IV. Annexes
Annexe 1
Schéma de la structure de Citoyens du Monde
Annexe 2
Carte d'identité de citoyen du monde
délivrée par le Registre Internationale de Citoyens du Monde
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Entretien Dijon, le 12 mai 2010
Henri Cainaud, citoyen du monde
depuis plus de soixante années
Alain, citoyen du monde,
secrétaire général d'ASCOP-CITOYENS DU MONDE
Henri : Voilà, ici vous avez
différentes brochures.
Alain : Bon, donc vous avez le registre. A la
base du courant d'idées.
Henri : c'est là qu'on registre tous les
gens qui veulent devenir citoyens du monde Vous n'avez qu'à regarder sur
internet.
Alain : Ce registre a ouvert dans des centres en
France et dans le monde.
Quand a-t-il été ouvert ici en France
?
Henri :'49
Alain : Voila ici la « Somme Mondialiste
», c'est le livre de référence.
Henri : C'est la bible mondialiste (rires)
Alain : La bible ! je n'aime pas ce terme.
Henri : Malheureusement ces textes-là
sont épuisés.
Alain : Non, non , j'en ai encore quelques
uns.
Henri : Tu en as encore !... ah bon ? Mais tu en
as pour toi !
Henri : Oui, j'ai un pour moi, de collection,
mais on peut plus en vendre...
[...]
Alain : Donc du coup.. les mondialisations n'ont
pas commencé avant le registre ?
Alain : En 49', dans 945 villes, des villes
comme Hiroshima, Cahors... on est justement en train d'essayer de
préparer le 60ème anniversaire de la mondialisation du
Lot, du département... mais bon le problème là aussi c'est
comme les vieux citoyens du monde qui -non compris Henri qui est un cas
particulier- ont vieilli et ils ont oublié que leur terroir avez
été mondialisés et qu'ils avaient signé la charte
de mondialisation de Citoyens Du Monde qui ...
Henri : J'ai la charte dans mes archives je
peux même vous en donner une... ça aussi c'est mon boulot, tout ce
qui est documents. Donc, après, ça a donné lieu aux
Congrès des peuples, au départ c'était quoi ?... tous les
trois ans ?
Alain : Suivant l'argent qu'on avait (rires)
!
Henri : Il fallait essayer de
démontrer qu'en fait il était possible que d'une base
transnationale les gens puissent designer des délégués
pour avoir une parole au niveau de la planète. D'autant que les premiers
élus du Congrès des Peuples étaient de gens très
bien, parce que, tu peux citer certains non?
Henri : Il y avait Nehru, il y avait Gandhi
et...
Alain : Castro aussi... etc.. avec les
années ces grands intellectuels nous sont un peu oublié...
Henri : Ils sont morts aussi (rires) !
Alain : On a encore de grandes
personnalités mais les délégués deviennent
aujourd'hui des gens comme toi et moi... des gens qui n'arrivent pas à
s'élever au-dessus de la mêlée pour avoir une parole sage.
Donc là il y a aussi un grand travail à refaire...
Et vous, Henri, vous êtes citoyen du monde
depuis combien de temps ?
Henri : J'ai pris ma carte en '46... les
premières cartes si vous voulez...
Vous l'avez toujours ?
Henri : Je l'ai perdue, je n'ai plus la carte
d'origine, j'ai dû la changer.
Alain : Donc le Congrès des Peuples a
créé le Fonds mondial de solidarité, la
particularité est que c'est un fonds mutuel,...
Henri : ...Qui fonctionne toujours !
-Alain : Qui fonctionne toujours ! Là
vous tombez sur le coeur de Citoyens Du Monde, parce qu'un des
secrétaires est aussi du Fonds mondial.... Peut-être que nous
pourrons le rencontrer ?
Henri : John de la Cruz ?
Alain : Oui. Donc l'originalité du Fonds
Mondial de solidarité c'est d'avoir créé une mutuelle, les
gens qui vont bénéficier de ce Fonds mutuel contribuent aussi
à l'alimenter...
De qui dépend cet organisme ?
Henri : Il a été
créé par le Congrès des Peuples.
Alain : Chaque année, il finançait
une petite dizaine de dossiers...
Henri : Surtout en Afrique !
Alain : Oui, maintenant on travaille beaucoup
en Afrique. Aussi en Haïti... Les gens montent leurs projets,
l'idée c'est l'autosuffisance alimentaire pour aider les gens, ils
proposent le projet au Fonds. Le secrétaire Général de
cette institution est ...quoi ? Togolais ?...
C'est sous forme d'ONG ?
Alain : Oui oui, de toutes façons, on ne
bénéficie d'aucune aide ni des états ni de personne, on
compte sur nos propres moyens...
Henri : Chaque citoyen du monde cotise, si vous
voulez.
J'ai quelques questions à vous poser, pour
reprendre un peu du début. Quel est le statut juridique de Citoyens Du
Monde : une association loi 1901 ?
Alain : Oui, parce que l'organisation Citoyens
Du Monde est une marque déposée...
Henri : En fait, c'est une invention d'un
combattant américain, Gary Davis, qui a lancé cette idée
de Citoyens Du Monde.
Elle est inscrite sous quel nom ?
Alain : Pour être clair ce n'est pas le
nom de Citoyens Du Monde qui est déposé à la
préfecture de Pairs. C'est Association Ses Secrétariats de
Citoyens Du Monde.
Où se situe le siège ? en France
?
Alain : On n'a pas de siège officiel.
Henri : On est à Paris, on a qu'un bureau
à Paris.
Henri : Rue de Victor Duruy, c'est un local qui
a même été détruit, on nous a lancé une bombe
un jour... parce qu'on était considérés comme des
révolutionnaires...
Alain : On passait pour des farfelus, des gens
dangereux !
Henri : Dangereux !
Alain : Parce que c'est une idée qui est
dangereuse pour le simple citoyen. On est passés aussi pour une secte,
il faut pas le cacher, alors que tout est ouvert chez nous...
L'idée de Citoyens Du Monde est assez mal
comprise ?
Alain : Ah oui, oui, parce qu'en fait on part
de l'origine : que l'homme est un citoyen du monde. Que, en fait, les pays ont
été fabriqués artificiellement, ça c'est
déjà quelque chose que les autorités n'aiment pas comme
idée. C'est pas difficile à comprendre, l'identité
nationale dans tous les pays s'est faite pour rassembler tous les gens autour
d'un pouvoir autoritaire.
Au niveau du bureau de Victor Duruy, qui assure les
soutenances ?
Alain : Ce sont des étudiants, il y a
deux jeunes filles qui font la permanence le samedi matin.
Henri : ...Qui n'ont pas de formation spécifique.
Alain : C'est la petite-fille des Marchand, qui
a repris du service. On n'a pas de personnel salarié.
Henri : On n'a aucun salarié. Ce n'est pas comme le
rotary club (rires). Ce sont tous des bénévoles.
De quel type d'équipement dispose
l'association : du matériel électronique ?
Alain : Non, on travaille tous avec notre propre
matériel, on n'a pas de locaux officiels. Quand on a des
réunions, c'est le centre local qui l'organise avec ses moyens.
L'association a-telle des publications
?
Alain : Un bulletin. Il devrait être
trimestriel. Ça devrait. Ça dépend.
Et comment ça fonctionne ? Il y a un
abonnement ? Vous le publiez et vous l'envoyez aux personnes qui sont
inscrites?
Henri : C'est un abonnement qui coûte
10€ par mois, sinon on peut l'acheter séparément. Mais on le
trouve pas dans les kiosques (rires), c'est dommage !
Combien de membres y'a-t-il dans le bureau ? Alain,
vous êtes le secrétaire général?
Alain : Non, non, non, je suis pas
secrétaire général de Citoyens Du Monde, je suis le
secrétaire d'une association qui dépend de Citoyens Du Monde:
l'ASCOP- Citoyens Du Monde, qui est la branche militante. Vous voyez nous
sommes tous jeunes (rires). On n'est nés qu'en 2004.
