Dans les champs de notre zone d'étude, les cultures
sont toujours associées pour répondre aux besoins alimentaires
multiples de l'EF, mais aussi pour échelonner et diversifier le
calendrier alimentaire. Ainsi, la combinaison de plantes ayant des cycles
végétatifs différents permet de récolter
successivement les produits nécessaires à l'alimentation dans un
contexte marqué par des ressources monétaires très
limitées. Ce qui rend compte de la complexité et de la
diversité des systèmes de cultures dans la zone.
Les associations maïs- sorgho-niébé et
maïs-arachide sont très répandue dans la zone surtout dans
les EF ne disposant pas d'assise foncière importante. L'association de
ces espèces offre de multiples avantages. Elle permet non seulement de
valoriser au mieux l'espace (exploitation optimale de la lumière, et de
la surface de sol planté) mais également de tirer le meilleur
parti de l'eau et des minéraux disponibles dans le sol (interaction
positive): les racines du maïs, fasciculées et celles de
l'arachide, légèrement pivotantes, explorent des parties
différentes du sol, de plus, leurs périodes de floraison et de
fructification) ne coïncident pas selon les espèces et les
périodes de semis. Contrairement au maïs, l'arachide comme le
niébé n'ont pas besoin de beaucoup d'azote pour se
développer. Ainsi, la compétition pour les ressources en eau et
en minéraux est moindre. Le niébé, comme le
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M. Charles Auguste DIATTA (Février 2011)
Analyse de la performance des exploitations familiales dans la
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concombre et le cornichon qui sont des plantes couvrantes,
limitent la germination et le développement des adventices.
En semant des plantes de longueur de cycle différente,
l'agriculteur cherche également à étaler et à
allonger les périodes de récolte afin de limiter la
période de soudure alimentaire11 , et à diminuer les
risques de récolte nulle.
· Préparation des champs
Elle est effectuée à l'approche de l'hivernage
et consiste à la pratique de la défriche-brûlis ou de la
défriche puis enfouissement des mauvaises herbes et arbustes. Cette
technique permet non seulement de restituer au sol les éléments
minéraux de la couverture végétale, mais aussi vise
essentiellement à faciliter le déplacement de la charrue lors du
labour.
Le coupe-coupe, la hache et le râteau sont les principaux
matériaux utilisés pour cette opération.
· Le labour
Le labour a pour fonction d'ameublir le sol, de
l'aérer. Dans les parcelles où le recru végétal est
généralement moins fourni, le labour permet alors d'enfouir la
biomasse présente sur la parcelle. L'humification puis la
minéralisation rapide de cette biomasse grâce aux conditions
climatiques favorables (humidité et chaleur) produit un excellent
support, riche en matière organique et éléments
minéraux, pour le développement des plantes.
Dans les rizières, le labour est fait avec une houe ou
avec le daba. Il est réalisé après que le sol soit
suffisamment humecté d'eau pour favoriser une bonne germination des
graines ou une bonne prise après le repiquage. Les autres parcelles sont
systématiquement labourées (sauf exception) à l'aide d'une
charrue (engin mécanique composé de deux ou trois petits chocs)
attelée soit à deux boeufs de trait soit à un cheval.
Le labour se fait généralement en deux passages
croisés, le dernier étant perpendiculaire au sens de la pente
afin de ralentir l'écoulement des eaux de pluies. Il s'écoule
généralement une semaine entre ces deux labours, le premier
jouant ainsi un rôle de faux semis12 .
11 La soudure alimentaire correspond au temps qui
sépare la fin des réserves issue des récoltes de
l'année précédente et le début des récoltes
de l'année en cours.
12 Le faux semis est une pratique consistant
à préparer le sol comme pour faire un semis et d'attendre que les
adventices (dont les graines ont été enfouies) germent, pour
réaliser quelques jours plus tard un second labour qui les
détruit définitivement. Cette pratique permet d'éviter un
sarclage après la levée des grains semés.
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La généralisation du labour à la charrue
s'explique par le fait qu'il permet de diminuer les temps de travaux
homme-jour/ha comparé au labour à la houe. Cette pratique permet
surtout de caler plus précisément les dates de semis par rapport
à la pluviométrie : lorsque les premières pluies arrivent,
sauf problème de trésorerie, les exploitants peuvent rapidement
préparer leurs lits de semis. Il faut semer rapidement pour que le
maïs entre en floraison avant juillet, période de moindre
pluviométrie, et ainsi accroître significativement la
probabilité d'avoir de bons rendements.
· Le semis
Immédiatement après les premières
pluies, les semis sont effectués pour le mil, l'arachide le sorgho et le
maïs. Dans la zone, à part les parcelles rizicoles, le semis se
fait à plat à l'aide d'un semoir tiré le plus souvent par
un âne puisque le sol est devenu meuble après labour. Sur des sols
compacts non labourés le tirage de cet engin mécanique est
assuré par un boeuf ou un cheval. Les autres spéculations comme
le bissap, le concombre, aubergine, etc., associées à ces
cultures sont semées à la volée ; seulement le tarot est
semé en poquet. Il arrive qu'aucune graine ne lève du fait que
plusieurs d'entre les graines utilisées ont perdue leur pourvoir
germinatif, ce qui contraint les agriculteurs à réensemencer
certains poquets une à deux semaines après le premier semis.
Dans les parcelles rizicoles, on rencontre des ménages
qui font des semis sur billon. Cependant la majorité le fait à
plat. Le repiquage dans les rizières est fait à la main par les
femmes.
· Les sarclo-binages
Entre le semis et la récolte, les agriculteurs
effectuent deux sarclo-binages pour éliminer les adventices qui
concurrencent les plantes de l'association et pour ameublir la couche
superficielle du sol. Par ailleurs, la décomposition des adventices
enrichit le sol en matière organique et restitue des nutriments qui
seront profitables aux cultures des années suivantes.
Les outils utilisés pour cette opération sont la
houe, la machette, une binette etc., et les mains.
Le premier désherbage est effectué un mois
après le semis, au moment du tallage des plantes de l'association,
période particulièrement critique dans l'élaboration du
rendement du maïs, à laquelle il convient donc de diminuer la
compétition avec les adventices. Le deuxième sarclage-binage,
effectué au courant de juillet-août, demande moins de travail que
le premier : les plantes de l'association couvrant la totalité du
sol.
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? Récolte et conservation des
récoltes
Les récoltes en vert permettent de réduire la
période de soudure (maïs, arachide, niébé,
concombres, etc.) ou de répondre à une demande du marché.
Le mil, le riz, le sorgho, le tarot et dans une moindre mesure le maïs,
l'arachide et niébé etc. sont en revanche récoltés
à maturité et conservés.
Le battage du sorgho, du riz, du mil et du maïs ne sont
pas réalisés systématiquement. Pour un certain nombre de
CE, les grains non désolidarisés de leur épi se conservent
mieux. Le maïs est ainsi conservé à la corde : les
épis sont attachés à une corde puis suspendus à un
bois fixe (annexe 8).
Le riz, les épis de sorgho, et de mil sont quant
à eux réunis dans d'anciens sacs de riz puis stockés dans
des hangars en bois fortement aérés ; le niébé et
le tarot en maturités y sont également stockés. Lorsque le
maïs et le sorgho sont égrainés, les agriculteurs traitent
les grains avec de la chaux ou encore des produits phytosanitaires apparemment
plus efficace. Cependant, la plupart des agriculteurs sont contraints d'acheter
des semences car les graines de ces légumineuses perdent leur pouvoir
germinatif d'une année à l'autre.
La récolte se fait manuellement et le matériel
utilisé est constitué de couteaux, de machettes et de faucilles
etc. Les pertes après récoltes sont souvent énormes faute
d'un stockage adéquat.