Perspectives régionales de création d'un marché financier( Télécharger le fichier original )par Emmanuel KABWE TSHIAMALA Université catholique du Congo - Licencié agrégé en économie et développement 2011 |
1.4.4. La dématérialisationLes marchés financiers sont désormais quasi-entièrement dématérialisés et électroniques. Ils prennent alors la forme de réseaux informatiques entre institutions financières. Les bourses comme à Paris le Brongniart sont maintenant des bâtiments vides tandis que les sociétés qui gèrent les marchés organisés, comme Euronext, successeur de la société des bourses françaises ou deutsche Börse, successeur de la bourse de Francfort, se considèrent dorénavant avant tout comme des prestataires de services informatiques. La dématérialisation est la disparition du titre papier (coupon de papier de format A5) représentant physiquement une action de la société, au profit d'une inscription dans un compte bancaire appelé compte-titres. Cette dématérialisation du support (le titre papier) s'est également et presque concomitamment accompagnée d'une dématérialisation de l'ordre d'intervention (ordre de bourse) avec l'apparition d'internet et de sa banalisation. Ainsi, aujourd'hui, il est non seulement possible mais également fort simple pour un particulier, d'avoir à son domicile l'équivalent d'une salle de marché permettant d'intervenir en direct sur le marché des devises à Paris, sur le marché d'actions à New York ou sur le marché des matières premières à Chicago. 1.4.5. Les raisons de la croissance des marchés financiersDepuis les années 1930, le système financier était essentiellement bancaire. Le financement de l'économie s'effectuait quasi-uniquement via le bilan des banques. De plus, celles-ci contrôlaient souvent une partie du capital des grandes entreprises, particulièrement au Japon et en Allemagne. Les marchés financiers avaient du coup une importance très faible. Aux Etats-Unis, les banques de dépôt avaient même l'interdiction d'y participer depuis le Glass-Steagall Act de 1933, adopté en réaction au Krach d'octobre 1929. C'est dans les années 1970 que deux nécessités et trois événements ont contribué de manière décisive à la forte croissance des marchés financiers et au basculement vers le système actuel. Il s'agit : De l'adoption du système de changes flottants en mars 1973, qui a créé la nécessité d'un marché des changes ; Des déficits budgétaires américains, qu'il fallait financer, d'où la nécessité d'un vaste marché des taux d'intérêt ; Ainsi que : Du choix par les Etats-Unis de la retraite par capitalisation : l'ERISA (Employment Retirement Income Security Act) est adopté en 1974 ; cela crée donc une demande structurelle croissante de la part des fonds de pension en titres de placement à long terme, c'est-à-dire en obligations longues (10-30 ans) et actions ; De la suppression des commissions fixes sur les valeurs mobilières aux Etats-Unis le 1er mai (Mayday, en anglais) 1975, qui rend possible la liquidité des marchés d'actions et, surtout, d'obligations ; Et enfin des très forts mouvements de taux d'intérêt à court terme décidés en octobre 1979 par la banque centrale américaine pour éradiquer l'inflation, qui ont créé pendant plusieurs années des mouvements désordonnés des taux d'intérêt réels et entraîné une activité considérable sur les marchés. Trois facteurs sous-tendent aujourd'hui leur développement : Les déficits budgétaires européens et japonais, qui ont pris le relais des déficits américains et profitent des mécanismes qui s'étaient originellement créés pour financer ceux-ci ; Les besoins d'épargne - retraite de la génération nombreuse issue du baby boom ; Le fait que la mondialisation n'ait pas été accompagnée du développement des marchés bancaires et financiers régionaux, en particulier en Asie et au Proche-Orient, ce qui concentre d'importantes poches d'épargne récentes (cf. Chine et pays producteurs de pétrole) sur quelques devises, en particulier de dollar, et sur des marchés réputés liquides. Le passage d'un système financier international bancaire à un système de marchés financiers, qui a commencé en 1973, semble maintenant, après plus de quarante ans, assez irréversible, compte-tenu de la quantité astronomique et de la complexité des risques croisés entre établissements financiers, sauf en cas d'événement politique de nature supérieure, du type guerre mondiale, ou d'explosion du système, du type crise de 1929. La liquidité et la cohérence des principaux marchés financiers sont considérées par les Etats qui, rappelons-le, s'y financent - et par les banques centrales, au premier rang desquelles la banque centrale américaine, comme un bien public mondial primordial. Le 5 Août 2002, le nouveau maire de Shanghai (Chine), Chen Liangyu5(*), annonçait qu'il voulait faire de sa ville, dans les trois années à venir, le centre du marché financier intérieur, des circulations des capitaux et de gestion de fonds, et l'un des centres financiers les plus importants pour une durée de dix à vingt ans. Les finances devront donc jouer un rôle central dans le développement économique et le fonctionnement de la métropole chinoise, qui pourra accueillir des organismes financiers chinois et étrangers et des intermédiaires financiers. Il a indiqué par ailleurs que Shanghai accélérerait prochainement la construction d'un espace financier de haute qualité, élargirait le marché financier, créerait de nouveaux systèmes d'administration financière pour attirer vers elle de talentueux financiers, qui contribueront au développement de la capitale économique de la Chine. * 5 http://fr.wikipedia.org/wiki/march%c3%a9_finance |
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