Perspectives régionales de création d'un marché financier( Télécharger le fichier original )par Emmanuel KABWE TSHIAMALA Université catholique du Congo - Licencié agrégé en économie et développement 2011 |
CONCLUSION DU CHAPITRENous l'aurons souligné au passage, le rôle du marché financier demeure celui de permettre aux agents économiques d'accéder aux capitaux pour financer leurs activités. Les capitaux proviennent essentiellement de l'épargne des ménages et des entreprises. Si le marché financier permet aux uns et aux autres de satisfaire leurs intérêts, il a cependant le mérite d'influer directement sur le développement et la croissance économique des Nations. Il faciliterait la résorption des mécanismes perpétuels d'endettement extérieur auxquels font face les pays en voie de développement. CHAPITRE DEUXIEMEL'AFRIQUE DE LA SADC2.0. INTRODCUTION: L'INTEGRATION REGIONALEL'intégration économique de l'Afrique constitue une des principales recommandations du Plan d'Action de Lagos (1980). Pour les chefs d'Etats africains, elle s'inscrit dans l'objectif souhaité d'autonomie (« self-reliance) et en constitue une condition nécessaire de réalisation. Cependant elle apparaît aussi davantage comme une idée-force que comme un programme d'action. Rien n'est vraiment précisé ni quant aux modalités de réalisation, ni quant aux moyens d'empêcher que les échecs antérieurs ne se reproduisent. Il n'est pas étonnant que le calendrier de libéralisation des échanges n'ait pas été respecté. En 1985, les chefs d'Etat, réunis à Addis-Abeba, ont décidé d'appliquer ce qu'ils avaient déjà adopté en 1980 ! Enfin, en 1991, à Abuja (Nigeria), 49 gouvernements ont signé un nouveau traité établissant une communauté économique africaine. Quelles en sont les chances de réalisation ? L'Afrique est une pépinière de projets mort-nés d'intégration6(*). En 1982, il existait, dans la seule Afrique de l'Ouest, 36 organismes, créés ou envisagés, à vocation d'intégration économique. De 1958 à 1975 : « il est né chaque année, une organisation économique en Afrique de l'Ouest »7(*). En 1989, selon la Banque mondiale, l'Afrique compte plus de 200 organisations de coopération régionale (dont plus de 160 sont intergouvernementales)8(*). Cette prolifération entraîne d'ailleurs des problèmes de coordination et multiplie les coûts financiers et les coûts en hommes. On ne peut pas dire qu'elle soit un signe de santé. Dans toutes ces organisations, combien y en a-t-il qui sont réellement en activité et combien sont efficaces ? Dans ces conditions, il est compréhensible que certains s'interrogent sur la possibilité et l'utilité de travailler, à l'heure actuelle, en Afrique, à des projets d'intégration économique. Ne sommes-nous pas dans le domaine du mythe, de l'aspiration vague ? Ou y a-t-il réellement place pour une action efficace ? Mais alors comment s'expliquent les échecs répétés et quelles voies faudrait-il emprunter pour sortir de l'ornière des projets antérieurs ? En conséquence, la nécessité d'un recentrage de l'économie et la prise de conscience plus ou moins explicite du défaut d'adéquation de la division politique actuelle expliquent largement la multiplication des tentatives d'intégration. Mais c'est le refus de tirer de ces tentatives les implications de politique économique qui en explique les échecs successifs. SECTION I. L'ECONOMIE AFRICAINE : MEANDRES ET DEBOIRES2.1.1. LA DIVERSITE DES SITUATIONS NATIONALES ET DES EVOLUTIONSLa quarantaine d'Etats africains situés au sud du Sahara connaissent à l'heure actuelle des situations différentes, résultant des dotations naturelles spécifiques, mais aussi d'histoires particulières et de politiques économiques complexes et changeantes. Même si tous ont un même objectif économique, à tout le moins proclamé, de développement et si les modalités structurelles de celui-ci ne sont pas quelconques, il serait dangereux de vouloir généraliser. Au début de son étude prospective à long terme sur l'évolution économique de l'Afrique, la Banque mondiale synthétise en ces termes la diversité du continent : « Pratiquement aucun pays n'est homogène du point de vue culturel ou social. Les modes de gouvernement vont de démocraties véritables, qui encouragent le débat et le dialogue, à des régimes autoritaires ne tolérant aucune dissidence. Certaines économies sont étroitement contrôlées, alors que d'autres sont régies en grande partie par les lois du marché. On trouve les zones climatiques possibles, depuis des hautes terres tempérées et bien arrosées à des déserts, en passant par des savanes sèches et des forêts humides. Certains pays sont minuscules, d'autres très vastes. Cinq pays comptent à eux seuls plus de la moitié des habitants de la région. Le Nigeria a plus de 100 millions d'habitants, avec plus de 246 habitants au Kilomètre carré autour du lac victoria et moins de 1 en Mauritanie. Quinze pays sont enclavés et six sont des îles. Les revenus par habitant vont de 1 à 20$. Certains états sont dotés de richesses minières ou pétrolières considérables, alors que d'autres en sont presque entièrement dépourvus »9(*). De même, la diversité est réelle en ce qui concerne les évolutions de ces différents Etats depuis une cinquantaine d'années. S'inscrivant dans un continent marqué par des problèmes et des contraintes assez largement similaires, ils présentent néanmoins aujourd'hui un bilan contrasté. Certains pays africains sont particulièrement affectés, connaissent une régression importante de leur production, une absence presque totale de diversification, voire un recul de celle-ci, un endettement mieux en tout cas que la moyenne des pays africains, parfois même mieux que la moyenne des pays en développement. (Voir le tableau 1). Tableau 2.1 : Diversité des résultats de l'Afrique Subsaharienne, 1986-87.
Note : Non compris l'Angola, les Comores, Djibouti et la Guinée équatoriale. Source : Banque mondiale/PNUD, l'ajustement et la croissance pendant les années 80, 1989, p.8 Ces évolutions contrastées s'expliquent à la fois par les conditions propres aux pays (différence de dotations politiques, de situation géographique, de conditions climatiques, existence ou non de troubles politiques ...) et par les politiques qui ont été menées (utilisation plus ou moins rentable des ressources, politiques de change, politique fiscale, efficacité variable de l'administration et des établissements parapublics, prélèvement plus ou moins grand de la classe dirigeante, exportations de capitaux privés ...). * 6 NORRO, M., Economie africaine, De Boeck-wesmael, Bruxelles, 1994, p.205. * 7 Kamadini OUALI, Intégration africaine. Le cas de la CEAO, Paris, Economica, 1982, p.323. * 8 Banque mondiale, l'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.178. * 9 Banque mondiale, l'Afrique Subsaharienne. De la crise à une croissance durable, 1989, p.20. |
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