Le CA est composé de combien de personnes
?
[ils cherchent]
Alain : Il y a une liste, je sais pas si tu
as la dernière ? ... Attendez, attendez, en 2005 il y a eu [il continue
de chercher], bon, ça je pourrai vous le renvoyer, mais on est environ
15 personnes qui composent le conseil d'administration. [S'adressant à
Henri] tu rectifies si je dis des bêtises.
Quelles sont les fonctions exercées par ces
membres ?
Alain : Il y a un président, un
secrétaire généra, moi, Henri à la
trésorerie, ... [il cherche], bon, là je pourrai vous donner des
détails après.
Quelle est la durée des mandats
?
Alain : Normalement on renouvelle le registre
tous les 2 ans.
Henri : Non, non, c'est tous les ans, à
l'Assemblée Générale.
Alain : Le renouvellement du conseil
d'administration ?
Henri : Oui, enfin, le renouvellement... sa
confirmation, parce que ça change pratiquement pas !
Vous faites des réunions
régulièrement, j'imagine ?
Alain : Oui normalement, il y a des
réunions régulières.
Henri : En principe tous les centres locaux
viennent exposer leur travail. Ils viennent une fois par an. Mais, comme des
centres locaux, y'en a de moins en moins... y'en a peut-être combien ?
Une dizaine, qui fonctionnent encore ?
Alain : Maintenant c'est remplacé par des
groupes qui animent, qui existent au niveau local.
Henri : Mais à un moment donné il
y avait 30 locaux qui fonctionnaient par département. Aujourd'hui, y'en
a peut-être 5 ou 6 qui marchent.
Alain : Non, les 30, on les a encore sur le
papier, mais qui fonctionnent vraiment, oui, il y en a 5 ou 6. Efficacement.
C'est remplacé par des groupements de l'ASCOP, qui, en fait, travaillent
sur le terrain, et qui délivrent les cartes ... mais qui n'ont pas la
référence, donc, « centre d'enregistrement ».
C'est un mouvement qui commence à reculer un
peu ? C'est curieux ...
Henri : Ben, les plus vieux militants sont morts
!... ou disparus. Ca s'essouffle
Alain : Le grand moment de Citoyens Du Monde,
ça a été après la guerre.
Henri : On n'arrivait plus à
délivrer les cartes, tellement il y avait de demandes, c'était
fou ! Alain : Au japon, en Australie, ...
Henri : Partout... dans le monde entier. Les
gens en avaient tellement marre de la guerre, il y avait une aspiration
à la paix !
Alain : C'est pour ça que la base de ce
qu'on fait...
Henri : C'est le geste symbolique de Garibaldi,
sur le marché de Chaillot, déchirant sa carte... c'était
un militaire, un aviateur...
Alain : ...Son passeport de citoyen
Américain,
Henri : « Je ne suis plus Américain,
je suis maintenant citoyen du monde ». Ça a créé, si
vous voulez, un évènement fantastique.
Il s'est installé avec une tente, c'est
ça ? Dans le jardin à l'extérieur du Centre des Nations
Unies ? Alain : Oui, et puis il y a eu ces manifestations au
Sénat, ou... [A Henri] C'est pour ça que je voulais te voir. Tu
as plus en mémoire ce qui s'est passé au Sénat, quand ils
ont interpellé les députés. De cette période,
où il y a eu un élan, vraiment, Citoyens Du Monde, et pas
simplement qu'en France.
Mais cet élan, il est né aussi de la
réorganisation des Nations Unies ? Alain : Non,
c'était contre les Nations Unies, qui sont étatiques.
Mais ce mouvement restait encore attaché aux
souverainetés nationales ?
Alain : De toutes façons c'est ce
qu'on continue de dénoncer. Il faut, au niveau mondial, des
institutions, de la démocratie mondiale, pour régler un certain
nombre de problèmes qui nous concernent tous. On l'a vu avec
l'environnement dernièrement à Copenhague : on ne peut pas du
jour au lendemain convoquer des réunions sans préparation, sans
travail préparatoire, etc... Il faut que ce soit quand même des
institutions qui travaillent à longueur d'année sur le sujet, qui
font avancer les choses et qui rappellent aux politiques qu'ils ont pris des
engagements.
Mais ils peuvent pas... bon, les grandes messes, c'est
nécessaire, mais c'est pas...
Henri : Nous on veut rendre la parole aux
peuples. Voilà. Contre les états.
J'aimerais que vous me l'expliquiez avec vos propres
mots ce qu'est Citoyens Du Monde. Ces que signifie être un citoyen du
monde...
Henri : Moi, j'ai une définition
personnelle qui dit : « est citoyen du monde tout individu qui a
élargi sa conscience civique à la dimension de la planète
». Vous savez ce que c'est que la conscience civique ? Bon, ben
voilà. Pour moi, c'est ça la définition.
Alain : Oui, elle est bonne.
Henri : Vous êtes citoyen
français, vous êtes citoyen de votre commune. Moi, je suis citoyen
de Fontaineles-Dijon [?], je suis citoyen de la Bourgogne, je suis citoyen
Français. Mais au-delà, je suis citoyen de la planète.
Alain : On est que des locataires de notre
planète.
Et comment vous articulez tout ça avec vos
nationalités ? Vous êtes français...
Henri : Oui
Alain : Ben, justement, c'est ça notre
travail, et, bon, on a vu les difficultés l'année
dernière. Le gros problème c'est la langue de communication. Dans
le temps... et encore maintenant, on devrait utiliser l'esperanto. Je ne sais
pas si vous connaissez ? Mais y'a trop peu de gens qui parlent encore
l'esperanto et bon... les nouvelles générations...
C'est difficile l'esperanto !
Alain : c'est le problème de la langue
internationale, et le problème de l'hégémonie de l'anglais
par rapport aux dépôts [de brevets ?]. Tout ce qu'ils peuvent
avoir comme richesse à travers les brevets, les dépôts. Je
sais pas si vous vous allez le défendre en anglais, votre mémoire
?
Je n'ai pas prévu de le
traduire...
Alain : parce que maintenant, pratiquement dans
certains secteurs il faut qu'ils défendent leur thèse [en
anglais]...Ce qui est dommage, le monde est en train de perdre la richesse d'un
tas de langues !
Mais l'anglais, c'est un bon compromis, parce que
c'est relativement simple, c'est accessible...
Alain : Mais on remet tous les instruments du
savoir aux mêmes. Il y a quand même des pays qui étaient
à l'avant-garde : regarde, les universités chinoises avaient des
cours d'esperanto.
Henri : Et les pays de l'est avaient... au
niveau bac, de l'esperanto. Tous les pays de l'est ! Alain :
Ils redemandent de l'avoir de nouveau...
Henri : ... Et l'Europe : actuellement,
compte-tenu de la multitude de pays qui adhèrent à l'Europe, ...
ils envisagent de demander aux gens d'utiliser l'esperanto. Parce que ça
coûte une fortune de traduire tout ça ! Alain :
Dans toutes les conférences internationales, c'est ce qui
plombe financièrement ! Au niveau de la traduction ça demande un
budget énorme, énorme. Et encore, les mots... chacun les
interprète à sa façon, la façon de les entendre. Au
niveau des textes internationaux, vous savez que c'est très important,
qu'un mot veuille dire exactement la bonne chose.
Henri : Sur le plan scientifique, je crois
que même dans beaucoup de cas, on parle l'esperanto pour permettre de
traduire dans d'autres langues. C'est l'esperanto qui sert de base. Pour passer
d'une langue à l'autre.
Alain : Mais, il y a à travers le
monde une fédération de l'esperanto, qui est très vivante,
qui agit beaucoup. Ils font des énormes congrès avec 115 pays, de
différentes langues, qui parlent tous en esperanto. C'est impressionnant
!
