Section 3 : Généralités sur les
concepts l'importation et les aides alimentaires
3.1. L'importation alimentaire
L'importation alimentaire implique tous les vivres
destinés à la vente, la monétisation, si bien par les ONG
ou les agences multilatérales que par les gouvernements
également47.
3.2. L'importation et l'agriculture
3.2.1. Les poussées d'importations
Il n'existe pas de définition universelle du concept de
« poussée d'importation » La définition habituelle est
tirée de l'article 2 des Accords de Sauvegarde de l'OMC. On parle de
poussées d'importations quant un produit est importé dans un pays
dans des conditions telles qu'elles causent ou menacent de causer des dommages
sérieux sur les industries domestiques par la concurrence directe ou
indirecte de ces produits importés sur des produits
locaux48.
La FAO définit une poussée d'importation comme
une augmentation de 30% de la moyenne des importations sur les trois
dernières années pour l'ensemble des pays en
développement.
45 GATT est sigle qui signifie General Agreement on
tarif and Trade (Accord Général sur les droits de Douane et le
Commerce)
46 THEISSEN et Roland PIERROT, Op.cit.
47 BRONKHORST Ruud, Effets de l'aide alimentaire
structurelle dans la forme d'achat local et de vente de riz sur le
développement rural, Thèse, Amsterdam, 2006, p.9
48 DUTEURTRE G, l'impact des importations sur les
filières agricoles dans les pays en développement.
Réflexion à partir de l'étude des « poussées
d'importation », séminaire, Dakar, juin 2005, p.1
Ainsi, une poussée est associée à des
dysfonctionnements dans les processus commerciaux, dysfonctionnements propres
à justifier des mesures de « sauvegarde ». le terme sauvegarde
est utilisé en référence à des actions
gouvernementales qui peuvent prendre la forme de restrictions ou de
contrôle des importations par l'élévation des droits de
douane ou la restriction des quantités (comme les contingentements).
Selon ces définitions, entre 2500 et 6000 cas sont
reportés dans les 20 dernières années pour l'ensemble de
pays en développement.49 Ce chiffre varie, selon que l'on
prend en compte les importations globales, les importations commerciales seules
ou l'aide alimentaire seule.
3.2.1.1. Facteurs des poussées
d'importations
Plusieurs facteurs expliquent les poussées
d'importations, au premier rang desquels on trouve la disponibilité sur
le marché mondial de produits à des prix extrêmement
bas.
Les pays africains sont fortement concernés par la
menace des poussées d'importations et ce, pour trois raisons
principales. D'une part le faible développement de leurs
économies, d'autre part, les économies sont largement ouverte au
commerce international, et enfin une ouverture de leurs marchés dans le
cadre de l'intégration régionale et sous-régionale.
3.2.1.2. Impact des poussées d'importation sur les
filières locales
L'impact des importations sur les filières locales se
révèle assez complexe. Mais énumérons les faits
suivants :
i' Les poussées d'importations ne sont pas
forcément un frein majeur au développement des filières
locales ;
i' Les pratiques déloyales ne sont pas toujours la cause
des poussées d'importations ;
i' La segmentation des marchés tendent à limiter
l'impact des importations à certains types d'entreprises
i' Une politique commerciale n'a d'effet que si elle est
doublée d'une politique d'investissement et d'appui aux filières
locales.
i' Plusieurs leviers peuvent être utilisés pour
lutter contre l'impact négatif des importations, aux premiers rangs
desquels on trouve les politiques de sauvegarde, la formation des acteurs et la
sensibilisation des consommateurs.
3.2.1.3. La révolution verte
Surnommé le père de la révolution verte,
Swaminathan savait que, depuis la fin des années
soixante, il était techniquement possible de sortir de la famine
grâce à la mise au point de nouvelles semences de riz et de
blé à haut rendement50. La sélection de
l'I.R.36, riz amélioré qui est né par croisement, dans un
tube à essais, d'espèces sauvages recueillies dans la nature,
n'existait pas en 1966. Il a toutes les vertus que peut en attendre un paysan
d'Asie : croissance rapide, tige courte, épi lourd, résistance
aux maladies et aux intempéries. C'est l'I.R.36 qui a triplé les
rendements, et grâce auquel les besoins en riz sont globalement
satisfaits dans le monde51. L'Inde de 1988 produit davantage de riz
par habitant qu'en 1966 alors qu'elle compte cent millions d'habitants de
plus.
La révolution verte n'a réussi que là
où les conditions politiques et économiques accordées aux
agriculteurs ont permis une juste rémunération de leurs efforts.
La première condition pour échapper à la famine, c'est
donc le respect de la petite propriété privée.
50 GASSAMA Tiguidanké, Les déterminants
des importations de produits agricoles du Sénégal : cas du riz,
mémoire de DEA en économie internationale, Dakar, 2006, p.30
51 GASSAMA Tiguidanké,Op.Cit, p.32
3.2.1.3.1. La portée de la révolution
verte
La révolution verte est une politique
d'amélioration des agricultures du Tiers-Monde fondée sur
l'intensification et l'utilisation de variétés de
céréales à hauts rendements. Le terme révolution
verte désigne le bond technologique réalisé en agriculture
au cours de la période 1944-1970, à la suite de progrès
scientifiques réalisés durant l'entre-deux-guerres. Elle a
été rendue possible par la mise au point de nouvelles
variétés à haut rendement, notamment de
céréales (blé et riz), grâce à la
sélection variétale. L'utilisation des engrais minéraux et
des produits phytosanitaires, de la mécanisation, de l'irrigation y ont
aussi contribué. Elle a eu pour conséquence un accroissement
spectaculaire de la productivité agricole, et a permis d'éviter
des famines catastrophiques, qui auraient été la
conséquence naturelle de l'augmentation sans précédent de
la population mondiale depuis 1950.
La révolution verte est le modèle de
développement le plus efficace à moyen terme dans le Tiers-Monde.
L'Inde en est l'exemple le plus connu et évident : en effet, elle a
multiplié par 10 sa production de blé, et par 3 sa production de
riz. Mais la révolution verte connaît aussi des limites : les
productions demandent beaucoup d'eau, d'engrais, de pesticides
(d'éléments chimiques en général), ce qui
entraîne des sols moins fertiles, et très pollués. Elle a
entraîné un usage excessif de pesticides et un appauvrissement de
nombreux sols.
Cette révolution a de nombreux effets non agricoles.
Elle a causé de profonds changement culturels : exode rural massif,
déperdition du savoir traditionnel agricole. Elle a par ailleurs
été accusée de contribuer à réduire la
biodiversité et de mettre les agriculteurs sous dépendance de
l'industrie agropharmaceutique.
profiter. L'État s'engage alors sur les réseaux
d'irrigation, sur la formation de techniciens, la mécanisation, va
favoriser les crédits, et va également garantir aux agriculteurs
des prix d'achat élevés. Malgré cet engagement de
l'État, les paysans ne sont pas équipés pour ce genre
d'agriculture : ils n'ont pas des terres assez grandes et doivent souvent
s'endetter. La révolution verte était une enveloppe technologique
contenant des éléments importants: variétés
améliorées à haut rendement (VHR) de deux
céréales de base (riz et blé), irrigation ou
maîtrise de l'approvisionnement en eau et meilleure utilisation de
l'humidité, engrais et pesticides, et techniques agronomiques
associées.
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