui s'offrent
à lui. Lors des entretiens, les enfants ont mis en exergue
différents arguments qui ont été classés comme
suit :
- Les possibilités qu'offre le
lieu : l'hygiène, la proximité des
activités de la journée, la sécurité comme les
centres d'accueil, l'absence de moustique...
Le confort du lieu est généralement le premier
argument que font ressortir les enfants, dans cette optique, ils insistent
principalement sur l'aspect sécuritaire du lieu. Ainsi, les enfants de
la pharmacie du KOMOGUEL expliquent qu'ils ont quitté le centre ville
pour ce dortoir parce que « là bas, il y a trop de
vagabonds, on se fait trop voler nos piécettes ».
Les enfants du Cendrillon explique qu'au Cendrillon, il y a
moins de poux parce que les enfants qui fréquentent ce dortoirs sont
plus grands et que souvent les petits enfants ont des poux.
La proximité du dortoir par rapport aux lieux
d'activités diurnes est aussi souvent citée par les enfants.
- Le besoin de sortir du monde de la
rue : Certains lieux symbolisent une sortie du monde de la
rue : centre d'accueil où des projets peuvent être
amorcés (retour en famille, formation professionnelle) où des
animations la journée sont organisées (sensibilisation paludisme,
danse, rap ou karaté). Les enfants qui vont fréquenter ces
centres viennent d'arriver dans la rue et non pas encore intégrés
le monde de la rue ou travaillent un projet de sortie du monde de la rue
(retour en famille...)
Le choix du lieu de dortoirs peut être
également fonction des logiques de groupe : certaines
logiques de groupe apportent un éclairage sur le choix des dortoirs. On
retrouve ici encore le fait de tenter de répondre à des
besoins.
Ce présent mémoire a tenté de mettre en
exergue la situation des enfants vivant dans la rue. De part, leur situation de
rupture avec leur milieu affectif et leur « insertion » dans la
rue, ils représentent une population spécifique pour laquelle une
approche adaptée doit être développée.
C'est finalement par la reconnaissance de ces
particularités, qu'un processus de lutte contre la stigmatisation pourra
se mettre en place. Mieux comprendre les spécificités pour mieux
les dépasser....
Tout ce travail de mise à jour à la fois de la
situation des enfants mais aussi des stratégies d'intervention n'a
été possible que par une combinaison du travail de terrain et du
dispositif de formation. Mieux repérer les difficultés pour mieux
les appréhender...
Les enfants qui sont contactés chaque soir par les
équipes sont des enfants héritiers d'une histoire familiale
compliquée. Ils sont donc en souffrance et en difficulté
pour survire, cela paraît banal mais cela, il ne faut jamais l'oublier.
La présence quotidienne des membres des équipes
mobiles d'aide représente une main tendue qu'ils pourront saisir
dés qu'ils seront prêts. C'est par l'action conjuguée
à la fois du regard bienveillant mais aussi de la présence des
EMA dans leur monde que leur dignité leur est restituée et qu'ils
pourront de nouveau continuer à se construire.
La vie dans la rue est dure. Les personnes de part le monde
qui y vivent, sont victimes de violence et d'humiliation. Elles perdent petit
à petit la volonté de renouer avec la société,
d'entrer en contact avec ce monde qui les a rejeté. Elles sombrent petit
à petit dans l'oubli et se noient dans leurs souffrances.
C'est pourquoi, il est primordial d'aller les chercher, et au
fur et à mesure des contacts, de soulager leurs souffrances et de les
aider à retisser des liens avec ce monde que bien souvent elles
rejettent après en avoir été rejetées.
Il s'agit de leur tendre la main pour les empêcher
de sombrer.
ANNEXES
* 1 PNUD, Rapport sur le
développement Humain 2004 page 48
* 2 VILLE DE BAMAKO, Mali
(ISTED) page 10, Rapport intermédiaire,
* 3 DNSI, Rapport annuel
2005 page 27
* 4 UNESCO, Dans la rue avec
les enfants programmes pour la réinsertion des enfants de la rue
Editions UNESCO/BICE 1995.
* 5 Rapport final_ Etat des
lieux de la situation des enfants en situation difficile et ? en conflit
avec la loi au Mali page4
* 6 Rapport final CNDIFE 2008,
Etat des lieux de la situation des enfants en conflit avec la loi au Mali, Page
4 à 5
* 7 Charte Africaine des Droits
et du bien être de l'Enfant pages 9 et 10
* 8 Bloch H. et ali Dictionnaire
fondamental de la psychologie France 2002 page 62
* 9 Code de protection de
l'enfant, page 58
* 10 Sangaré Henry et
Job Flash insertion socioéconomique des enfants en situation difficile
cas du centre Kanuya mémoire maîtrise FLASH 2002, page 67
* 11 Code de protection de
l'enfant Idem
* 12
www.steet.chidren.com
pourquoi les enfants de la rue.
* 13 Code de protection de
l'enfant ordonnance N° 02-062/P-RM du 05 juin 2002 titre II, chapitre,
article 60.
* 14Haut Conseil National de
Lutte contre le SIDA, les enfants orphelins et vulnérables du Mali face
au VIH/SIDA, analyse de situation et stratégie d'intervention, mars
2006, page 28.
* 15 Stéphane Tessier
Langages et cultures des enfants de la rue éditions Karthala1995, page
73
* 16 Stéphane Tessier
Langages et cultures des enfants de la rue éditions Karthala1995, page
94
* 17 Stéphane Tessier
Langages et cultures des enfants de la rue , Editions Karthala1995, page 105
* 18 UNICEF les enfants et les
femmes du Mali Paris, Harmattan 1986
* 19 E.PELIGRI à la
rencontre des enfants des rues de Bamako Abord des enfants des rues
mégalopoles 2004
* 20 Xavier
Emmanuelli ; SAMU Social International l'action d'urgence, presse de
la renaissance Paris 2002, pages xxx
* 21 E.PELIGRI, à la
rencontre des enfants des rues de Bamako Abord des enfants des rues
mégalopoles 2004
* 22; SAMU Social
International l'action d'urgence, presse de la renaissance Paris 2002,
pages 47, Xavier Emmanuelli
* 23 Les SANS DOMICILE FIXE Un
phénomène d'errance, Louis Moreau de Bellaing - Jacques Guillou,
l'Harmattan, 1995
* 24 Olivier DOUVILLE
Psychologue clinicien Université de Paris
* 25
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bamako
* 26
www.samusocial.fr/page.php?p=docteur_emmanuelli
* 27 E.PELIGRI à la
rencontre des enfants des rues de Bamako Abord des enfants des rues
mégalopoles 2004
* 28 Baret Julie
université paris XII Créteil « abord des enfants
errants, en danger dans les rues des mégapoles »2004
* 29La prévention
primaire vise à empêcher l'apparition des maladies
* 30La prévention
secondaire vise à empêcher l'évolution des maladies