Henri : Moi j'ai été à
un congrès « espérantiste » international à
Vienne, on était de 50 nations ! 50 nation ! On était 1200
personnes. C'était tout en esperanto, toutes les discussions. A cette
époque-là, le président de la république Autrichien
était espérantiste. On a été reçus
là-bas... c'était merveilleux !
Alain : Il y a une littérature, c'est
très développé...
En tant qu'association vous défendez aussi
l'esperanto ?
Alain : c'est notre langue officielle.
Henri : Il y a en France un centre de formation
à l'esperanto. Il y a des groupes locaux, des cours sur Internet, des
cours à la radio...
Mais à l'université, il y en a peu
?
Henri : Il y avait, un moment donné, des
universités qui délivraient un diplôme d'esperanto. Mais le
gouvernement a essayé de casser tout ça, parce que c'était
« contre le français » (rires).
Tout à l'heure, quand je vous ai demandé
votre nationalité, vous m'avez dit « français »... pas
convaincu ?
Henri : si, je suis français... mais je
suis d'abord citoyens du monde.
Quelles sont les sources de financement de l'association
?
Alain : Nos cotisations. Et jusque dans les
années 90-2000, il y avait quand même de gros donateurs.
Henri : Voilà, il y avait beaucoup de
mécènes, ..
Alain : ..Qui découvraient
l'idée....
Henri : En général
c'était eux qui finançaient les frais pour le Congrès Des
Peuples. J'ai même le cas d'un viticulteur bourguignon... tu te rappelles
? Il m'avait donné... pas une fortune, mais à l'époque
ça représentait peut-être 1000€ ! Comme ça ! Un
viticulteur qui avait des sous ! Qui venait de faire un stage en Inde. Un stage
de quoi... ? d'ashram ? Il était converti, un petit peu ! (rires)
Alain : C'est pour ça qu'on a des gros
problèmes, parce qu'il y a des religions qui sont mondialistes. Et
régulièrement ils confondent la notion de civisme, avec leur
notion d'engagement religieux. Et là, il faut qu'on défende
fermement. C'est vrai que c'est des très bons Citoyens Du Monde. Mais on
ne veut pas qu'ils mélangent les deux.
C'est une démarche avant tout politique
?
Henri : le terme Citoyens Du Monde, il y a des
gens qui s'en servent.
Alain : D'où la résistance que
je vous dis, des anciens, qui sont fermes, tranchés, et qui disent
« attention, si vous passez au militantisme, vous allez être envahis
de gens qui vont vouloir utiliser l'idée pour leur propre compte. »
Voilà la grande séparation qui se fait. Mais il y a aussi
beaucoup de religions qui ont une dimension humaniste, même si c'est au
service d'une cause autre.
Vous n'avez pas de subventions de la part de
l'état ?
Henri : Ah non !surtout pas ! (rire)
Alain : Si seulement ! (rire) depuis des
années, on demande aux villes qui nous rejoignent, et aux états
qu'ils prélèvent une partie du budget de la guerre pour financer
la paix. Tout ce qui peut aller dans le sens de la paix à travers la
planète. On attend encore cette subvention, qu'ils
prélèvent sur l'armée... c'est pas pour demain !
Quels sont vos rapports avec
l'administration?
Henri : Ils sont pas mauvais.
Alain : On est pris pour de doux rigolos.
Un peu incompris ?
Alain : On est gentils (rire) : « ils sont
gentils ces gens là ».
Henri : Mais, à un moment donné
moi j'ai été surveillé par les ... comment ça
s'appelle ?... renseignements généraux. Quand je suis
arrivé ici.
Alain : Par exemple, vous pouvez constater, il
est très difficile pour nous de faire passer un article dans la presse.
C'est une forme de censure. C'est la « censure gentille » .
Vous vous sentez un peu discriminés ?
Alain : Non, j'aime pas ce terme «
discriminé »..
Henri : Suspects !
Alain : Ce serait de la discrimination si
ceux qui rédigent le journal recevaient des ordres directs de la part
d'un supérieur. Mais, là, tu sais, au niveau de la
rédaction, ils pensent que ça concerne très peu les gens.
« On va passer celui qui a volé une voiture à coté :
c'est beaucoup plus médiatique que cette idée de
citoyenneté du monde ». C'est pour ça que j'aime pas le
terme de discrimination. C'est plutôt que les valeurs de
médiatisations des choses qui...
Et vous pensez que c'est dû à quoi, ce
problème de médiatisation?
Alain : c'est comme l'Europe...
Henri : C'est une suspicion. On est un petit peu
une démocratie, alors que les états, c'est le pouvoir.
Alain : Les états, c'est le pouvoir.
Dès qu'on commence à leur parler de se séparer de certains
pouvoirs pour le donner au niveau européen... Maintenant, pratiquement
toutes les décisions sont prises au niveau de Bruxelles, mais aucun
état n'accepte de dire qu'ils ont été obligés de se
défaire de certains pouvoirs par rapport à Bruxelles. Ce qui
s'est passé pour l'Europe, on peut très bien le transcrire au
niveau de la citoyenneté mondiale. Il y a cinquante ans, qui se serait
déclaré citoyen européen ? Et maintenant, on est tous des
citoyens européen. On sait très bien que la plupart des
décisions, ben c'est pas à Paris qu'elles se prennent.
Et c'est plutôt une bonne chose ?
Alain : Oui.
Henri : Oui. Il y a une évolution des
mentalités.
Alain : Non, mais bon, ce
phénomène, vous le rencontrez pas rien qu'en Europe : si vous
allez dans certaines régions géographiques... Regardez en
Amérique du Sud... bon malheureusement c'est toujours l'économie
qui commence par rassembler les pays. Malheureusement, les citoyens, on passe
en dernier. Mais il y a maintenant des bassins d'intérêts mutuels
qui se créent à travers la planète, pour arriver à
avoir des règlements communs,... On va vers la mondialisation. Bon,
là aussi c'est la mondialisation de l'économie, c'est un souci,
on l'a malheureusement vécu... maintenant il faut arriver à faire
la mondialisation citoyenne pour qu'il y ait un contre-pouvoir des individus
face à la machine économique, et ça c'est toujours plus
... en Europe, on l'a pas encore réalisé.
Par exemple, un des problèmes des centres
d'enregistrement, c'est que les représentants des centres africains
n'ont pas pu venir à l'assemblée...
Un problème de papiers ? de visas ?
Alain : Oui, donc on va faire notre prochaine
réunions à Zagora, car il y a très peu de pays interdits
au Maroc, bien que ce soit pas un pays libéral... ah ! si, il y en a,
parce que je suis en pourparlers avec la consul du Maroc, et elle veut à
tout prix la liste des délégations qui seront présentes au
Maroc, parce qu'ils voudraient faire quelque chose d'assez retentissant. Et
elle me dit « je ne peux pas proposer ça au ministère des
affaires étrangères là-bas s'il y a des
délégations qui n'ont pas le droit de venir au Maroc ». Mais
j'en ai pas encore trouvé parmi chez nous (rires). Ce problème
des visas est important
Henri : Des gens suspects, des terroristes
(rires) on en voit partout ! Surtout qu'en Europe, c'est pas toujours
démocratique ! On a des problèmes...
Alain : un jour, peut-être, vous ferez
une thèse sur la démocratie sur la planète (rires)...
c'est encore pire que les Citoyens Du Monde! ... quels sont les pays
démocratiques ? ...qui appliquent le droit universel de l'homme ? mais
bon, on a un peu changé de sujet !
Qu'est-ce que vous pouvez me dire à propos des
adhérents de l'association, des militants de Citoyens Du Monde. Sont-ils
étrangers ? Français ? Étudiants ?
Henri : Ils sont français...
Alain : Premièrement, on n'a pas
d'adhérents. C'est des gens qui prennent leur carte pour s'inscrire sur
le registre des Citoyens Du Monde. Pourquoi ils s'inscrivent ? Pour pouvoir
être sur les listes électorales, pour voter pour désigner
des délégués. Donc on n'a rien à voir ni avec un
mouvement, ni avec un parti. Henri : Beaucoup de gens prennent
leur carte pour pouvoir voter...au congrès des peuples
Alain : Voilà. On n'est pas un parti, on
n'est pas un mouvement.
