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Perspectives régionales de création d'un marché financier

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par Emmanuel KABWE TSHIAMALA
Université catholique du Congo - Licencié agrégé en économie et développement 2011
  

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2.3.3. L'indispensable transition : harmonisation, convergence et monnaie commune

L'unité africaine et la volonté affichée d'y parvenir animant les chefs d'Etat africains reposent sur les efforts d'intégration du continent. Les efforts d'amélioration de la gouvernance politique et économique prônée par le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ne peuvent faire l'économie de l'harmonisation et de la cohérence des politiques monétaires, financières et économiques. Cela ne peut se faire en isolation ou en marge de la construction d'un environnement institutionnel, légal et judiciaire prévisible.

Il n'est donc pas possible de dissocier la conquête de la souveraineté politique de la souveraineté économique et financière. Dès 1963, la défunte organisation de l'Unité Africaine (OUA) a posé les bases de la création d'une monnaie africaine unique sur un plan continental. L'article 44 du Traité instituant la communauté économique africaine (AEC) et l'article 19 de l'Acte constitutif de l'union monétaire africaine adopté le 11 juillet 2000 à Lomé ont posé les bases de la création de l'union monétaire africaine. Face aux contraintes multiples, il apparaît clairement qu'il sera nécessaire de passer par une période transitoire et d'harmonisation des zones monétaires régionales avec des monnaies sous-régionales avant d'envisager la création d'une monnaie continentale et d'une banque centrale africaine.

2.3.4. Une banque centrale n'est pas une banque de développement

La définition d'une banque centrale s'impose du fait des interprétations de certains dirigeants politiques africains. Il est encore souvent inconcevable pour ces derniers de voir cette institution s'affranchir de leurs injonctions et organiser son indépendance sur la base d'une orthodoxie financière. Par ailleurs, il y a souvent pour les mêmes dirigeants de concevoir qu'une banque centrale n'est pas nécessairement une banque de « développement » mais d'abord une institution d'organisation de la crédibilité de la monnaie. Elle ne peut, au risque de se décrédibiliser, soutenir indéfiniment des déficits budgétaires appelés par défaut de langage un soutien au développement alors qu'il s'agit souvent de conséquences de décisions erronées, reflétant souvent une difficulté à prendre ses responsabilités vis-à-vis des citoyens.

Une banque centrale est une banque dotée de privilèges plus ou moins étendus pour émettre de la monnaie en échange du financement de la dette publique. Pour ce faire, elle a besoin de s'assurer du respect d'un certain nombre de règles de prudence et de critères de convergence. Sans garde-fou, un tel système dans le contexte africain peut conduire à financer indéfiniment un pays dont la gouvernance est déficiente. Cela peut avoir, entre autres, comme conséquences des dévaluations successives et une inflation non maîtrisée. On parle alors d'Etat défaillant, incapable d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses principaux créditeurs y compris les opérateurs économiques locaux, ce qui a pour conséquence de mettre en jeu la stabilité financière et la sécurité collective.

La banque centrale, devenue avec l'évolution la « banque des banques », a aussi pour fonction de refinancer les banques secondaires. De ce fait, elle influence directement les liquidités et la monnaie en circulation en fournissant de la monnaie « centrale », sous la forme de création de la monnaie.

La banque centrale fonde l'unité et la pérennité du système de paiements. Elle est la garante de la monnaie nationale et assure la confiance en elle. En veillant à la stabilité de la valeur interne et externe de la monnaie : elle a un rôle d'une part sur la politique monétaire et, d'autre part, sur celle de change. En tant qu'institution qualifiée de « prêteur en dernier ressort », la banque centrale doit veiller à prévenir les crises et les défaillances en cascades des banques tout en veillant à ce que celles-ci n'aient pas de conséquences fâcheuses sur le système de paiements.

Ainsi, accepter de céder une parcelle du pouvoir national à une structure sous-régionale ou continentale, fusse-t-elle une banque centrale, a toujours posé un problème en Afrique. En cela, c'est tout le problème de l'intégration monétaire qui est posé en filigrane. Cette intégration suppose que plusieurs économies aient entre elles une mobilité totale des capitaux : cela peut prendre la forme de monnaies liées entre elles par des taux de change fixes ou alors prendre la forme d'une monnaie unique dans le cadre d'une union monétaire. Les chefs d'Etats africains ont choisi la seconde approche et, compte tenu des contraintes liées aux frontières dites intangibles, ont sagement repoussé la date de création de cette monnaie commune à l'an 2021.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams