1.2 PROBLEMATIQUE
Les PN et les ZIC de la région du Nord Cameroun
représentent l'une des zones de grande biodiversité en Afrique.
Ils abritent une importante diversité faunique et floristique (Koulagna,
1998). Pour accroître et favoriser le brassage génétique au
sein de ces espèces, des corridors ont été
négociés et créés depuis les années 2000 le
long de la nationale N°1 en vu de faciliter le passage de la faune sauvage
entre ces aires protégées (Danah, 2001).
Ces Aires Protégées (AP) en
général et en particulier les corridors des ZIC 1 et 4 font face
ces dernières années à une pression anthropique de plus en
plus élevée (Etoga et al., 2006). Cette situation est
due en partie au fait que la région du Nord est protégée
à 44%. A ceci s'ajoute le flux des migrants venus de la région de
l'Extrême-Nord, la recherche des terres fertiles notamment pour la
culture du coton et d'autres produits agricoles et la présence de plus
en plus forte des pasteurs nomades. Comme conséquence, on observe une
pression élevée sur la faune et un rétrécissement
voire une fragmentation de l'habitat de la faune.
D'autre part, le PNB a la particularité d'être
traversé par deux routes à forts trafics. Il s'agit de la
Nationale N°1 Ngaoundéré-Garoua et la route
Guidjiba-Tcholliré. Ces axes sont des facteurs favorisant l'augmentation
de la pression humaine en général et le braconnage en particulier
dans le parc et ses périphéries. Ils ont toujours
créé un frein au libre mouvement de la faune de part et d'autre
de la Nationale N° 1. Cet effet s'est accentué par l'installation
de nouveaux villages au bord de cette route. Ce qui a engendré des
besoins en terres agricoles. Ces villages installés de manière
anarchique ont contribué à la fermeture progressive des corridors
anciennement utilisés par la faune sauvage. L'occupation non
contrôlée des terres empêche les animaux de passer de l'Est
à l'Ouest de la ZIC 1, 4 et 5 à travers les couloirs qui leurs
sont réservés. En plus de cette perturbation de la faune
avoisinante et du braconnage, d'autres menaces telles que la surexploitation du
bois et l'orpaillage viennent s'ajouter à la liste des pressions
humaines dans les corridors. Ces menaces ont pour conséquences directes
le recul de la brousse et la disparition de la biodiversité (Tchamba,
1996).
Pour éviter la fragmentation de l'habitat et
séparer les métapopulations de certaines espèces,
il faut mettre en place un système où les corridors sont
entretenus et protégés. Le trimestriel
d'information du projet WWF/Projet Savanes Soudaniennes du
Nord No 003 affirme que l'effectif des animaux le long de ces
corridors est en baisse (WWF/PSSN, 2010). Au vu de ces problèmes, la
sauvegarde des corridors tient une place importante pour la conservation de la
faune et de l'habitat faunique. Il est donc urgent de dresser
l'évolution dans le temps et dans l'espace des espèces qui
fréquentent ces corridors. C'est dans cette perspective que s'inscrit la
présente étude qui se veut une contribution à la gestion
durable des corridors de l'Unité Technique Opérationnelle
Bénoué (UTO Bénoué). Il est donc essentiel de
répondre aux questions suivantes:
- quelle est l'effectif des espèces animales qui
fréquentent les corridors ? - quel est l'état de la flore des
corridors?
- quelles sont les menaces qui entravent
l'intégrité des corridors?
- quelles sont les actions à proposer pour une gestion
durable de ces corridors?
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