Et pourtant, c'est une démarche politique
?
Alain : Oui, mais la vraie démarche.
La vraie politique. C'est le sens noble du mot politique. Parce que maintenant,
c'est pareil, les gens lient la politique avec une démarche de profit
pour eux, d'intérêt personnel, etc..
Et pourquoi ne pas se présenter directement comme
un parti politique ?
Henri : Non, pas du tout.
Alain : Les centres d'enregistrements, et le
registre, ne peut pas refuser de délivrer une carte de citoyen. Les gens
s'engagent sur - moi je l'ai pas sur moi, ...- sur une petite phrase comme quoi
ils acceptent de faire partie de la communauté mondiale en tant que
citoyen. C'est cette phrase-là qu'il faut qu'ils acceptent. Mais
à partir de là, on demande ni la couleur de leur bulletin de
vote, ni leur religion, ni...
Henri : Dans la carte, on vous délivre un
petit document, qui est un engagement.
Elle est toujours dans mon portefeuille ! Elle m'a servi une
fois, pour aller en Angleterre, je l'ai présentée comme ma carte
d'identité, et on l'a acceptée ! (rires)
Alain : Mais c'était une autre
époque ! Maintenant tu pourrais plus le faire...
Henri : J'ai pas le papier dedans, j'ai dû
le sortir une fois...
On peut l'avoir dans toutes les langues du monde !
Alain : Voilà la phrase clé des
Citoyens Du Monde: ici. Et à partir du moment où la personne
accepte cette phrase là, on ne peut pas lui refuser sa carte. C'est pour
ça qu'on n'est pas un parti.
Ca dit « tout en conservant ma nationalité
». Donc Citoyens Du Monde n'est pas opposé à la
nationalité ?
Alain : Oui, mais on la voulait pas.
Là aussi, ceux de l'origine ne la voulaient pas cette phrase. Mais
là ça allait à l'encontre des états... Moi aussi
c'est toujours une phrase qui me choque, mais ...on est originaires de notre
lieu de naissance. On veut bien former une citoyenneté, c'est quand
même le lieu où on est né, où on grandit, où
on habite, etc... La notion de nation, ...c'est le militariste qui a sorti
cette notion de nation pour que les gens puissent aller faire la guerre. La
nation va pas très bien avec l'image... même les pacifistes
parlent plus de pays que de nation... dès qu'on parle de
sécuritaire, de repli sur les valeurs, de l'individu, on retourne
à la « nation ».
Aujourd'hui la carte est toujours comme ça
?
Alain : Ben oui, on voulait la plastifier, etc,
mais, là, c'est...
Ah ben si, vous l'avez !!
[il lit] ..voilà « la citoyenneté mondiale
applique le droit de voter pour une représentation directe à une
assemblée mondiale des peuples ». C'est la préfiguration,
c'est...Parce que depuis le départ, on s'est dit : l'assemblée ne
pourra pas être constituée du jour au lendemain, il faut habituer
les gens à voter déjà pour des gens d'un autre pays. Parce
que là aussi, on n'arrive pas encore à le faire au niveau
européen : un français ne peut pas encore voter pour un Allemand.
C'est pour ça que même cette notion de citoyenneté
européenne, elle est encore entachée.
A partir du moment où au niveau européen ils
rédigent des textes qui ont valeur au niveau de l'ensemble de l'Europe,
nous, citoyens, on devrait avoir aucun mal à voter pour un candidat
polonais ou un.... Ou un anglais. C'est là qu'on voit notre
nationalisme, encore. Le jour où un français pourra mettre dans
l'urne le bulletin d'un allemand ou d'un anglais... là ce sera une bonne
chose
Henri : C'est toujours « nos ennemis »
! (rires)
Je le retrouve pas...j'ai tellement de choses qui sont mal
classées... (rires) Vous voyez, à un moment donné, dans
les départements, on avait un cahier où on enregistrait les gens,
et on délivrait la carte. Ces cahiers d'enregistrements, ça date
depuis 76. Là vous allez retrouver l'enregistrement d'Alain Bal.
Alain : Oui : 1980. Vous voyez qu'on n'en
délivre pas des masses. Et pourtant, pendant une période on a
été parmi les départements les plus importants.
Henri : J'ai quand même fait, à mon
époque, 92 enregistrements, avec le numéro de la carte qu'on
délivrait.
Et aujourd'hui, le registre compte combien de personnes
en tout?
Henri : Actuellement ? En France, je pense qu'on
est quelque chose comme 5 000.
Alain : Oui, on envoie à peu près
7 000 bulletins.
Henri : Et dans le monde, on parle de 150 000,
quelque chose comme ça. C'est quand même encore une petite
fraction de la population (rires).
Alain : Mais, quand même, beaucoup
d'hommes politiques emploient ce terme-ci.
Henri : A un moment donné Giscard
d'Estaing - vous avez connu Giscard d'Estaing ? - se déclarait tout
à fait mondialiste. Et son frère qui lui a succédé
se déclare également partisan du mondialisme.
Alain : Regarde Chirac, qui employait
plusieurs fois le terme de citoyen [du monde]... On l'a encore pas entendu dans
la bouche de Sarkozy (rires)... mais tout arrive ! Avant, dans un discours
d'une commune... Pourtant il y a des municipalités où il y a
pratiquement entre 20 ou 40 pays représentés dans la commune...
Et le maire n'allait jamais utiliser ce terme de Citoyens Du Monde. Et
maintenant il l'emploie. Donc il y a une petite évolution au niveau du
terme. ... Mais bon, ça s'arrête là.
Quelles sont les nationalités les plus
inscrites ?
Henri : j'avais fait un tableau de tout
ça....
Alain : Maintenant, c'est quand même les
africains.
Henri : La mentalité africaine est plus
évoluée que la mentalité occidentale (rires)...
Alain : A une époque il y en avait
beaucoup d'Europe...
Henri : ...Beaucoup plus pacifiques... les
noirs, en général...
Alain : Il y a une étude à
faire, ils ont ce sentiment...J'avais démarré des groupes sur
facebook pour, justement, sentir ce que le mot évoquait. Et un des
groupes les plus puissants sur facebook, c'est le groupe local Algérie.
Pratiquement, en l'espace d'un an, près de 300 personnes ont rejoint le
mouvement.
Pourquoi l'Afrique, à votre avis
?
Henri : Ben, y'a eu la francophonie qui a
peut-être aidé à ce développement aussi
Alain : Non, je ne pense pas. Non, c'est dans leurs
gènes, c'est dans leur culture.
Henri : Parmi les membres du congrès des
peuples, il y avait beaucoup d'africains, dans les élus. Il y avait un
avocat africain qui a fait beaucoup.
Alain : Il y avait des hindous, des
japonais...
Henri : Surtout les japonais aussi, à
cause de la bombe atomique [il siffle].
Alain : Il y a des mouvements qui nous
rejoignent, sur l'idée de Citoyens Du Monde. En Australie, il y a des
groupes qui rassemblent sur facebook pratiquement 200 000 personnes. Mais
ça rejoint plus l'idée de paix mondiale, de
sécurité, que de citoyenneté.
Henri : Le mouvement Bahaïi aussi. Vous
connaissez peut-être ? Un mouvement religieux iranien, ils sont tout
à fait d'accord ...
Alain : Ils se déclarent citoyens du
monde.
Henri : Les bahaïi sont présents
dans le monde entier. Je sais pas si j'ai pas un document...
Ca ne m'étonne pas. J'ai été en
Iran il y a quelques années. C'est un pays qui m'a
particulièrement marqué. J'ai trouvé que les Iraniens
avaient une conscience politique assez forte malgré...
Henri : voilà [il lit] « entre le
martyr et l'utopie : un mondialisme tranquille »... il y a quelques
explications...
