Perspectives régionales de création d'un marché financier( Télécharger le fichier original )par Emmanuel KABWE TSHIAMALA Université catholique du Congo - Licencié agrégé en économie et développement 2011 |
2. 1.5.1. Le coût administratif et la corruptionIl faut de plus tenir compte d'un coût administratif souvent élevé et du poids de la corruption, d'ailleurs favorisé par la complexité administrative comment devenir un opérateur économique dynamique et tenter sa chance sur des marchés nouveaux quand, comme au Congo Démocratique, en 1989, il fallait franchir 39 étapes pour exporter et 30 pour importer ! Et la banque mondiale qui donne cet exemple, précise : « signatures, validations, licences et autorisations à obtenir d'innombrables administrateurs qui tous prélèvent une taxe ». La Banque cite aussi des cas où le commerce interafricain officiel exige au minimum 70 formalités administratives !20(*) Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que fréquemment les coûts en Afrique, soient systématiquement plus élevés qu'ailleurs. Caractéristique à cet égard est le tableau qui a été établi par la Banque mondiale sur base de différentes études et qui compare un certain nombre de coûts types en Afrique et en Asie (tableau 5). Tableau 2.5 : Coûts types en Afrique Subsaharienne et en Asie
Note : Le taux de couverture des pays varie selon l'indicateur, en fonction des données disponibles. Dossiers relatifs aux projets de la banque et divers rapports. Pour de plus amples détails, voire document d'information de SINGH. Les données sur les salaires dans l'administration centrale proviennent de HELLER et TAIT, 1984 Source : Banque mondiale, l'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.32. Faut-il conclure que les perspectives d'industrialisation soient bouchées et que pour le temps présent les pays africains soient, de façon systématique, en position défavorable par rapport aux pays développés et/ou aux autres pays en développement ? Ce serait confondre coûts absolus et coûts comparatifs. Il faut rappeler que dans le domaine international la concurrence principale ne se situe pas, contrairement à ce que les apparences suggèrent, entre producteurs du même bien dans des pays différents, mais entre producteurs de biens différents dans le même pays. Cela signifie que le problème, pour les pays africains, est de trouver, voire de susciter, des activités nouvelles qui, par rapport aux activités traditionnelles basées sur la rente, soient avantageuses. Les activités nouvelles doivent être conçues en fonction des besoins du pays mais il est logique que certaines d'entre elles donnent lieu à l'exportation. Il n'y a en effet aucune raison d'admettre qu'un pays qui diversifie sa structure interne de production ne puisse dégager des avantages concurrentiels nouveaux. Il n'y a pas de raison non plus pour que certains biens nouveaux ne trouvent leur marché à l'extérieur. Pas plus que les autres continents, l'Afrique n'est pas condamnée à rester un fournisseur mondial de quelques produits primaires. Il ne s'agit pas de privilégier le commerce extérieur mais de lui redonner sa place, celle d'être, dans certains cas, un détour efficace pour accroître les biens mis à la disposition de la population. * 20 Banque mondiale, L'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.192 |
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