4.4.2) Méthode d'analyse de la performance
L'estimation des revenus des systèmes de production
peut s'avérer aléatoire dans le cas des activités comme
ils sont pratiqués dans la zone. En effet, certaines activités
sont fortement corrélées à la vie sociale de la famille.
Les ventes d'animaux par exemple ne sont ni stables ni toutes
prévisibles (date d'un mariage, naissances, deuils etc.).
Ainsi, pour mieux rendre compte de la diversité des
situations, les chiffres calculés représentent des moyennes de
revenus, permettant à la fois de visualiser des variations entre
exploitations mais aussi les dynamiques entre systèmes
d'activités.
Le Revenu Total Net (RTN) ici calculé
ne représente pas la valeur monétaire exacte
dégagée par les différentes activités et les ventes
mais il sert d'indicateur de la richesse créée par un
système d'activité et surtout de la richesse potentiellement
mobilisable, qu'elle soit autoconsommée, vendue ou donnée.
Etape1: Identification et analyse de la performance
technique des d'activités de l'EF
Nous avons d'abord identifié les principales AGR
(Activités Génératrices de Revenus) existantes. Une fois
ces AGR identifiées, chaque activité sera ainsi
caractérisée dans son fonctionnement par rapport à
l'unité de production.
Etape2 : Evaluation des revenus totaux nets des
EF
La performance de chacune des activités au sein d'une
exploitation (systèmes de culture et d'élevage) peuvent
être évaluées. Ce premier niveau de création de
richesse est la valeur ajoutée brute (VAB) :
Le produit brut (PB) est la valeur monétaire des
productions finales quelle que soit leur affectation (vente, autoconsommation,
don, rémunération de la main d'oeuvre). Les consommations
intermédiaires (CI) comprennent la valeur monétaire des semences,
intrants et services éventuels utilisés au cours d'un cycle de
production. La valeur ajoutée brute (VAB) par ha (productivité de
la terre), ou par jour de travail (productivité du travail) permet de
comparer les activités entre elles. Puis la création de richesse
à l'échelle de l'ensemble du
M. Charles Auguste DIATTA (Février 2011)
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Analyse de la performance des exploitations familiales dans la
région de Kolda : cas de l'arrondissement de Dioulacolon
système de production peut être estimée : la
somme des valeurs ajoutées de toutes les activités (agriculture
et élevage) constitue la Valeur Ajoutée Brute Globale (VABG).
Si l'on retire de la VABG les amortissements
économiques du capital fixe correspondant à l'usure des
équipements, on obtient la Valeur Ajoutée Nette (VAN)
dégagée par le système de production :
Finalement le Revenu Agricole Familial (RAF), c'est à
dire ce que gagnent les actifs familiaux, est obtenu en retranchant de la VAN
les salaires donnés aux ouvriers éventuels, la rente
foncière versée aux propriétaires si l'agriculteur n'est
pas en faire-valoir direct, les impôts et taxes versés parfois
à l'Etat, les intérêts versés aux usuriers qui ont
éventuellement avancé du capital. Les revenus des
activités extra-agricoles «Revenus Extérieurs Nets »
(REN), ont été ajoutés en au RAF pour obtenir les revenus
totaux nets (RTN).
Etape3 : Analyse de l'efficience
L'efficience est estimée par le calcul de la
productivité de chaque facteur de production indépendamment des
autres ou également de tous les facteurs ensemble.
· La productivité d'un facteur
Le calcul de la productivité d'un facteur consiste
à diviser le Revenu Agricole Familial (RAF) par le nombre
d'unités de facteur concerné. Ainsi, la productivité du
facteur foncier sera égal au ratio (RAF/ Superficie
totale).
Cette méthode de calcul de la productivité est
biaisée car si on attribue le total du RAF à la superficie
totale, cela signifie que les autres facteurs n'ont joué aucun
rôle dans l'obtention de ce revenu, ce qui est évidemment faux.
Pour corriger ce biais, les analystes utilisent souvent la méthode des
valeurs résiduelles (McConnel, 1997)
· La méthode des valeurs
résiduelles
Il s'agit ici de définir le facteur dont on souhaite
calculer la productivité (la terre, par exemple). Il faut d'abord dans
ce cas rémunérer les deux autres facteurs (travail et capital)
sur la base de leurs coûts de marché, puis déduire ces
rémunérations du RAF et enfin diviser le reste (valeur
résiduelle) par le nombre de facteur concerné.
Cependant, cette évaluation ne prend pas en compte les
activités extra-agricoles qui ont, au même titre que les autres
facteurs de production, un rôle non négligeable dans la survie de
la
M. Charles Auguste DIATTA (Février 2011)
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Analyse de la performance des exploitations familiales dans la
région de Kolda : cas de l'arrondissement de Dioulacolon
famille. Ainsi, pour éviter ce biais, on peut calculer
la productivité de l'ensemble des facteurs de production groupés
du système d'activité mis en place par l'EF ; ce qui est plus
cohérent avec une approche systémique de l'EF : c'est la
Productivité Totale Nette (ou Productivité Globale Nette de
l'EF).
· La Productivité Globale Nette de l'EF
(PGN)
Dans la logique de gestion paysanne, le calcul de la
productivité d'une EF doit prendre en compte toute les activités
entrant dans la survie de l'unité familiale. Elle est donnée par
la formule ci-dessous proposée par la FONGS10:
C'est cette évaluation qui sera utilisée dans
la présente étude, elle permet en effet de mieux comprendre de
quelle façon l'exploitation familiale peut se reproduire et se
pérenniser en évoluant. Dans la mesure où cette
exploitation assure ses équilibres et peut dégager des
excédents lui permettant d'investir à partir d'une gestion
familiale combinée de ses activités agricoles, non agricoles et
de ses dépenses.
A cet effet, nous userons du budget familial pour mettre en
relation la vulnérabilité et la sécurité
alimentaire de l'exploitation.
Le résultat de cette évaluation nous permettra de
classer les EF selon l'état du rapport RTN/DFA. Ainsi, les
correspondances suivantes seront utilisées:
· Classe (I) (0<RTN/DFA<1): EF en situation
d'insécurité ou d'endettement chronique.
· Classe(II) (1=RTN/DFA=2,5) : EF moyennement
sécurisée.
· Classe (III) (RTN/DFA> 2,5) : EF
sécurisé et est alors en capacité d'investissement.
Le ratio RTN/actif qui est l'indicateur de ce que gagnent les
actifs familiaux, calculé par classe sera comparé à des
seuils de survie et de reproduction sociale calculés localement à
un moment donné. Le seuil de survie correspond au minimum « vital
» que doit dégager un actif pour assurer sa survie et celle de ses
dépendants (alimentation, vêtement, santé, logement). Le
seuil de sociabilité (ou de reproduction sociale) comptabilise en plus
des frais sociaux
10 FONGS- synthèse d'étape de
janvier 2010 sur l'évaluation de la portée stratégique de
la problématique de la productivité des exploitations familiales
: Comment les exploitations familiales peuvent-elles nourrir le
Sénégal ? (DRAFT 4)
M. Charles Auguste DIATTA (Février 2011)
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Analyse de la performance des exploitations familiales dans la
région de Kolda : cas de l'arrondissement de Dioulacolon
(funérailles, mariages) ou éducatifs
(scolarité...). Il s'agit notamment à ce niveau de bien
comprendre quelles sont les niveaux de survie dans les EF.
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