Quand j'ai mondialisé ma commune, Orval, il y avait
énormément de bahaiis qui étaient venus. C'est des
idées très généreuses, et qui rejoignent les
nôtres
Alain : Mais il ne faut pas que ces
gens-là confondent religion et société civile. Moi j'ai un
peu travaillé sur ce problème. C'est vrai que la religion, c'est
une des rares choses que les gens ne peuvent pas avoir en double.
Henri : Actuellement, les religions divisent les
gens, à cause du dogmatisme.
Alain : On peut avoir plusieurs langues, mais
pas plusieurs religions. C'est vraiment la frontière qui enferme les
gens dans des ghettos bien particuliers.
Henri : Voilà la photo du grand
secrétaire général. Tu as entendu parler de Guy Marchand ?
Qui était un champion du monde de vol à voile. Il a
consacré sa vie au mondialisme, lui.
Alain : C'est vrai que toi tu t'es
dispersé avec la culture bio.
Henri : Je me suis pas dispersé... mais
les écologistes ont été les premiers, si vous voulez,
à prendre des mesures pour la défense de la planète. Les
vrais écologistes.
Alain : Pas les politiques comme maintenant.
Henri : Lui et sa femme ont consacré leur
vie au mondialisme. Pratiquement. Et leur fortune.
Alain : Ils ont fait des grandes choses pour
le mouvement, mais à la fin de leur vie, ils avaient créé
beaucoup de vide autour d'eux, et on a eu du mal à remettre des gens
pour faire fonctionner l'appareil, parce qu'en fait ils s'occupaient de
tout.
Henri : Oui, le mondialisme, c'était
déjà eux. (rires)
Quelles sont les conditions pour s'inscrire
?
Henri : Juste que les personnes acceptent cette
phrase.
Les sans-papiers ne sont pas exclus
?
Alain : Bon débat !!(rires)
Henri : Au contraire ! Les Roms, notamment. Les
sans-terres. On les accepte. La maison de assez de
Mulhouse, elle accueille tout le monde ! C'est une création de
l'alter-mondialisme.
Alain : Mais là il cherche à vous
disperser, (rires) il entame ce qui est réellement sur le terrain, la
citoyenneté mondiale, qui était notre base, et qui renouvelle
totalement notre démarche.
Quelle est la typologie des gens qui participent :
des étudiants ? des « écolos »? des gens plutôt
jeunes ? Henri : C'est difficile à classer. On est ouverts
à tout.
Alain : On ne peut même pas dire que c'est
un mouvement d'intellectuels. Il y a des artisans. Henri : Il
faudrait que je regarde dans mon cahier pour vous dire un peu...
[il lit] Ici, il y a eu un professeur, un curé, un
postier, une infirmière. Il y a eu un mouvement mondialiste qui s'est
créé autour d'un curé dans le jura.
Alain : Il faudrait que je
téléphone à Daniel pour voir s'il a travaillé cette
question de la typologie... Le registre est centralisé. Il faudrait vous
mettre en rapport avec Daniel Durand, qui centralise les enregistrements.
Henri : [il parcourt son cahier] Un agent des
PTT, un commerçant, une surveillante d'hôpital, pas mal
d'étudiants...
Alain : C'est une bonne question !...
Henri : ...Un employé communal...
Alain : On était présents dans les
universités aussi.
Henri : On faisait des conférences.
...Une infirmière, un employé de banque, un magistrat en
retraite, un artisan...
Alain : On ne peut pas dire que c'est plus
particulièrement des jeunes ou des vieux.
Henri : Un qui était président de
la ligue des droits de l'homme à Dijon...Encore un étudiant, une
institutrice, un ingénieur... un sans profession, un technicien...
Alain : Des femmes au foyer ?
Henri : J'ai ta fille, là...Il y a
vraiment de tout. Un philosophe, aussi, qui a fait un énorme ouvrage.
A quel moment le mouvement a-t-il gagné le
plus d'adhérents ?
Henri : après la guerre. Pendant
peut-être 7 ou 8 ans après la guerre.
Alain : Entre 50 et 60.
Henri : Après la signature de
l'armistice. Vous trouverez tout ça dans le bouquin que je vais vous
passer, qui a été écrit par un mondialiste qui existe
toujours : par Rolf Paul Haegler, qui est un Suisse, et en plus un musicien de
talent « Histoire et idéologie du mondialisme ». Là,
vous avez toute l'histoire. Ce bouquin est très, très
intéressant. Y'a toutes les étapes avec les dates et tout. C'est
une somme remarquable de l'histoire du mondialisme. Bon, faut vous le farcir...
Je vous le laisse.
Alain : Les livres ça doit servir, c'est
pas pour rester sur un rayonnage.
Henri : C'est une histoire passionnante, la
mondialisation. Faut voir les évolutions qu'il y a eu ! Alain :
Et c'est pas barbant !
Henri : Avec ça vous avez de quoi
bâtir une thèse sérieuse (rires).
Ma recherche porte sur l'identité
cosmopolitique, sur cette façon de dépasser la logique du
national. Ca a commencé par une inquiétude personnelle. J'ai
quitté mon pays il y longtemps, environ une dizaine d'années.
J'ai vécu en Espagne, en France, en Afrique du Sud. Et petit à
petit je me suis rendu compte que la nationalité n'avait pas beaucoup de
sens.
Henri : Vous avez tout découvert,
là ! Il y en a qui ne le découvrent jamais dans leur vie. Si
à votre âge vous l'avez découvert, vous avez tout
gagné (rire).
Ma recherche porte sur ça : quels sont les
chemins pour arriver à comprendre ça. J'ai choisi Citoyen du
monde parce que c'est une démarche plus politique, plus
intellectuelle...
Henri : Globale. De dépassement
d'identité.
J'ai vraiment envie de porter ce sujet plus loin.
Je suis en master migrations internationales, l'université nous demande
de faire un mémoire. J'ai voulu étudier ce sujet, comprendre
l'histoire, les bases sociologiques, intellectuelles, savoir ce qu'est la
nationalité, ce qu'est l'état-nation, ce qu'est la
citoyenneté. J'avais envie d'expliquer ce changement que j'avais
vécu personnellement.
Alain : Vous avez plusieurs vies devant vous ?
Parce que le sujet est inépuisable ! (rires)
(...)
Alain : Et j'ai mis longtemps à
répondre, car en ce moment je donne priorité à tous les
groupes qui sont en train de se créer en Afrique.
Henri : Je vais vous donner un petit document
humoristique aussi, qui a été fait par le fils de Guy Marchand.
Une bande dessinée « pourquoi Citoyens du Monde? ». C'est bien
fait ce machin.
Henri, vous étiez maire, avant
?
Alain : Oui, il était maire d'Orval, dans
le cher, il a mondialisé sa ville.
[...]
Il y a des gens qui ont été à l'origine de
la volonté de développer le groupement. Peut-être qu'il y a
des noms que vous connaissez. A l'origine c'est des gens comme ça qu'on
n'a pas su intéresser.
[...]
Alain : [il montre un document] Et ça
quand est-ce que tu l'avais fait ?
Henri : Il y a longtemps ! Quand j'étais
à Chaudefon [?]. J'ai dû faire un exposé sur le
mondialisme. Mais ce tableau-là figure sur des documents.
Alain : Je ne l'ai jamais vu figurer quelque
part. Daniel en a fait un, mais moins complet que le tiens. [...]
Henri : [il montre une photo] Notre
secrétaire général, Guy Marchand, a également pris
la parole à l'ONU. Pour présenter nos positions. Il a
voyagé dans le monde entier. Aux Etats-Unis, il y avait des groupes
importants.
Alain : Normalement on a un
représentant dans les « sous-sous-sous-sous-commissions » de
l'ONU. Parce que l'ONU rassemble aussi un certain nombre d'organisations
à travers la planète, et c'est là-dedans qu'on a un
représentant.
