WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'incidence des importations et aides alimentaires sur l'agriculture congolaise

( Télécharger le fichier original )
par jean louis ndonda
Université de Kinshasa - Licence 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2. L'éthique et la protection agricole à l'importation

La protection à l'importation est la forme de soutien la plus transparente et la plus universelle dans le temps et l'espace, donc la plus légitime. Pourtant, derrière l'écran de fumée de leurs discours idéologiques sur la nécessaire libéralisation des échanges agricoles, les pays occidentaux ont imposé au reste du monde une typologie des formes de protection permises et interdites conforme à leur situation spécifique de pays riches tout en bafouant les valeurs éthiques et les déontologies du commerce international.

La protection à l'importation s'impose dans tous les pays d'abord pour défendre les revenus des agriculteurs et la stabilité du pouvoir d'achat des consommateurs contre la forte volatilité des prix mondiaux.74 Il s'avère donc que la protection à l'importation s'impose d'abord pour garantir la sécurité alimentaire quantitative des pays pauvres. Elle s'impose aussi pour que l'agriculture puisse remplir pleinement ses fonctions non marchandes en contribuant à la préservation de l'environnement, au maintien des emplois ruraux, à l'aménagement équilibré du territoire, garantir aux consommateurs des produits alimentaires de qualité, alors que les pays occidentaux voudraient les obliger à consommer de la viande aux OGM. Bref elle s'impose au nom de la multifonctionnalité de l'agriculture, laquelle est un secteur d'activité très spécifique.

Jean-François Sneessens estime, à raison, que aussi longtemps que le niveau d'organisation des pouvoirs publics reste mondial, la responsabilité

74 BERTHELOT, Op.cit, p.296

d'assurer cette sécurit et le choix des moyens à mettre en oeuvre restent eux aussi nationaux. Aussi longtemps que les marchés mondiaux fonctionnent de manière aussi imparfaite que c'est le cas actuellement, on ne peut imposer aux Etats un dumping à l'importation par une suppression systématique et déraisonnable de leurs barrières douanières.75 Au sein du Comité agricole de l'OMC, une majorité de pays reconnaissent qu'un traitement contre l'éthique et différencié en matière d'accès au marché continue à être essentiel en vue d'améliorer la participation générale des pays en développement dans le commerce agricole mondial et pour renverser la tendance croissante de nombre d'entre eux à devenir importateurs nets.

Une évaluation faite par FAO montre l'impact de l'Accord Agricole d'Uruguay Round sur une dizaine de pays du Sud est globalement négative, notamment du fait de la forte baisse des protections à l'importation qui ont rendu les produits locaux non compétitifs.

Nous avons fait un constat que la protection tarifaire agricole doit encore en moyenne supérieure à 40% dans les pays occidentaux contre 4% pour les produits industriels alors qu'elle n'est que de 10% à 20% dans la majorité des pays du Sud. Ce constat malheureux nous conduit à conclure qu'il faut éliminer partout la protection car cette dernière n'est pas éthique dans un commerce où on cherche l'équité et la justice sociale. Comment ne pas s'interroger sur le lien entre la dépendance alimentaire croissante de l'Afrique noire et la quasi absence de protection à l'importation de son agriculture, contrairement à la plupart des autres pays du Sud qui n'ont réduit leur forte protection, sous la pression occidentale, que récemment après avoir atteint une quasi autosuffisance alimentaire, tout en bénéficiant d'ailleurs de la protection alternative très efficace liée à la sous-évaluation de leurs monnaies.

75 SNEESSENS (Jean-François), Mondialisation, marchés mondiaux des produits agricoles et coopération internationale, communication lors du colloque de l'Association Européenne de Formation Paysanne et Rurale, Bruxelles, 25 février 2000.

2.1. Les pays industrialisés et la protection de leur agriculture à l'importation

Les leçons de l'histoire montrent que tous les pays qui se sont spécialisés en fonction de leurs avantages comparatifs initiaux dans les productions de matières premières, notamment agricoles, sont restés sousdéveloppés alors que les pays occidentaux et les pays du Sud aujourd'hui industrialisés (Taïwan, Corée du Sud, Inde, Brésil, Chine...) ont bâti de toutes pièces leurs avantages comparatifs actuels dans les secteurs secondaire et tertiaire, le Japon et les EU en tête, à l'abri d'une très forte protection de leur agriculture, notamment à l'importation. Anderson et Tyers ont d'ailleurs montré que la protection agricole s'accroit avec le degré d'industrialisation des pays.76

L'évolution de la politique agricole de la Finlande de 1931 à 1994 confirme le constat de Swinnen77 cité par Anderson et Tyers selon lequel la protection a varié en fonction inverse de la part de l'agriculture dans l'emploi total, dans le budget des ménages et dans le taux d'autosuffisance alimentaire. Elle a montré aussi que les périodes de baisse des revenus agricoles relativement au reste de l'économie correspondent à une hausse de la protection et que, inversement, la protection agricole baisse lorsque le revenu agricole augmente plus vite que la moyenne. Plus généralement, l'on peut vérifier la corrélation étroite qui existe entre le niveau de développement d'un pays et l'importance de sa protection à l'importation. De même, les pays du Sud à ne pas s'être industrialisés, en premier lieu ceux d'Afrique noire, sont aussi les seuls à ne pas avoir eu la volonté ou la capacité politique de protéger leur agriculture à l'importation, compte tenu des pressions exercées sur eux par les pays occidentaux et les organisations internationales qu'ils dominent, le trio Banque Mondiale, FMI et OMC en tête.

La protection obligée de l'agriculture à l'importation découle de la nécessité de garantir des revenus agricoles minima face aux forts aléas climatiques qui lui sont spécifiques. L'absence de protection contribue au contraire, face à une demande alimentaire faiblement élastique, à accentuer au niveau national les fluctuations de prix déjà intrinsèques au marché mondial. D'autant que celui-ci se caractérise par la dégradation à long terme des termes de l'échange entre les produits agricoles et les produits industriels et les services, qui tient elle-même à la relative saturation des besoins alimentaires dans les pays développés, contrairement à la consommation des produits industriels et des services. D'autant en outre que les fluctuations des prix mondiaux sont amplifiées par la valse imprévisible des taux de change dans le contexte de la globalisation financière.

La protection de l'agriculture à l'importation est particulièrement cruciale aux premières phases du développement, tant que les paysans représentent la majorité de la population puisque des revenus agricoles élevés conditionnent les investissements permettant d'accroitre les rendements et ainsi de libérer des ressources pour l'industrie et les services. Simultanément le démarrage de ces secteurs dépend de l'importance de la demande des agriculteurs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery