I. 3 : HISTORIQUE DES INSTITUTION DE MICROCREDIT ET DE
MICRO FINANCE
L'histoire du microcrédit n'est pas trop différente
de celle de la micro finance.
En effet, dans le passé, les pratiques visionnaires de
certains moines franciscains qui avaient fondé au XVe siècle des
monts de piété présentaient des orientations
communautaires. Toujours en Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich
Wilhelm Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première
société coopératives d'épargne et de crédit,
une institution qui offre des services d'épargne aux populations
ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. L'épargne
collectée permet de consentir des crédits à d'autres
clients. Ces organismes sont dits mutualistes. Le mutualisme y compris
financier connaît à partir de 1941, un développement assez
exceptionnel au Pays basque espagnol autour des coopératives de Mon
dragon. Mis à part le cas de Mon dragon, les organismes et institutions
qui se
développent sur cette base en Europe et en
Amérique du Nord, puis, après la Seconde Guerre mondiale dans les
pays du Sud se focalisent sur l'épargne et offrent peu de services de
crédit13.
Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad
Yunus développe le microcrédit au Bangladesh ouvre la voie
à de nombreuses autres expériences menées dans le monde
entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des
moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour gérer le
risque associé, c'est-à-dire les services financiers normaux qui
sont proposés aux catégories plus riches14. Le
succès de la Grameen Bank qui compte maintenant comme clients plus de 7
millions de Bangladeshies pauvres a connu un écho dans le monde entier,
dans la pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette
expérience. Dans les pays où les densités de population
sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir
les conditions de rentabilité pour créer des services et
commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a
démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs
crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts
élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres
coûts.
A la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention L'ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide de
« filialiser » ses activités de micro finance sous forme de
banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom de
BancoSol. C'est l'émergence d'une « industrie de la micro finance
».
Beaucoup de progrès ont été
effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été
résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins
d'un euro par jour, spécialement dans les zones rurales, ne
bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier
normal. Le secteur de la micro finance a connu une croissance
régulière jusqu'à atteindre en 2007 25 milliards de
dollars pour l'ensemble des crédits relevant de la micro
finance15. Il en faudrait dix fois plus pour fournir aux populations
pauvres le capital dont elles ont besoin9. Le secteur de la micro finance a
connu une forte croissance, au point
13 Sébastien Boyé, Jérémy
Hajdenberg, Christine Poursat, Le Guide de la micro finance, Eyrolles,
2006, p.19
14 Brigit Helms, Building Inclusive Financial
Systems, The World Bank, 2006, Washington, isbn =0821363603
15 Microfinance: An emerging investment opportunity.
Deutsche Bank Dec 2007
qu'on a pu se demander s'il n'y avait pas un risque à
laisser filer autant de capitaux vers un secteur qui n'était pas
forcément géré correctement16.
I. 3. 1. Historique de la micro finance en RDC
Il est généralement reconnu que l`histoire de la
micro finance en république Démocratique du Congo se subdivise en
trois périodes, à savoir :
· De la période coloniale à 1970 ;
· De 1970 à 1990 ;
· De 1990 à nos jours.
A. De la période coloniale à
1970
Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a
organisé la création et le fonctionnement des «
sociétés coopératives indigènes » dont l`objet
social était de promouvoir, par la mise en OEuvre des principes de la
coopération, les intérêts économiques et sociaux de
leurs membres exclusivement.
Toutes les sociétés de type coopératif,
y compris les coopératives d`épargne et de crédit ou
COOPEC, étaient assujetties à cette loi et placées sous la
tutelle du Gouverneur de province.
De cette période, aucune structure financière
de proximité formelle d`initiative privée n`a été
agréée. Par contre, le pouvoir colonial a créé la
Caisse d`Epargne du Congo (CADECO), Institution de droit public, afin de
collecter les petites épargnes.
Après l`indépendance, en 1969
précisément, la première COOPEC congolaise, « la
Caisse Populaire Coopérative » fut créée à
Mbuji-Mayi (Province du Kassaï Oriental) mais son expérience ne
fût pas concluante faute de cadres compétents.
B. De 1970 à 1990
Cette période est caractérisée par
l`émergence des coopératives d`épargne et de crédit
(COOPEC), en raison notamment de l`accessibilité des services offerts
aux membres et de leur implantation dans les milieux les plus reculés du
pays dépourvus de banques. Toutefois, faute d`un cadre légal
spécifique, ces dernières continueront à se conformer aux
dispositions du
16
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décret de 1956 et de ce fait seront désormais
placées sous la tutelle du Ministère du Développement
Rural.
Le mouvement coopératif congolais se développa
donc autour de trois foyers principaux notamment Bansankusu (Equateur) en 1970,
Bukavu (Kivu) et Kinshasa en 1971 avec la création du réseau
« Fédération des Caisses Populaires de Crédit
LUYMAS/CBCO ». Dès ce moment, le mouvement s`est répandu sur
tout le territoire national et plus sensiblement à Kinshasa, dans les
provinces du Bas-Congo, du Bandundu et du Kivu.
La structure des COOPEC congolaises est
caractérisée par une organisation à trois niveaux, le
niveau primaire (COOPEC), le niveau secondaire (Centrale) et le niveau
tertiaire (Union ou Fédération).
Les COOPEC se chargent de la mobilisation et de l`octroi des
crédits aux membres. Les centrales regroupent plusieurs COOPEC dont
elles assurent entre autres la cohésion. L`Union a plusieurs missions
dont celle de représentation et de coordination des activités du
réseau.
En 1987, les coopératives détenaient
l`équivalent de 7% de l`épargne du secteur bancaire. Elles
étaient pour la plupart affiliées à des centrales
provinciales regroupées à leur tour au niveau national en une
Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit «
UCCEC ». En 1989, l`UCCEC supervisait cinq réseaux provinciaux
totalisant 145 coopératives primaires, 274.389 membres et 4,9 millions
de dollars américains d`épargne (Lebughe M. et al, 2003).
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