Henri : Dans ce petit document, là,
vous avez une grande partie des grandes déclarations du congrès
des peuples : sur l'environnement, les nations unies, l'énergie
matière première, notion mondiale, population, alimentation, les
femmes, l'environnement, les droits de l'homme... toute la position des
mondialistes sur ces grands problèmes.
Alain : Oui, parce que la base, c'était
les droits humains, les besoins fondamentaux, la gestion des mères. On
revendiquait que les citoyennes doivent pouvoir donner leur position.
Henri : La santé, aussi. Vous voyez qu'on
s'est occupés de beaucoup de choses, hein ? Et pas seulement des
citoyens.
Alain : C'est un peu ce qu'on nous reproche,
c'est qu'en fait...
Henri : On emmerde tout le monde ! (rires)
Alain : ...On a voulu brasser, et maintenant,
dans les nouveaux groupes qui se forment, ils me disent « il faut
recentrer », pour qu'on puisse amener de nouveaux citoyens du monde. Il
faut qu'on leur donne un menu. Un menu de travail, un point c'est tout. Parce
que c'est trop vaste, les gens sont perdus, ils écoutent pas...
Vous disiez que vous avez 30 centre locaux, dans 30
viles différentes ?
Henri : Non, des centres locaux, il y en avait
30 au début, mais il doit y en avoir 5 ou 6 qui fonctionnent encore. Si
c'est l'historique, vous pouvez parler de 30.
[il montre une photo] Ca c'est le professeur Mallet [?],
recteur de l'université de Paris. C'était un grand mondialiste,
il faisait des conférences de partout. Pour développer
l'idée. Il est venu faire une conférence à
l'université de Dijon.
Alain : Des pièces d'archives !
Vous avez un organisme fédérateur ? Il
est basé à Paris ?
Alain : L'organisme fédérateur,
c'est normalement le secrétariat du registre.
Avec quelles autres associations travailez-vous
?
Henri : Les pacifistes en
général. ...les espérantistes.... Les écologistes
aussi. (rires) Moi, je suis très écologiste. Je suis vert. Je
mange biologique depuis 50 ans ! J'ai mon jardin. C'est grâce à
ça que je suis encore en bonne santé, à 85 ans. J'ai 7
enfants, 13 petits-enfants, 3 arrière-petits-enfants. (rires)
Quelles sont vos relations avec les autres
organisations professionnelles, les syndicats, les pouvoirs publics, les
organisations diplomatiques, les organisations culturelles ?
Henri : Culturelles un peu. On a eu des
chanteurs dans le mouvement.
Alain : Oui, on a eu des artistes qui se sont
engagés de notre côté.
Henri : On a organisé à Paris,
à un moment donné, une réunion avec des artistes à
tendance mondialiste. Henri : Quelqu'un de Paris avait
contacté tout un tas d'artiste pour connaître leurs idées.
Ceux qui se déclaraient citoyens du monde ont fait une manifestation
culturelle. Il y a eu beaucoup de monde.[...]C'est pas très vieux,
d'ailleurs, ça date de 2 ou 3 ans, cette réunion à
Paris.
J'ai vu que vous faites des activités
parallèles aussi : il y a eu un partenariat lors de la route du rhum ?
Henri : Mais là c'est particulier. C'est la
première fois que ça arrive.
Alain : Normalement, on a eu 2 propositions
pour porter nos couleurs Citoyens du Monde cette année. C'est quelqu'un
qui fait de la voile, qui voulait mettre sur sa voile Citoyens du Monde. Du
coup, c'est surtout l'équipe de Paris qui soutient ce projet.
Ca donne une présence médiatique
?
Alain : Oui, voilà. Autrement, on
avait un monsieur qui , avec sa voiture électrique, voulait relier
Copenhague au Cap. Peut-être que vous en avez entendu parler ? Et je ne
sais pas ce qui s'est passé. Il a disparu dans la nature. Il doit
être dans son périple. C'est des gens qui se sont
déclarés Citoyens du Monde. Celui de la voile, contre le fait de
marquer Citoyens du Monde, il nous demandait seulement l'autorisation de
pouvoir faire des T-shirt, des casquettes... Tandis que celui qui faisait
Copenhague-Le Cap, nous demandait un soutien financier. Qu'on pouvait pas lui
accorder
Henri : Et il y a 20 ans, Yves Angelos [ ?]
avec les jeux de la paix. Quelqu'un qui a développé dans le monde
les jeux de la paix. Des jeux sportifs auxquels tout le monde peut
adhérer. Ce gars-là est citoyen du monde, et fait en même
temps de la réclame pour le mondialisme.
Alain : Ça devrait avoir lieu fin
août, en Italie.
J'ai vu aussi qu'il y avait des activités
militantes : à Dijon il y a une « marche » ?
Henri : Il y a eu une marche qui passait
à Dijon, et dans laquelle on pouvait participer. Je ne sais pas si
ça a eu lieu ou si ça va avoir lieu.
Non, mais on peut participer à beaucoup de manifestation.
On est très libres.
Alain : Chaque citoyen du monde a ses
goûts particuliers qui le font s'engager dans l'environnement ou les
droits de l'homme, ou.... C'est ce que nous ASCOP-Citoyens du Monde on regroupe
sous le militantisme pour la citoyenneté mondiale. C'est pour ça
que l'ASCOP- Citoyens du Monde, on a 80 associations à travers le monde,
qui elles-mêmes regroupent d'autres petites associations. Par exemple
ASCOP-Fonds mondial fait partie de l'ASCOP, mais eux-même ont environ 60
groupes à travers la planète. Et l'ASCOP avait été
vraiment créée pour ça : pour regrouper ceux qui faisaient
de l'action « citoyenne du monde » sur le terrain. Il y a
déjà tout ce qui regroupe les droits humains, qui est pas mal,
...la lutte contre le faim, le besoin de développement individuel,
l'éducation. Mais on laisse libre à chacun de militer pour la
citoyenneté mondiale localement, dans les organisations qui sont
bien.
Pouvez-vous m'expliquer les liens entre votre
association et celle de Paris ? Il y 2 pages web différentes
?
Alain : Sur les bases de quelques textes, on
est un réseau libre. Et chacun peut militer pour la cause comme il
l'entend. Et je ne veux pas dire que les Citoyens du Monde de Paris ne font
rien, parce qu'ils sont opérationnels dans un tas de groupements, mais
en fait, ils ont jamais jugé utile de redynamiser une vitrine, avec une
permanence. Et actuellement on est obligés d'avoir des vitrines. Les
gens, quand ils veulent avoir des informations, il faut qu'ils sachent
où s'adresser. C'est bien beau d'être dans un tas d'associations.
Pour ceux qui participent au niveau mondial, par exemple, ils vont pas casser
les pieds à tout le monde, continuellement en disant « prenez votre
carte de Citoyens du Monde». On est un réseau libre. Y'a pas
d'obligation. Il y a des citoyens du monde, ils prenaient une fois leur carte,
et on les revoyait plus jamais. C'était un acte symbolique qu'ils
faisaient. Une démarche.
Quelle est la périodicité de
l'élection du congrès des peuples ?
Henri : Au début, on voulait faire
ça tous les ans. Et puis après, en fonction des moyens
financiers, ça s'est espacé. Ca a été tous les 2
ans, et puis.... et maintenant on est en train de relancer. On est en train de
repartir sur des votes, pratiquement, tous les 2 ans.
Il y a 16 personnes élues dans le
congrès des peuples ?
Alain : Non, non, euh...ils sont combien
maintenant ?
Henri : Actuellement, on est en train
d'enregistrer les candidatures, les gens qui veulent se présenter, qui
doivent fournir un mémoire avec leurs idées mondialistes. On
prend pas n'importe qui, quand même (rires).
Alain : Il faut qu'ils aient la carte de
Citoyens du Monde, mais surtout on leur demande d'avoir eu une démarche
citoyenne du monde au niveau de leur région...
Henri : Ou de leur profession.
Et ça se fait au niveau mondial. Ca doit
être difficile à coordonner ?
