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Politique Africaine de sécurité et de défense: problèmes et perspectives

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par Tony KELO ZOLA
Université de Lubumbashi - Relations internationales 2009
  

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Section 3 : COMMENT LES POPULATIONS AFRICAINES ASSURENT- ELLES LEUR SECURITE ?

Hormis la minorité dirigeante et les filières clientélistes auxquels elle est liée, les populations africaines vivent dans l'insécurité. La nature du pouvoir politique et de l'autorité militaire ne permet pas à ces dernières de « domestiquer » le monopole étatique de la violence.

Il apparaît qu'en droit, les sociétés africaines ont appris à maîtriser certains rouages de l'Etat et introduit une souplesse qui permet la coexistence de plusieurs systèmes juridiques. Cette constatation vaut également pour l'administration comme en attestant de nombreux travaux. Cependant, la poignée d'hommes politiques, de chefs militaires et autres individus influents dans le cercle du pouvoir qui, dans chaque Etat, est capable de « domestiquer », ou plutôt de détourner, le monopole de la violence à des fins politiciennes ou personnelles fait le jeu du pouvoir. Ces individus ne servent donc pas les intérêts du peuple et ne véhiculent aucun projet de sécurité pour les populations70(*).

Obligées de se protéger, les sociétés africaines inventent alors « des dispositions du quotidien qui n'annulent pas la violence mais la mettent à distance ».

§1. Les formes de sécurité

Sécurité physique et morale : dans l'urgence, les populations africaines sont contraintes à la fuite, à l'abandon. Elles doivent faire face, lorsqu'elles rentrent chez elles après des mois ou des années, outre à la souffrance physique ou morale, aux problèmes de récupération de leurs terres, de leurs habitations, de leurs biens.

Par ailleurs, des familles entières, des quartiers sont obligés de recourir à l'autodéfense pour assurer leur sécurité, lutter contre le banditisme et la criminalité.

Dans les cas graves, les populations ne voient d'autres issues que dans la vengeance individuelle ou collective après avoir pleuré leurs morts.

Parallèlement, certaines catégories de populations organisent leur sécurité. Ainsi en est-il des grands commerçants, d'industriels, de transporteurs même les individus simples qui paient des sociétés privées de gardiennage ou s'assurent la protection de soldats, policiers ou gendarmes - généralement non rémunérés par l'Etat depuis des mois - moyennant une compensation matérielle71(*).

Les mouvements religieux assurent également une part de sécurité physique et morale à leurs fidèles comme le montre l'exemple des confréries catholiques en république démocratique du Congo.

Ces deux catégories, commerçantes et religieuses font preuve d'une grande capacité d'adaptation aux réalités sociales. Elles mettent en place des services de proximité, de sécurités, fonctionnelles et très recherchés par les populations.

- La sorcellerie représente une autre forme de sécurité physique et psychique dans laquelle se refugient pêle-mêle guérisseurs, jeteurs de sorts, clients et individus72(*).

- sécurité sociale et économique : plus que de sécurité, c'est souvent de suivie qu'il s'agit. La crise du développement dévoile au grand jour les réponses partielles que les sociétés africaines ont mises en place pour vivre et survivre pendant des décennies. Les activités dites « informelles », organisées le plus souvent en dehors de l'Etat, sont une réalité sociologique et économique ancienne, même si elles ne sont prises en compte par l'analyse socio-économique que depuis récemment. Elles représentent avant tout une forme spécifique de la dynamique sociale en Afrique. Elles comprennent la production, la vente et l'échange des biens et services de première nécessité. C'est l'informel qui nourrit et fait vivre des villes comme Kinshasa.

Outre la sécurité alimentaire et le travail, l'informel compense aussi les carences des systèmes éducatifs et de santé. Il s'adapte sans relâche aux besoins nouveaux, transmet le savoir-faire local, collecte les fonds pour les soins médicaux.

La particularité de l'informel est de combiner les besoins avec les valeurs, les croyances, les règles et pratiques des solidarités communautaires, ces dernières étant fondées sur les continuités de l'échange73(*).

Toutefois, malgré leur importance, ces formes de sécurité restent incomplètes.

* 70 GEMDEV, op.cit, pp.233-234

* 71 GEMDEV, op.cit, p. 234

* 72 GEMDEV, op.cit, p. 235

* 73 GEMDEV, op.cit, p. 235

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