1.2.2. La baisse des revenus (et du pouvoir
d'achat)
La dégradation de la situation économique s'est
accompagnée de celle des conditions sociales des populations ce
malgré la mise en oeuvre des reformes politiques, économiques
à travers les PAS. Le Produit Intérieur Brut est passé de
492,70 millions de CDF en 1977 à 522,90 en 1990 puis à 297,10 en
2000 à la suite de la dévaluation du Franc Congolais pour
remonter à 410,82 en millions de CDF en 2007. Le recul de la production
et la baisse des revenus ont eu pour conséquence la baisse de la
consommation dont le rythme a été estimé à 0,7% par
an entre 1980 et 1996 par la Banque mondiale.94
Cette situation a conduit à une aggravation de la
pauvreté caractérisée au plan nutritionnel par la
diminution de l'apport journalier par habitant de 2.235 calories en 1970
à 1.514 en 2000.
Parmi les facteurs explicatifs de cette situation figure
l'échec de PAS qui ont engendré des déséquilibres
structurels internes et externes. Le déficit des ressources qui a
résulté de toutes ces pratiques a mis l'Etat congolais dans
l'incapacité d'assurer l'entretien des infrastructures
économiques et sociales et de couvrir ses dépenses de
fonctionnement de base, au point d'accumuler vingt quatre mois
d'arriérés de salaires aux fonctionnaires. Ces tendances ont
été aggravées par la dévaluation du franc congolais
en 1994 et les guerres civile de 1995 à 1997 et 1998 à 2001.
La dévaluation du Franc Congolais a renchérie
les prix des produits alimentaires. Le contrôle des prix n'a pas pu
freiner la hausse des biens de première nécessité. Le taux
d'inflation est passé de 2,6 % en 1993 à plus de
94 Rapport Banque mondiale 2007
50% en 1994 et plus de 60% en 1995 pour atteindre encore 2,3%
en 2007 ce qui représente plus qu'un doublement en trois ans. La
production nationale n'ayant pas pu prendre le relais des importations, cela a
conduit à une dégradation du pouvoir d'achat des
ménages.
Les événements socio-politiques ont
amplifié la crise économique et financière en affectant
les conditions de vie des populations notamment par : les pertes en vies
humaines, les destructions d'infrastructures économiques et sociales,
les pillages et les déplacements des populations, le
renchérissement des prix des denrées alimentaires et d'autres
produits comme matériaux de construction, du fait des difficultés
d'approvisionnement des principales villes.
1.2.3. Politique de commercialisation et modèles
de consommation
La question du changement des modes de consommation n'est pas
le fait exclusif d'une augmentation de la population nationale. Il a
été favorisé également par la politique de
commercialisation du pays. Il faut dire qu'en matière de
commercialisation des produits agricoles, le Congo-belge a longtemps
privilégié une situation de monopole étatique
conformément à ses orientations politique (le socialisme). Ainsi
quelques années après l'indépendance, on a
créé en 1965 l'office national de Commercialisation des Produits
agricoles. Cette structure qui jouissait d'un monopole de principe collectait
et vendait les produits agricoles. Devant les contre-performances de cette
structure, l'Etat a décidé de la dissoudre dans les années
1980 au profit de l'Office zaïroise de Café (OZACAF), ainsi tant
d'autres offices qui devraient avoir le même rôle que la
défunte, les activités de ces offices, qui couraient vers la
faillite, ont été interrompus en 1990 suites aux mesures de
libéralisation économique.
Il faut dire que l'échec des offices, en dehors des
problèmes de gestion, tient aux problèmes de transport, du manque
des structures de stockage ou de conservation qui ont un rôle important
dans la définition des
prix et le fonctionnement du marché. La
commercialisation des produits agricoles souffre de l'enclavement de certaines
provinces, ce qui rend prohibitif les coûts du transport routier ou
fluvial en particulier. En effet, le transport intégrant l'influence de
la distance et du temps, le mauvais état des routes et la très
nette limitation du nombre de commerçants transporteurs placent ces
derniers dans une véritable position de détenteur d'une rente de
situation. La manque de conditions satisfaisantes de stockage,
d'évacuation et de conservation aggrave cette situation et explique
aussi l'importance du volume de perte dont le taux est estimé entre 30%
et 50% pour les produits périssables ou fragiles. Cette situation a
conduit les circuits commerciaux, tant privé que publics à
privilégier les produits importés sur lesquels les marges
commerciales sont plus fortes, et les risques les moins
élevés.
Les importations alimentaires ont donc
bénéficié d'une situation intérieure qui leur
était favorable pour inonder les marchés du pays. Plus elles ont
imposé une concurrence ruineuse sur la petite production locale
subsistance qui ne peut faire face aux produits des pays industrialisés
« greniers » issus des systèmes de production agricole et
agro-industriel à haute productivité, souvent
subventionnés et bénéficiant des taux de change
avantageux. Cette situation qui a transformé le pays en un marché
captif pour les produits importés a également influencé le
changement des modèles de consommation des populations, notamment des
élites urbaines influencées par la culture occidentale.
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