Alain : Ah, c'est compliqué, oui ! Je
vous montrerai la liste, vous allez voir.
Henri : C'est un sacré travail !
Alain : Vous voyez, on a que des moyens
amateurs : on est bénévoles, personne est
rémunéré, la plupart du travail on le fait sur notre
propre argent. Nos déplacements aussi. On a très peu. Même
à l'origine, ça a toujours été ...
Henri : ... Un bénévolat.
Et où siègent ces
délégués ? Il restent éparpillés ?
Henri : Oui, dans tous les continents.
Et pour leurs activités, comment font-ils
?
Alain : Normalement ils doivent se
réunir. Tous les ans, en principe
Henri : Ils se sont réunis à
Liège il y a 4 ans, la dernière fois... non, là c'est plus
tous les 2 ans Alain : Moi, je ne suis pas
délégué du tout. Je laisse la politique aux gens
sérieux (rires).
Ca doit coûter cher ? Ils se déplacent
avec des moyens personnels ? Henri : Brasilia, ça a
coûté plus de 10 000€ !
Alain : Mais Brasilia, on a eu 2 chances.
C'était un directeur d'une station de télévision qui avait
pris en charge pas le voyage, mais tout le séjour.
Henri : Oui, une grosse organisation, d'origine
un peu mondialiste. Des gens du rotary, qui avaient beaucoup de fric.
Alain : Les brésiliens, pour le
congrès de Liège, avaient envoyé une
délégation de journalistes qui a tout filmé, et retransmis
à la télévision au Brésil ...et dans toute
l'Europe. Ils avaient des moyens financiers énormes !
Henri : C'est des gens riches, au Brésil
!
Alain : Mais le Brésil veut quand
même, à terme, avoir une position mondiale...
Henri : Actuellement, ils sont en train
d'essayer d'avoir une carte mondialiste qui soit comparable à la carte
visa. Une carte bancaire internationale, pas pour retirer du fric, mais pour
avoir une carte Citoyens du Monde universelle. Je sais pas si ça va se
faire, parce qu'il faut du fric aussi. Dans toutes les langues !(rires)
Et comment gérez-vous les différences
culturelles, les différentes façons de comprendre la
citoyenneté ou la démarche politique de Citoyens du Monde ? Par
exemple on parlait de religion tout à l'heure. Il y a beaucoup de
sociétés ou de cultures qui ne séparent pas le civisme et
la religion de façon historique. Alain : C'est la grande
difficulté
Henri : Je dirais que Guy Marchand, qui a
été un des fondateurs, était athée. Pour lui dieu
n'existait pas. C'était une invention des hommes. Sa femme, pareil. Moi
par contre je suis plutôt adhérent à toutes les religions.
J'étais au départ catholique, mais actuellement je suis comme
Saint Paul : chrétien avec les chrétiens, bouddhiste avec les
bouddhistes, païen avec les païens... J'adhère à toutes
les religions ! C'est formidable ! (rires).
Alain : Moi aussi je suis athée, mais la
base, c'est quand même les 10 commandements : tu ne tueras pas, etc.
C'est vrai que dans ma démarche, je ne veux plus
aujourd'hui que ce soit une idée ou une personne qui vienne me dire ce
que je dois faire de bien ou de mal. C'est un environnement, c'est une
société qui...Quand Sarkozy me dit « tu ne dépasseras
pas la vitesse de la route », je me dis « mais il va le faire, lui !
». Souvent, ceux qui décrètent pour les autres, eux
ils...
Henri : je vais vous faire un petit cadeau (il
donne un porte-clé)
J'en avais besoin, merci ! Ce logo, il existe depuis
le début ?
Henri : Non, c'est récent, ça,
c'est récent ! C'est moi qu'il l'ai fait faire dans la région
ici. Ah non, le sigle ?? Euh...Je crois que c'est Guy Marchand qui a dû
créer ça : ça représente un homme qui embrasse la
terre.
Alain : Moi j'ai fait des quantités de
maquettes de monuments mondialistes, également. Il y en a un peu
partout.
Qu'est-ce qui est arrivé l'institut
d'études mondialistes ? Existe-t-il encore ?
Alain : Oui !
Henri : Non ! L'institut n'existe plus, il ne
fonctionne plus.
Alain : Euh...Ca s'est transformé en
université d'été !
Henri : Oui, mais c'est plus sous la coupe de
citoyen du monde...
Alain : Si, si, Marc Gartet [?] travaille
avec eux. C'est lui qui...Ben, attend, il est quand même membre...
Normalement, c'était une agence de presse qui devait donner son avis
mondialiste sur ce qui se passait à travers la planète. Mais on
n'a plus personne actuellement pour la faire fonctionner. Donc, l'institut
d'étude mondialiste maintenant est remplacé par un
séminaire d'été, sur une semaine.
En fait, notre schéma ASCOP- Citoyens du Monde
ressemble beaucoup à cet Institut. [Il s'adresse à
Henri]Là, je suis en train de re-travailler sur ce que toi, tu
défendais comme idée : le secrétariat de coordination.
Mais ça a du mal à se mettre en place.
Henri : Je peux vous passer ça
aussi... mais c'est pas jeune, ça date de 73 « des livres pour les
hommes d'aujourd'hui ». Il y a toute une liste de bouquins. Je sais pas si
on peut les trouver parce que c'est très dur... mais vous avez des
commentaires sur chaque ouvrage.
[...]
Des bouquins, on en a écrit ! Moi j'ai participé
à « la Somme Mondialiste ». C'est le point de vue de plus de
150 personnes sur les problèmes du monde.
[...]
De la littérature mondialiste, y'en a des quantités
!
J'imagine que vous défendez aussi
l'idée d'une citoyenneté européenne ? Comme un premier pas
? Alain : Oui, comme toute notion d'élargissement de
l'appartenance à autre chose que la nation...
Vous n'êtes pas anti-nationaliste ? Votre
propos , c'est plutôt dépasser le national ? Alain :
Oui, dépasser.
Que pensez-vous du débat qu'il y a eu en
octobre sur l'identité nationale ?
Henri : Un faux débat, lancé par
Sarkozy pour occuper le terrain, au lieu de s'occuper des problèmes
locaux.
[...]
Ah, je savais bien que j'avais un tableau, tu vois ! Ca c'est
sur l'agencement des lignes de presse qu'on avait fait à un moment
donné. Ce bouquin-là il date date de 80-84.Tous les mois on
publiait dans un journal sur un problème local. La position des
mondialistes.
Ca n'existe plus aujourd'hui ?
Henri : ben, ça existe plus, parce que
personne s'en occupe. On faisait pratiquement que ça, à cette
époque : l'état civil mondial.
Alain : Je vois pas pourquoi on a
retiré cette histoire d'état civil. Parce que les nouvelles
générations aujourd'hui, elles disent « on refuse de
s'enregistrer sur des listes, quelles qu'elles soient ». C'est la peur,
c'est la crainte de s'enregistrer... on est tellement fichés aujourd'hui
! Ca, c'est vraiment le gros reproche que je peux faire.
Henri : Tout ça fonctionnait à
plein tube dans les années 50-60. Là, y'avait beaucoup de monde
!
Pourquoi ce mouvement a-t-il perdu de l'ampleur ?
Henri : Ben, parce que les gens sont décédés
!
Alain : ... et y'a pas eu de relais.
C'est curieux, quand même, parce que c'est un
sujet d'actualité !
Alain : Et je veux pas faire d'un ami un
ennemi, mais ça c'est la faute des Marchand : ils ont centralisé.
Tout ce qui pouvait se créer en parallèle, ils étaient
d'une méfiance ! On allait « mal orienter » ce courant
d'idée. Tellement ils étaient méfiant, que, ... en fait,
rien n'a pu rester. Quand eux ils ont disparu, il y a eu vraiment un grand
vide.
Henri : Ils avaient tellement peur du «
déviasionnisme » du mouvement, qu'on pouvait pas faire grand chose
en dehors d'eux, sans leur accord. Sinon, on était foutus en l'air. Et
comme ils ont consacré leur vie à ça.... Guy marchand, qui
était un ingénieur de haut niveau avait abandonné sa
carrière pour se consacrer à ça !
Alain : Oui, et puis il avait quand même
quelques moyens personnels.
Henri : Oui, il avait sa retraite
d'ingénieur et tout ça.
Est-ce que je peux vous emprunter ça
?
Henri : Oui, ça c'est intéressant,
parce qu'il y a toutes les positions du mondialisme sur différents
sujets. Ce sont des textes qui ont tous été
publiés un jour dans un journal ?
Henri : Oui, c'était publié ! Dans
la presse.
Sur différents sujets ?
Henri : Oui, oui. Il y a de tout ! Ca,
c'était quand même élaboré démocratiquement.
Guy Marchand avait une information, il consultait tous les gens de la base sur
le problème. Il nous écrivait, on se mettait d'accord
là-dessus, etc..
Alain : Et y'avait pas Internet à cette
époque ! (rires) Ca se faisait par téléphone. Avec les
Citoyens du Monde africains ou d'Asie, ça demandait 3-4 mois de trajet
pour la lettre.
Henri : Mais le téléphone marchait
mieux. (rires)
Alain : Mais y'avait moins de
téléphone que maintenant. On n'avait pas de portable.
Henri : On s'est occupé de tous les
problèmes de la planète. Et en plus dès qu'il y avait un
problème important dans le monde, une catastrophe et tout ça, on
prenait position : « voilà ce qu'on aurait fait nous si on
était à la tête du mouvement. »
Alain : On y travaille. Le secrétaire
général de l'ASCOP y travaille.
Vous avez voyagé ? Vous avez vécu
à l'étranger ?
Henri : Moi, j'ai voyagé pour mon
travail dans pratiquement tous les continents. J'étais chef de
bureau d'étude. En construction de matériel ferroviaire, de
wagons, et puis après de container. Vous connaissez les container
Sipler [?] ? Des trans-containers, qui voyagent partout. En Afrique du Sud
j'allais souvent.
On avait vendu une licence de container à une usine qui
avait acheté cette licence, et j'allais là-bas pour surveiller
les travaux. Donc j'étais très souvent en Afrique du Sud.
Et votre réflexion sur la citoyenneté
mondiale, elle est liée à votre expérience de travail
?
Henri : Non, pas du tout : c'était
lié...j'étais engagé volontaire dans la guerre : FFI,
maquisard. Et puis à la fin de la guerre j'ai découvert le
mondialisme dans les journaux, et j'ai adhéré au mondialisme. On
en avait tellement marre de la guerre, à l'époque !
Alain : Aux origine, il y a eu pas mal
d'officiers.
Et vous, Alain ?
Alain : Moi j'ai découvert
l'absurdité des frontières très tôt.
Henri : Tu as fait la guerre d'Algérie
toi ?
Alain : Oui, mais moi ça remonte plus
loin que ça. Tout gamin -je sais pas si le mouvement existait
déjà - mon père qui était douanier, en 46-47 avait
été envoyé en Sarre. C'était l'occupation
française. Du coup, on nous avait réquisitionné des
appartements chez les anciens nazis. Et en fait, avec ma vue de gamin, je
passais plus de temps avec le propriétaire des lieux, qui m'emmenait
dans la forêt, qui achetait du bois dans la forêt... et en fait
quand j'avais 14-15 ans, on m'a dit : « tu sais que c'est un nazi,
ça. C'est un Bosch ». J'ai dit « y'a vraiment un
problème ». Parce que pour moi qui n'avais pas connu mon
grand-père, je le considérais comme un grand-père. Ca
m'est resté tout le restant de ma vie, ça.
Et puis après j'ai vu pendant la guerre
d'Algérie, où en fait, à des gens normaux, on arrivait
à faire faire des choses affreuses. Simplement parce qu'il y avait... au
nom d'une nation, des valeurs, il fallait... on peut faire n'importe quoi avec
ces notions de...
Et vous avez pu, alors que vous aviez
déjà une conscience mondialiste, vous engager quand même
dans l'armée ? C'est un peu paradoxal non ?
Alain : Ben, vous voyez, le président
de la maison de la citoyenneté internationale de Mulhouse, pendant la
guerre d'Algérie, il a aidé le FLN. Bon, moi je n'ai pas fait
d'action comme ça, j'en ai fait d'autres. On a été
à l'origine du refus de partir en Algérie. Les appelés se
sont mis en grève. On s'était assis sur les bois [?], en disant
que ça servait à rien du tout qu'on aille en Algérie. Ca
m'a valu quelques mois de prison. C'est là que le colonel m'a dit «
tu sais, Alain, toi t'es con, mais l'armée, c'est encore plus con que
toi ! Donc si tu veux leur tenir tête, ils y arriveront » . C'est
vrai que les derniers appelés, c'était dans les années 60,
et les derniers qui ont été libérés, c'était
Giscard D'Estaing en 76 qui a libéré les derniers ! C'est pour
vous prouver la bêtise de l'armée. Du coup, j'ai trouvé
plus utile après l'armée : rester en coopération en
Algérie. J'ai passé plusieurs années en coopération
en Algérie. D'ailleurs, j'y étais au titre des Nations-Unies, et
mon boulot c'était de récupérer l'artisanat dans les
villages Algériens en 62, au moment de la fin des hostilités. Mon
boulot, c'était avec un chauffeur algérien de partir
jusqu'à Wargla [?] dans les villages algériens, où j'ai
toujours eu un accueil formidable. Quand je rentrai à Alger on me disait
« on t'a pas tranché la gorge ? » (rires) « ah ben, non,
je suis là, donc on m'a pas tranché la gorge ! »(rires).
C'est avec des petites choses comme ça qu'on s'aperçoit qu'entre
les idées qu'on veut que vous et ayez, et puis la réalité,
des fois... Alors que vous pouvez très bien vous faire agresser dans le
16ème à Paris par des gens bien habillés
(rires).
Et vos collègues, ils ont aussi les
mêmes réflexions ?
Alain : On a tous des origines très
diverses. Y'en a, c'est simplement la valeur du mot. Sur facebook, on
s'aperçoit très bien que c'est la portée du mot qui est,
pour certains, importante. Mais ils mettent pas tellement de choses
derrière. C'est cette notion de citoyenneté mondiale.
Après, j'ai quand même réussi à faire pas mal de
groupes, avec des gens qui mettent quelque chose derrière. Qui agissent.
Mais dans l'ensemble, oui, c'est beaucoup de jeunes qui, soit à travers
leurs études, soit par leur parcours personnel, etc, ont sauté
par dessus les frontières. C'est quand même souvent des gens qui
ont été voir ailleurs. Qui ont bougé, etc.
Henri : Y'a un de mes fils qui était
déserteur de l'armée. Deux autres qui étaient objecteurs
de conscience. Aucun de mes 3 garçons n'a fait le service militaire !
Alors que moi, j'étais engagé volontaire (rires). Mais
c'était une autre époque.
Alain : Mais les forces de rébellion dans
un pays, on ne peut pas les considérer pareil. Si on vient t'occuper ta
maison, tu la défendras, même si tu es non-violent.
[...]
[en montrant les livres et les brochures] Bon tout
ça, de toutes façons, tu me le laisseras en
héritage ?(rire)
Henri : Ben dis donc, tu partiras
peut-être avant moi ! (rires) Je suis un grand résistant, moi... A
tout ! J'ai le projet de vivre jusqu'à 140 ans (rires)
Merci beaucoup pour tout !
Alain : Mais vous auriez pu avoir sa photo pour
votre mémoire, parce que c'est homme très important du
mouvement.
Henri : Dans le dernier numéro de
CITOYENS DU MONDE, on m'a consacré tout un article : « des
personnalités comme on les aime ». C'est le dernier numéro
qui date de janvier.
Ah je l'ai celui-là (rire) ! Je l'ai sur mon
ordinateur !
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